L'étoile jaune

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Message par duc de Raguse » Mercredi 23 Mai 2007 22:41:38

Elle était pour la galerie, exigée par Laval !

Et le maréchal, il n'avait plus d'esprit, de sens de l'honneur, de conscience morale et politique ?
Etait-il amnésique ?
Personne ne le forçait d'accepter cette situation si il y était opposé. A aucun moment il n'a montré cette prétendue opposition, avant l'exil forcé de Sigmariegen, où il préparait sa défense...

Dans le même temps, été 42, Pétain tentait secrètement de préparer un débarquement allié en zone libre. Giraud était reçu par le maréchal et devenait le dépositaire de ce secret.

Il n'y a que Giraud et Amouroux pour dire cela, personne d'autre...
Rien de concret n'avait été mis en route, juste des mots.
Le rôle de Giraud me semble d'ailleurs bien obscur dans toute cette affaire, tout comme son évasion.

Non seulement les Américains ne l'écoutèrent pas, mais ils décidèrent de renoncer à ce projet qui ne leur paraissait pas viable.

Sur quels faits ou archives vous fondez-vous pour affirmer cela ???

Au lieu de cela, ils décidèrent de débarquer en AFN sans l'aval de Pétain.

C'est donc pour cela qu'il ordonna aux forces françaises de tirer sur les "libérateurs"... :wink:

Pour mieux s'en passer, ils retournèrent Darlan.

Hum... le type même de la girouette, qui un an plus tôt proposait une alliance au führer contre les Anglais... :roll:
Dernière édition par duc de Raguse le Mercredi 23 Mai 2007 22:55:57, édité 1 fois.
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Message par BRH » Mercredi 23 Mai 2007 22:52:02

Mais cette citation fait rire les spécialistes ! Elle était pour la galerie, exigée par Laval !

Oui ou non, la nomination de Laval comme "chef du gouvernement" a-t-elle été imposée par les nazis ?

La réponse est oui. Certes, Pétain pouvait dire non et nommer "Tartempion". Il n'aurait pas mieux fait que Flandin, un an auparavant.

Dans le même temps, été 42, Pétain tentait secrètement de préparer un débarquement allié en zone libre. Giraud était reçu par le maréchal et devenait le dépositaire de ce secret.

Non seulement les Américains ne l'écoutèrent pas, mais ils décidèrent de renoncer à ce projet qui ne leur paraissait pas viable. Au lieu de cela, ils décidèrent de débarquer en AFN sans l'aval de Pétain.

Pour mieux s'en passer, ils retournèrent Darlan. Ce n'est pas du tout par hasard que celui-ci se retrouva à Alger...
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Message par alain adam » Jeudi 24 Mai 2007 21:25:25

Bien entendu je reserve mes propos .
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Message par BRH » Vendredi 25 Mai 2007 15:11:18

Bien entendu, je dois reconnaître qu'il n'existe pas beaucoup d'éléments pour étayer cette hypothèse, sinon des indices qui -mis bout à bout- finissent par attirer l'attention...

Je n'évoque pas certains témoignages, car il serait facile de les écarter comm étant intéressés.

Le dossier est encore mince, mais il s'étoffe lentement. Je serais sans doute mort avant qu'il ne prenne forme ! :lol:
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Re: L'étoile jaune

Message par boisbouvier » Samedi 14 Mars 2009 09:37:07

Toute cette controverse me parait viciée à la base.
Pétain et Laval qui en était venus à la rupture en décembre 40 à cause d'un désaccord de fond sur la reconquête des colonies passées à la dissidence, furent d'accord sur tout à partir du retour de Laval le 17 avril 42.
Avec un sens politique très fort Pétain a vu quel parti il pouvait tirer du crédit que Laval avait acquis auprès des Allemands du fait de sa disgrâce de 1940. Il s'en est servi comme on fait d'une provision mise en secret en réserve dans un grenier ou à la cave.
En avril 1942, la situation avait changé. La bataille de Moscou avait été perdue par les Allemands et l'Amérique était entrée dans la guerre. Tout laissait prévoir que l'occupation et ses rigueurs allaient s'accentuer. Pour y faire face, il était de l'intérêt du pays de pratiquer une politique d'esquive dilatoire et temporisatrice: "Baise la main que tu ne peux mordre".
Laval, à ce poste, fit merveille. Payer les Allemands de mots tels que le fameux "Je souhaite la victoire de l'Allemagne..." prononcé en plein accord avec Pétain, n'est qu'un exemple parmi d'autres.
Ces deux hommes ont accepté l'impopularité jusqu'au sacrifice suprême pour nous protéger le plus efficacement possible. Et ils en sont tombés d'accord d'emblée.
Dans une large mesure ils ont réussi.
N'oublions pas : "De toutes les grandes communautés juives d'Europe occupée, la française a été la plus épargnée".
Signé Klarsfeld !

Aussi quand je lis que, à l'été 45, Lehideux se promenant dans la cour de la prison de Fresnes s'est vu interpeller par Laval de la fenêtre de sa cellule pour lui dire "Lehideux, je ne regrette rien", je suis particulièrement ému.
boisbouvier
 

Re: L'étoile jaune

Message par boisbouvier » Mercredi 04 Novembre 2009 10:40:18

Je me permets de solliciter de M. l'Administrateur le déverrouillage de deux fils consacrés, l'un, à "Faut-il réhabiliter le Maréchal ?" et l'autre à "Pétain en instance de modération".
Je crois être en mesure de fournir des éléments nouveaux, nombreux et concordants sur ces deux sujets.
Je crois sincèrement que Pétain et Laval ont agi de concert dans un esprit de sacrifice qu'il importe de montrer pour réparer l'injustice qui les frappe tous les deux et pour leur rendre leur honneur.
La France éternelle n'a qu'à y gagner. Plus nombreux sont ses enfants loyaux et méritants et mieux elle se porte.
boisbouvier
 

Re: L'étoile jaune

Message par lebel » Mardi 10 Novembre 2009 15:52:48

D'aprés l' ADMP , association consacrée à la defense et à la mémoire de Philippe Pétain
Le Maréchal avait lui-même déclaré au Grand rabbin Isaïe Schwartz : «Tant que je serai vivant, je n'accepterai jamais que cette ignominie qu'est l'étoile jaune soit appliquée en zone Sud»[122]. Il exprime ainsi les sentiments de l'Eglise et du peuple français devant une entreprise qui, si elle ne peut pas être arrêtée par des mots, doit être freinée par tous les moyens possibles.
En réalité , si cette mesure ne fut pas appliquée en ZNO , il faut y voir une volonté de Vichy d'affirmer son autorité et ses prerogatives en ZNO plutot qu'une sollicitude et une protection particulière des juifs qui y residaient
Cette non astreinte du port de l'étoile jaune n'empechera pas la police et la gendarmerie de ZNO de proceder , dés aout 42 , à la rafle de plus de 10000 juifs apatrides , dans tous les departements ....ils seront acheminés vers Drancy , antichambre d' Auschwitz
Agissant sur ordre des prefets et suite aux injonctions de l'occupant , police et gendarmerie s'acquitteront de cette tache avec un zèle et une efficacité que se plairont à reconnaitre , à la fois , les allemands et Vichy ...............dois je ajouter que ces rafles se sont souvent déroulées dans des conditions de brutalité et d'inhumanité , qui ne s'imposaient pas , et que la conscience chretienne du Maréchal s'etait bien gardé de reprouver
Il faudrait ajouter , pour denoncer , si besoin , l'ignominie et la responsabilité du régime de Vichy , qui devançait souvent les exigences allemandes :
- que la police et la gendarmerie française , de 1940 à 1944 , ont toujours agi en fonction des ordres de leurs superieurs et que plusieurs services dont la PQJ et la SEC s'etaient fait une specialité dans la chasse aux juifs , à la satisfaction de l'occupant .
- que fin 42 , les prefectures du Rhone et des Bouches du Rhone , adresseront spontanement aux autorités allemandes , sans leur demande , et sans que Vichy y objectât , la liste des juifs algeriens ( denaturalisés suite à l'abrogation du decret Cremieux ) residant dans leurs departements :ils seront déportés , avec leurs familles , comme apatrides et plus de 800 mourront à Auschwitz
- Dés septembre 42 , le gouverneur général de l' Algerie , Yves Chatel , passera commande aux etablissements Altairac d' Alger , de plusieurs milliers de brassards jaunes estampillés " Juifs " en prévision de rafles à effectuer dans les mois à venir
......l'arrivée des americains en decidera autrement , et ce stock sera solennellement brulé à Alger en juin 43 , en présence du Géneral De Gaulle , des autorités officielles et des representants de la communauté israelite
Quant au sort des juifs français que Pétain pretendait proteger , nous en reparlerons , à votre convenenance , plus en detail

Sources
M. Ansky Juifs d' Algerie 1871- 1945
H .Amouroux Histoire des français T IX et X
Ass des anciens combattants du Ministère de l' Interieur Documents 1975
Azéma , Bedarrida France des années noires
D.Bensimon , Rafles - Les juifs en France ,1940-44
JM Berlière Policiers français sous l'occupation
J. Billig Le commissariat aux questions Juives
P. Burrin La France à l'heure allemande
A. Kaspi Les juifs pendant l'occupation
in divers auteurs
E; Conan et H. Rousso
J.Delarue
S. Klarsfeld
M. Marrus et R.Paxton
D. Pechansky
M. Rajsfus
G. Wellers
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Re: L'étoile jaune

Message par boisbouvier » Mardi 10 Novembre 2009 22:11:00

J'ai répondu dans mon livre à chacune des accusations que vous portez, ami Lebel.
Curieusement, les meilleurs défenseurs du régime de Vichy sont juifs: Léon Poliakov, Annie Kriegel, Robert et Raymond Aron, F-G Dreyfus, Raul Hilberg, Marc Ferro...mais nombreux sont les non-juifs qui leur ont emboité le pas : Amouroux, J-P et Michèle Cointet, Guy Pédroncini, Tournoux, G. Blond ...
Il serait trop long de donner tous les détails abordés dans mon livre. Toutefois
je vous fais suivre deux textes qui résument très imparfaitement la question.
Je les avais rédigés à la demande d'un ami de l'ADMP qui me l'avait demandé.
Cela devrait suffire comme ça a suffi à Me Kiejman avec qui j'ai échangé à ce sujet.
boisbouvier
 

Re: L'étoile jaune

Message par boisbouvier » Mardi 10 Novembre 2009 22:16:27

Voici l'un de ces deux textes:

M. Boisbouvier Paris, le 29 octobre 2009

A Colonel Le Pargneux


Mon cher Colonel,


Pour expliquer comment les Juifs de France ont été relativement favorisés il faut se reporter à deux dates.
La première se situe le 7 mai 1942.
Heydrich vient à Paris pour installer la SS et le général Oberg. Ils doivent remplacer la Militarbefehlhaber (MBF) et le général Stulpnagel à la tête de la police de la France occupée. L’heure est grave car c’est pour réaliser la déportation des Juifs décidée à la conférence de Wannsee, le 20 janvier, que ce changement a lieu. (Himmler et Heydrich craignent que la Wehrmacht soit trop sentimentale pour effectuer correctement cette tâche si éminemment prioritaire à leurs yeux.)
L’entrevue a lieu à l’hôtel Ritz et Heydrich parle haut et fort. Il ne vient pas pour négocier mais pour ordonner. « Les Français doivent obéir. », dit-il. C’est pourquoi il a refusé de parler avec le ministre français des Affaires étrangères et de l’Intérieur, Pierre Laval. Il suffira que le Secrétaire général à la Police, René Bousquet, soit informé.
Or, c’est au tour de Bousquet de le prendre de haut.
Dans ces conditions, dit-il, vous mettez fin immédiatement à mes fonctions. Et de se lancer dans une sévère diatribe contre le régime fait à la France par l’autorité d’occupation. Il se plaint que les interventions de la police allemande dans le travail du maintien de l’ordre ne fassent que compliquer inutilement la tâche des Français. Et il ajoute : « Moi qui ne suis qu’un fonctionnaire français qui n’approuve pas votre régime, je vous dis que vous faites fausse route. »
Or, Heydrich semble avoir été médusé par cette « sortie » à laquelle il n’était pas habitué, car il répond : « M. Bousquet vous m’avez tenu un langage d’Homme et vous m’avez ému, mais que me conseillez-vous ? »
« Je n’ai rien à vous conseiller », dit Bousquet. N’empêche qu’il suggère que le commandement de la police en zone occupée soit restitué à la France car il était dévolu, jusque-là au MBF, de sorte que les trois déportations de Juifs qui se sont produites en zone occupée, en 1941, l’ont été sans que Vichy en ait été informé.
Heydrich promet à Bousquet qu’il va voir à Berlin s’il peut le satisfaire.
Résultat inespéré, donc, mais obéré par le fait que Heydrich meurt trois semaines plus tard des suites d’un attentat.
Quoiqu’il en soit des pourparlers sont ouverts entre Bousquet et Oberg sur la restitution au gouvernement français sis à Vichy de l’autorité sur la police de zone occupée. Ils aboutiront aux « accords Bousquet- Oberg » en août 42 qui rendirent –en principe- la police française de zone occupée indépendante de l’autorité allemande, comme l’était déjà celle de la zone libre.
Mais, dans l’intervalle, Eichmann, a réclamé de Berlin son contingent de chair humaine : il veut 15000 Juifs hollandais, 10 000 Juifs belges et 100 000 Juifs français. Les transports sont dégagés et les trains de déportation doivent être remplis. Son correspondant à Paris s’appelle Dannecker. Il transmet l’ordre d’Eichmann.
Oberg et son adjoint, Knochen, détestent ce Dannecker, type parfait du SS fanatique et zélé. Ils parviennent à le faire rappeler à Berlin.
Restent ces trains tout prêts qu’il faut remplir.
C’est là que se situe la deuxième date, le 2 juillet 42, au siège de la SS Polizei, au 72 avenue Foch, à Paris.
Sont réunis là, l’Etat-Major de la SS avec son chef, le général Oberg qui, ne parlant pas notre langue, laisse volontiers l’initiative des pourparlers à son adjoint le colonel Knochen qui, lui, la parle très bien, d’une part, et René Bousquet, d’autre part.
Les paroles échangées furent celles-ci :
Bousquet : Le Maréchal s’oppose catégoriquement à la déportation des Juifs que vous réclamez.
Knochen : Ne craignez-vous pas que votre intransigeance n’irrite notre Führer ?
Bousquet : Puis-je faire une contre-proposition ?
Knochen : Nous vous écoutons.
Bousquet : Si nous vous livrons des Juifs émigrés, renoncerez-vous à déporter les Juifs français ?
Oberg et Knochen : C’est d’accord.
Ainsi s’expliquent les rafles dites du Vel d’Hiv. des 16 et 17 juillet 42 qui entraînèrent la déportation de 12000 Juifs environ vers les camps du Loiret et de Drancy, d’une part, et aussi, celles effectuées en août 42, dans des camps d’internement, en zone libre.
Par la suite, il y eut d’autres rafles pendant la seconde partie de l’occupation quand toute la France fut occupée.
Laval et Bousquet se servirent de la zone italienne d’occupation pour obvier aux exigences allemandes. Ils refusèrent de dénationaliser les Juifs entrés en France après 1929. Oberg et Knochen ne furent pas dupes de la mauvaise volonté de Vichy et ils taxèrent Laval de « renardise » ou de « quand l’insolence devient une méthode ».
Heureusement, bien que membres de la SS, Oberg et Knochen font figure de « modérés » mais ils n’agissaient pas seuls et d’autres chefs SS comme Lischka, Aloïs Brunner ou Zeitschel firent du zèle et, sur un total de 350 000 Juifs de France, 76000 furent déportés dont 2500 seulement revinrent. Après une certaine date, même des Juifs français furent déportés - environ 25000.
Raul Hilberg a écrit une somme : « La destruction des Juifs d’Europe » qui fait autorité sur la question. Il résume bien la situation faite aux Juifs de France quand il dit : « Dans ses réactions aux pressions allemandes le gouvernement de Vichy tenta de maintenir le processus de destruction à l’intérieur de certaines limites. Celles-ci eurent pour objet de retarder l’évolution du processus dans son ensemble. Les autorités françaises cherchèrent à éviter toute action radicale. Elles reculèrent devant l’adoption de mesures sans précédent dans l’histoire. Quand la pression allemande s’accentua en 1942, le gouvernement de Vichy se retrancha derrière une seconde ligne de défense. Les Juifs étrangers et les immigrants furent abandonnés à leur sort et l’on s’efforça de protéger les juifs nationaux. Dans une certaine mesure cette stratégie réussit. En renonçant à épargner une fraction, on sauva une grande partie de la totalité. »
Le choix de Sophie, en quelque sorte.

Voilà, mon cher colonel un petit résumé.
Répond-il à votre attente ?

Bien cordialement,
boisbouvier
 

Re: L'étoile jaune

Message par boisbouvier » Mardi 10 Novembre 2009 22:19:49

Et voici le second texte :

M. Boisbouvier 30 octobre 2009-



A Colonel Le Pargneux




Mon cher Colonel,


C’est à un deuxième niveau, aussi, qu’il faut situer l’action salvatrice de Vichy concernant les Juifs, car c’est grâce au statut des Juifs d’octobre 40 que Vichy garda la main sur l’administration de la zone occupée. Ce statut tant décrié fut, en réalité, un mal pour un bien.
Sans lui, les Allemands auraient pris le pli de donner leurs ordres aux policiers français de cette zone occupée sans même informer le gouvernement sis à Vichy, ainsi qu’ils le firent, d’ailleurs, à trois reprises au cours de l’année 1941 quand ils déportèrent des Juifs en mai, août et décembre de cette année là vers Drancy ou le Loiret et quand ils déportèrent vers l’Allemagne ou la Pologne un premier convoi, en mars 42.
Quand le général de La Laurencie, délégué du gouvernement auprès de l’ambassade d’Allemagne à Paris, apprit que les Allemands désiraient faire appliquer les lois de Nuremberg à la France occupée et que Theodor Dannecker était venu à Paris pour ça, le gouvernement prit conscience que l’Allemagne en viendrait rapidement, non seulement à administrer les affaires courantes comme prévu dans la convention d’armistice, mais à légiférer pour cette zone et donc à la gouverner purement et simplement.
Il fallait parer le coup.
Comment ?
En prenant les devants et en légiférant soi-même sur les Juifs. D’où ce statut discriminatoire, si mal perçu aujourd’hui, mais qui fut accepté comme un mal pour un bien à l’époque par les Juifs eux-mêmes. Le grand rabbin de Paris n’a-t-il pas recommandé d’obéir sans barguigner après avoir été reçu par le Maréchal qui le lui avait demandé en grâce ?
D’ailleurs, quel besoin auraient eu les hauts dignitaires de la SS de rencontrer Bousquet en mai, juillet et août 42 si Vichy avait été dépossédé de facto sinon de jure de son droit de gouverner la zone occupée ?
A mon avis, c’est un miracle qu’ils l’aient fait et un deuxième miracle que Bousquet soit parvenu à ce à quoi j’ai fait allusion dans ma lettre d’hier.
Jacques Attali relate quelque part qu’un jour qu’il s’aperçoit que Mitterrand et Bousquet entretiennent des relations amicales, il lui dit : « Comment pouvez-vous fréquenter cet homme-là et me le présenter alors que vous savez que je suis Juif ? »
A quoi Mitterrand a répondu : « Ceux qui n’ont pas vécu cette période ne peuvent pas comprendre. La moitié des gens que vous avez vus à cette table doivent à Bousquet d’être encore en vie aujourd’hui. »

Bien cordialement,
boisbouvier
 

Re: L'étoile jaune

Message par boisbouvier » Lundi 27 Septembre 2010 18:30:52

Je résume :

Curieusement, le bémol que m’inspire ce N° 50 de la "Nouvelle Revue d'Histoire" vient de l’article de F-G Dreyfus. Il estime « inadmissible » le statut des Juifs d’octobre 40.
Je ne suis pas de cet avis.
En effet, ce n’est qu’après l’arrivée de Dannecker à Paris, fin août, et l’annonce faite par le général de La Laurencie à Vichy que les Allemands comptaient appliquer les lois de Nuremberg à la zone occupée que la décision d’instaurer un statut des Juifs fut prise.
C’était grave au plan des principes car ça montrait que les Allemands entendaient gérer la zone occupée non seulement comme un occupant le fait d’une zone militaire mais, comme un leader politique le fait de son pays, en légiférant au plan des mœurs et des lois. Les Allemands allaient-ils prendre l’habitude d’appliquer leurs lois propres à toute la zone occupée ? Cela n’allait-il pas avoir une influence sur l’ampleur de leurs annexions au moment de signer un traité de paix ? Allaient-ils se contenter de reprendre l’Alsace-Lorraine ou étendre leurs prédations à 15 ou 20 départements du Nord et de l’Est ? Il était urgent de les prendre de vitesse en épousant leur manie antisémite pour, par une esquive habile, leur couper l’herbe sous le pied.
Or, ce statut des Juifs fut un mal pour un bien.
Grâce à lui, en effet, les Allemands ne prirent pas cette habitude de se sentir entièrement chez eux en zone occupée et ils laissèrent l’autorité de Vichy s’exercer sur ses fonctionnaires autres que ceux de police en zone occupée.
Plus fort encore, Bousquet et Laval parvinrent en août 42 à récupérer leur autorité sur les forces de police elles-mêmes : c’est tout le sens des accords Bousquet-Oberg signés à ce moment-là et qui permirent de sauver la grande majorité des Juifs de France.
Quand la décision de solution finale entra dans sa phase opérationnelle en Europe de l’ouest après Wannsee, le 20 janvier 42, Heydrich vint à Paris installer sa SS en mai 42 et l’on aurait dû s’attendre au pire.
Or, curieusement, c’est le contraire qui arriva.
Au cours de l’entrevue que Heydrich accorda à Bousquet, le 6 mai 42, à l’hôtel Ritz, ce fut Bousquet qui gagna la partie en jouant la carte de la dignité et de l’honneur d’un fonctionnaire loyal qui ne veut renier ni sa patrie ni son devoir professionnel. Et ça a marché !
Heydrich se mit au garde à vous et dit : « M. Bousquet, vous m’avez tenu un langage d’homme et je vous respecte ». Et le reste suivit, y compris la lettre d’Oberg à Himmler pour se plaindre des empêchements que Vichy mettait à s’emparer des Juifs et la réponse de Himmler quand il dit qu’il renonçait aux Juifs français « pour le moment ».
boisbouvier
 

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