Faut-il réhabiliter la mémoire du maréchal Pétain ?

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Faut-il réhabiliter Pétain ?

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faut il réhabiliter la mémoire

Message par martinez » Samedi 19 Mai 2007 10:58:44

je n'apporterais qu'un élément d'information éclairant: dans ses mémoires secrètes le général Doumenc major général rapporte que lors de son départ à la retraite en 1940 il fut convié à dejeuner par le maréchal pétain. le commandant Doumenc en 15 avait été chargé de créer le service automoblie de l'armée française qui de qq centaines de véhicules au début a compté jusqu'à 100.000 homme et plusieurs dizaines de milliers de véhicules il a passe la qusi totalité de la guerre au GQG de chantilly et collaboré de façon permanente avec le maréchal pétain, puis ensuite pendant plus de 20ans lors de ce déjeuner le maréxchal pétain au dessert lui demanda interrogatif " mais qui etes vous pour etre à ma table? et le général doumenc de porter l'annotation suivante dans son journal" est ce bien raisonnable de confier la France à un vieillard si diminué" il apparait à l'évidence qu'on lui a fait "porter le chapeau " exploitant sans vergogne ses faiblesses et sa sénilité alors qu'il aurait du etre en retraite ( méritée) mais c'était un paravent bien commode. cordialement
martinez
 
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Message par BRH » Samedi 19 Mai 2007 14:02:57

Baron Percy a écrit :Brillante plaidoirie que la vôtre, mon cher Bruno.
Elle a le mérite de tenter de cerner l'objectivité au plus près.
Mais si on s'en tient à ces seuls chefs d'accusation, à savoir : approbation des lois antisémites et discriminatoires, ainsi que de la Milice, le compte de Pétain est bon, fut-il ou non frappé d'accès de sénilité.


Merci de votre appréciation, mais je ne cherche -effectivement- qu'à tenter de discerner la vérité.

Je dois faire une mise au point: la réhabilitation dont je parle ne peut être que juridique. Il s'agit du verdict de 1945: "Pétain, reconnu coupable d'intelligence avec l'ennemi" !

La réhabilitation "historique" est évidemment impossible. Ainsi l'approbation des lois antisémites et discriminatoires, la caution du maréchal apportée à la milice ne ressortent pas du chef d'accusation pour "intelligence avec l'ennemi".

Bien que je souscrive au jugement de François Delpla: "Vichy est allemand dès le 17 juin 1940", je suis sans doute un peu plus nuancé que lui en ce qui concerne la personne du maréchal.

Ce dernier croyait-il en la victoire de l'Allemagne ? Jusqu'à l'invasion de la Russie, en juin 1941, probablement.

Ceci appelle une autre question: "souhaitait-il une victoire de l'Allemagne" ? En juillet 1940, la question ne se pose pas: l'Allemagne est victorieuse. Il n'y a pas à la souhaiter, elle existe et c'est indéniable, du moins à ses yeux.

Ensuite... A mon avis, ses sentiments ne changent pas, du moins jusqu'en juin 1941. Ensuite la question se pose, parce que l'Allemagne doit se battre sur 2 fronts. J'ai le sentiment qu'il n'y croit plus guère, à moins que les nazis ne s'emparent de Moscou. Or, en décembre 1941, les Allemands sont repoussés devant Moscou et les Américains sont en guerre.

A cet instant, Pétain ne croit plus en la victoire allemande. Il ne peut donc pas la souhaiter.

Dans ce procès posthume, il fait figure d'accusé et il est incontestablement plus coupable que victime.
Je maintiens donc mon refus de le réhabiliter.


Ce terme est avant tout juridique. Pour sa responsabilité morale, il conviendrait d'étudier de plus près la question: Pétain et les juifs.
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Message par duc de Raguse » Samedi 19 Mai 2007 23:15:44

qu'il n'a pas déclaré la guerre à l'Angleterre, ni en 40, ni en 41, ni en 42 (au-delà, ça ne servait plus à grand chose, mais Laval -malgré ses pressions, ses chantages, ses manoeuvres, n'obtiendra jamais ces mesures!!) ?

Laval n'était plus aux affaires, lorsqu'en avril 1941 l'amiral Darlan proposa l'entrée en guerre de Vichy à Hitler.
Il serait bon d'éviter de tout mettre sur ce barve "Pierre le Noir" qui fut toujours une décharge habile pour quelqu'un qui fuyait ses responsabilités.
On connaît la rangaine de ses défenseurs : le bon maréchal était résistant dans l'âme, mais ces maudits Allemands et ce traître de Laval ont tout fait pour court-circuiter son action ! Ben voyons... :roll:

qu'il a fait son possible (et ce n'était pas assez, et c'était indigne), pour protéger les Français israèlites, tout en se lavant les mains du sort des juifs étrangers...

C'est vrai que les statuts des juifs d'octobre 1940 - non demandé par les Allemands - et ceux de 1941 sont réellement dans le cadre de la protection : on les excluait tout bonnement de la société française...

qu'il a tenté en 1943 de promulguer sa constitution en rappelant les chambres de 1940. Ce que Laval a empêché avec la complicité des nazis!

N'importe quoi !! Dites-moi où avez-vous pêché de pareilles balivernes ?
Pétain n'a jamais pensé à écrire sa Constitution, sauf quelques jours après le débarquement, en 1944... Lorsque le vent changeait.

Enfin -et principalement- d'être resté à Vichy le 11 novembre 1942, au lieu de s'envoler pour Alger, ce qui a permis l'ambiguïté de son régime de s'accentuer au profit de la collaboration avec l'ennemi!

En acceptant l'armistice du 22 juin, il acceptait la collaboration avec l'ennemi, c'est écrit noir sur blanc dans la Convention d'armistice. Cette date de 1942 est déjà bien trop tardive...
duc de Raguse
 

Message par BRH » Dimanche 20 Mai 2007 10:40:49

Darlan propose en effet l'entrée en guerre contre l'Angleterre aux Allemands. Mais c'est en avril 1941 ! Pétain laisse agir Darlan pourvu que ce renversement des alliances soit profitable à la France. Cela impliquerait le retour des prisonniers, une zone "ouverte" aux Allemands limitée aux côtes, le retour du gouvernement à Paris et des annexions limitées à l'Alsace-Lorraine.

Finalement, les "protocoles" de Darlan échouent piteusement, à l'instigation de Weygand, notamment, mais parce que l'alliance n'est pas sérieusement envisagée par Hitler.

Quant aux Juifs français, la discrimination est un moindre mal par rapport aux déportations massives qui ne vont pas tarder...

Pour ce qui est du projet de constitution en 1943, cela est historique:

"Fin 1943, voyant le sort de l'Axe scellé, Pétain tente de jouer en France le rôle du maréchal Badoglio en Italie, lequel en septembre 1943, après avoir longtemps servi le fascisme, a fait passer le pays du côté allié. Pétain espère ainsi qu'un nouveau gouvernement moins compromis aux yeux des Américains, doté d'une nouvelle constitution, pourra au jour J écarter de Gaulle du jeu et négocier avec les libérateurs l'impunité de Vichy et la ratification de ses actes.

Le 13 novembre 1943, alors que Pétain veut prononcer un discours radiodiffusé par lequel il annoncerait à la nation le renvoi de Laval et la réunion du Parlement pour adopter la nouvelle constitution, les Allemands surviennent à Vichy et font échec à la manœuvre. Après six semaines de « grève du pouvoir », Pétain se soumet. Il accroît encore les pouvoirs de Laval tout en acceptant la fascisation progressive de son régime par l'entrée au gouvernement de Joseph Darnand, Philippe Henriot et Marcel Déat."


Source: Wikipedia "Philippe Pétain".


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Message par duc de Raguse » Dimanche 20 Mai 2007 16:18:11

Darlan propose en effet l'entrée en guerre contre l'Angleterre aux Allemands. Mais c'est en avril 1941 !

Ben oui, c'est ce que j'écrivais ! Vous noterez que Laval n'était plus au gouvernement à cette date. :wink:
Pétain n'a pas besoin de Laval pour proposer une entrée en guerre aux côtés de l'Axe contre les Alliés ! Ce que Laval ne fît jamais...

Cela impliquerait le retour des prisonniers, une zone "ouverte" aux Allemands limitée aux côtes, le retour du gouvernement à Paris et des annexions limitées à l'Alsace-Lorraine.

Cela impliquait surtout un alignement total sur Berlin, une entrée dans le pacte tripartite et l'entrée en guerre contre Londres.

Finalement, les "protocoles" de Darlan échouent piteusement, à l'instigation de Weygand, notamment, mais parce que l'alliance n'est pas sérieusement envisagée par Hitler.

Oui, Hitler se moqua de la proposition de Darlan, à une date où il pouvait encore le faire... :lol: :wink:

Quant aux Juifs français, la discrimination est un moindre mal par rapport aux déportations massives qui ne vont pas tarder...

C'est vrai qu'édicter une série de lois qui sont la copie conforme de celles de Nuremberg sont un "moindre mal"... :roll:
Soyez sérieux un instant mon cher Bruno ! Ces lois et le "recensement" administratif qui sera fait, seront utilisés par les Allemands en 1942, grâce aux accords Bousquet-Oberg où la collaboration aux affaires juives germano-vichyssoise sera totale.
D'un autre côté, l'Allemagne n'a pas le droit de "déporter massivement" - en fonction de la Convention du 22 juin 1940 - en France, que ce soit en zone occupée, comme en "zone libre".
N'oublions pas non plus que le sort des juifs ne fut tranché par les hautes instances nazies qu'en février 1942. Avant, il ne pouvait y avoir de rafle planifiée non plus.

Le 13 novembre 1943, alors que Pétain veut prononcer un discours radiodiffusé par lequel il annoncerait à la nation le renvoi de Laval et la réunion du Parlement pour adopter la nouvelle constitution, les Allemands surviennent à Vichy et font échec à la manœuvre.

Jamais lu cela... :shock: :? Encore moins dans l'excellente biographie de Ferro sur le Maréchal, ni celles que j'ai de Laval.
Les sources de Wikipedia sont souvent erronées, j'ai bien peur que celle-ci aussi.
duc de Raguse
 

Message par BRH » Dimanche 20 Mai 2007 16:54:24

duc de Raguse a écrit :
Le 13 novembre 1943, alors que Pétain veut prononcer un discours radiodiffusé par lequel il annoncerait à la nation le renvoi de Laval et la réunion du Parlement pour adopter la nouvelle constitution, les Allemands surviennent à Vichy et font échec à la manœuvre.

Jamais lu cela... :shock: :? Encore moins dans l'excellente biographie de Ferro sur le Maréchal, ni celles que j'ai de Laval.
Les sources de Wikipedia sont souvent erronées, j'ai bien peur que celle-ci aussi.


L'Occupation: la France dans la guerre américaine (8 nov. 1942-6 juin 1944). Dossiers secrets de la France contemporaine par Claude Paillat.
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Message par Baron Percy » Dimanche 20 Mai 2007 17:18:10

Il serait vain de vouloir jouer la carte "responsable mais pas coupable" pour tenter d'excuser Pétain.
Il s'est gravement compromis et de ce fait sa responsabilité est directement engagée dans le sort qui fut réservé aux Juifs étrangers d'abord, français ensuite.
Cette part prise à la collaboration est une tache indélébile sur la mémoire du Maréchal.
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Message par Paname » Jeudi 11 Octobre 2007 21:24:21

Bonsoir,

J'ai voté "ne sait pas".
Tout simplement parce que je ne concoit pas de faire passer, avant le héros de 1916, l'ordure de 1940, mais le contraire encore moins... donc.
Je reste très attaché à l'image du héros de Verdun et assez degouté par le collaborationniste...

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Re: Faut-il réhabiliter la mémoire du maréchal Pétain ?

Message par boisbouvier » Mardi 21 Octobre 2008 15:49:00

RECENSION DE « PETAIN, TRAHISON OU SACRIFICE ? »

Pétain - de Gaulle... A première vue, tout a été dit et depuis longtemps sur ce sujet. Pétain contre de Gaulle, quand il le fait condamner à mort. Et de Gaulle qui le lui rend bien, quand il le fait juger en 1945 par un jury ad hoc. Mais aussi Pétain avec de Gaulle, quand il ajoute au verdict que la sentence ne doit pas être exécutée au cas où de Gaulle serait pris. Et de Gaulle avec Pétain, quand il le gracie après avoir demandé (secrètement) au jury que la condamnation n’excède pas cinq ans de forteresse. Et encore de Gaulle avec Pétain, quand il dit à Rémy qu’il fallait que la France ait deux cordes à son arc : Pétain pour le cas où Hitler gagnerait la guerre et lui, de Gaulle, pour le cas contraire.

Oui, a priori, tout a été dit et depuis très longtemps sur ces thèmes rebattus, éculés même. Mais Michel Boisbouvier pousse l’analyse plus loin. Pour deux raisons.

D’abord, depuis la parution de La France de Vichy de Robert Paxton en 1974, Vichy et son chef font l’objet d’un matraquage éditorial. La prise de conscience (tardive mais intense) de l’ampleur de la Shoah et le débat sur le rôle de la police française dans l’événement ont accentué la pression médiatique. Aujourd’hui, dans une véritable contre-enquête, l’auteur démonte les approximations, les demi-vérités et les mensonges. Il montre la fausseté de la plupart des publications sur le sujet.

Ensuite, sur la complicité politique de fond entre Pétain et de Gaulle, Michel Boisbouvier apporte un nouvel éclairage. Il montre que la notion de sacrifice n’a pas été suffisamment vue et évaluée. Il prouve que Pétain et de Gaulle partageaient la même idéologie militaire du sacrifice total envers la patrie, et que cette idéologie demandait quelque chose qui va bien au-delà d’une divergence politique apparente et superficielle. Elle exigeait que le perdant (ce fut Pétain) perdît plus que la vie, son honneur… au moins pendant un certain temps. Apprise à Saint-Cyr et dans les tranchées, cette idéologie militaire nous a donné deux hommes d’une valeur exceptionnelle, tant par l’esprit que par le cœur. Ils ont donné tout ce qu’ils pouvaient pour sauver, l’un le corps même de la patrie, l’autre son âme. En somme, ils se sont réparti les tâches.

S’ils ont paru jusqu’au bout en lutte l’un contre l’autre, c’est que le corps et l’âme ne peuvent qu’être séparés par la morale elle-même. Pour que l’âme existe, il lui faut lutter contre le corps, cette carcasse qui se traîne et qui pèse d’un poids si lourd. Bref, il lui faut trouver quelque chose contre quoi se définir et entrer en querelle. Pétain - de Gaulle, ou le manichéisme fondamental…

Pétain et Hitler

« On n’obéit pas à un chef qui est entre les mains de l’ennemi. » Cette apostrophe de Napoléon au général Vedel, qui avait capitulé sur l’ordre du général Dupont qui avait lui-même capitulé devant les Espagnols à Baylen, suffit à justifier le gaullisme. Faut-il en déduire que la politique de Vichy était illégitime dès le départ ? Evidemment non, puisque l’armistice ménageait des aires d’indépendance : la zone libre, l’empire, la flotte, un embryon d’armée… Les principales puissances ne s’y sont pas trompées : elles ont envoyé des ambassadeurs à Vichy.

Mais ensuite, en novembre 1942, quand l’Allemand a occupé la zone libre, que l’empire est entré en dissidence et que la flotte s’est sabordée, ne fallait-il pas que l’Etat se transporte à Alger, en terre française, pour échapper à l’emprise de l’ennemi ? Le Maréchal a décidé de rester pour être fidèle à une promesse qu’il considérait comme sacrée. Or, ce faisant, ne commettait-il pas une de ces graves fautes politiques qui font dire que l’enfer est pavé de bonnes intentions ? Sans doute, puisque, en restant à son poste devenu inutile, le Maréchal prenait le risque de diviser la France en deux partis : celui de la « Résistance » et celui de la « collaboration ». Et c’est bien ce qui advint en effet.

Or c’est là qu’intervient la notion de sacrifice. Le Maréchal avait compris que Hitler n’était pas un adversaire ordinaire. Ce n’était ni un vieux gentilhomme comme Guillaume Ier, ni un diplomate de carrière comme Bismarck, ni même un bravache complexé comme Guillaume II. C’était l’Antéchrist. En novembre 1942, son action criminelle ne s’était pas révélée dans toute son ampleur, car les massacres industriels dans des chambres à gaz ne furent révélés que quelques semaines avant la fin de la guerre. Mais elle s’était déjà montrée en Europe orientale et balkanique par des opérations mobiles de tuerie qui, elles, furent connues des chancelleries.

En outre, de graves inconnues demeuraient. Combien de temps la guerre allait-elle encore durer ? Quelle arme nouvelle pouvait en changer le cours ? L’un des alliés n’allait-il pas signer une paix séparée ? La bataille de l’Atlantique - elle ne fut gagnée qu’en mai 43 - n’empêcherait-elle pas de joindre les deux continents ? Imaginons un instant que Hitler ait eu la bombe atomique avant sa défaite et qu’il l’ait lancée sur Londres. Qui peut dire ce qui se serait passé ?





Pétain et la Shoah

Dans cet ouvrage anti-conformiste, Michel Boisbouvier n’élude pas la question essentielle : Pétain et la Shoah. Et il énonce deux vérités qui dérangent :

1 – De toutes les grandes communautés juives de l’Europe occupée, la française a été la plus épargnée.
2 – Contrairement à des allégations mensongères, c’est à Vichy qu’elle le doit. Pour la première fois, ce livre le démontre avec précision. Et c’est là que le sacrifice du Maréchal prend tout son sens.

Pétain - de Gaulle… Chacun sait que les pétainistes détestent de Gaulle, mais l’auteur affirme qu’ils ont tort. Car derrière un anti-pétainisme déclaré se cache chez de Gaulle un pétainisme latent. Il suffit de voir ce qu’il dit à Ordic, Rémy, Murat, Le Hideux…

En laissant condamner Pétain malgré qu’il en ait, de Gaulle ne fait qu’obéir à sa mission de rendre à la France son statut de vainqueur à part entière. Pour que de Gaulle ait raison, il faut que Pétain ait tort. Telle est la loi de la guerre, manichéenne par nature… Car il existe un Himalaya entre le discours militant et la recherche historique.

De Gaulle ne serait pas si grand s’il n’avait pas compris cela…


Et si le temps du gaullo-pétainisme était arrivé ?
boisbouvier
 

Re: Faut-il réhabiliter la mémoire du maréchal Pétain ?

Message par duc de Raguse » Mardi 21 Octobre 2008 17:56:31

On dirait du Tournoux concernant Pétain et De Gaulle ! :mrgreen: :wink:
Ah ! la droite qui voudrait bien réconcilier ces deux figures de l'histoire française... :? :mrgreen:
C'est plus délicat à mon avis qu'une simple condamnation à mort de chaque côté... :wink:
duc de Raguse
 

Re: Faut-il réhabiliter la mémoire du maréchal Pétain ?

Message par Chef Chaudard » Mardi 21 Octobre 2008 18:09:46

Pétain: traitre à la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, aux valeurs de la France, Liberté, Egalité, Fraternité.

LA MORT! :twisted:

Cela dit, je pense qu'il a espéré, au début, mener une politique de neutralité de la France, sous un régime pépère dont il aurait été le Salazar.

Il y a peut-être cru, même quand Laval et Darlan avaient compris qu'elle était sans issue et que la seule solution était de "souhaiter la victoire de l'Allemagne", l'autre alternative, celle de la victoire Britannique, étant inenvisageable. Il n'avait aucun sens politique, le pauvre homme... :cry: Alors, pour l'esprit...

Pour le coeur, ça me rappelle le slogan des "pacifistes" des années 80: "plutôt Rouge que mort". Plutôt Nazi que mort...

Heureusement qu'il y avait des gens prêts à mourir pour défendre nos valeurs. Pétain n'en faisait pas partie, parce qu'il ne les partageait pas. Et au prétexte qu'il défendait mieux les Français en collaborant qu'en combattant. Au risque de rallonger la guerre et de multiplier ainsi les épreuves. Au risque de voir triompher le pire régime qu'ait connu l'Humanité. Au risque de devenir une marionnette dans les mains du Führer, figure tutélaire de moins en moins crédible, cherchant à justifier les actes des criminels au pouvoir.

L'acte d'accusation est suffisamment épais pour justifier sa condamnation. Tout juste peut-on lui chercher des circonstances atténuantes. L'age, l'incompétence politique...
La t'naille, quoi!
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Re: Faut-il réhabiliter la mémoire du maréchal Pétain ?

Message par boisbouvier » Dimanche 02 Novembre 2008 04:43:24

Pour répondre à Chef Chaudard et à Duc de Raguse je propose une réflexion sur le thème de l'alternative weberienne éthique de responsabilité contre éthique de conviction.
Voici ce que j'écrivais à un ami en 2003.

Michel BOISBOUVIER Paris le 13/12/03

à monsieur NAHON




Cher Monsieur,




Dans la controverse qui nous occupe (sans nous fâcher) force est de reconnaître qu’il y a désaccord profond entre Bedarida et Hilberg.
Le premier refuse tout effet « bouclier » au gouvernement de Vichy et le second écrit ceci (p.523) :
« Dans ses réactions aux pressions allemandes le gouvernement de Vichy tenta de maintenir le processus de destruction à l’intérieur de certaines limites. Celles-ci eurent essentiellement pour objet de retarder l’évolution du processus dans son ensemble. Les autorités françaises cherchèrent à éviter toute action radicale. Elles reculèrent devant l’adoption de mesures sans précédent dans l’histoire. Quand la pression allemande s’intensifia en 1942, le gouvernement de Vichy se retrancha derrière une seconde ligne de défense. Les juifs étrangers et les immigrants furent abandonnés à leur sort et l’on s’efforça de protéger les Juifs nationaux. Dans une certaine mesure cette stratégie réussit. En renonçant à épargner une fraction, on sauva une grande partie de la totalité.

Le choix de Sophie en quelque sorte.

C’est Hilberg qui a raison. Il donne de nombreux exemples de plaintes de hauts fonctionnaires nazis concernant les refus de coopérer de l’administration française et va jusqu’à dire (p.556) :
« …les discussions ne donnèrent aucun résultat. Pétain était opposé à la déportation des Juifs français (…) Le chef suprême des S.S. et de la Police Oberg informa alors Himmler de la situation. Himmler fit marche arrière et accepta, pour le moment, de ne déporter aucun juif de nationalité française. »

Eternel problème de ce qui divise la Droite et la Gauche si bien précisé par Péguy et par Max Weber.
« Vous avez les mains propres, dit Péguy à la Gauche (en l’occurrence aux gaullistes), mais vous n’avez pas de mains ».
Et, d’une façon moins poétique mais plus précise, Max Weber oppose « éthique de conviction » (la Gauche) à « éthique de responsabilité » (la Droite : en l’occurrence Vichy) qui oblige souvent à des compromis et même à des compromissions.
La question de savoir si Pie XII aurait dû dénoncer les camps relève de la même problématique insoluble.
Raymond Aron, mon maître en philosophie politique, disait opter pour la responsabilité et reconnaissait que Vichy ne pouvait guère agir autrement qu’il ne l’a fait.

A mon avis la famille Klarsfeld devrait se calmer.

Bien amicalement,
boisbouvier
 

Re: Faut-il réhabiliter la mémoire du maréchal Pétain ?

Message par Chef Chaudard » Lundi 03 Novembre 2008 12:09:24

...qui oblige souvent à des compromis et même à des compromissions.


Vous avez parfaitement résumé la problématique: jusqu'à quel point peut-on accepter la compromission?

C'est un problème qui transcenda les partis contrairement à vos remarques: De Gaulle n'est pas de gauche, il n'est pas d'extrême droite, c'est tout. :wink:
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Re: Faut-il réhabiliter la mémoire du maréchal Pétain ?

Message par BRH » Lundi 03 Novembre 2008 12:42:16

Chef Chaudard a écrit :Pétain: traitre à la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, aux valeurs de la France, Liberté, Egalité, Fraternité.

LA MORT! :twisted:


Ceci n'est pas une réflexion d'historien: d'abord, parce que Pétain n'a jamais prêté serment à la déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen de 1789. Celle-ci ne figurait pas dans les textes constitutionnels de la IIIème République.

Ensuite, parce que les valeurs de Liberté, d'Egalité et de Fraternité ne sont pas les valeurs de la France, mais celles de la République.

Cela dit, je pense qu'il a espéré, au début, mener une politique de neutralité de la France, sous un régime pépère dont il aurait été le Salazar.

Il y a peut-être cru, même quand Laval et Darlan avaient compris qu'elle était sans issue et que la seule solution était de "souhaiter la victoire de l'Allemagne", l'autre alternative, celle de la victoire Britannique, étant inenvisageable. Il n'avait aucun sens politique, le pauvre homme... :cry: Alors, pour l'esprit...

Pour le coeur, ça me rappelle le slogan des "pacifistes" des années 80: "plutôt Rouge que mort". Plutôt Nazi que mort...


La victoire des Britanniques était inenvisageable jusqu'en décembre 1941. La victoire des Anglo-Saxons ne faisait plus de doute par la suite.

Heureusement qu'il y avait des gens prêts à mourir pour défendre nos valeurs. Pétain n'en faisait pas partie, parce qu'il ne les partageait pas. Et au prétexte qu'il défendait mieux les Français en collaborant qu'en combattant. Au risque de rallonger la guerre et de multiplier ainsi les épreuves. Au risque de voir triompher le pire régime qu'ait connu l'Humanité. Au risque de devenir une marionnette dans les mains du Führer, figure tutélaire de moins en moins crédible, cherchant à justifier les actes des criminels au pouvoir.

L'acte d'accusation est suffisamment épais pour justifier sa condamnation. Tout juste peut-on lui chercher des circonstances atténuantes. L'age, l'incompétence politique...


Il a été condamné pour "intelligence avec l'ennemi", pas pour avoir tordu le cou à la République ! De Gaulle ne voulait pas que l'on aborde ce volet, puisque -à ses yeux- la République était à Londres avec lui dès le 17 juin 1940, ce qui est un tantinet excessif...
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Re: Faut-il réhabiliter la mémoire du maréchal Pétain ?

Message par Chef Chaudard » Lundi 03 Novembre 2008 13:33:00

Ceci n'est pas une réflexion d'historien: d'abord, parce que Pétain n'a jamais prêté serment à la déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen de 1789. Celle-ci ne figurait pas dans les textes constitutionnels de la IIIème République.


Je suis bien d'accord: le sujet parle de la "réhabilitation" de Pétain, qui est, me semble-t-il, un sujet dépassant l'Histoire.

Il a été condamné pour "intelligence avec l'ennemi", pas pour avoir tordu le cou à la République ! De Gaulle ne voulait pas que l'on aborde ce volet, puisque -à ses yeux- la République était à Londres avec lui dès le 17 juin 1940, ce qui est un tantinet excessif...


Je me plaçais dans une vision actuelle. Si votre sujet était la remise en cause de son procès, je suis hors sujet... :oops:
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