par boisbouvier » Mercredi 31 Mars 2010 18:23:48
Voici le texte qui m'a fait exclure du Forum "Livres de Guerre".
Ce que l’on dit et ce que l’on tait concernant Vichy
Les détracteurs de Vichy énoncent volontiers la liste des lois d’exclusion promulguées par les différents gouvernements qui se sont succédé à Vichy entre 1940 et 1944, mais ils ne disent rien sur les lois, les décrets-lois, les décrets et les arrêtés ministériels ou préfectoraux qui ont existé avant lui.
Or, il se trouve que ni le fait de légiférer en dehors du contrôle parlementaire (les décrets-lois instaurés par et sous Daladier à l’automne 1939), ni celui d’exclure les étrangers (souvent juifs) des avantages attribués aux « nationaux », ni celui de dénationaliser des étrangers récemment naturalisés, ni celui d’exclure les communistes, ni celui d’autoriser les préfets à interner les étrangers dans des camps, n’ont commencé avec Vichy. Ils existèrent dès 1938-39, alors que la Chambre, élue en 1936, était réputée « de gauche » et de Front populaire.
La xénophobie apparaît spécialement dans le décret sur la déchéance de la nationalité française du 9 septembre 1939, signé Albert Lebrun, président de la III° République, mais, en fait, la République est devenue xénophobe en 1932 : loi du 10 août 1932 obligeant les étrangers voulant travailler en France à posséder une autorisation ministérielle spéciale, circulaire Salengro du 14 août 1936 freinant l’immigration des réfugiés juifs allemands, décret-loi du 12 novembre 1938 aggravant la police des étrangers.
En ce qui concerne les lois d’exclusion qui concernent les Juifs il faut surtout parler des ordonnances allemandes : elles ont toujours précédé les lois d’exclusion françaises, mais ne pas cacher non plus que l’antisémitisme a existé en France avant Vichy.
Georges Bonnet, ministre des affaires étrangères quand même, laisse son journal périgourdin « La République nouvelle » critiquer Blum le 5 janvier 1939 « de vouloir la guerre pour venger ses coreligionnaires » et les radicaux du périodique « L’ère nouvelle », ou encore les socialistes qui entourent Zorelli, critiquent avec virulence « la clique juive » qui entoure Léon Blum.
Pourquoi si peu de gens réagissent-ils au statut des juifs d’octobre 40 (il n’y eut que le pasteur Boegner et la Fédération protestante de France), sinon parce que l’opinion dans son ensemble était affectée de ce défaut ?
Henri Frenay, résistant de la première heure, l’admet et E. Mounier, dans son mensuel catholique de gauche « Esprit », approuve à demi-mot le statut du 4 octobre. Quant au consistoire central des Israélites de France, ayant eu vent, fin septembre, des projets du gouvernement , il avait proposé que nul ne puisse remplir de fonction publique s’il n’était français depuis au moins deux générations. L’historicisme vous dis-je ! Même les Juifs le connaissaient. Ah ! mais.
Quant aux ordonnances allemandes systématiquement oubliées par les détracteurs de Vichy, elles sont manifestement à l’origine des actes politiques les plus antisémites de ce gouvernement.
Qu’on en juge.
L’ordonnance du 27 septembre 1940, afin de déposséder les Juifs qui avaient fui la zone occupée, leur interdit d’y revenir.
Elle oblige toute personne juive à se faire enregistrer auprès du sous-préfet de son arrondissement : le registre est en marche.
Elle oblige tout commerce détenu par un Juif à s’afficher comme tel : l’étoile jaune pour les boutiques !
Elle punit les contraventions d’amende, d’emprisonnement et de confiscation de biens.
L’ordonnance du 26 avril 1941 précisait que désormais la plupart des activités économiques étaient interdites aux Juifs : c’est le deuxième statut de juin 41 qui s’annonce.
D’autres ordonnances furent promulguées qui aggravèrent le sort des juifs : 28 mai, 13 août, 17 décembre 41, 7 février 42.
A tort ou à raison, Vichy crut de son intérêt de légiférer alors qu’il eût pu (qu’il eût dû ?) s’en abstenir.
A mon avis, il fit bien. En ces matières scabreuses d’exclusion et de persécution où il s’est sali les mains, ça lui permit de garder la main en particulier sur sa police et d’atténuer ainsi les rigueurs de ces exclusions, de ces persécutions et pour finir de ces meurtres.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Quand on aime l’histoire on cherche la vérité et l’on agit comme un juge. On instruit à charge et à décharge et on entend les deux parties en présence, leurs avocats et leurs témoins. Agir comme vous le faites, en faisant silence sur tout ce qui décharge Vichy, constitue une imposture.
Et ce n’est pas la seule.
Vous nous ramenez les conventions de La Haye de 1907 pour nous dire que Vichy n’aurait pas dû tolérer les arrestations des Juifs puisque ces arrestations étaient exorbitantes des droits de police de la puissance occupante, lesquels ne concernaient que la sécurité des troupes. N’est-ce pas oublier un peu vite que les Allemands étaient les juges suprêmes de ce qui menaçait ou ne menaçait pas leurs troupes, de sorte que si la fantaisie leur avait pris de croire que cette sécurité était menacée par les bossus ou par les roux ou par les bègues, Vichy n’ aurait rien pu contre.