Faut-il réhabiliter la mémoire du maréchal Pétain ?

[Francois Delpla]

Je ne pensais pas que tu me donnerais raison aussi vite et aussi complètement.

[BRH]

Sa popularité fut inouïe.

Dès le début, il y eut des réfractaires... Disons 10%. Ce taux augmenta en flèche après Montoire. Autour de 40%, probablement...

[Francois Delpla]

Mais surtout, un occupant est là et le gouvernement pactise avec lui !

Cela brouille tous les repères et brise tous les ressorts.

[boisbouvier]

Mais surtout, un occupant est là et le gouvernement pactise avec lui !

Que veut dire "pactiser" ?
Si ça veut dire entrer en pourparlers avec un ennemi en vue de discuter des conditions d'un traité d'armistice ou de paix, tu as raison, Delpla, Vichy (en fait Bordeaux pour ce qui concerne la demande d'armistice) a été pactiseur.
Or, loin que cette politique lui ait valu l'opprobre ou la simple désapprobation, elle lui conféra au contraire un immense prestige dû à l'approbation quasi générale de tout un peuple.
567 députés et sénateurs qui résignent leur mandat entre les mains d'un seul homme qui ne le leur demande pas on n'avait jamais vu ça et on le reverra jamais.

[boisbouvier]

Dès le début, il y eut des réfractaires... Disons 10%. Ce taux augmenta en flèche après Montoire. Autour de 40%, probablement...

Non.
Il n'y eut au début aucun réfractaire. 40 millions de pétainistes titra Henri Amouroux le tome 1 de son Histoire de l'occupation. De Gaulle peina à rassembler 5000 fidèles.
Montoire ?
Qui peut dire son impact ?
En fait la popularité du Maréchal, contrairement à celle d'un Laval par exemple, dura jusqu'à la fin. Les gens se rendaient compte qu'il était le premier prisonnier de France et que de cette place peu enviable il faisait tout son possible.

[boisbouvier]

On ne dira jamais assez combien l'idéologie fasciste ou "fascistoïde" a joué un rôle important dans la délégation que l'Assemblée nationale fit de ses pouvoirs entre les mains d'un seul homme, le 10 juillet 40.
La défaite avait été si cinglante que la cause opposée de la démocratie parlementaire sembla tout d'un coup indéfendable. Jacques Benoist-Méchin décrit avec talent les moeurs de ces Chambres parlementaires, la Chambre des députés et le Sénat.
Il dit qu'on y "consultait" énormément et en particulier MM. Jeanneney et Herriot. Il les compare à Laurel et Hardy. Herriot, le jovial tout en rondeurs et Jeanneney tout en maigreurs : il n'est pas seulement triste, dit-il, il est funèbre.
Nos honnêtes représentants ne furent pas à la fête en ces jours.
Ils passèrent pour des bavards qui ne faisaient rien quand les Fascistes italiens ou allemands, eux, travaillaient d'arrache-pied.

Pétain s'est trouvé au centre de cet état d'esprit qu'il n'avait rien fait pour encourager ou produire.

[BRH]

Tout ceci est largement fantasmé. Les 10% de réfractaires sont bien réels. Il y en eut, parce que cesser le combat était perçu comme une atteinte à l'honneur, appel indigne d'un maréchal de France... D'autres parce que le pouvoir d'un seul rappelait trop Franco ou Mussolini. Admettons que la masse -avinée et apeurée- fut lâchement soulagée d'en finir avec la guerre, tout comme une majorité de socialistes, malgré le geste de "rebelle" de Blum... Tous les historiens admettent que Montoire fut un tournant. D'instinct, les Français comprenaient que la "collaboration" serait une impasse. Mais surtout -contrairement à ce qu'avait dit ou laissé entendre le nouveau pouvoir- c'est que l'Angleterre ne se rendait pas, que la guerre continuait et que nos prisonniers ne seraient pas de retour pour Noël !!!