Duc de Raguse a écrit : Sujet du message : Re: La controverse Fischer
Message Publié : 25 Avr 2020 10:52
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Il est incontestable aussi que le régime de Weimar n'a pas su résister à la crise de 1929 - alors que les régimes libéraux en France, GB, États Unis, etc... Ont tenu.
Oui, Aigle, mais en observant toutes les jeunes démocraties européennes (à l'exception peut-être de la Tchécoslovaquie), la plupart se raidissent au début des années 1930, pour, parfois, sombrer dans l'autoritarisme franc.
C'est ce qui se passe également en Allemagne : devant un Reichstag ingouvernable, incapable de produire de majorité, les Chanceliers (Brüning, Papen, Schleicher) vont s'appuyer sur le pouvoir du président et gouverner, comme la constitution de Weimar l'autorise, par décret-loi. On sort déjà de l'esprit démocratique de l'élaboration de la Loi.
Sans les intrigues délirantes de Papen et Cie - pour retrouver le pouvoir qu'il n'aura jamais vraiment - qui nous dit qu'Hitler aurait été forcément appelé au pouvoir en 1933 ?
Encore une péripétie qui contrarie la vision déterministe, comme étant systématique.
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le fait que la grande bourgeoisie industrielle de la Ruhr par exemple (Krupp, Thyssen) n'était pas libérale mais partageait les valeurs autoritaires de la noblesse
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Oui et le plus souvent, initialement, hostiles aux nazis et à leurs révolutionnaires SA.
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N'oublions pas aussi la personnalité étrange du Führer : un homme rusé qui n'hésitait pas à séduire et à mentir pour appâter ses concurrents et les domestiquer
Effectivement et c'est ce qui fait sans doute peser la balance vers l'"accident", à mon sens.
Sans, bien entendu, nier le terreau intellectuel et culturel favorable au nazisme en Allemagne. Mais sans la crise de 1929 et ses conséquences sociales, sans les velléités d'agiter la baguette des sorciers de la droite conservatrice allemande pour "domestiquer" Hitler, et, surtout, sans le sens politique de ce dernier de n'accepter d'entrer dans une coalition qu'à la condition d'avoir le poste de chancelier, rien ne se serait peut-être fait. C'est une succession de faits liés à une conjoncture précise qui permet l'arrivée au pouvoir d'Hitler. Une fois qu'il y est, bien entendu, tout est fichu.
N'oublions pas qu'aux élections de novembre 1932 le NSDAP avait reculé pour la 1ère fois et que les caisses du parti étaient pratiquement vides. Par ailleurs, la situation économique et sociale allemande commençait à s'améliorer.
Pour Hitler, c'était maintenant ou jamais. Il a su profiter à la perfection de l'exploitation politique de ces péripéties et s'attirer les principaux bénéfices pour accéder au pouvoir, puis y rester définitivement.