Groupement Cartier

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Groupement Cartier

Message par Administrateur » Mercredi 25 Avril 2007 10:06:48

le Groupement Cartier a été constitué le 14 juin 1940 en partie avec les éléments des subdivisions de Bourg-en-Bresse, Chambéry et Grenoble. Par la suite, d'autres éléments sont venus compléter ses effectifs (les dates d'arrivée de ces éléments sont souvent méconnues). Les dates indiquées ici ne sont pas à considérer comme incontestables.



1/ Sous Groupement de Héricourt

Infanterie : I/142e Régiment régional (17-06)

2 Cies du dépôt d’infanterie n° 142 (23-06)

4e Cie du 343e RI

Groupe forestier n° 10

Artillerie : 1 pièce de 47 de marine (17-06)

3 sections de 65 porté (17-06)

Chars : 2 sections non identifiées, probablement des FT 17 d’un Régiment Régional, ou affectés à la garde d’un aérodrome, sans certitude (17-06)



2/ Sous Groupement Trolliet

Infanterie : 93e Bataillon de chasseurs à pied

2e Cie du dépôt d’infanterie n° 143 (23-06)

Bataillon du dépôt d’infanterie n° 142 (23-06)

99e Régiment d’infanterie du dépôt d’infanterie n° 142

Artillerie : 1 section de 75 du Centre d’organisation d’artillerie automobile de Valence

1 canon de 25

1 pièce de 155 C tracté (24-06)

Génie : 2 Cies du Dépôt du 4e Génie



3/ Sous Groupement Délivré

Infanterie : 2 Cies du dépôt d’infanterie n° 73 (24-06)

1 Cie du 73e Régiment régional (24-06)

Artillerie : 2 sections de 65 (24-06)



4/ Sous Groupement Dumont puis Douard

Infanterie : II/20e Régiment d’Infanterie coloniale

614e Régiment de Pionniers

Artillerie : Quelques pièces de marine de 47 et 65

Air : 31/102e Cie de l’Air



5/ Sous Groupement Clarion

Infanterie : 1 Bataillon du dépôt d’infanterie n° 147 (17-06)

10e Cie du 1er Bataillon de tirailleurs marocains (22-06)

1 Peloton de Gardes républicains mobiles de Bourgoin (22-06)

1 Cie du 141e Régiment régional (22-06)

2 Cies du 614e Régiment de pionniers (22-06)

Artillerie : 1 Section de 105

Train : 142e Groupe régional du Train



6/ Sous Groupement de Bissy

Infanterie : III/25e Régiment de tirailleurs sénégalais (16-06)

11e et 13e Cies de marche du dépôt d’infanterie n° 143 (16-06)

Demi-Cie du 143e Régiment régional (16-06)

Peloton 6/14 de Gardes républicains mobiles (18-06)

Bataillon du 145e Régiment régional (21-06)

Chars : 145e Section (3 FT 17) (16-06)

Artillerie : 3 Batteries de 3 pièces de 75 du Centre d’organisation d’artillerie automobile de Valence (16-06)

1 Section de 75 P (18-06)

1 Section de mortiers de 60 et de 81 (19-06)

2 Sections de 65 de montagne (21-06)

1 Sections de 75 hippo (21-06)

2 pièces de 65 (22-06)

2 pièces de 65 (nuit du 22 au 23-06)

1 pièce de 155 C du dépôt de Briançon (23-06)



7/ Sous Groupement Brillat-Savarin

Infanterie : 2 Bataillons de tirailleurs marocains du dépôt d’infanterie n° 145

Eléments du dépôt d’infanterie n° 143

76e Régiment régional (19-06)

Centre d’instruction divisionnaire n° 66 (22-06)

2e Cie du 614e Régiment de pionniers (22-06)

Chars : 1 Section du 504e Régiment de chars de combat

Artillerie : 1 batterie de 65

2 batteries de 75

1 section de 105 (24-06)

1 section de 47 de marine

Eléments du 404e Régiment d’artillerie de DCA

Cavalerie : Dépôt de cavalerie n° 14 :

2 escadrons

1 section de chars

1 section de 47

Génie : 1 Cie

Au total, le Groupement Cartier regroupera approximativement 30 000 hommes, le 24 juin 1940.

Source : Journal de la France, "Les années 40", Philippe Masson. p. 305 à 309.
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Re: Groupement Cartier

Message par BRH » Vendredi 04 Juin 2010 09:56:35


http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/ima ... n_1940.pdf

« Il semblait bien, en ce milieu de juin 1940, que tout était consommé, que rien ne pouvait plus être
espéré. De la désagrégation militaire et morale des armées françaises, sur un front vainement disputé
de l'Alsace à la Picardie, Paris conquis, la Loire menacée, rien d'autre ne pouvait plus être attendu que
la capitulation et d'occupation totale du territoire. Les Français n'avaient jamais rien subi de pareil! Il
restait bien cette oasis rocheuse des Alpes, au seuil de laquelle une résistance possible aurait, elle
aussi, à "laisser toute espérance". La Savoie, Le Dauphiné, la Provence à sauvegarder, tout le reste
L'Armée des Alpes existait, cependant, intacte, arc-boutée face au Piémont et à la Ligurie, sur la
haute chaîne frontière, équipée de moyens restreints, mais "parée" contre une offensive italienne
soucieuse, elle, du moindre risque et du plus grand bénéfice : la Savoie "désannexée", la vallée du
Rhône à atteindre, quelle plume de gloire le Fascisme n'allait-il pas attacher à son chapeau qui
rachèterait cent fois cette intolérable dette à la France de 1859 et 191 7! Un roi, un prince royal, un duce,
quarante divisions, l'esprit de Jules César en poupe, pour culbuter les 6 divisions de réserve françaises
fraîchement adaptées à la montagne, quelle tentation pour le nouvel empire "Fara da se!"... D'un autre
côté, l'armée du Général OLRY, cramponnée à ses cols et à ses ouvrages haut perchés, articulée en
profondeur jusqu'aux jonctions des grandes vallées, attendaient avec sérénité l'assaut d'un adversaire
... Le souci majeur du Général OLRY devant donc, par double parade, conserver les hauts
passages des Alpes ainsi que le territoire de la SAVOIE, du DAUPHINE et de la PROVENCE. De cette
préoccupation, CHAMBERY et GRENOBLE devenaient l'enjeu essentiel,.. »
Ecrits du Général CARTIER
Commandant le Groupement de Défense
(extrait du "livre d'Or du Dauphiné"

GENERAL CARTIER
Né à GENEVE en 1877 d'un père savoyard et d'une
mère genevoise, après des études à CHAMBERY et
à ZURICH, doit s'engager comme volontaire au
22ème B.C.A. à ALBERTVILLE. Investi le 10 juin
1940 de la mission d'assurer la défense du secteur
NORD des ALPES contre les Allemands, il constitue
le Groupement de Défense de SAVOIE-DAUPHINE.

LES COMBATS DE JUIN 1940 DANS L'OUEST DE LA SAVOIE
Le 21 juin 1940, jour que l'Armée des Alpes eut à soutenir l'offensive générale des forces italiennes,
elle dut faire face aux Allemands sur ses arrières. Cette éventualité avait été envisagée sérieusement
par son Etat-Major, quand se fut effondré, entre les 5 et 11, de l'embouchure de la Somme au secteur de
Montmédy, le front reconstitué, après la défaite de DUNKERQUE, par le Général MAXIME WEYGAND,
nouveau Commandant en Chef. Le 16, l'ennemi lançait une pointe vers CHALON S/SAONE. Mais les
responsables de l'Armée des Alpes comptaient sur la défense de la place fortifiée de LYON, pour leur
Or, les 17 et 18, deux évènements inattendus posaient la question de son utilité et de sa possibilité.
Le 17, Philippe PETAIN, Président du Conseil, de la veille, convaincu que la partie était perdue et
qu'il fallait traiter, lançait sur les ondes, à 12 h 30, cette phrase abominable et inutile, "C'est le coeur
serré que je vous dis aujourd'hui de cesser le combat", qui précipita la capitulation des troupes qui
Le 18, l'ordre insensé était donné à l'Armée d'évacuer, et, le cas échéant, de ne s'y point retrancher,
les agglomérations de plus de 20 000 habitants, déclarées "villes ouvertes". Mais, dès la nuit
précédente, Edouard HERRIOT, Maire de LYON, se référant à la décision du 11, que PARIS ne serait
pas défendue, avait obtenu que sa ville serait laissée à l'ennemi sans combat. Autorisation désastreuse
dont WEYGAND lui-même a dit : "C'était une détestable mesure qui livrait le passage du RHONE et
retirait au flanc nord de l'Armée des Alpes sa principale protection naturelle, le fossé du fleuve".
Dans des conditions aussi défavorables, cette grande unité releva néanmoins le défi et refusa de se
soumettre, accomplissant un remarquable exploit. Ce résultat a donc été celui d'un certain état d'esprit
A la mobilisation, la défense de la frontière était confiée à la 6ème Armée. En raison de la neutralité
de l'Italie, elle fut retirée, à l'exception des contingents stationnés dans la zone de couverture, qui prirent
le nom d'Armée des Alpes, sous le commandement du Général René-Henri OLRY. Né à LILLE, en
1880, polytechnicien, brigadier, en 1932, il dirigea, cinq ans plus tard, à Marseille, la 15ème Région
Militaire, où il réalisa l'organisation exemplaire du Secteur Fortifié des Alpes-Maritimes.
Il prit, comme chef d'Etat-Major, le Général Jean MER, qui présentait le triple avantage de venir de
l'infanterie, de bien connaître la nature alpine et d'être d'une intelligence claire et précise. Au sein de cet
Etat-Major, le responsable du 1er Bureau, chargé de trouver des troupes et de les fondre en unités
combattantes, fut le 3ème Artisan de la Victoire. Le Chef de Bataillon, Etienne PLAN, de l'Arme du
Génie, avait été signalé, pour ses talents d'organisateur, par son premier supérieur, le général Alfred
La "Seconde Bataille des Alpes", comme on l'appelle, n'a donc eu lieu que parce qu'elle a été
voulue. L'importante directive du 11 juin établissait la ligne principale de résistance, ou position 2, sur
les "obstacles naturels du terrain qui permettent de réaliser à peu de frais un quadrillage logique", à
savoir, du Sud au Nord, les rebords occidentaux du VERCORS, de la CHARTREUSE et du JURA
MÉRIDIONAL. Les intervalles se prêtaient non moins généreusement à une défense tactique.
Les deux cluses septentrionales, étroites et sinueuses, butent, à l'intérieur, sur d'autres obstacles,
celle de CULOZ (ou des Hôpitaux) au RHONE et à des Marais, celle de PIERRE-CHATEL, contre la
muraille du chaînon de la CHARVE. Au Sud, le couloir des ECHELLES à CHAMBERY est encore plus
encaissé. A l'extrême-gauche, l'étroit passage du RHONE, entre VIVARAIS et BALMES VIENNOISES,
était coupé par un double barrage. La CLUSE de VOREPPE, entre VERCORS et CHARTREUSE, large
et plate, est heureusement flanquée de deux promontoires à l'entrée, positions idéales pour l'artillerie.
Comme il était interdit de rien enlever aux troupes qui affrontèrent les 300 000 hommes des 1ère et
4ème Armées Italiennes, il fallut constituer une autre force face aux Allemands, dont la décision était
annoncée en clair, le 15 juin, qui, bien que placée sous le même commandement, n'était pas une partie
de la véritable Armée des Alpes, et restera, dans l'Histoire, comme la "Force de l'Ouest".
On regroupa, d'abord, les réservistes et les nouvelles recrues, peu nombreux, des dépôts des 14e
(LYON) et 15e (MARSEILLE) Régions Militaires, on embringua les permissionnaires de l'Armée d'Orient,
rassemblés dans la Drôme, et on put tirer 21 canons de 47 et 17 de 65, de l'arsenal de TOULON. On
récupera, ensuite, un certain nombre d'éléments emportés par la déroute en CHAMPAGNE, sur la rive
droite du RHONE. On fit appel, enfin, à la 16e Région de MONTPELLIER pour des renforts d'artillerie.
Comble de malchance, le 18 juin, la promesse de HITLER à MUSSOLINI, d'un concours important
de la WEHRMACHT pour réaliser la jonction avec l'Armée Italienne, à CHAMBERY et à GRENOBLE,
plaçait, en face de la "FORCE DE L'OUEST", une Unité d'Elite, le 16ème corps motorisé (16ème Panzer
Korps) du Général Erich HOEPNER qui, en trois jours, avait franchi la distance de ROMILLY, sur la
SEINE, à CHALON S/SAONE. La position 1 de la directive du 11 juin, la coupure du RHONE, fut
abandonnée, le 19, lorsque les Allemands pénétrèrent dans le BAS-DAUPHINE par les ponts intacts de
La position 2 était tenue, de CULOZ à SAINT-NAZAIRE-EN-ROYANS, par le "Groupement de
défense SAVOIE-DAUPHINE" (G.S.D.), aux ordres du Général Georges CARTIER, muté à LYON, le 5,
et mis à la disposition du Général OLRY. La protection des portes de la SAVOIE était confiée aux sous-
Le premier formait barrage en face des cluses des Hôpitaux et de Pierre-CHATEL. La tournure
prise, ultérieurement, par les évènements détermina le commandement à le flanquer, à droite, du sous-
groupement du Colonel TROLLIET, couvert, dans les BAUGES, avec des contingents du secteur
défensif du Rhone, qui s'étendait de CULOZ à l'amont de BELLEGARDE. Le second bordait le GUIERS
de SAINT-GENIX aux ECHELLES. Vu l'importance de ce secteur, il était particulièrement garni et
renforcé, à gauche, par le sous-groupement du Colonel DELIVRE, dans la zone du GRANIER, en
Ils furent opposés, au nord, au groupement A du 16e PZK (Major-Général Friedrich VON
ROTHKIRCH), formé de la 13e ID motorisée et d'une partie de la 1ère, division de montagne au sud, à
la gauche du groupement B (Major-Général Horst STUMPFF) et sa 3e PZD, appuyés, en second
Le 19 juin, en soirée, les avant-gardes du groupement A, venant de BOURG-en-BRESSE, se
heurtent aux barrages des ponts détruits, depuis la décision du 15, de LAGNIEU et de SAULTBRENAZ,
qui interdisent le passage du fleuve, le 20. Aussi, le premier grand effort de l'ennemi est-il dirigé d'abord
contre le verrou de CULOZ par la CLUSE des Hôpitaux. Le combat s'engage, le 21, au petit matin, dont
l'enjeu est le seul pont commode du secteur, à la Loi, défendu sans faiblesse par la compagnie du
Destruction du pont François 1er, au Pont-de-Beauvoisin.
La nuit qui suit, c'est le drame, l'une des deux graves affaires du front de l'ouest qui faillirent coûter
la prise de CHAMBERY. Le 15, le pont n'avait pas sauté, sur un ordre venu d'en haut, dont le général
OLRY n'avait pas été averti. Le 21, les charges explosives, placées en attente par les sapeurs-mineurs
Deux attaques allemandes, motorisée, puis blindée, furent brisées par la compagnie BASSANE,
mais l'infanterie de Montagne adverse réussit à passer le fleuve sur le pont de chemin de fer du PARIS-
MODANE et à tourner l'ouvrage de la Loi (22 juin au soir). Averti du drame, le commandement mit
d'urgence le sous-groupement TROLLIET, plus puissant, à la disposition du Général CARTIER.
Le 23, de très durs combats furent livrés du Lac du BOURGET à L'ALBANAIS, sur les hauteur de la
CHAMBOTTE et du CORSUET. L'après-midi, les Français tenaient solidement une ligne de BRISON
S/INNOCENT au pied du REVARD, qu'ils durent évacuer à la suite d'une décision du Préfet, sur la
demande du Maire d'AIX-les-BAINS d'ouvrir la localité, contrairement aux ordres du Général OLRY.
Les défenses furent reconstituées au sud, du Lac, aux BAUGES, renforcées, le 24, du sous-
groupement du Colonel CLERC, arrivé en hâte du Midi. L'ennemi était arrêté partout, y compris sa
tentative par sa 130 ID motorisée sur le plateau du REVARD, en direction du Col de PLAINPALAIS,
brisée par le 60, groupe de reconnaissance prélevé sur le secteur défensif du RHONE.
A gauche, le sous-groupement CLARION avait interdit, le 22, le franchissement du fleuve à PIERRE-
CHATEL, et le 23, après la perte du Pont de la Loi, du Canal de SAVIERE, CHANAZ. Mais, quand
l'Allemand eut pris pied à YENNE et à LUCEY, il dut reculer qu'au chaînon de la CHARVE, où il parvint à
rétablir sur la ligne SAINT-JEAN-de CHEVELU - BILLIEME - ONTEX - HAUTECOMBE. CHAMBERY.

A l'ouest, le sous-groupement BISSY n'avait été au contact de
l'ennemi que le 23, mais avait connu le même drame au pont de
SAINT-ALBIN, sur le GUIERS, abandonné par une unité non
entrainée, prise de panique. La matinée de ce jour, les blindés se
répandirent dans le PETIT-BUGEY s’emparèrent de DOMESSIN,
LA BRIDOIRE mais échouèrent au village de ST FRANC défendu
par les capitaines TOURNIER et VIANE. Après la chute de cette
localité, le Colonel de BISSY, afin de ne pas être coupé de la
position clé des ECHELLES, installa sa ligne de résistance de
SAINT-BERON à SAINT-MAURICE-de-ROTHERENS. Le 24, la 30
PZD fit sauter ce dispositif, mais fut contenue par le nouveau
barrage tendu du Mont TOURNIER, en liaison avec le groupement
CLARION, au pied du Col de l'EPINE, qu'elle ne put franchir.
La chute de SAINT-FRANC eut un effet plus grave au centre, où
la 3e PZD s'ouvrit sur sa droite, le chemin du tunnel routier des
ECHELLES, qui fut sauvé par le sous-groupement délivré,
descendu en vitesse de CHARTREUSE, et, à gauche, parvint à
prendre AIGUEBELETTE et à pénétrer dans le tunnel de la voie
ferrée, dont le génie réussit à faire sauter la sortie, près de SAINT-
CASSIN. Dès lors, l'ennemi concentra ses efforts au sud, sur les
ECHELLES, par les routes de CHAILLES (R.N.6) et de SAINT-
PIERRE-de-GENEBROZ, proche de SAINT-FRANC, dont ses blindés atteignirent les lisières de la
localité. Mais l’excellente disposition des barrages sur les voies d’accès, l’utilisation intelligente de
l'artillerie, l'intervention souple et efficace des trois seuls chars français lui coûtèrent plus de 400 tués ou
Le 24 juin 1940, CHAMBERY était également sauvée du côté ouest.
La manœuvre en tenaille des Allemands avait échoué. Lorsque, le 25 juin, à 0 h 25, entrèrent en
vigueur les armistices avec l'ALLEMAGNE (du 22) et avec l'ITALIE (du 24), l'Armée des Alpes avait
détruit les ambitions de MUSSOLINI et interdit la prise de CHAMBERY et de GRENOBLE.
Pour leur part, les troupes du front de SAVOIE de la "FORCE OUEST" avaient rempli leur mission,
malgré la disproportion des effectifs, 8 500 combattants contre 24 000 (un contre trois) et l'absence de blindés.
L'Histoire retiendra le nom du Général OLRY qui a su faire briller, des deux côtés, 4 jours de gloire sur le

Extrait d'une correspondance du Capitaine VELLET adressée au Maire de BRISON-St-INNOCENT,
... Dans la soirée du 22 juin, le Général CARTIER donna l'ordre au détachement DUBOSET
MARTIN de partir pour AIX-les-BAINS où nous arrivions dans la nuit. Après quelques heures de repos à
l'Hôpital d'AIX, nous apprenions par la radio l'annonce de l'armistice, signé avec les Allemands. En
même temps nous arrivait l'ordre de partir pour GRESINE où nous devions nous mettre à la disposition
Nous arrivions donc sur le territoire de votre chère commune le dimanche matin, vers 7 heures.
Nous nous souviendrons toujours de l'accueil chaleureux et la généreuse réception que nous ont
réservéS tous les habitants lorsque nous sommes descendus de nos camions. L'armistice était signé,
c'était à qui nous gâterait le mieux et nos braves récupérés croyait rêver après tant de fatigue et de
privations, car il n'avais pu les ravitailler qu'au hasard des réquisitions dans les localités où nous
Il ne restait que 5 Divisions échelonnées le long de la frontière, depuis la SUISSE, jusqu'à la
MEDITERRANNEE. Elles ont eu une attitude magnifique et ont fait front face aux 30 Divisions italiennes.
Après avoir tourné la Ligne Maginot, une partie de l’Armée Allemande était descendue vers le sud,
et, après avoir occupé LYON, essayait de prendre à revers l’Armée des Alpes, afin de faire la jonction
Devant la menace, l’Etat-Major Français confia la défense du nord des Alpes au Général CARTIER
qui organisa immédiatement le "verrou" de VOREPPE, pour protéger GRENOBLE.
Mais, dans le même temps, les Allemands pénétraient par diverses routes en SAVOIE, pour
En ce qui nous concerne, le 22 juin, ils avaient franchi le RHONE et occupaient CHINDRIEUX.
Malgré l’armistice signé le même jour, ils avaient projeté d'occuper CHAMBERY le dimanche 23, dès 9 h
Leurs colonnes commençaient leur progression dès les premières heures.
L'une d'entre elles bousculait et disposait les 2 compagnies de Frontaliers installés à la
CHAMBOTTE et dévalait ensuite les pentes du CORSUET, en direction de SAINT-INNOCENT.
Une autre progressait par la route longeant le Lac du BOURGET et nous attaquait de front.
Vous connaissez la suite, que je vous cite très brièvement,- d'abord la défense à la sortie du Tunnel
de la COLOMBIERE, jusqu'à épuisement des 15 obus de 75 dont disposait la pièce installée aux abords
Les Allemands venant du CORSUET nous prenant à revers, après la destruction de la pièce de 75,
nous avons été contraints de nous replier vers les premières maisons du village de GRESINE, ensuite
de transformer en "Fortins" les maisons de la GRESINETTE et de Madame CURTELIN, d'où les vues
Puis, nos premiers blessés: l’aspirant DAVID, frappé en pleine poitrine, tombant dans mes bras en
criant "Vive la SAVOIE", puis le Sergent-Chef FAUCHILLE et bien d'autres que nous avons pu faire
Ensuite, nos fusils-mitrailleurs enrayés, leurs munitions inutilisables pour nos mitrailleuses (calibres
Enfin, le ralentissement de notre tir, faute de munitions et les Allemands nous encerclant. C'est à
ce moment, vers 13 h que l'ai ordonné un repli par échelons successifs et que BLANDIN, LANGERIED
et OUDET ont été tués. Bon nombre des nôtres étaient faits prisonniers, principalement la 33ème Cie
Par bonheur, 2 camions nous attendaient à la sortie de SAINT-INNOCENT et nous avons pu nous
replier sur le VIVIER-du-LAC où nous attendait le Colonel TROLLIET,.."
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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BRH
 
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L'odyssée du IIème Bion du 104ème RALA

Message par BRH » Vendredi 04 Juin 2010 10:45:00

Le IIème bataillon du 104e Régiment d'Artillerie Lourde Automobile peut se détacher du lot. Composé des restes des Ier et IIème groupes du régiment qui a été décimé au cours de la retraite des Flandres, il avait ramené ses pièces au travers des
colonnes ennemies jusqu'à Dunkerque où il allait les détruire sur ordre. Poursuivant sa retraite, il s'était embarqué et avait gagné l'Angleterre pour être redébarqué à Brest.

Traversant la France jusqu'à Lyon où il reçoit de nouvelles pièces de 105 long modèle 1936 Schneider (portée 17 500 mètres) destinées à l'armée roumaine (mais ces canons qui viennent d’être évacués du Creusot afin d'éviter qu'ils ne soient pris par les Allemands, sont nus, sans appareils de pointage ni accessoires, aucune munitions ne les accompagnent), il est réduit à 14 officiers et 175 hommes ayant déjà subis l'épreuve du feu.

A Valence il reçoit des canons de 155 GPF (canons de 155 mm à grande puissance Filloux, tracté par automobile, portée de 19 200 mètres) récupérés sur les quais de Toulon. Le Général Olry met alors ce groupe aux ordres du XIVème Corps mais, redoutant la rupture du front de l'Isère, il l'affecte à la défense des cols alpestres à quelques 80 km de Grenoble, sur la prochaine ligne de défense programmée.

Le 22 juin au matin, une colonne de 150 chars de la 3e division de panzers, suivie d'éléments de la 7edivision motorisée tente de forcer le seuil de Voreppe. C'est dans cette situation désespérée que le Général Georges Marchand va s'avérer
l'acteur principal de la défense en exploitant au mieux la topographie de la trouée de Voreppe pour verrouiller la poche de Grenoble.

Le Général Georges Marchand, premier Général français issu de l’Artillerie, commandait celle-ci au sein du XIVème Corps d’Armée. Ayant pris connaissance de la déclaration des Allemands disant qu'ils n'occuperaient que le territoire français conquis par les armes, le 23 juin, il explique à son supérieur hiérarchique le Général Beynet Commandant le XIVème Corps d'Armée, la manœuvre qu'il envisage et recueille son approbation : suppléer par un commando éclair de canons lourds (ceux du II/104 R.A.L.A.) à l'inexplicable absence de moyens d'artillerie lourde dont disposait les faibles et disparates unités
chargées de résister à la pénétration allemande dans la cluse de Voreppe.

Plus tard, il expose à ses officiers cette manœuvre risquée, en totale dépendance de la valeur des exécutants, de les faire descendre sur Voreppe pour livrer encore une bataille au moment où l'armistice allait être conclue. Il les convainc qu'en interdisant à l'ennemi de mettre pied dans les Alpes, des conséquences importantes seront évitées dans l'avenir, il recueille l'adhésion enthousiaste de tous les officiers et la compréhension des hommes rassemblés.

Un travail de préparation intense s'ensuit (reconnaissances des futures positions des pièces, topographie, liaisons téléphoniques...). Par une nuit noire et sous une pluie torrentielle, un groupe de canons lourds tractés, dirigés par le bouillonnant Capitaine Charles-Azaïs de Vergeron, parcourt 80 kilomètres tous feux éteints par les routes de
montagne en moins de huit heures. À trois heures du matin, le Général Marchand retrouve le groupe de Vergeron au pont du Drac.

Le II/RALA avait été accueilli quelques instants auparavant par le Chef d'escadron de réserve Marcel Crozet-Fourneyron (industriel et beau-frère du Général), de l’état-major de l'Artillerie du XIV Corpsd'Armée, arrivé au pont du Drac juste à temps pour empêcher le Génie de le faire sauter. Le groupe rejoint alors des emplacementsminutieusement déterminés et profite de la fin de la nuit pour se mettre en place.

Le 24 juin, le 16e Corps blindé allemand se déploie devant les troupes françaises bien camouflées. Ignorant la présence des canons français de longue portée, les blindés de la 3e Panzer se rassemblent et s’apprêtent à forcer la trouée de Voreppe.
Durant tout l'après-midi les canons français neutralisent toutes les colonnes de véhicules arrêtés (mitrailleuses, chars, camions), leur occasionnent des pertes sérieuses et les obligent à faire demi-tour. Ils prennent aussi à partie neuf batteries de mortiers et de canons allemands qui tirent sur Voreppe et Grenoble et leur impose de cesser les tirs. Ils dispersent les rassemblements de chars et incendient un dépôt de carburant. Un terrain d'aviation au Sud-Est de Moirans qui
grouille d'activités et sur lequel atterrissent déjà les premiers avions ennemis (12 avions de la Luftwaffe seront détruits), est rendu hors d'usage.

Jusqu'à la tombée de la nuit, l'Artillerie reste maître du champ de bataille. Les pertes ont été évaluées à plusieurs centaines de tués côté allemand contre une dizaine côté français (avec malgré tout de nombreux blessés). Elle interdit aux Allemands de briser la résistance de Voreppe avant l'armistice et sauve Grenoble de l'occupation.

Pendant que se déroule cette bataille de Voreppe, le Général Marchand a aussi d'autres préoccupations puisque la 13e
division d'infanterie motorisée allemande vient de franchir le Rhône à Culoz, elle pousse sur Chambéry de part et d'autre du lac du Bourget et s'empare d'Aix-les-Bains le 23 juin vers 18 h 00. Des renforts d'Artillerie du 14e Corps d'Armée sont alors envoyés durant la nuit pour défendre la trouée de Viviers d'une part, pour renforcer à l'ouest de Chambéry le dispositif d'infanterie du Colonel de Bissy, commandant le secteur de Guiers du confluent du Rhône jusqu'aux Echelles d'autre part, et enfin pour se mettre à la disposition du Général Cartier sur Chambéry.

Ces troupes arrivent à temps pour bloquer l'infanterie allemande et matraquer toutes les unités ennemies s'aventurant entre le Rhône et le lac du Bourget jusqu'à l'entrée en vigueur de l'armistice et du cessez le feu le 25 juin à 0 h 35.

Dans cette bataille défensive contre le 16e Corps blindé allemand, l'Artillerie du XIVème Corps d'Armée a joué un rôle décisif. En disloquant les attaques et les concentrations de l'adversaire, elle a permis aux fantassins du groupement Cartier de
tenir fermement les positions. D'ailleurs le Général Cartier complimentera (à sa manière) l'action du Général Marchand en disant : l'Artillerie est entrée dans la bataille comme un cambrioleur. Cette phrase surprenante voulait dire de façon imagée que les Artilleurs, contre toute attente et dans la plus grande discrétion (de nuit), s'était introduite dans sa zone de responsabilité et l'avait dépouillé de son unique préoccupation ; c'est-à-dire : arrêter l'ennemi allemand.

Pour sa clairvoyance, sa préparation minutieuse de la bataille, sa volonté farouche de vaincre et ses décisions énergiques, le Général Marchand reçoit la citation suivante des mains du Général Beynet : « Officier général du plus grand mérite. Alors que le Corps d'Armée, attaqué à l'Est par les forces italiennes, s'est trouvé menacé sur ses arrières par des unités blindés allemandes, a su rapidement employer les unités d'artillerie disponibles. Après des reconnaissances personnelles, les a engagées dans des conditions telles que leur bon rendement a très largement contribué au maintient de l'intégrité des
positions de défense assignés au Corps d'Armée. »

Cette citation lui attribue la Croix de Guerre avec étoile de vermeil. On dira alors de lui, plus tard, qu'il avait par ces faits d'armes — génial mélange d'inspiration, de conception et d'exécution, sauvé l'honneur de l'Artillerie française et que la bataille de Voreppe était digne de figurer en exemple et d'être cité en exploit dans les anthologies d'artillerie : 26 divisions
italiennes, 3 divisions blindées allemandes ont été tenues en échec. La Savoie et le Dauphiné sont restés inviolés par les armes.

Etude sur le général Marchand, attribuée au général Raviart, publiée dans les annales de l'Ecole d'Artillerie de Draguignan.
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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