par Francois Delpla » Samedi 08 Juillet 2017 19:59:35
Hitler pouvait à bon droit attendre, sous un gouvernement Chamberlain, un mouvement des troupes anglaises vers les ports, aux fins d’embarquement ; il se serait sans doute produit dans un climat interallié de plus en plus tendu.
Rien de tel n’étant arrivé et Churchill ayant au contraire accordé ses violons avec Paris lors d’un voyage, le 16 mai, il semble que ce farouche antinazi, très isolé dans les années trente, ait acquis une influence dangereuse ; Hitler a d’ailleurs, parmi ses moyens d’information, le texte de ses premiers discours : il peut mesurer, outre la résolution qu’indiquent ses formules et son ton, la force de son éloquence.
Il doit donc renoncer à claironner sa « générosité », dont le premier Britannique tirerait un parti immédiat pour dire que l’Allemagne a peur et mendie la paix. Force lui est d’en rester aux propositions de Göring, et d’espérer qu’elles fassent souterrainement leur chemin. Par ailleurs, il ne peut plus guère s’offrir le luxe de pousser la France sur la touche avant l’Angleterre, pour donner à celle-ci le loisir de réfléchir sur ses offres de « partage aryen » : le délai pourrait être, et sera, exploité par Churchill à de tout autres fins –et c’est lui-même qui fera réfléchir et enrôlera progressivement un nouveau partenaire, nommé Roosevelt.
Ce que Hitler espère donc pendant la période où ses troupes n’avancent plus, c’est un armistice suivi d’une paix rapide, conjointement avec Paris et Londres. Et c’est ce qu’il peut attendre d’une diffusion discrète de ses propositions « généreuses ».
On peut bien sûr désapprouver cette analyse. Mais si on veut passer pour sérieux on est tenu de la remplacer : en engageant les hostilités le 10 mai, Hitler espère quoi au juste ? Démonstration !!