Article Garaud

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Article Garaud

Message par BRH » Samedi 26 Novembre 2022 14:56:17

J'ai résumé l'article de Philippe Garraud.

Le rôle de la « doctrine défensive » dans la défaite de 1940 : une explication trop simple et partielle.
par Philippe Garraud

Cette stratégie attentiste et conduisant à l’inaction est donc relativement cohérente et rationnelle au regard des contraintes, des ressources et des opportunités existantes. Ce qui est souligné par de nombreux historiens étrangers qui réhabilitent très largement le haut commandement français et tout particulièrement la figure centrale de Gamelin, dont l’action et le rôle, après avoir fait figure à tort ou à raison de principal responsable de la défaite, sont notablement réévalués par l’historiographie anglo-saxonne récente [10]
[10]
Voir dans cette perspective J. Gunsburg, Divided and Conquered.….

La « bataille méthodique » : une doctrine impossible à mettre en œuvre

Cependant, la doctrine opérationnelle de l’armée n’est en tant que telle ni défensive ni offensive [11]

DES DÉCISIONS STRATÉGIQUES PARTICULIÈREMENT LOURDES DE CONSÉQUENCES

18La défaite, qui se joue véritablement en dix ou vingt jours seulement (le 20, les côtes de la mer du Nord sont atteintes par les Allemands), ne découle cependant pas mécaniquement et uniquement de la doctrine opérationnelle française en tant que telle mais est plus largement le produit de la mise en œuvre et de la confrontation en pratique de deux conceptions radicalement différentes de la guerre, l’une excessivement prudente, méthodique et lente ; l’autre subordonnant tout à la vitesse et au mouvement mais prenant des risques considérables. Cependant, la variable doctrinale n’est pas la seule à prendre en considération : la défaite est également la conséquence de choix qu’on peut qualifier de stratégiques, relativement autonomes.

Les hypothèses du haut commandement et la répartition inadaptée des forces sur le front nord-est

19Dans le cadre de sa stratégie défensive, le haut commandement a privilégié exclusivement trois hypothèses hiérarchisées (par ordre décroissant de probabilités : offensive principale en Belgique, attaque frontale de la ligne Maginot, contournement par la Suisse) [22]Se référer à ce propos à J.-C. Allain, « La France et la…, dont aucune ne s’est avérée valide (les Allemands en ayant mis en œuvre une quatrième), mais qui ont conditionné l’organisation des moyens disponibles, à commencer par la constitution de trois groupes d’armées (GA 1, 2 et 3) dont chacun correspondait à une des trois hypothèses.

20En ce domaine, de manière très classique, il faut rappeler rapidement les forces en présence, non pas de manière générale mais en comparant les dispositifs opérationnels opposés et leurs moyens sur le théâtre d’opérations qui sont révélateurs des stratégies militaires en présence. Cette comparaison fait apparaître des choix a priori relativement arbitraires, et relativement indépendants de la doctrine dans le cas français, qui conditionnent les faiblesses structurelles du dispositif français. Elle définit d’entrée une situation fortement déséquilibrée qui conditionne de part et d’autre le choix des possibles [23]

21Alors que le dispositif allemand est organisé en trois groupes d’armées (Belgique et Hollande, Ardennes et ligne Maginot) d’inégale importance en fonction de la mission plus ou moins active qui leur est impartie, mais regroupant un nombre relativement limité d’armée (deux ou trois) et de divisions, la répartition des moyens français conduit très schématiquement et grossièrement, à distinguer plus deux blocs que les trois qui correspondent à son organisation formelle en trois groupes d’armées. Dans la mesure où des moyens approximativement identiques leur ont été attribués, ces deux ensembles sont de force sensiblement équivalente, même si l’intervention en Belgique est l’hypothèse la plus probable et la plus préparée. [b]Au moins par défaut, le choix stratégique et organisationnel a été fait d’être fort aux deux ailes (au nord et sur la ligne Maginot) et faible au centre, alors que, schématiquement, les Allemands ont fait le choix inverse dans le cadre du « plan jaune » (Fall Gelb) ou von Manstein [24]

22La frontière belge est tenue par le GA 1 de la mer du Nord à la ligne Maginot en passant par les Ardennes. Sans compter les forces belges (une vingtaine de divisions), il rassemble cinq armées (dont la British Expeditionary Force, BEF) et une quarantaine de divisions. Elles sont opposées globalement aux 30 divisions du groupe d’armées B. Mais dans la plaine belge où a lieu l’engagement principal, la disproportion des forces en faveur des Alliés est encore plus grande puisque jusqu’à la capitulation de l’armée hollandaise, le 15 mai, les 45 divisions environ des trois armées du GA 1 engagées (7e, 1re, BEF) et de l’armée belge sont opposées aux 17 divisions seulement de la 6e armée allemande. Cette très forte densité d’unités alliées dans un espace relativement réduit conduira à la sous-utilisation de certains moyens, belges et anglais tout particulièrement, tout à la fois par défiance du commandement français quant à la valeur des unités et des armées concernées mais aussi difficultés de coordination politiques et militaires. La subordination de l’armée belge et de la BEF au commandant du GA 1 ne sera que tardivement reconnue et fera l’objet de réticences qui mettront à de nombreuses reprises le commandement français devant le fait accompli [25]

23Le GA 1 est particulièrement fort sur sa gauche pour l’engagement en Belgique qui constitue sa mission principale, mais faible sur sa droite, tout particulièrement à la charnière des 9e et 2e armées dans le secteur des Ardennes, de la Meuse à Sedan. Ces deux armées ont certes un rôle défensif, voire statique dans le cas de la 2e armée, mais elles sont « polarisées » de manière contraire ; le centre de gravité de la 9e est constitué par la manœuvre Dyle au nord-ouest, dont elle doit assurer la sûreté dans les Ardennes, alors que celui de la 2e l’est par la ligne Maginot à l’est. En outre, le commandement de ce très grand ensemble hétérogène rassemblant cinq armées est assuré par un seul homme (Billotte), ne disposant que d’un état-major relativement réduit, dont toute l’attention est accaparée par l’engagement considéré comme décisif en Belgique et qui se trouve également chargé de la coordination difficile avec l’armée belge. Les difficultés de mise en œuvre de l’opération Dyle ne manquant pas tant sur le plan politique (les relations avec l’armée belge et la BEF) que strictement militaire (défaut de coordination, mauvaises informations, initiatives unilatérales belges), autant dire que sa droite et le secteur des Ardennes ne constituent pas pour lui une préoccupation majeure.

24Le restant du front nord-est est tenu en Lorraine, Alsace et dans le Jura par quatre armées (3e, 4e, 5e et 8e) [26]
[26]
On ne compte pas ici la 6e armée (Touchon), ex-armée des Alpes…, qui regroupent également une quarantaine de divisions environ, dans la mesure où une action dans ce secteur n’est nullement exclue (à la frontière suisse tout particulièrement, à l’origine de la constitution du GA 3) [27]
[27]
Hormis la 6e armée qu’on vient d’évoquer, en attente d’un… et qu’aucune hypothèse n’est véritablement écartée (sauf, très curieusement et malheureusement, celle d’une pénétration massive et rapide par les Ardennes). Ce fort dispositif fait face à une faible menace (19 divisions allemandes seulement). Aussi il apparaît complètement disproportionné, fixant inutilement des forces qui n’auront aucune activité significative pendant tout le mois de mai.

25Mais au centre du dispositif français apparaît une zone fortement dépressionnaire au regard des moyens allemands qui lui font face. Le centre de gravité de la 9e armée (Corap) se situe dans le cadre de l’engagement principal en Belgique et l’incline à privilégier sa gauche ; de manière contraire, celui de la 2e armée (Huntziger) est situé à sa droite pour assurer la protection de la ligne Maginot et éviter son débordement et son enroulement. La faiblesse des moyens s’ajoutant à l’inégale qualité des unités et à de nombreuses négligences tactiques, le dispositif français présente une charnière centrale particulièrement fragile et vulnérable. Très malheureusement, c’est ce secteur qui est l’objet de l’effort principal allemand masqué pendant quelques jours par l’engagement en Belgique. Alors que les 9e et 2e armées ne rassemblent qu’une quinzaine de divisions seulement, hétéroclites de surcroît [28]
[28]
Quatre des cinq divisions légères de cavalerie (DLC) hybrides,…, le groupe d’armées A en regroupe 40 dont 7 Panzerdivisionen (PzD) et plusieurs divisions motorisées en première ligne qui attaqueront de Dinan à Sedan sur un front de moins de 100 km.

L’engagement en Belgique : de la bataille d’arrêt à la bataille de rencontre


27En effet, la manœuvre Dyle introduit incontestablement un changement et un élément d’incohérence relatif dans la stratégie française. Alors que la doctrine générale défensive adoptée conduit logiquement à attendre l’attaque ennemie sur des positions soigneusement préparées à l’avance aux frontières et fortifiées, l’engagement en Belgique entraîne un mouvement relativement important s’écartant de la défensive pure, nécessairement générateur d’incertitudes en raison de l’état des relations franco-belges [30]
[30]
B. Chaix, Fallait-il entrer en Belgique ?, op. cit., et concernant de surcroît les unités les plus mobiles, les plus professionnelles et parmi les meilleures de l’armée, à commencer par les trois « divisions légères mécaniques » (DLM), grandes unités blindées de cavalerie les plus comparables aux divisions blindées allemandes, et la plupart des divisions d’infanterie motorisée (DIM) [31]

29Voulue et maintenue par Gamelin [33]
[33]
André Géraud parle de véritable « idée fixe » de Gamelin… en dépit des réticences ou des réserves d’autres généraux (Georges, Blanchard, Prioux), avalisée par le pouvoir politique sans avoir été véritablement débattue, elle a fait l’objet d’une planification longuement préparée, minutieuse et détaillée et est déclenchée automatiquement dès l’attaque allemande. Elle se heurte pourtant immédiatement (et indépendamment de l’offensive dans les Ardennes) à un sérieux obstacle qui en hypothèque totalement la validité et l’opportunité : celui du refus préalable de toute coopération tant belge que hollandaise jusqu’au dernier moment, condition considérée pourtant comme impérative au départ. Dans la mesure où aucun échange d’informations sérieux, aucune coordination n’ont eu lieu préalablement, elle conduit nécessairement à une improvisation risquée, les mesures et les dispositions défensives prises par les Belges (état des fortifications, continuité des barrages antichars, positions des unités, destructions préalables, etc.) n’étant pas conformes à ce qu’attendait le commandement français, ou les initiatives allemandes les ayant rendu caduques [34]

30De la déclaration de guerre à l’offensive allemande du 10 mai, un changement relativement important s’opère tout à la fois dans le dispositif français et dans la réflexion stratégique qui le sous-tend. La prudence qui caractérise toute la politique de défense jusqu’ici cède alors le pas à une prise de risques. La « bataille d’arrêt » projetée ouvre non seulement la possibilité mais conduit même à la « bataille de rencontre » sur des positions nécessairement improvisées, tant redoutée par le commandement français. Et ce d’autant plus qu’en dépit d’un rapport des forces favorable sur le plan numérique, l’engagement ne tourne pas en faveur des Alliés du fait tout à la fois de l’inadaptation du calendrier arrêté par rapport aux mouvements allemands [35]
[35]
En ce domaine, il est certain que des choix organisationnels…, de la faiblesse de la coordination, d’initiatives unilatérales successives mettant les autres membres de la coalition devant le fait accompli et des dissensions entre Belges, Français et Anglais qui s’ensuivent.

31Croyant en la répétition du plan Schlieffen de 1914 qui en constitue le présupposé central, alors que l’attaque allemande n’est qu’une diversion secondaire, et en engageant ses moyens les plus modernes et les plus mobiles en Belgique, l’armée française s’engouffre tête baissée dans un piège à l’initiative du général Gamelin dont la responsabilité paraît très lourde en ce domaine. Cette action et le calcul stratégique qui l’a fondée constituent un facteur essentiel de la défaite puisqu’il est directement à l’origine de l’encerclement puis de la perte de trois armées entières et du rembarquement de la BEF à Dunkerque. Sur le plan militaire, la défaite de 1940 trouve une de ses origines centrales dans la manœuvre Dyle adoptée par le haut commandement qui constitue un choix stratégique qui n’était pourtant pas inscrit à proprement parler, ou « naturellement », dans la doctrine défensive en tant que telle [36]
[36]
On ne prétendra pas pour autant qu’une stratégie différente…. Il en constitue bien au contraire une altération qui conduit directement à la perte de la totalité des forces engagées, soit près de 40 divisions françaises et anglaises.

Faiblesse des réserves générales et incapacité à faire face à toute surprise stratégique

32Au cours de la Première Guerre mondiale, des réserves générales nombreuses ont constitué un élément décisif dans la capacité de l’armée française à résister avec succès aux grandes offensives allemandes. Mais en mai 1940 la situation est bien différente. Le résultat de la répartition des moyens adoptée par le haut commandement français en fonction des différentes hypothèses retenues fait que les réserves sont particulièrement faibles ou beaucoup trop éloignées pour pouvoir intervenir rapidement. Ce qui signifie qu’en cas de « surprise », et l’attaque allemande comme la manœuvre Dyle en accroissent inévitablement et dangereusement la possibilité, directement ou indirectement, le commandement est très largement dépourvu de moyens de faire face rapidement.

33D’une part, l’option Breda du plan Dyle conduit tout particulièrement à l’utilisation, inutile au final, de la seule armée en réserve générale susceptible d’intervenir rapidement sur le champ de bataille (la 7e, une des mieux équipées et des plus mobiles). D’autre part, le GQG n’a en tout et pour tout à sa disposition qu’un maximum de 15 divisions en réserve générale, dont certaines en formation ne sont pas immédiatement disponibles et relèvent de l’état-major de l’Intérieur [37]
[37]
Sur cette question importante trop longtemps négligée, on ne…. Ces réserves, dont la localisation et l’emploi n’ont jamais fait l’objet d’aucune étude précise, il faut le souligner, étaient réparties de manière égale en trois zones géographiques différentes : dans la Marne et l’Aisne au centre du dispositif français, mais aussi derrière la ligne Maginot, déjà abondamment pourvue, et enfin dans le Jura, à la frontière franco-suisse (« lot » suisse).

34Quant à l’acheminement d’unités positionnées derrière la ligne Maginot, qui s’imposera progressivement, il s’accompagne inévitablement de délais longs et d’aléas. Dans la mesure où la ligne Maginot fut progressivement dégarnie (25 des 45 divisions en position transférées) et sans tenir compte des cinq unités de réserve les plus proches de Sedan (premier lot), c’est en définitive un total de plus de 35 divisions qui durent être déplacées dans l’urgence sur des centaines de kilomètres d’est en ouest et dans des conditions nécessairement improvisées, entre le milieu du mois de mai et début juin [38]

35La suite des événements et de la campagne est trop connue pour qu’il soit nécessaire de s’y attarder : la malheureuse 9e armée en charge d’un front très étendu (145 km) sera laminée en quelques jours seulement par l’attaque allemande [39]
[39]
Se reporter par exemple à : général A. Doumenc, Histoire de la… (et son commandant, rendu responsable, limogé brutalement le 16 mai et remplacé par Giraud), toutes les tentatives de contre-attaques échoueront, jamais la brèche ainsi ouverte ne sera fermée (le « couloir des Panzers ») et la progression des blindés allemands se poursuivra jusqu’à la mer et l’encerclement du corps de bataille engagé en Belgique. Et le reste de la campagne ne sera que l’inexorable et irrémédiable déclinaison, ou plutôt résolution (au sens quasi mathématique du terme), d’une situation structurellement compromise en quelques jours décisifs, le commandement français n’étant jamais en mesure de reprendre la moindre initiative, de concentrer et d’opposer des moyens significatifs [40]

36Dans le cadre de sa stratégie défensive, le haut commandement français a été conduit à n’écarter aucune hypothèse, sauf très malencontreusement celle d’une offensive massive dans les Ardennes retenue par les Allemands [41]
[41]
Les raisons de cette impasse restent largement à préciser. En… et ce choix l’a entraîné à disperser les forces et les moyens pourtant importants dont il disposait. Aucune de ces trois hypothèses ne s’étant avérée valide, le haut commandement a alors été contraint de parer au plus pressé dans l’urgence et de réorganiser progressivement mais totalement son dispositif en pleine offensive allemande à partir des 18-19 mai, avec en particulier la constitution (ou reconstitution plus exactement) de deux nouvelles armées (6e et nouvelle 7e), regroupées au sein du GA 3 qui s’est vu ainsi assigné un tout autre terrain d’action que celui qui lui avait été attribué initialement (le Jura) : la tentative de « colmatage » de la percée dite de Sedan à la suite de l’effondrement de la 9e armée du fait de l’offensive allemande dans les Ardennes.

37En définitive, le désastre de Sedan et ses effets stratégiques désastreux s’expliquent structurellement tout autant sinon plus par différentes décisions inadaptées dans le domaine de la répartition et de l’affectation des moyens que par la doctrine et les règles d’emploi elles-mêmes. De façon presque mécanique, la défaite est dans sa genèse le produit de l’incapacité de l’armée française à faire face à cette percée inattendue et imprévue qui disloque entièrement une armée, ouvre une brèche qui ne cesse de s’élargir au fil des jours et conduit à l’encerclement du corps de bataille engagé en Belgique. L’absence de réserves importantes ou leur éloignement est une variable lourde ; mais pas la seule. Comment alors l’expliquer ?

38Là encore effets de doctrine et décisions organisationnelles semblent se conjuguer. L’incapacité de l’armée française à organiser et mettre en œuvre en temps voulu une contre-attaque à la hauteur de l’enjeu à la suite de la percée de Sedan renvoie une nouvelle fois à ces deux variables mais de manière difficilement dissociables ou, plus exactement interdépendantes. Les règles d’emploi privilégiant la bataille méthodique, l’établissement d’un front continu, la priorité accordée au « colmatage » préalable avant toute tentative de contre-attaque, ont des effets particulièrement lourds, à commencer par la lenteur dans la préparation et l’exécution des actions incompatible avec le rythme des opérations imposé par les Allemands. La confrontation de deux conceptions différentes de la guerre conduit à un déphasage temporel entre les deux adversaires qui ne cessera de s’accentuer. Et celle-ci entraîne à son tour une incapacité de réaction rapide aux initiatives allemandes et un décalage permanent et sans cesse croissant au fur et à mesure que la désorganisation gagne, les moyens diminuent, les liaisons se font plus difficiles et les armées commencent à se disloquer.
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Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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BRH
 
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