Le sort des principales divisions en 1940

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Le sort des principales divisions en 1940

Message par BRH » Vendredi 13 Avril 2007 09:58:49

Ci-dessous une liste sur les dates de cessation des combats des divisions d'infanterie (et blindées ou de cavalerie) ou de leur dissolution.

Source: GUF volume II , SHAT 1967

Les divisions sont classées par la date de cessation des combats/dissolution de la division. On trouvera également le nombre de soldats ayant échappé à la reddition par rapport à la cessation des combats de l'unité et/ou le devenir des soldats après cette date ( formation d'autres unités en general ).

Division Armée dissolution GU effectifs non rendus au 25/06 suite

Mai 1940:

18è DI (9è) 18/05/40 - 3000
22è DI (9è) 18/05/40 - 1000
9è DIM (7è) 20/05/40 - 5000
4è DINA (9è) 20/05/40 - Formation 1è DLINA
71è DI (2è) 21/05/40 - Formation 17è DI
21è DI (7è) 24/05/40 - 1100
5è DIM (9è) 25/05/40 - 7000 - Formation 237è DLI
61è DI (9è) 27/05/40 - 1000
15è DIM (1è) 28/05/40 - 4000
1è DINA (7è) 29/05/40 - Formation 1è DLINA
2è DINA (7è) 30/05/40 Formation 1è DLINA
4è DI (7è) 31/05/40 - 3000 - embarquée à Dunkerque, retour en France le 04/06/1940
53è DI (9è) 31/05/40 - Formation 53è DLI
55è DI (2è) 31/05/40 - Formation 17è Di et 59è DLI
2e DLCh GQG) 31/05/40 - Formation 40è DI

Juin 40:

[17è DI 01/06/40 - devient 59è DLI ?]
5è DINA (1è) 01/06/40 - 1200
12è DIM (1è) 04/06/40 - 1000
25è DI (7è) 04/06/40 - 1000
60è DI (7è) 04/06/40 - 1500
68è DI (7è) 04/06/40
32è DI (1è) 06/06/40 - Formation 32è DLI
1è DIM (1è) 09/06/40 - 8000 - Formation 1e DLI
31è DI Alp (10è) 12/06/40 - 700
1e DM (1è) - 12/06/40 Formation 1e DLINA
20è DI (3è) - 15/06/40
45è DI (6è) - 15/06/40 capturés ou dispersés - dissolution en août
41è DI (2è) - 17/06/40 1300
42è DI (6è) - 17/06/40
3è DIM (2è) - 18/06/40 2000 affectés aux Grp Gimont et Saramon en aout
32è DLI (?) 18/06/40 500
43è DI (?) 18/06/40 2000
56è DI (5è) 20/06/40 400
1è DLINA (?) 20/06/40
26è DI (3è) 21/06/40
36è DI (2è) 21/06/40
6è DI (3è) 22/06/40
35è DI (2è) 22/06/40
51è DI (3è) 22/06/40
52è DI (3è) 22/06/40
54è DI (8è) 22/06/40
58è DI (3è)22/06/40
63è DI (8è) 22/06/40
70è DI (5è) 22/06/40
30è DI Alp (5è) 23/06/40
62è DI (5è) 23/06/40
67è DI (8è) 23/06/40 - internée en Suisse
3è DINA (2è) 23/06/40
6è DINA (3è) 23/06/40
2è DI (4è) 25/06/40
7è DI (6è) 25/06/40 dissolution en juillet des unités
8è DI (Alpes puis GQG) 25/06/40 dissolution en juillet des unités
10è DI (4è) 25/06/40
11è DI (4è) 25/06/40 dissolution en juillet des unités
13è DI (10è puis Paris) 25/06/40 rattaché a la 12e Rm en juillet 40
14è DI (4è) 25/06/40 unités de l'armée d'armistice
16è DI (10è puis Paris) 25/06/40 dissolution en juillet des unités
17è DLI (nlle 10è) 25/06/40
19è DI (nlle 7è) 25/06/40 dissolution en juillet des unités
23è DI (nlle 7è) 25/06/40 dissolution en juillet des unités
24è DI (10è puis Paris) 25/06/40 dissolution en juillet des unités
27è DI Alp (6è) 25/06/40 unité d'armistice
28è DI Alp (6è) 25/06/40 dissolution en juillet des unités
29è DI Alp (nlle 7è) 25/06/40 dissolution en juillet des unités
40è DI (10è puis Paris) 25/06/40 dissolution en juillet des unités
44è DI (6è) 25/06/40 dissolution en juillet des unités
47è DI (nlle 7è) 25/06/40 dissolution en aout
53è DLI (4è) - 25/06/40 dissolution en août
57è DI (4è) - 25/06/40 dissolution en juillet des unités
64è DI (Alpes) 25/06/40 dissolution en juillet des unités
65è DI (Alpes) 25/06/40 dissolution en juillet des unités
66è DI (Alpes) 25/06/40 dissolution en juillet des unités
1è DLCh (6è) - 25/06/40
7è DINA (nlle 7è) 25/06/40 dissolution en juillet des unités

Pour que la table soit complète, il faudrait y ajouter les DIC, les DIF, les 2 DIP, les DLI non repérées, et les DCR, DLM et DLC. Voici une esquisse:

1è DIC (2è) 22/06/40
2è DIC (Alpes puis GQG) 25/06/40 dissolution en juillet des unités
3è DIC (2è) 22/06/40
4è DIC (4è) 23/06/40
5è DIC (10è) 12/06/40
6è DIC (2è) 22/06/40
7è DIC (4è) 25/06/40
8è DIC (Alpes puis Paris) 25/06/40

101è DIF (Maubeuge) 22 mai 1940
102è DIF (Monthermé) 17 juin 1940
103è DIF (Moselle) 20 juin 1940
104è DIF (Alsace) 22 juin 1940
105è DIF (Alsace) 22 juin 1940

1è DIP (Grenadiers) (3è) 22 juin 1940
2è DIP (chasseurs) (8è) internée en Suisse

1è DCR (anéantie en Belgique, puis reconstituée au profit de la 7è armée). 25/06/40
2è DCR (tronçonnée puis reconstituée au profit de la 10è armée puis Paris). 25/06/40
3è DCR (gpmt Buisson) 16/06/40
4è DCR (10è puis Paris).

1è DLM (7è puis 9è) 31/05/40
2è DLM (1è, anéantie en Belgique puis reconstituée au 1/3 au profit de la nlle 10è, puis Paris) 25/06/40
3è DLM (idem) 25/06/40
4è DLM (reconstituée au 1/3 à partir des 1è et 4è DLC) (4è) 17/06/40
7è DLM (gpmt Buisson, constituée au 1/2) 16/06/40

1è DLC (9è) 25/05/40 200 constitue 4è DLM
2è DLC (2è puis 10è) 12/06/40
3è DLC (3è puis 10è et nlle 10è) 25/06/40 capturée le 6/7/40
4è DLC (9è) 23/05/40 300 constitue 4è DLM
5è DLC (2è puis 10è) 12/06/40

DI: Division Infanterie
DINA: Division Infanterie Nord Africaine
DIC: Division Infanterie Coloniale
DIM: Division Infanterie Motorisée
DLI: Division Légère Infanterie (2 Ri au lieu de 3, un seul Ra)
DIA: Division Infanterie Alpine
DIF: Division Infanterie Forteresse
DIP: Division Infanterie Polonaise
DCR: Division Cuirassée Réserve
DLM: Division Légère Mécanique
DLC: Division Légère Cavalerie
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Message par alain adam » Jeudi 26 Avril 2007 18:00:57

Me souvenant de ces données, je ne ferais qu'un petit commentaire sur la sémantique :
DCR = Division Cuirassée . Le terme reserve a été imaginé apres guerre , par des auteurs mal renseignés . L'histoire du R est assez interessante , et provient d'une epoque ou les divisions de cavalerie se nommaient DC ( en 1940 , elles sont toutes devenues des DLC ) Autre diminutif possible de la DCR : DCu , ou DC .
DIA = Division d'Infanterie Africaine , et non alpine .
Tout comme les DI motorisées , les DI Alpines, si on desire garder un sens strict sont nommées "Divisions d'Infanterie" , certaines du type montagne , d'autre du type nord-est motorisé , mais , normalement , cela n'apparait pas dans leur designation , tout comme la serie , Active , reserve A , reserve B , et la fameuse reserve C assez inconnue , qui est cependant logique , dont j'avais discuté avec Loic Bonal .
( tiens en passant, je vais relancer le debat sur ce sujet , il me faut d'autres opinions , mais il faudra que je retrouve mes discussions avec loic a ce sujet )
Cependant , par soucis de facilitation de lecture, j'ai moi meme adopté la notion des "DIM" et "DI Alp" ( pour differencier avec les DIA ) .

Dans un prochain document j'expliquerai toutes les finesses de lectures des noms d'unités, et comment , par exemple , ne pas confondre un RTA et un RTA ( Algeriens ou Annamites ) , comment differencier un bataillon de chasseur d'un autre ( le terme BCP pourrait s'appliquer a : bataillon de chasseurs a pied, bataillon de chasseurs portés , bataillon de chasseurs pyrénnéens ) etc etc .

Enfin , a titre d'information , et en complement futur de ces données plusieurs tables recapitulatives sont en cours de construction et d'etude pour a la fois proposer les ODB au niveau de l'armée ou du corps par date ( de façon instantannée par simple choix du lecteur ) , mais egalement definir les forces disponibles .
Pour le moment , ATF40 n'a etablit que l'affiliation des DI metropolitaines a chacun des corps ou groupements , du 10 mai au 25 juin , avec toutes les variations temporelles d'affectation , bien entendu . Ce document n'etant pas encore qualifié a 100% , il n'est pas encore disponible en lecture/utilisation , mais le sera dans quelques semaines apres validation de l'equipe de travail , car il devient indispensable a finaliser pour entammer un nouveau projet ...
alain adam
 
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Message par BRH » Jeudi 26 Avril 2007 18:07:02

En effet, ce n'est pas évident ! Il y a de quoi s'y perdre... Par exemple, si on s'en tient au journal du général Georges, le nom de certaines unités n'est pas exacte: alors difficile d'y retrouver ses petits...
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Message par alain adam » Jeudi 26 Avril 2007 18:55:34

Il est possible de traduire par experience, et recoupement , ces données .
Je n'ai pas lu cet ouvrage , mais j'ai assez l'habitude , par exemple , du fait de certaines lectures , certaines me posent des questions sur les RCC en 1940 ... Ils sont tous dissous en 1939 , mais les habitudes d'ecriture des officiers ou d'autres restent , et finalement , ils en parlent comme d'unités encore constituées en 1940 , alors que ce n'est plus le cas . J'ai des cas similaire pour l'artillerie .
Pour georges il me faudrait un exemple ou deux , pour voir .
alain adam
 
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Message par BRH » Jeudi 26 Avril 2007 22:31:06

Un exemple qui me vient immédiatement en tête:

le 14 ou 15 juin, Georges note que "la 1ère DIC en provenance des Alpes, est positionnée sur le Loing, à hauteur de Montargis".

J'ai cru comprendre qu'il s'agissait d'une autre DI...

Car -si je ne me trompe pas- la 1ère DIC, commandée par le général Boucaud, dépendait du 18ème CA, affecté à la IIème armée !

Nota: il pourrait s'agir de la 8ème DIC, mais celle-ci est donnée plus tard pour s'aligner sur le Cher... :roll:

Vérification faite sur votre propre ODB, il pourrait plutôt s'agir de la 2ème DIC (et non de la 1ère), qui dépendait bien du 15ème CA (armée des Alpes).
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Message par alain adam » Vendredi 27 Avril 2007 16:51:04

La 1ere DIC passe sous le commandement du CAC le 13 juin , et le 14 juin , la division se trouve a Lavincourt ... Pas vraiment la zone de Montargis .

Concernant la 2e DIC , elle quitte le 15e CA le 08/06 et est transformée en 2e DLIC .
Elle est reaffectée au 24e CA le 13/06 .
Le PC de corps se trouve alors au chateau des boulaye ( NO dee chatres ) , le 14 a Fay les nemours ( sur le loing , 31 km de montargis ) , et le 15 a Argent sur sauldre .

Il s'agit donc en fait de la 2e DLIC , ex 2e DIC .
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Message par BRH » Vendredi 27 Avril 2007 18:59:50

Voici donc une petite énigme résolue ! Mais, pour quelle raison devient-elle 2ème DLIC ? Lui a-t-on retiré un de ces 3 régiments ?

Qu'en est-il de la 8ème DIC qui vient des Alpes elle aussi ?
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Message par alain adam » Samedi 28 Avril 2007 20:32:43

En fait , la 2e DIC perds le RICM , est reorganisée, mais recevra de memoire, une demi brigade de chasseurs pyrénéens en renfort .

Je ne vais pas tracer toutes les DIC ...
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Re: Le sort des principales divisions en 1940

Message par jojocisko » Jeudi 23 Juillet 2009 11:38:42

Bonjour. Je m'intéresse au sort de la 82ème Division, et en tout particulier à celui du 82ème G.R.D.I. dans le cadre de la recherche d'un disparu. Le Spahi BELKISERIA Naceur (ou Nasser), du 2ème Régiment de Spahis Algériens (Tlemcen) était affecté à cette unité. l'un des colistiers serait-il en possession du J.M.O. (1940) du 82ème G.R.D.I. ou de tout élément concernant les pertes de l'unité (tués + blessés + captifs + disparus), à défaut du tableau des effectifs démobilisés avant retour en Afrique du Nord. Bien cordialement. Francis
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Re: Le sort des principales divisions en 1940

Message par BRH » Jeudi 23 Juillet 2009 14:28:12

Composition de la 82ème Division d'infanterie africaine (général Armengeat) :

1er Régiment de Zouaves
6ème Régiment de Tirailleurs Algériens
4ème Régiment de Tirailleurs Marocains
66ème Régiment d'Artillerie
266ème Régiment d'Artillerie LD
82ème GRDI

son historique :

http://grca.free.fr/site/histor1/82.htm

Pour le JMO, il faut voir à Vincennes, je pense.
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Re: Le sort des principales divisions en 1940

Message par BRH » Samedi 28 Janvier 2012 18:19:14

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Historique de la 42ème DI

Message par BRH » Mardi 31 Janvier 2012 23:14:31

voici le récit du général KELLER qui lie les événements du 80ème RI et ceux de la 42ème DI :

le 80ème RI appartient à la 42ème DI. Le 22 août, la 42ème DI quitte ses garnisons de Lorraine pour se porter à la frontière. Elle est commandée par le général de La Porte du Theil. Rassemblée dans la régions des deux Nied, au nord de Remilly. Elle se met en route dans la nuit du 2 au 3 septembre vers la forêt de la Warndt qu'elle vient border de Creutzwald à Merlebach. Dès le soir du 3 septembre, ses première patrouilles franchissent la frontière. Du 4 au 6, ses trois régiments d'infanterie : le 80ème RI (Colonel Lavelle), 94ème RI (Colonel Gregy), 151ème RI (colonel Kulnmunch) et son groupe de reconnaissance le 37ème GRD (chef d'Escadron Pommarès, pénètrent profondément dans la forêt, malgré les destructions, les mines et les pièges qui, en grand nombre, s'opposent à leur progression et leur causent des pertes parfois sérieuses.
Les premiers éléments ne sont plus qu'à quelques kilomètres des lisières nord-est et de la route de Petite-Rosselle à Differten, lorsque l'ordre est donné au général commandant la division dans son PC de Saint-Avold, de faire relever son infanterie par un groupement de bataillons de forteresse mis sur pied à cet effet, et de porter sans délai, aux ordres du général Loiseau, commandant le 6ème CA, sa grande unité de part et d'autre du plateau de Tromborn, sur le front Villing-Creutzwald, face aux hauteurs dites de Bérus, en vue d'une attaque prévue le 9 septembre. Dès le 7 septembre les patrouilles prennent le contact des avants postes allemands. Certaines rencontres sont chaudes, en particulier à la Chapelle-Sainte-Orann.
Mais l'attaque, fixée d'abord au 9, est retardée et remise de jour en jour. Le 25 septembre le commandant de la division apprend que le commandement renonce à ses projets offensifs et que la III Armée, sur ordre du général commandant en chef, va prendre un dispositif défensif largement étalé et reposant sur la conception d'une ligne de contact faiblement tenue, en avant, à peu près sur la frontière, puis d'une ligne de recueil à quelques kilomètres en arrière, et enfin d'une ligne principale de résistance figurée par la ligne d'ouvrages.
C'est la 2ème DINA qui prend à son compte l'ensemble des deux secteurs occupés jusque-là par elle-même et par la 42ème DI et, le 4 octobre, celle-ci ayant achevé les mouvements de relève de ses gros, se rassemble au repos dans ses cantonnements du mois d'août, autour de Remilly, laissant seulement en ligne, jusqu'au 16 octobre, trois bataillons aux ordres du Colonel Bouchacourt, commandant ID 42.

Ce repos prend fin par alerte le 9 novembre, date à laquelle, dans la soirée, la division reçoit l'ordre de relever d'urgence, dans le secteur de la région fortifiée de Metz sur le front Hombourg-Budange, face à Waldwisse, la 58ème Division.
Le 27 décembre elle était relevée par la 20ème DI, relève qui coïncidait avec un abaissement exceptionnel de la température et se fit sur des routes verglassées dans des conditions particulièrement difficiles. Elle gagnait alors la région de pont-à-Mousson où elle allait rester trois mois au repos, repos consacré au perfectionnement de son instruction.
Fin mars, elle remontait en ligne dans la région de Boulay où, jusqu'à l'attaque allemande du mois de mai, le calme ne fut troublé que par une alerte, non suivie d'effet le 14 avril.

Le 10 mai la 42ème DI tient le front depuis BOUZONVILLE jusqu'à TETERCHEN sous le commandement du général KELLER. Le gros de la division était en arrière et dans les intervalles des ouvrages de la ligne MAGINOT, un détachement avancé comprenant un bataillon par RI, le GRD, quelques groupes francs et un groupement d'artillerie de 75 et d'une batterie de 155, tenait une position de camapgne en avant des ouvrages, aux ordres du colonel BOUCHACOURT.
Le 13 au matin les Allemands attaquent vigoureusement les postes surtout aux ailes. Ceux-ci se défendent héroïquement. Certains sont pris et repris plusieurs fois.
Le 14 mai, après-midi, pour éviter des eprtes inutiles,le commandant du 6° CA autorise l'évacuationde certains postes, mais la lutte se poursuit très âpre jusqu'au 16. A ce moment le détachement avancé tient la ligne de recueil qui n'est entamé nulle part.
Le 16 mai le cammandant de la DI est avisé que sa division doit être relevée sans délai par extension des unités voisines et embarquée en camions. Il reçoit l'ordre de se rendre personnellement au PC de l'armée TOUCHON qu'il atteint le jour même à Moussy, au sud d'Epernay, vers minuit.
D'après un premier ordre de l'armée, en date du 17 mai, la 42ème Di devait être introduite dans la région Berry-au-Bac - Neufchâtel. Un deuxième ordre du 17 mai au soir modifiait ces disposition la DI devait être introduite dans la région Bourg-et-Comin, Chaudardes. Suite à un imprévu la division allait finalement occuper le front Pontavert inclus, Neufchâtel inclus, soit environ 24 kilomètre.
lordre de l'Armée était de défendre l'Aisne qui doublée en arrière par un canal, formait un obstacle sérieux mais dont le cours sinueux et la nature couverte des rives exigeaient une forte densité de défenseurs. C'est sur l'Aisne que devait être appliqué le barrage principal. L'ordre de l'armée prescrivait également d'organiser, dans toute la profondeur de la position, la défense antichars et la maîtrise des noeuds de communication.
Au début de juin la 42ème DI devait prendre sur sa droite une partie du front jusqu'à la hauteur d'Avaux. C'était un fron d'environ 20 kilomètres que la division avait désormais à défendre. Le nouveau front de la 42ème DI comprenait essentiellement deux saillants : celui de Guignicourt et celui de Neufchâtel-Evergnicourt. A chacun de ces saillants était appliqué un régiment, 80ème RI à Guignicourt, 151ème RI à Neufchâtel, chaque régiment ayant deux bataillons en 1er échelon, un en 2ème.
toutes les unités, à quelque échelon qu'elles appartinsent, participaient à la défense des coupures successives sur lesquelles étaient également répartis les engins antichars.
Le 8 juin à 20h00 la 42 DI avait l'ordre de relever dans la nuit même la 45ème DI sur le front Pontavert inclus à Berry-au Bac inclus. Sur ce front la 45ème DI avait deux RI et ils ne pouvaient être relevés que par les bataillons de 2èmme échelon des régiments déjà en ligne. Il en résultait que la division avait un front de près de 30 kilomètres.
Il est certain que cette relève, ordonnée et exécutée la nuit qui a précédé l'attaque, en désorganisant le dispositif de la 42ème Di, affaiblie à droite et au centre, découverte à gauche, a eu les conséquences les plus fâcheuses pour la défense de la position. C'est dans ces conditions très défavorables que s'engage la bataille du 9 juin à l'aube.

Avant la relève, c'est à dire jusqu'au 8 juin au soir, le 80ème RI (Lieutenant-Colonel Cottenet) avait en ligne deux bataillons :
-le II/80 (Commandant Chauvin) entre Menneville exclu et Guignicourt inclu;
- le I/80 (Commandant Bouisseren), de Guignicourt exclu à Berry-au-Bac exclu.
en deuxième ligne le III/80 (Commandant Blary) dans la région de Cauroy, détachait une compagnie vers la cote 100 (deux kilomètres à l'est de la Neuville).
Le régiment était appuyé par le I/61 RAC (Commandant de Rosemont), renforcé par une batterie du 303ème RAD; l'ensemble sous le commandement du colonel commandant le 61ème RAC (Colonel Theurillat). Deux battaries de 155 travaillaient au profit du secteur qui avait reçu, en outre, une section de 25 de la compagnie divisionnaire antichars, et une section de 47 de la batterie divisionnaire antichars.
Par suite de l'ordre de relève, le III/80 devait, dans la nuit du 8 au 9 juin, relever deux bataillons du 31ème RI entre Berry-au-Bac et Gernicourt inclus.
La relève sera effective à Berry-au-Bac même; mais, à droite, les éléments du 31ème RI attaqués avant que la relève ne soit terminée, resteront sur place, mélangés aux unités du 80ème. A gauche, la compagnie qui devait relever les éléments du 31ème RI les trouve en plein combat et refluant sur le bois de Gernicourt.
Le secteur des I/80 et II/80 qui a bénéficié d'une certaine stabilité est organisé et tenu en profondeur; mais l'étendue du front (8 kilomètres), la nature très couverte des rives de l'Aisne, avec de faibles champs de tir, ne permettent pas d'assurer un barrage de feux continu. L'ensemble est néanmoins cohérent et présente une certaine solidité.
Les Allemands commencent à franchir l'Aisne à partir de 4h15, après un violent bombardement, à la faveur de la fumée épaisse qui obscurcit tout et au moyen de très nombreuses embarcations pneumatiques dont beaucoup sont détruites à la grenade par nos hommes. En face du château de Gernicourt, le Caporal Charles, de la 1er compagnie, endétruit trois successivement dans les trente minutes qui suivent l'attaque.
Toutes les tentatives sur les ponts échouent, mais l'étendue même du front, l'absence de réserves suffisantes ne permettent pas d'enrayer partout l'infiltration ennemie.
Vers 6 heures, à l'est de Variscourt, les Allemands traversent le canal qu'ils atteignent à la même heure devant Guignicourt et Condé. Berry-au-Bac tient ferme, mais dans l'ancien secteur du 31ème RI l'ennemi s'empare de Gernicourt. Les unités de ce régiment restent en ligne. Le Colonel, qui avait assisté au début des opérations, s'embarque avec le reste de son régiment.
La matinée est caractérisée par des combats locaux violents et une infiltration continue de l'ennemi entre Condé et Variscourt. tandis que certains de nos éléments combattent toujours sur l'Aisne où, suivant la consigne, ils résistent même encerclés, l'ennemi débouche de Variscourt, dont le pont saute à 14h30, et progresse vers la Suippe qu'il vient border entre Aguilcourt et Merlet.
Il réussit même à franchir la rivière devant cette dernière localité qu'il occupe. An nord, il ne dépasse pas la voie ferrée qui double le canal à l'ouest de Condé : les trois ponts sur le canal au sud de Guignicourt et les trois ponts de Condé avaient été détruits dans la matinée. Berry-au-Bac est toujours solidement tenu.
En fin de journée le front est jalonné par la voie ferrée à l'ouest de Merlet, Aguilcourt, la Suippe, la voie ferrée de Condé à Berry-au-Bac, le canal, Berry-au-Bac et le bois de Gernicourt où la situation est confuse.
Les pertes sont lourdes, mais le gain de l'ennemi est minime. Une seule chose inquiétante : la traversée de la Suippe à Merlet qui va permettre à l'ennemi, le 10 juin, de s'infiltrer au sud de la Suippe. pour parer dans la mesure du possible, à ce danger, le commandant de la division mets à la disposition du colonel commandant le 80ème une compagnie du CID 22 qui reçoit l'ordre de s'établir face à Merlet, derrière la voie ferrée.
Le général Keller estimait cependant qu'en raison de la situation de plus en plus critique à sa gauche et de la faiblesse de ses effectifs, qui l'obligerait à utiliser comme réserve de la poussière d'unités ou des unités médiocrement armées et médiocrement composée, malgré la valeur et le dévouement de quelques cadres, il était dangereux de garder le saillant Berry-au-Bac, Condé, Aguilcourt, et il donnait en conséquence dans la nuit du 9 au 10 au colonel commandant le 80ème RI l'ordre de s'établir pour le 10 juin au matin sur le front : voie ferrée à l'ouest de Merlet, cote 100, le Godat, la Maison-Blanche, appuyant sa gauche aux bois de la cote 93, entre Cormicy et Cauroy.

Conformément aux ordres reçus le commandant du 80ème RI avait prescrit le 9 juin à 20h30, à ses trois bataillons de s'établir sur le front Merlet - cote 100 - le Godat - la Maison-Blanche et la cote 93, entre Cormicy et Cauroy.
Merlet étant occupé par l'ennemi, la droite du II/80 que n'a pu rejoindre la compagnie du CID 22, s'établit en crochet défensif face à la voie ferrée, le reste du bataillon sur le plateau au nord de la ferme Sainte-Marie. Le mouvement s'exécute par échelons dans de très bonnes conditions, y compris celui de la compagnie qui tenait encore l'Aisne près de condé et qui décroche sans être inquiétée.
A gauche, le II/80 s'établit sur le front cote 100 - le Godat et le III/80 entre la Maison-Blanche et la cote 93.
Tous ces mouvements sont terminés avant le lever du jour.
Dés 4 heures, l'ennemi reprend sa progression entre Merlet et la cote 100.
Les deux compagnies (5 et 6) qui lui sont opposées dans ce secteur subissent de lourdes pertes tant du fait du bombardement de l'artillerie que du feu des armes automatiques. Les deux commandants de compagnie sont blessés. Leurs unités résistent cependant jusqu'à épuisement complet de leurs munitions. le Sous-lieutenant Surjus, quoique grièvement atteint, donne l'ordre aux hommes qui le transportent à l'aarière de le déposer au coin d'une meule et de retourner au combat. Chacun fait son devoir et à peine quelques hommes parviendront-ils à échapper à l'ennemi.
Découvert désormais sur la droite, le I/80 qui tient la cote 100 refuse à son tour sa droite pour faire face à ce danger. En même temps les Allemands débouchent des pentes ouest de la cote 100 et marchent vers le Godat. Il est environ 8 heures. La cote 100 elle-même est toujours tenue par deux compagnie, mais l'ennemi s'infiltre maintenant dans les couverts des pentes est. A 10h30, une violente attaque en débouche, en direction de la ferme de Sainte-Marie, forçant les derniers défenseurs de la cote 100 à se replier sur le Godat.
Mis au courant de ces événements, tenant compte d'autre part de l'avance ennemie dans le secteur du 151ème sur brimont le commandement de la DI autorise le Colonel commandant le 80ème RI à appuyer son centre et sa droite au canal entre le Godat et Loivre.
Le II/80, réduit à ses éléments de commandement (quelques hommes et une compagnie d'instruction), s'installe entre Loivre que tient toujours le CID 22 et le bois de Luxembourg; le I/80 entre ce bois et le Godat.
Le III/80, en ligne entre la Maison-Blanche et la cote 93, n'a pas été inquiété.


Le 10 juin, dans la matinée le Général du 7ème CA (Général de La Porte du Theil) approuve les dispositions prises par le commandant de la 42ème DI. Vers 11h00 un officier de liaison du 23ème CA (Général Germain) se présente au PC de la DI à Merfy. Il prévient que le 23ème CA prenait sous ses ordres la DI et la prescrivait pour assurer la liaison avec la 10ème DI, d'étendre sur sa droite Warmerwille à plus de 10 kilomètre à l'est de Bourgogne. N'ayant d'autre réserve qu'une partie très affaiblie de son G.R. et un front de plus de 30 kilomètres le général Keller ne pouvait de toute évidence exécuter un ordre qui ne tenait aucun compte de la réalité. Il alertait aussitôt le commandant du 7ème CA qui confirmait que la 42ème DI était toujours sous ses ordres et que c'était avant tout à sa gauche qu'il devait se lier avec la division voisine (44ème DI) même au prise d'un décrochement avec la 10ème DI. Instruction confirmées par écrit dans la matinée par un agent de liaison du 7ème CA.
en même temps le général commandant le 7ème CA prescrivait de passer la Vesle au plutôt, d'en assurer la défense entre Maizon et Reims, dont la défense du front ouest passe sous le commandement de la 42ème DI, et de prévoir la continuation éventuelle du repli derrière la route Ville-en Tardenois - Reims.
Le général Keller donnait aux trois groupements correspondant aux trois RI et à leur artillerie d'appui, l'ordre de se décrocher, avec leur itinairaire et le nouveau front à défendre derrière la Vesle. Il envoyait en même temps un officier de liaison au commandant de la place de Reims, mais celui-ci déclarait qu'il dépendait à la 4ème Armée seule et qu'il n'avait aucun ordres à recevoir du commandant de la 42ème DI.
Dans le secteur du 80ème RI, les deux premiers bataillons qui étaient déployés entre Loivre et le Godat rompent le combat à 15h30. Le décrochage a été précédé d'un redoublement des tirs de l'artillerie d'appui et s'exécute sans incidents. La colonne se forme en direction de Pouillon-Merfy. Elle contourne Villers-Franqueux par l'est, l'ennemi s'étant infiltré sur le plateau au sud du village et en battant les issues par ses armes automatiques. Le 3ème Bataillon décroche le dernier.
Les harcèlements de l'ennemi se font plus vifs et ralentissent la progression. Les ponts de la Vesle et les carrefours sont violemment bombardés par l'aviation. Le régiment passe néanmoins la rivière entre 19 et 21 heures et réalise le dispositif prévu entre le pont du chemein de fer de Champigny et le pont de Maco. Les ponts sautent aussitôt après le repli des derniers éléments du G.R. à 22 heures.
ce repli en plein combat et sous le feu incessant de l'ennemi dans une région difficile avec des routes peu nombreuses a été vraiment un modèle d'ordre et de précision.
Tandis que ces mouvements s'exécutent et que la division, bien qu'affaiblie par deux jours de combatsininterrompus et très durs, réalise progressivement le dispositif qui lui a été prescrit, après avoir assisté au passage de la Vesle d'une partie des unités de la 42ème DI, son PC s'installe à Les Mesneux vers 17h00.
A 19h00, un ordre du 7ème CA prescrivait à la DI, si elle n'avait pas d'ordres contraires du 23ème CA, de gagner sans delai la montagne de Reims de façon à tenir, le 11 juin au matin, la Meuse entre Damery et Mareuil.
Les ordres pour le mouvement étaient en cours de rédaction par le général Keller, quand vers 19h00, se présentait à lui un officier de l'état-major de la 4ème Armée et un du 23ème CA.
Il recevai notification de son rattachement à ce dernier et l'ordre de rassembler sans délai sa division dans la région Chigny - Ville-en-Selve - Germaine, c'est-à-dire dans une direction très différente de celle que lui avait indiquée le 7ème CA et avec une bien moindre amplitude.
Commencé vers minuit, le mouvement était terminé pour la matinée du 11.
Le 151ème RI gagnait Ludes, le 80ème RI Chigny-les-Roses, le G.R. Germaine, près du PC de la division, l'artillerie les bois dans la région de Neuville, Ville-en-Selve. Les éléments lourds étaient dirigés plus au sud.

Des réfugiés commençaient à se mêler aux colonnes, des attelages, des voitures démolies par l'aviation encombraient les carrefours. Quoi qu'il en soit, la 42ème DI qui avait combattu et marché sans arrêt depuis la nuit du 8 au 9, en proie aux harcèlements incessants de l'ennemi, aux violents bombardements d'une aviation qui, en l'absence complète de DCA et d'aviation adverse pour la combattre opérait à sa guise, se rassemblait dans la matinée du 11 juin dans la zone qui lui avait été indiquée.

Un cours d'un de ces bombardements entre Villers-Alleraud et Rilly-la-Montagne, le Sergent Desprez du 80ème RI et l'Adjudant-Chef Bigné, armés l'un d'un pistolet-mitrailleur, l'autre d'un fusil-mitrailleur, réussirent à abattre un avion ennemi qui survolait le régiment à une cinquantaine de mètres et tombe en flammes à quelques centaines de mètres. Ce beau fait d'armes exceptionnel indique avec quel mépris opéraient les aviateurs allemands.

Le 11 vers 10h00 le PC de la 42ème DI se portait à Germaine. Vers 11h00 un officier de liaison de la 4ème Armée lui communiquait un ordre destiné au 23ème CA prescrivant à ce dernier de faire tenir par des éléments de la 10ème er 42ème DI la Montagne de Reims, entre Rilly tenu par la 82ème DI et Verzanay. La 42ème DI n'avait pas encore fini son mouvement de regroupement et aucun ravitaillement n'avait pu être fait. le commandant de la DI décida d'aller à Avize, au PC du 23ème CA, prendre contact avec son commandant de CA et d'expose sa situation. Il recevait confirmation de l'ordre de tenir jusqu'au 12 la Montagne de Reims avec une partie de sa division tandis que le reste devait, le 12 au matin, tenir la Marne de Mareuil à Tours inclus. Une nouvelle zone de regroupement lui était affectée au sud-est d'Epernay autour de Cramont, où il devait transporter son PC le 12.
Il affectait à la défense de la Montagne de Reims le 80ème RI, une partie du GRD, deux groupes de 75 et une batterie de 105, le tout sous les ordres du Colonel commandant le 80ème RI.
Le dispositif était mis en place dans la nuit du 11 au 12, le PC de la DI été fixé par le CA à Tours-sur-Marne.

La mise en place du détachement chargé de défendre la Montagne de Reims, bien que retardée par un embouteillage considérable provoqué tout le long des routes par des destructions, des voitures démolies et des convois, était terminée vers 23h00 pour les unités de premier échelon et vers 03h00, le 12 juin, pour celles de deuxième ligne.
Le dispositif prescrit par le Colonel Cottenet, commandant le 80ème RI, était simple : un bataillon (I/80) à Mailly-Champagne, où sa droite sera en partie relevée le 12 à 06h00 par des éléments du 5ème Régiment de la 10ème DI, un bataillon (III/80) à Ludes et un bataillon réservé vers la clairière de La Neuville, en lisière des bois, à proximité de la route de Louvois.


Le G.R. détachant un peloton à chaque bataillon de première ligne, pour assurer la liaison aux ailes du dispositif est en réserve à ville-en-Selve à la disposition du colonel.
L'artillerie formant un groupement par les ordres du Colonel Theurillat, commandant le 61ème RAC est en batterie aux abords de la route Ville-en-Selve - La Neuville.
La matinée du 12 juin est calme, ce qui permet aux unités de première ligne d'améliorer leur organisation défensive et à l'artillerie de préparer ses tirs d'arrêt et de contre-préparation. Vers 11h30 des éléments ennemis en colonne par trois sont aperçus à environ 2 kilomètres sur la crête ouest de Romont, en marche vers le sud. Les feux de mitrailleuses en tirs lointains provoquent la dispersion des colonnes de tête, mais la progression reprend par petites fractions et avec une certaine lenteur. A 12h30, un mouvement identique est aperçu sur les routes Puisieux - Ludes et Trois-Puits - Ludes. Les tirs de contre-préparation sont déclenchés au moment où l'ennemi arrive à un kilomètre des positions, bientôt doublés par le tir des armes automatiques.
L'attaque ennemie marque un certain flottement mais repart principalement devant Ludes. Les tirs d'arrêt l'atteignent en plein et les assaillants s'inflèchissent vers le sud-est devant le front du 1er bataillon où les tirs d'arrêt se déclenchent à leur tour.L'artillerie qui tire à une cadence considérable vide ses coffres. Les armes automatiques font de même. L'ennemi est complètement désorganisé. il est à peu près 13h30.
Le commandant de la DI avait laissé au colonel commandant le 80ème RI le soin de fixer l'heure du repli, en lui recommandant avant tout de ne pas se laisser accrocher. Il lui avait renouvelé ces instructions en fin de matinée, le 12. Très judicieusement le Colonel Cottenet estimait qu'après le coup d'arrêt qu'il venait d'asséner à l'ennemi, le moment était venu de rompre le combat. Les itinéraire de repli étaient gardés à l'avance par les éléments du bataillon réservé et du G.R.D. L'infanterie commence donc à décrocher vers 13h45, sous la protection de l'artillerie qui effectue elle-même son décrochage par pièce.
Pendant ce temps l'ennemi commence une préparation d'artillerie en vue de reprendre son attaque; l'une et l'autre tombent dans le vide.
Le repli lui-même s'effectue en ordre, sans précipitation, inquiété seulement par quelques infiltrations sur le flanc ouest enrayées par le G.R.D. et quelques groupes d'infanterie.
A 18h00, tout le détachement avait franchi la Marne, partie à Mareuil, partie à tours, ainsi qu'il était prévu.
Le 80ème RI s'installait alors en cantonnements d'alerte à Flavigny, tandis que l'artillerie, sans perdre de temps, commençait ses reconnaissances pour participer à la défense de la Marne.

Lorsque l'ordre de faire sauter les ponts de Mareuil et de Tours fût donné par le commandant de la DI, il ne restait plus aucune unité constituée au nord de la rivière.
L'ordre du CA pour la journée du 13 était de tenir sur la Marne et pas seulement, y était-il précisé, avec de simple bouchons, mais sur toute la coupure. Bien que cet ordre, en raison des effectifs dont la division disposait, fût difficilement exécutable, elle s'efforçait de s'y conformer et prescrivait au 80ème RI, qui venait de défendre la montagne de Reims, de faire le 13 juin, dans la matinée, les reconnaissances nécessaires pour remonter en ligne à la droite, vers Athis car de ce côté, face à Condé il n'y avait que quelques éléments régionaux et les Allemands commençaient à s'infiltrer, bien que le pont ait été détruit dès le 12.
En attendant l'arrivée du 80ème RI, la DI mettais à la disposition du 151ème RI l'escadron moto du G.R.D. tandis que le reste de celui-ci venait s'établir en flanc-garde dans la région Saint-Mards-les-Pocancy.
Dès la matinée du 13 juin, l'ennemi reprend le contact à Tours, où il est facilement arrêté par le feu de nos armes automatiques et de trois chars récupérés au passage, ainsi que par nos tirs d'artillerie bien ajustés; mais ayant réussi à passer vers Condé, il commence à s'infiltrer sur la droite de la division.
C'est infiltration est très lente et la menace restera peu dangereuse de ce côté au cours de la journée du 13 juin, mais c'est maintenant sur la gauche qu'elle va s'accentuer.
Le 13 juin, dès 4 heures, l'ennemi tâte Mareuil et Bisseuil. violemment canonné et mitraillé, il n'insiste pas. on aperçoit de nombreux éléments qui glissent d'est en ouest, en direction d'Ay. Ces éléments sont pris à partie par notre artillerie, mais la réaction ennemie augmente, et nos positions sont survolées, bombardées et mitraillées. une partie du bataillon de réserve du 94ème RI vient renforcer la défense de la rivière entre Mareuil et Bisseuil.
Avec ses derniers éléments réservés et les trois chars récupérés, le 94ème RI organise le carrefour de la ferme Constantine, autour de laquelle il espère manoeuvrer pour arrêter les unités motorisées ennemies qui tenteraient d'utiliser la route d'Epernay à Reims.
Sur tout le front de la division l'ennemi ne cesse de se renforcer. Lutte d'infanterie et bombardement s'intensifient. Violemment pris à partie par nos tirs d'artillerie, les Allemands ne tentent cependant pas de franchir la rivière.
Peu après 17h00 un agent de liaison du CA apporte au PC de la division situé à Vouzy, l'ordre de ramener sans délai la division derrière les marais de Saint-Gond sur le front de Bannes - Ecury-le-Repos, en liaison à gauche avec la 82ème DI, la vitesse du mouvement étant la condition essentielle de la réussite de la manoeuvre.


Au moment où arrivait l'ordre du CA, la division était entièrement déployée. Les cadres du 80ème RI achevaient la reconnaissance de leur nouveau secteur. Le mouvement du régiment lui-même avait été retardé à la suite d'une communication faite directement au colonel par le commandant de la 173ème Demi-Brigade de la 44ème DI, qui lui avait donné connaissance de la retraite des 82ème et 44ème DI et de la menace qui pesait sur la gauche de la Division. Le colonel commandant le 80ème RI avait dans ces conditions suspendu le mouvement de son régiment et demande confirmation des ordres précédemment donnés. C'est grâce à cette circonstance fortuite qu'il put être aiguiller très rapidement dans sa nouvelle direction.
Le mouvement de l'ensemble de la DI était organisé avec le maximum de simplicité : constitution de groupements de marche infanterie et artillerie sous les ordres des colonels, décrochage à la nuit des unités au contacts, dégagement immédiat des arrières par les éléments lourds, officiers d'état-major aux principaux carrefours.
Le dispositif à réaliser derrière les marais de Saint-Gond comportait : le 80ème RI vers Bannes; le 94ème RI Morains-le-petit; le 151ème RI Ecury-le-Repos. un groupe de 75 en appui direct à chaque régiment, 155 en action d'ensemble, éléments lourds gagnant le plus de champ possible vers le sud.
Le réseau routier était pauvre et tous les itinéraires avaient un tronçon commun entre Chaintrix et Bergères-les-Vertus, mais l'échelonnement de la DI permettait, théoriquement du moins, un débit à peu près normal. Pendant la première partie de la nuit le mouvement se fit effectivement dans d'assez bonnes conditions. La division, immobilisée sur la Marne, se trouvait sensiblement en arrière par rapport aux division voisines, et par suite à peu près seule sur les routes, mais, à partir de la nationale 33, l'encombrement devient extrème. Le général de la DI marchait avec le 80ème RI et il passat la nuit au carrefour de Bannes où circulaient en tous sens, par deux ou trois de front, véhicules hippos et autos appartenant aux 44ème, 45ème, 2ème, 20ème DI, refluant pour la plupart sur Fère-Champenoise. Les quelques officiers d'état-major déposés aux carrefours avaient le plus grand mal à mettre de l'ordre dans ce chaos.
Dans la matinée du 14, la route de Fère-Champenoise était cependant à peu près dégagée, et la 42ème entre Bannes et Ecury-le-Repos, avait réalisé le dispositif prescrit par le général de la DI.
A gauche de la Division, le III/80 assure la défense de Bannes en s'échelonnant en profondeur jusqu'à la crête 600, sud de Bannes, et cherche la liaison avec la 82ème DI.
Le I/80 s'établi sur la croupe des Grosses et Petites Fermes (2km sud d'Aulnay-aux-Planches), ainsi que sur le mamelon 1500, sud-est de Bannes. Il est en liaison avec le 94ème RI.
Les éléments restant du II/80 sont en deuxième échelon aux lisières nord des bois à 2 km 500 sud et sud-est de Bannes la II/61 est en appui direct.
Le groupement d'artillerie d'ensemble de la division (deux groupes) est susceptible lui même d'appuyer le 80ème et le 94ème RI.
L'ennmi prend le contact, vers 12h30, à Bannes, qu'il attaque par le nord et par l'ouest. Il n'y a en effet aucun élément de la 82ème DI à l'ouest. Une fois de plus la division est complètement découverte sur sa gauche.
Fortement pressés, les défenseurs de Bannes se replient vers 13h45 sur les lisières boisées à 2km 500 sud de Bannes. Mais les tirs d'arrêt empêchent l'ennemi de déboucher du village.
Entre Bannes et Morains, le commandant du I/80, croyant à un repli général, ramène son bataillon en arrière en direction de Fère-Champenoise, mais l'ennemi, à qui ce mouvement est passé inaperçu, n'en profite pas, du moins immédiatement, pour essayer de s'infiltrer entre le 80ème et le 94ème. C'est surtout sur la gauche de la division qu'il cherche à accentuer son avance.
A 18 heures, il commence une préparation d'artillerie sur les lisières des bois au sud de Bannes. A 18h15, l'infanterie qui, au cours de l'après-midi avait pu gagner la petite crête au sud de Bannes, attaque. Les unités du 80ème qui n'ont pas eu le temps de s'enterrer, et bien qu'elles aient beaucoup souffert des bombardements - une partie du personnel du PC du régiment avait été tué ou blessé - se défendent à poitrine découverte et arrêtent l'ennemi, mais à gauche les automitrailleuses, profitant du trou qui existe là où aurait dù être le I/82ème RI, dévalent sur la route Broussy-Mont d'Août. Le Colonel donne l'ordre de repli à l'infanterie pour 19h00, aux batteries d'artillerie, par échelon à partir de 18h30.Cet ordre était conforme à celui qu'il avait reçu à 17h00.
Après avoir passé la matinée à Bannes, le général de la DI avait installé son PC à la ferme Saint-Georges, au sud de Fère-Champenoise, d'où il voyait le combat se rapprocher et s'intensifier dans cette direction.
Ignorant tout de la situation générale, de celle de ses voisins, malgré ses tentatives pour entrer en liaison avec eux et de celle de son CA, dont il n'avait aucune nouvelle, il était pris entre la double nécessité d'exécuter l'ordre de défense qui lui avait été donné la veille, et qui ne fixait aucune limitation à la durée de sa mission, et, devant la menace croissante sur son aile gauche, d'éviter de se laisser déborder.
Le général Keller possédait heureusement en la personne du colonel Cottenet, un chef en qui il avait la plus entière confiance, et dont il avait pu apprécier encore tout récemment au cours des combats de la Montagne de Reims le coup d'oeil et les qualités manoeuvrières. Il reçut comme instruction de ne pas se laisser déborder et, en cas de nécessité, de commencer son repli par sa gauche, les autres groupements qui étaient de moins en moins inquiétés devant progressivement suivre le mouvement.
A 16h00, un ordre bref du CA réglait d'ailleurs définitivement la situation : il était prescrit de replier la division derrière l'Aube qui devait être tenue par des éléments régionaux sous le commandement du général commandant la 10ème DI. Cet ordre était le dernier qu'il devait recevoir. Il était désormais livré complètement à lui-même.
La journée devait être très dure. Au 80ème RI, le IIème Bataillon n'avait plus que son PC, une petite section sa 7ème Compagnie et un groupe de mortiers. Le 1er Bataillon avait perdu complètement sa 1ère Compagnie, les autres unités étaient réduites de moitié. Le III Bataillon, qui avait le moins souffert, avait le quart de son effectif. Le 94ème et le 151ème ne comptaient guère qu'une centaine d'hommes par bataillon.
Et cependant, malgré ces pertes, malgré les combats incessants, les marches épuisantes, non seulement la division avait gardé toutes ses qualités combattives, mais avec des effectifs diminués, elle présentait une cohésion parfaite. Les ordres étaient promptement et intelligemment exécutés, les liaisons fonctionnaient comme dans une division fraiche, venant de monter en ligne.

Le décrochage et le mouvement de la division avaient été organisés dans des conditions analogues à celle du repli entre la Marne et les marais de Saint-Gond : éléments lourd dégageant le plus possible, groupements de marche, officiers d'état-major aux carrefours, etc. Mais les difficultés ne cessaient de s'accroitre. Non seulement la fatigue s'ajoutait à celle des jours précédents, le manque de ravitaillement commençait à se faire cruellement sentir, mais l'encombrement des routes dans un pays où elles sont fort rares dépasse tout ce que l'on peut imaginer. Elles n'étaient pas seulement littéralement couvertes de réfugiés à pied, à cheval, à bicyclettes, en voitures, mais des soldats débandés se mêlaient à ce lamentable cortège. << Nous, écrit fièrement un sous-officier du 80ème RI, unité organisée et discipliné - et nous avions des dizaines et des dizaines de kilomètres dans les jambes - nous avions toutes les peines du monde à rester unis dans cette cohue.
Tandis que le G.R. formait bouchon à Corroy et à Faux-Fresnay, pour empêcher toute incursion ennemie sur la gauche, les groupement entamaient leur mouvement de repli. Au groupement du LCL Cottenet, le I/80, aprés son repli prématuré, était resté jusqu'à la nuit au sud-ouest de Fère-Champenoise. Son mouvement ne présentait aucune difficulté. Le III/80 et le 2ème groupe du 61ème RAC gagnent de leur côté Connantre sans encombres. In n'en est malheureusement pas de même du II/80, celui qui était à gauche du dispositif. Retardé par des infiltrations ennemis, il arrive à Connantre au moment où les Allemands viennent de l'occuper. Il se rejette alors sur la route de Fère-Champenoise et finit par rattraper à Corroy, mais avec beaucoup de retard, l'itinéraire de son régiment. Celui-ci arrive à Rheges, derrière l'Aube qu'il a franchie à Plancy sur une passerelle remplaçant le pont détruit par l'aviation. Tout le groupement est passé vers 7 heures, sauf le II/80 qui n'y arrivera que vers 10 heures.
Ainsi, à l'exception de ce bataillon, toute la division était derrière l'Aube, entre Bachot (sud de Plancy) et Pouan. Ce dernier village était déjà organisé par le 151ème. Seule, une défense organisée à l'avance, tout au moins une ossature, aurait été efficace. Or, sur l'Aube, à part quelques sapeurs chargés de faire sauter les ponts, dont quelques-uns comme celui de Planey avaient été détruits par le bombardement aérien, il n'y avait rien; pas de trace de l'organisation que le dernier ordre du Corps d'Armée avait laissé espérer.
Au PC de la division à Nozay, aux première heure de la journée du 15, le général apprend que l'ennemi occupe Arcis-sur Aube, à sa droite, et Méry-sur Seine à sa gauche. De son Corps d'Armée, pas de nouvelles. Un officier de son état-major, parti à sa recherche dans la région de Troyes, n'avais pu le trouver. le général ignorait dans quelle direction il était allé. Il fallait cependant agir. Il avait fait reconnaitre par son G.R. les ponts de Villecerf et de Chauchigny, trouvés occupés par l'ennemi. Sur sa droite, il y avait un tel encombrement qu'il était vain de vouloir gagner la région de Lusigny - Vendeuvre par l'unique petite route Nozay, Voué, Luyères. Le général décida en conséquence de prendre autant de champ que possible et de chercher à passer la Seine, au sud-est de Troyes, dont il redoutait l'encombrement, même si l'ennemi ne l'y avait pas précédé.
Il assigna comme point à atteindre : aux éléments lourds la Barse, aux groupement de marche Saint-Parres-les-Tertres (80ème RI), Villechetif (151ème RI), Bouranton (94ème RI), Laubressel (261ème RAC), le G.R. en reconnaissance et couverture sur les ponts de la Seine entre Villecerf et Troyes.
En raison de la gravité de la situation, le général et les officiers de son état-major feront cette étape à pied au milieu de l'infanterie. Personnellement le général marcha avec le 80ème RI qui se trouvait à l'aile la plus découverte du dispositif.
Hommes et chevaux n'en peuvent plus, et malgré les efforts de tous, les colonnes arrêtées à chaque instant sur les routes par des embouteillages, s'allongent et parfois se dissocient.
Le mouvement du 80ème RI se heurte à des difficultés. Dès le matin, sentant la menace s'accentuer sur sa gauche en direction de Méry, le colonel, d'accord avec le chef du 3ème Bureau de la DI, le capitaine Sauve, qui avait été envoyé en liaison, met en route son régiment sur l'itinéraire Premierfait, Les Grandes-Chapelles, Rilly-Sainte-Syre, Chauchigny; mais arrivés à Chauchigny les motocyclistes de tête tombent sur un détachement ennemi comprenant des fantassins et un char de combat. Une courte action s'engage au cours de laquelle le sous-lieutenant Dallé, chef de la section moto, grimpe sur le char ennmi dont il tue les occupants, bien que blessé lui-même. Le colonel, qui arrive sur les lieux, fait rétrograder son groupement et l'engage, conformément aux instructions, sur la route de la chapelle-Vallon où le général le retrouve.
Sa connaissance parfaite du pays où il a passé son enfance lui permet de le guider à travers bois en direction de Pont-Sainte-Marie, le grand carrefour au sud de troyes.
Arrivé avec lui un peu au nord de Pont-Sainte-Marie, vers 15 heures, le général apprend que Pont-hubert à l'entrée de Troyes, est tenu par l'ennemi. une tentative du groupe de reconnaissance extrêmement réduit, à laquelle prend part le Capitaine Larcan de l'état-major de la DI, reste sans résultat. La situation est extrêmement confuse. il semble que le petit pont sur un bras de la Seine ait été plusieurs fois pris et repris sans que le passage ait pu être utilisé. il était d'ailleurs impossible de monter une affaire sérieuse, tant en raison de l'encombrement de la route et de son tracé à angle droit, un peu avant le pont, que du mélange des unités qui s'y pressaient, mélangées à des réfugiés.
en présence de cette situation, le général prescrivait au I/80ème RI avec lequel il marchait, de gagner Saint-Parres, sans passer la Seine, mais en la longeant et il remettait même au commandant de ce bataillon, le commandant Bouisseren, un petit croquis sur l'itinéraire à suivre (le commandant Bouisseren s'étant malheureusement trompé de direction étant allé à droite au lieu d'aller à gauche, il était tombé aux mains de l'ennemi. Une partie de son bataillon repassant par pont-Sainte-marie, parvenait heureusement à gagner Villechetif).
Vers 16 heures, le général rencontre le Colonel Cottenet qu'il met au courant et à qui il confirme l'ordre de gagner Saint-Parres-aux-Tertres. Le I/80 est déjà en route, le III/80 suit le mouvement. De l'artillerie et du II/80, pas de nouvelles.
Les Allemands bombardent par leur artillerie toute la région Pont-Sainte-Marie - Creney. Les coups semblent venir à la fois du sud-ouest et du nord, ce qui paraît indiquer que les Allemands avancent par les deux rives de la Seine. En même temps des avions allemands et surtout des Italiens, nous survolent sans arrêt, attaquant à la bombe les colonnes qui cheminent lentement, et jettent le désordre dans les convois hippomobiles dont beaucoup d'attelages sont atteints.
Dans son mouvement sur Saint-Parres-aux-Tertres, le III/80 traverse Creney, passe à l'ouest de Villechetif, quand un mystérieux motocycliste l'avertit que Saint-Parres est occupé; une reconnaissance envoyée ultérieurement par le colonel montrera d'ailleurs que ce renseignement était faux. Le commandant du bataillon décide alors de continuer jusqu'à Laubressel, où se dirigeait le 2ème groupe du 61ème RAC qui n'ayant pas été touché par l'ordre du colonel commandant le 80ème RI au moment où le régiment se rabattait sur la Chapelle-Vallon, s'était par une marche difficile et en longeant la Seine, dirigé sur ce village où il savait que devait stationner le 261ème RAC.
Cet incident normal dans des circonstances aussi exceptionnellement difficiles, était symptomatique de la recherche constante des commandants d'unités de se rejoindre les uns aux autres, de rétablir les liaisons et la cohésion.
Quand au II/80 arrivé tard sur l'Aube, il avait par suite d'un ordre mal transmis, ou mal compris, continué sur Méry-sur-Seine, avec un élément du groupe de reconnaissance de C.A. n° 19
Les Allemands, qui avaient effectivement occupé Méry aux premières heures de la matinée, s'étaient repliés sur la rive ouest de la Seine, à Mesgrigny, après avoir cisaillé le dispositif de destruction du pont. Le II/80 traverse la Seine, repousse trois automitrailleuses ennemies et occupe le village que les Allemands bombardent violemment. Vers 13 heures, des camions commencent à amener de l'infanterie, mais aucune attaque n'est déclenchée. Le commandant du II/80 repasse sur la rive est, après avoir essayé en vain de faire sauter le pont, et par Droupt-Saint-Basle gagne, avec une partie de son détachement, la Chapelle-Vallon qu'il n'atteindra que le 16 juin, aux premières heures du jour, tandis qu'une autre fraction continue le long de la Seine sur Saint-Benoist. Le sort de ces deux éléments sera d'ailleurs identique. Celui de la Chapelle-Vallon sera pris le 16 juin par les éléments motorisés ennemis qui sillonnent maintenant les routes à l'est de la Seine; celui de Saint-Benoist le 17, à Vannes, qu'il avait pu atteindre dans la nuit du 16 au 17.
C'était donc une division bien diminuée qui, dans la soirée du 15 juin, était rassemblée dans la zone qui lui avait été indiqué.
La division établissais son P.C. à Ruvigny, où venait la rejoindre son groupe de reconnaissance réduit à quelques pelotons. Le général avait passé la journée au milieu de ses troupes, les liaisons étaient établies avec les chefs de corps qu'il avait vus personnellement. Ce n'était pas une horde, mais une unité commandable et commandé qu'il avait sous ses ordres.
Dans la nuit du 15 au 16, en l'absence de tout renseignement et de tout ordre, il hésitait entre deux directions, celle de Vendeuvre - Chaumont au sud-est, et celle du sud en direction de la forêt de Chaource.
Il était à craindre que l'ennemi, continuant à remonter par la rive gauche de la Seine n'en vînt occuper successivement les ponts. S'il pouvait espérer passer, sans se heurter à des forces trop importantes, c'était assez loin de Troyes, mais il fallait agir vite.
Il faisait en conséquence reconnaître les ponts de la Seine entre Clérey et Bar-sur-Seine et sans attendre le résultat de cette reconnaissance, les deux itinéraires sur Vendeuvre et la Seine ayant un tronçon commun, la route de Vendeuvre entre Thenelières et Lusigny, il engageait, dès l'aube du 16 juin, la division sur cette route.
Le 151ème et son fidèle groupe d'appui direct, le I/61 du commandant de Rosemont, marchent en tête, suivis du 80ème RI auquel se sont joints les derniers éléments du 94ème RI et de son groupe d'appui, le II/61 du commandant Fort, réduit à quelques attelages.
A 7 heures, au moment où arrive le général à Lusigny après avoir longé la colonne avec le commandant de l'ID, le commandant de l'AD et quelques officiers de son état-major, ils sont brusquement assaillis par des coups de feu nourris, provenant d'un assez fort parti allemand, venu en camion de la direction du nord.
Le colonel Viel, commandant l'AD, est blessé , ainsi qu'un de ses officiers si grièvement atteint qu'il meurt quelques heures après. Une petite opération montée avec les unités les plus voisines, permet de dégager le village et de reprendre le mouvement.
Peu après, le général apprenait que les ponts de Courtenot étaient libres, le 151ème et le 80ème s'étaient déjà engagés dans cette direction. Le détachement de Laubressel III/80ème RI, II/61ème RAD et le 261ème RAD qui avait suivi la route de Clerey, dont le pont était occupé par les Allemands, était rattrapé à temps et, par Renault, prenait lui aussi la direction de Courtenot.
Malgré un nouvel accrochage dans la région de Lusigny qui hélas augmentait encore les pertes, le général avait bon espoir de faire passer la Seine à toutes ses unités.
Il se portait personnellement à Courtenot où le 151ème RI et l'artillerie commençaient à passer. Il trouvait sur la rive gauche un élément de cavalerie du groupement Abrial qui lui donnait des nouvelles très réconfortantes. La Seine, en amont de Saint-Parres-les-Vaudes, serait tenue jusqu'à la nuit. A Bar-sur-Seine, il y avait déjà un bataillon d'une DI, la 340ème, qui montait en renfort. A sa gauche, au nord-est de la forêt de Chaource, se raccordant au groupement Abrial, une brigade cuirassée polonaise était prête à rejeter l'ennemi à la rivière.
Le général trouvai enfin une ligne tenue à l'abri de laquelle il allait pouvoir regrouper et faire souffler sa division. Mais bien loin d'être sortis de la nasse, ils n'étaient qu'à quelques heures de la fin
Il y avait à Courtenot trois ponts : un sur le bras est ou pont de Courtenot proprement dit, et deux sur le bras ouest ou ponts de Virey.
tandis que la division passe lentement mais en bon ordre, le général dicte de Vircy l'ordre de stationnement dans la zone Les Bordes-Lantages, Villemorin et Jully-sur-Sarce. Après avoir assisté au passage d'une partie de ses unités, laissant des officiers d'état-major pour aiguiller les colonnes, il se portait personnellement; en P.C. provisoire à la lisière nord du bois de Jully et il envoyait son chef d'état-major à Bar-sur-Seine prendre contact avec l'autorité qui devait s'y trouver et tâcher d'avoir quelques renseignements, car il en était totalement dépourvu.
Le Colonel Noetinger ne tarde pas à revenir. Bar-sur-Seine est vide : aucun état-major, aucune troupe. Le siège du commandement qui s'y trouvait est abandonné. Sur les tables restent quelques cartes qui remplaceront heureusement les cartes départementales, collées au dos des calendriers des postes, qui sont les seules dont ils se servent depuis plusieurs jours. A Bar-sur-Seine, en dehors d'un poste de secours, abandonné lui aussi avec une vingtaine de blessés, il n'y a que des isolés épars et des sapeurs de l'on ne sait quelle formation, qui ont fait sauter les ponts de Bar-sur-Seine et de Bourguignon qui n'étaient cependant pas menacés, et alors qu'il se trouvait encore sur la rive droite de nombreux convois et des troupes.
Le général apprenait, d'autre part, que la division, division hâtivement formée et à faibles effectifs, qui devait tenir la Seine, avait reçu l'ordre de faire demi-tour. de Jully il aperceva des éclatements dans la direction de la forêt d'Aumont.
Il commença à avoir l'impression d'un mouvement ennemi sur sa gauche, mais la présence de la brigade polonaise le rassurait.
Vers 16h00, de plus en plus inquiet, il se porte à Praslin quand il voit déboucher, venant de Lantages, une colonne de chars 35 et d'engins motorisés antichars tout battant neufs. hommes et matériel sont superbes. C'est la brigade polonaise qui file à toute allure vers le sud. Il essaie en vain de l'arrêter, et ne peut, dans son impuissance, qu'exprimer en termes véhéments à l'officier français de liaison auprès de cette brigade, sa pénible surprise. peu après il aperçoit, à quelques kilomètres sur la route Chaource - Tonnerre, le défilé ininterrompu des blindés allemands.
Cette fois, il le sens, le sort de la division est réglé. Complètement découvert à gauche il se porte vers Balnot-la-grange, précédé par ce qui reste de son groupe de reconnaissance, mais, en arrivant à la ferme Malassise à 2 kilomètres de Balnot, il apprends que les allemands attaquent le village, où se défend l'escadron du Capitaine de La Ville-Baugé, du G.R. et que les Allemands ne prendront que vers la fin de l'après-midi.
Il remonte alors vers Arrelles. L'artillerie a gagné sans encombre Villers-sous-Praslin et Arrelles. Le 6ème RAD est réduit à deux groupes, le 1er groupe ayant été décimé dans le combat des marais de Saint-Gond; le 261ème RAD a eu de son côté des batteries de 155 C mises hors de combat par un détachement blindé qui l'a surpris sur la route aux environs de Lusigny. Quant à l(infanterie, elle doit être arrivée dans la zone qu'il lui assigna, exposée maintenant aux coups de l'ennemi.
Il est urgent, malgré l'extrême fatigue de tous, de faire l'impossible pour échapper à la nouvelle menace. une seule route est encore libre, celle de Riceys à Laigne.
il faut s'y engager au plus vite.
Le général dicte alors d'Arrelles son dernier ordre :
1° En raison de la pression exercée par l'ennemi, le mouvement reprendra sans delai sur la direction Les Riceys, Laigne, Balnot-Coulomiers.
2° Le mouvement s'effectuera dans l'ordre où les troupes sont actuellement au stationnement, les unités de la région Villers - Lantages gagneront les Riceys, apr Arrelles, Aviray, Les Riceys.
eviter tout mouvement à l'ouest de la ligne Lantages, Arrelles, Aviray, les Riceys.
P.C.D.I. avec G.R. de la D.I. sur l'axe les Riceys - Laignes.
Le général se porte actuellement aux Riceys (sortie sud), vers le Moulin de Magny.
3° S'alléger au maximum. Rendre inutilisable le matériel qui ne pourra être transporté.

Et tandis que les officiers de liaison emportent cet ordre, le général gagne Les Riceys.
Vers 19h00, il voyait passer à toute vitesse les cavaliers motorisés du groupement Abrial, qu'il avait rencontrés le matin à Courtenot, et qui devaient rester sur la Seine jusqu'à minuit.
Passent ensuite le 1er groupe du 61ème RAC, le Commandant Rosemont, le Commandant Bourget, quelques officier, quelques hommes en armes, le 94ème RI, quelque canons du 261ème, le tout pressé, débordé par un flot de réfugiés.
Les officiers de liaison auprès du 151ème RI et du 80ème ne sont pas rentrès. Autour de lui, quelques officiers d'état-major, son commandant d'infanterie divisionnaire, le Colonel Bouchacourt, le Colonel Viel, commandant l'artillerie divisionnaire, blessé le matin à lusigny et qui a refusé de se faire évacuer. Il faudra le faire mettre de presque de force le lendemain matin dans une voiture avec un médecin, pour qu'il tâche de gagner Dijon et un hôpital où il pourra recevoir les soins dont il a un urgent besoin.
A 23h00, une partie de l'artillerie, quelques rares petits groupes de fantassins avaient pu s'engager sur la route de Laigne.
Mais en raison de l'encombrement dù à la présence des réfugiés et des isolés qui, sans armes, refluent vers l'arrière, la progression est très lente. On signale d'autre part qu'à Molestnes, entre Les Riceys et Laigne, quelques Allemands avaient réussi à s'infiltrer et barraient la route. trois chars rencontrés par hasard par le commandant de l'infanterie divisionnaire appuyés par un canon de 47 rétablissent sans beaucoup de peine le passage, mais chacun se sent entouré, pressé de toutes parts. on a presque l'impression que l'ennemi s'amuse.
Vers minuit, il ne passait plus aux Riceys que de rares isolés appartenant aux unités les plus hétéroclites, et toujours le flot de réfugiés. le général n'avait plus aucune action sur sa division. Il rassemblait alors les derniers éléments de son G.R. et, avec son petit groupe de commandement, il prenait à son tour la route de Laigne.
Comme il n'avait que trop de raison de le supposer, à peine arrivés dans leur zone de stationnement les différentes unités de la division étaient aux prises avec l'ennemi. Les 151ème RI est attaqué le premier, vers 17h00, aux Bordes et à Vougray. Les éléments qui sont aux Bordes réussissent en partie à gagner Lantages, où ils se joignent au 80ème RI. A Vougray, des petits îlots de résistance s'organisent dans les maisons. une automitrailleuse ennemie est mise hors de combat par un des derniers canons de 25, mais la lutte est par trop inégale. Au cours de l'action le commandant du 151ème RI, le Colonel Daval, est tué presque à bout portant.
Pendant la nuit, un certain nombre de groupes parviennent à se dégager. Ils gagnent d'abord Arrelles où sont les éléments appartenant à différents corps, et qui sont proprement incommandables. harcelés par les Allemands qui bombardent et mitraillent les villages, ils arrivent à Pargues et continuent leur route vers le sud; mais, entourés dès le jour, ils sont faits prisonniers les uns après les autres.
Le 80ème RI est arrivé à Lantages entre 19 et 20h00. Déjà s'y trouvent quelques unités du 94ème et du 151ème RI. En fin de journée, le village est attaqué par des automitrailleuses ennemies. La défense s'organise rapidement, un canon de 25 est mis en place. L'échange de coups de feu dure jusqu'à la nuit, puis les automitrailleuses disparaissent.
Le colonel commandant le 80ème RI, qui n'a pu être touché par l'ordre du général, mais orienté sur la situation par le Capitaine Sauvé, de l'état-major de la DI qui, rentrant de reconnaissance, l'avait rencontré à Lantages, décide de reprendre sans arrêt le mouvement vers le sud. Le colonel et le premier groupe partent vers 1h15. La petite troupe se heurte à l'ennemi à Pargues. Après une courte lutte, elle est faîte prisonnière. Il en est de même des autres groupes. Quelques-uns se défendent vaillemment. C'est ainsi que le C.I.D. 42, soit quelques officiers, 30 hommes ou gradés disposant de six mitrailleuses et de neuf fusil-mitrailleurs, attaque l'ennemi à Balnot-la-Grange vers 20h00, prend le village, délivre des prisonniers français et attaque de nouveau l'ennemi qui s'est retranché à 300 mètres du village.
Il ne se replie qu'aprés trois heures d'un violent combat, ayant épuisé toutes ses munitions et infligé des pertes sévères à l'ennemi. Lui aussi succombe aux premières lueurs de l'aube complètement entouré.
Aux Riceys, un autre groupe à la t^te duquel se trouve le Capitaine Larcan, de l'état-major de la DI, essaie de se frayer un chemin par la force. Le Capitaine Larcan tombe, fappé à mort, en même temps que le Capitaine Pierret, chef du service topographique de la Division.
Sur la route des Riceys à Laigne, la longue et lente colonne n'a plus aucune capacité défensive. Tous ceux qui en font partie, en particulie l'artillerie de la Division, sont entourés et pris dans la matinée du 17 juin.

Le Général et les restes de sa division furent fait prisonniers le 27 juin dans la région d'Autun. Il est vrai que le général, plutôt que de tenter de gagner la ligne de démarcation, crut bon de s'en remettre à l'honneur des Allemands et il contacta à cette fin la Kommandantur. La décision ne tarda pas à tomber : prisonnier de guerre !!!


Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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