Un coup de stylet dans le dos ?

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Message par BRH » Dimanche 22 Avril 2007 10:08:36

Loïc Bonal a écrit :
Ce n'est pas du tout hors-sujet. Ca veut juste dire que la défense du réduit breton était impossible avec les moyens disponibles à l'époque, reconnus officiellement par les Etats-Majors français et britannique.

Ca répond donc à la question: "coup de stylet ou pas ?"

Non, car considérations militaires primant sur considérations politiques = décision rationnelle effectuée afin de conserver des moyens de protection accrus en Grande-Bretagne, là où ils peuvent être utiles, plutôt qu'en Bretagne, où ils seront gaspillés car détruits.


Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Message par BRH » Dimanche 22 Avril 2007 10:33:57

A ce "non possumus", je réplique en reposant la question et en insistant: "le front continu en Bretagne, question politique ou militaire ?"

Sur le plan militaire, il est acquis que le réduit breton n'est pas une bonne solution à moyen terme, encore que -au moyen de certaines divisions récupérées de la Xème armée- on parvienne quasiment aux 15 divisions préconisées pour défendre la Bretagne.

En signalant aussi, qu'à la date du 15 juin, la 52ème Division britannique et la Division "Evans" (Normann Force) auraient pu être orientées vers la Bretagne, plutôt que de filer "à l'Anglaise" vers Cherbourg.

Mais il découle évidemment de la décision de Brooke le 15 juin, de remballer toute la marchandise et de laisser les Français se débrouiller comme ils peuvent...

Quelle logique, quelle rationnalité par rapport à la nécessité de maintenir la France en guerre ?

En agissant ainsi, les Anglais ne pouvaient pas être surpris par le résultat: une reddition rapide et sans gloire de la France, ce qui était à l'opposé de leur intérêt bien compris.
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Message par BRH » Dimanche 22 Avril 2007 10:39:12

A partir de là, la discusion se tend un peu et le ton monte... Mais Loïc Bonal étant un interlocuteur de qualité et bien informé, je poursuis la transcription de nos échanges...

Loïc Bonal a écrit :Le Front continue en Bretagne: question politique ou militaire ?

je ne veux pas l'entendre parce que vous vous placez sous un angle franco-français alors que la discussion a été lancée sur le sujet de l'attitude anglaise.

Vous posez la question de savoir s'il s'agit d'un coup de stylet dans le dos par nos amis d'Outre-Manche. Je réponds que non, à terme, la défense de la Bretagne est impossible (je ne sais même pas pourquoi on en discute, fin juin 1940 vos quinze pauvres divisions en auraient eu dix fois plus en face si l'envie en prenait au commandement allemand !) et que donc, la logique britannique du retrait est imparable, mieux valant deux bonnes divisions à Douvres que dans les camps de prisonniers allemands.

Vous me taxez de hors-sujet. Je m'en défends : non, ce n'est pas un coup de stylet, uniquement une approche rationnelle du problème, qui veut que la campagne de France s'achève sur une victoire opérationnelle majeure de l'Allemagne, qu'il est illusoire de se maintenir sur le continent dans ces conditions, et que maintenant ça va être le tour des îles britanniques de trinquer, et qu'on serait sacrément stupide si on diminuait volontairement des ressources humaines et matérielles déjà nettement insuffisantes (du genre je me coupe le bras droit juste avant de me battre, quoi).

Faire échouer l'avance de la 5. Panzer Division ? Soit, admettons, mettons de côté un instant les facteurs psychologiques et notre incapacité chronique durant la campagne à défendre efficacement nos lignes de front face à des Allemands nettement plus audacieux et manoeuvriers dont la principale qualité réside dans les manoeuvres latérales ouvrant sur une exploitation dans la profondeur. Et puis après ? Dix jours après, c'est neuf autres divisions blindées qui arrivent avec tellement d\'appuis qu'elles peuvent allègrement en gâcher si ça leur chante --> fin de la blague, intérêt militaire nul, intérêt politique plus que limité.

Où est la discussion, dans ce contexte ?

Contrairement à ce que vous m'imputez à chaque discussion, il ne s'agit pas de dire "les Allemands trop forts, nous incapables", mais uniquement de montrer que dans un tel contexte, mettre en place un "réduit" breton n'a non seulement qu'un intérêt politique limité (mieux vaut l'A.F.N., nettement plus à même de résister et de fournir une base opérationnelle valable pour une poursuite de la guerre à outrance), mais aussi qu'un intérêt militaire nul (car il représente un investissement en effectifs et en moyens qui serait gâché sans autre utilité que de tenir un bout de métropole une semaine de plus). Quant à établir une ligne de défense dans les marches bretonnes, ce n'est pas crédible pour une raison bien simple : nous n'avons pas tenu sur une ligne de défense organisée depuis plusieurs semaines avec notre pleine puissance ; nous n'avons pas tenu sur une ligne de cours d'eau majeurs que nous avons organisé pendant une dizaine de jours avec des effectifs moindres mais conséquents ; pourquoi oserais-je croire que nous aurions pu tenir avec des effectifs réduits, notoirement insuffisants, sur une ligne non seulement à peine ébauchée mais encore nettement moins intéressante que celle de la Somme et de l'Aisne ?

Repousser un rush de la 5. Panzer Division : admettons si ça vous plaisir. And so what ?
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Message par BRH » Dimanche 22 Avril 2007 14:42:41

Cette réponse de Loïc n'a pas été commentée de ma part, parce que cela conduisait à une polémique peu constructive. Néanmoins, il convient de citer la réponse d'Eric Denis qui fait droit à quelques-unes de mes observations:

Une décision politique sans appel pour l'Armée Française

L'affaire du réduit breton n'a effectivement aucun intérêt militaire à long terme. Néanmoins, la résistance française n'est plus possible dès le 17 juin, car la déclaration comme ville ouverte, de toutes les communes de plus de 20000 habitants empêche les troupes françaises de continuer une défense cohérente. Lyon et ses ponts intacts par exemple, permet à la Wehrmacht de s'engouffrer dans la vallée du Rhône et de prendre à revers l'Armée des Alpes.


Note BRH: observation historiquement exacte mais qui se situe par rapport à l'esprit d'abandon du gouvernement Pétain. Le réduit breton ne se conçoit que dans la cadre d'une politique de résistance à outrance menée par un gouvernement Reynaud/Mandel, décidé à poursuivre la lutte

Cette mesure, est précédée à cette même date par le discourt de Pétain annonçant qu'il faut cesser le combat. Le doute s'empare alors de nombreux soldats français qui se demandent s'il faut continuer à tirer sur les Allemands. Rommel lui même en témoignera dans ses mémoires, constatant que les Français, à partir de cette déclaration, se rendent parfois par régiment entier. Le désarroi est également parfaitement relaté par l'histoire des cadets de Saumur, portant gonflés à bloc, mais lourdement peinés par la déclaration de Pétain. Leur résistance à un contre dix (panzer ou pas ;-)) montre bien les moyens nécessaires aux attaquants pour combattre des hommes décidés et motivés. Cet état d'esprit défaitiste, qui se généralise dans l'Armée, est une aubaine pour les Allemands, qui en profitent pour capturer bon nombre d'unités encore en état de combattre.

Note BRH: Evidemment, le discours du 17 juin annihile les dernières volontés de poursuivre le combat (sauf en ce qui concerne l'armée des Alpes, comme on le sait, qui symbolise ce qu'il était encore possible de faire...

Si le réduit breton n'a aucune chance à terme, n'oublions pas que la Wehrmacht est éparpillée aux quatre coins de la France, et qu'elle est incapable à cette époque d'y regrouper rapidement des forces importantes. Si de plus les divisions françaises n'avaient pas reçu ce choc démoralisateur, les disponibilités allemandes s'en seraient ressenties. La Wehrmacht n'est d'ailleurs pas si fringante que cela à cette époque, elle commence sérieusement à accuser le coup de la campagne, et les pertes importantes qu'elle subit depuis la Somme ne sont pas comblées. Les matériels sont souvent à bout de souffle et la troupe est fatiguée.

Note BRH: remarques complètement partagées. Et dans ce cas, ceci nous amène à début juillet, ce qui contraint la Heer à monter une opération de grande envergure pour venir à bout du réduit breton, probablement par emprunt des unités stationnant dans l'Est de la France... Dans ce contexte, peut-être aurait-il été possible aux britanniques de débarquer une division supplémentaire.

Si le gouvernement français avait décidé la résistance à outrance, par une défense en hérisson, et le harcèlement des colonnes allemandes, il aurait fallut à la Wehrmacht une présence forte partout sur le territoire national, nuisant à une concentration éventuelle en Bretagne. Néanmoins, cette attitude défensive aurait été bien sur au détriment des infrastructures françaises, et certainement très dure pour la population.

Note BRH: opinion partagée.

Pour en revenir à la défense des iles britanniques, l'Allemagne n'a pas la flotte nécessaire pour envisager une attaque d'envergure, surtout depuis l'affaire norvégienne, qui lui à couté très cher en moyens maritimes. De plus, je ne doute pas de l'attitude américaine, si le territoire britannique était envahi. C'est justement ce que veut éviter Hitler, très conscient des moyens à long terme que les USA peuvent mettre en place.

Note BRH: Et surtout, elle ne peut redéployer son armée pour une invasion problématique sans avoir occupé toute la France ! Enfin, il lui faut envisager une victoire aérienne contre la RAF avant toute tentative sérieuse d'un franchissement de vive force de la Manche. Je suis plus que sceptique sur l'éventuel engagement américain...

Or Hitler ne veut pas laisser son armée en France très longtemps. Son but principal étant l'URSS, il ne peut se résoudre à une occupation lourde du pays. Quelle auraient été alors les conditions d'armistice entre les deux nations ?

Note BRH: Certainement plus souples, si toutefois un gouvernement de "collaboration" avait pris finalement le dessus...


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Message par Francois Delpla » Mardi 24 Avril 2007 16:10:21

Bonjour !


Grâce aux papiers, dont j'ai initié l'usage, des généraux Doumenc et Voruz, j'ai éclairci cette affaire (enfin, celle dont parle initialement Bruno) dans mon ouvrage Churchill et les Français (1993), celui-là même dont les héritiers Reynaud ont demandé et obtenu la destruction en vertu d'une erreur marginale alors qu'ils en visaient la thèse centrale (celle d'un Reynaud moyen, et nullement héroïque). Sur ce dossier, cf. http://www.delpla.org/article.php3?id_article=117, notamment le passage "résumé d'un procès qui n'a pas eu lieu".

L'Anglais qui torpille le réduit breton ne se nomme pas Churchill, mais Brooke : il ne vient en France, le 12 juin, que pour rechercher ses ouailles, inonde Churchill de messages sur le défaitisme de tous les Français qu'il rencontre et finit par le convaincre lors d'un long coup de fil, le 14 au soir, de l'autoriser à rembarquer la 52ème division. Puis l'ordre est nuancé, Churchill précise qu'il ne s'agit pas encore d'embarquement mais de stationnement près des ports à toutes fins utiles, la situation évoluant au gré des relations interalliées et notamment des espoirs placés ou non en Roosevelt. Finalement Brooke rembarque le plus de monde possible le plus vite possible, jusqu'à ce qu'il reçoive la permission de s'embarquer lui-même, le 17... après le fameux discours de Pétain appelant à cesser le combat.
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Message par BRH » Mardi 24 Avril 2007 17:52:47

Bienvenu ici, François !

La question qui se pose, c'est de savoir si Brooke agit de son propre chef ou s'il est "piloté" par quelqu'un d'autre: Halifax éventuellement...

Brooke n'est qu'un général de corps d'armée, il a du monde au-dessus de lui. Il paraît donc invraisemblable qu'on le laisse agir de sa propre autorité...
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Message par Paul Ryckier » Mardi 24 Avril 2007 23:00:31

François,

je suis bien honoré que vous prenez le temps d'interférer dans notre discussion. Où vous trouvez le temps pour faire tout ça? Le même pour Bruno. Je n'ai que les message-boards du BBC et Histoforums et maintenant ce forum ici et tous mon temps libre est déja pris pour faire des récherches :( . Enfin je perds beaucoup de temps parce que l'Anglais et le Français n'est pas ma langue maternelle. Même plus des difficultés pour écrire en Allemand. Mais je recherche tout au fond:-). Même si ça prend du temps. Par exemple maintenant lu dimanche un livre de René Mathot : Au ravin du loup. Hitler en Belgique et en France.
http://www.racine.be/content/racine/wbn ... fondsid=22 C'était un excellent livre mais après des recherches j'ai trouvé que Jean-Marie Loret n'est pas le fils de Hitler et d'une Française. Je n'est qu'un détail dans le récit, mais quand même... :) . Mais je dévie...

Quand je lie votre texte, François, c'est confirmé d'après moi par le texte du Major LF.Ellis que j'ai traduit en bas pour Bruno.

J'ai retrouvé maintenant mes réponses dans le débat de Bruno sur Histoforum autour du 22/06/2006 :"Réduit breton: option politique ou militaire?" Même l'Administrateur semble avoir les textes du Histoforum sur ce débat? Bruno, est-ce que c'est possible de voir encore ce débat sur Histoforum sur une site cachée ou quoi? :-). Ou est-ce que vous avez "sauvé" tous les textes de ce débat dans votre dossier personel? Moi, je ne garde que mes réponses et les questions.

François, dans une des réponses j'ai dit que j'avais reçu de vous un lien pour avoir accès sur les documents du "Commission d'enquête parlementaire sur les événements entre 1933 et 1945". Mais parce que je n'avais pas "sauvé" mes premiers messages sur Histoforums (parce que je pensait qu'ils restent en archive) tout est parti. Est-ce que c'est possible d'avoir de nouveau un lien?

Et si je peux demander encore une chose, pendant que vous êtes ici :) ?
À Histoforums j'ai donné un URL que je trouvais très interessant sur l'énigme des avions français le 10 Mai 1940 dans le débat: "Mai 40 État des divisions Françaises"
http://www.airpower.maxwell.af.mil/airc ... kland.html
Quand je teste le URL ça donne rien, même que c'est le bon URL. J'ai déja l'habitude de controler chaque point et comma....
En tout cas j'ai fais sur l'Histoforum un résumé du texte anglais à Gerard et j'ai aussi une copie du URL original si vous avez besoin de détails.
Et la discussions est encore là sur Histoforum.
J'avait pensé de reçevoir des commentaires de quelqu'un (comme Bruno?), parce que pour moi c'est une révélation après tant de recherches autour de cet énigme.


Cordialement,

Paul.
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Message par Paul Ryckier » Mardi 24 Avril 2007 23:24:17

Bruno,

"piloté par Halifax". J'ai fait récemment des recherches autour de Halifax et lu beaucoup les derniers jours sur l'Interbellum (enfin deux livres :) ), comme la voie au pacte allemand-sovietique. Mais en même temps ils donnent des renseignements autour d'Halifax. Jusque maintenant j'ai cru que c'est un pro-Allemand, mais on doit nuancer quand même. Non je pense d'après tous que j'ai lu que Brooke est le seul responsable. Je pense que cet attitude de Brooke n'est pas mentionè dans "La chute de la IIIième République" de Shirer. Mais j'essaie de lire le contexte de nouveau dans ce livre.

Mais j'éspère que François voulait donner son point de vue plus expérimenté?

Cordialement,

Paul.
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Message par Francois Delpla » Mercredi 25 Avril 2007 14:26:20

Je viens de commettre ici un petit texte sur les rapports entre Churchill, Halifax et le marais qui les sépare, à propos de la période de Dunkerque, et rien n'a substantiellement changé pendant celle du réduit : http://www.delpla.org/forum/viewtopic.p ... &start=270

Ce n'est pas une lutte de clans et de conspirateurs, c'est beaucoup plus subtil car chacun a besoin d'entraîner tout le pays et, donc, fait assez vite part de ses manigances ou au moins de leur résultat.
Brooke n'est justement pas Gort, que Churchill a réussi à chasser sous un prétexte cousu de fil blanc. C'est, dirai-je histoire de rigoler un brin, un Loïc : quelqu'un qui juge incongru de raisonner à la guerre en termes autres que militaires.

Cependant, si les structures des groupes de pression londoniens n'ont pas changé, la situation, elle, diffère sur deux points fondamentaux : la France ne cache plus sa soif d'armistice, et la BEF est en Angleterre. Churchill le réaliste, du coup, insiste moins pour que la France reste en guerre et développe une politique alternative : doper la fierté britannique en traitant les Français de dégonflés. Et il s'arrange, en le disant, pour que la Grande-Bretagne conserve des moyens de combattre. Il ne s'oppose donc pas bille en tête à Brooke comme il a pu, le 19 mai et les jours suivants, refuser mordicus à Gort un rembarquement en lui maintenant la tête sous l'eau du "plan Weygand". Il mène deux politiques à la fois et avec les mêmes pions : garder l'alliance française et préparer la défense solitaire. Voilà qui passe très au-dessus de la tête de Brooke, sans qu'il soit besoin de lui supposer des commanditaires londoniens clandestins.
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Message par BRH » Samedi 30 Juin 2007 17:58:11

De louis Capdebosc

http://www.atf40.fr/ATF40/ :

Voici quelques infos sur cette unité mal connue (cf. "les BCC perdus").

Le 52e BCC a été formé le 17 mai 1940 sur R-35, le personnel étant prélevé sur les BIC 105, 107, 109 des dépôts 505, 507 et 509. Son dépôt est le 507.

La création officielle de l'unité a lieu le 19.

Le 21 mai, un ordre l'affecte à la région de Paris mais il restera à Vannes (cf. plus bas).

Cette unité n'a pas de JMO et, comme l'a fait remarquer Alain, n'était pas comprise dans la liste des unités combattantes. On en sait un peu plus grâce à la lettre de son ancien commandant au Ministère des Anciens Combattants, afin de faire obtenir une carte d'ancien combattant à l'un de ses anciens subordonnés.

D'après lui, le bataillon est resté au camp de Meucon sous les ordres de la subdivision de Vannes et, comme seule unité de combat à disposition, appelé à participer à la défense du camp.

Il met sur pied 58 chars en état de combattre avec ce qu'il trouve sur place, et se met en état de défendre le camp. Cependant il se rend (sur ordres) aux Allemands quand ils arrivent à Vannes le 21 juin et part en formation linguistique outre-Rhin pour cinq ans.

Bien que n'ayant pas vraiment combattu, ce fut donc brièvement une unité combattante.
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Message par alain adam » Mardi 03 Juillet 2007 21:47:46

BRH a écrit :De louis Capdebosc

http://www.atf40.fr/ATF40/ :

Voici quelques infos sur cette unité mal connue (cf. "les BCC perdus").

Le 52e BCC a été formé le 17 mai 1940 sur R-35, le personnel étant prélevé sur les BIC 105, 107, 109 des dépôts 505, 507 et 509. Son dépôt est le 507.

La création officielle de l'unité a lieu le 19.

Le 21 mai, un ordre l'affecte à la région de Paris mais il restera à Vannes (cf. plus bas).

Cette unité n'a pas de JMO et, comme l'a fait remarquer Alain, n'était pas comprise dans la liste des unités combattantes. On en sait un peu plus grâce à la lettre de son ancien commandant au Ministère des Anciens Combattants, afin de faire obtenir une carte d'ancien combattant à l'un de ses anciens subordonnés.

D'après lui, le bataillon est resté au camp de Meucon sous les ordres de la subdivision de Vannes et, comme seule unité de combat à disposition, appelé à participer à la défense du camp.

Il met sur pied 58 chars en état de combattre avec ce qu'il trouve sur place, et se met en état de défendre le camp. Cependant il se rend (sur ordres) aux Allemands quand ils arrivent à Vannes le 21 juin et part en formation linguistique outre-Rhin pour cinq ans.

Bien que n'ayant pas vraiment combattu, ce fut donc brièvement une unité combattante.


On se calme , on se calme , cette unité est de formation tardive , n'aurait du jamais exister , car sa formation fut annulée en 1939 . Il ne faut pas y voir la une ressource veritable , mais une aggregation de ressources sur un camps , formant bataillon heteroclite , avec effectifs anciens et refusés pour des missions plus "nobles" dans la periode precedente .
Le 52e BCC a existé , et nous le determinons aujourd'hui , mais n'y voyez pas une unité solide et prete a affronter les risques du combat . Qui plus est ils ont été equippés de chars de depot ou d'ecole , bien incapables de mener campagne .
BRH on vous a devoilé le 52e BCC , mais il reste encore le 53e ...
Héhé .

Alain
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Re: Un coup de stylet dans le dos ?

Message par BRH » Mercredi 20 Mars 2013 11:15:51

Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Re: Un coup de stylet dans le dos ?

Message par BRH » Mercredi 20 Mars 2013 12:53:57

"Au petit matin, par la rue de Fougères
Les Rennais qui auront lu L'Ouest-Eclair ce matin du 18 juin, une feuille recto-verso, n'auront trouvé sur l'épouvantable bombardement de la veille rien d'autre qu'un entrefilet en première page :

"Quelque part dans l'Ouest, hier matin lundi, des bombardiers allemands ont survolé une des grandes villes de la région de l'Ouest. On compte des victimes pour la plupart civiles, quelques morts et de nombreux blessés".

Le quotidien subit, pour la dernière fois, la censure française qui occulte le nom de Rennes et la quantité effroyable de morts. Les avis de décès à Rennes sous la rubrique "état civil" sont huit dont ceux de trois "soldats aux armées". A la "chronique des réfugiés" on lit :" nous avons des nouvelles de": suivent 33 noms. Et l'on apprend que le personnel des établisements Malvy Dame, de Valenciennes, est prié de rejoindre d'urgence les établissements Fouga, à Béziers (Hérault) et que M. Toulemonde, agriculteur dans l'Oise, recherche son tracteur et son conducteur... Tous les examens secondaires et supérieurs sont suspendus.Un étrange article concernant le ravitaillement fait allusion à "ce qui s'est passé hier à Rennes" et renvoie aux mesures prises dans d'autres villes obligeant à maintenir ouverts les magasins de produits alimentaires,les hôtels et restaurants, les garages et stations-service. Un vieil homme s'est pendu avenue du cimetière de l'est ...

Au petit matin du mardi 18 juin, des chars arrivent par la rue de Fougères, écoutilles ouvertes, chef de char debout dans la tourelle, encadrés de fantassins, fusils braqués, et suivis de motocyclistes ; ils descendent les rues du centre et passent la Vilaine au pont de Nemours. Vers 10 heures, une colonne allemande arrive par la route de Paris et se scinde au carrefour avec le boulevard de Metz, un tronçon prenant la rue de Paris et passant devant la préfecture pendant des heures, avec des bus parisiens bondés de prisonniers, l’autre descendant le boulevard de Strasbourg et empruntant les quais. Alors qu’un dernier train à vapeur des T.I.V. ( * 2 ) achève l’évacuation des 4000 ou 5000 réfugiés affolés qui restaient encore en ville, le docteur Patay voit arriver, un peu après 10 heures, des motocyclistes allemands à l’Hôtel Moderne, quai Lamennais, et passer quai Duguay-Trouin des chars, capots ouverts dont les chefs saluent des officiers français « errant sur le trottoir et quelque peu médusés ».

Il y a, semble-t-il, peu d'observations comme celle de Marc Bloch :

"Quand j’aperçus, dans Rennes, la colonne allemande, qui, composée, pour une très large part, de motocyclistes, défilait paisiblement sur le boulevard Sévigné, je sentis se réveiller en moi de vieux réflexes de fantassin : bien inutilement, car nous n’avions sous la main que nos secrétaires ou les hommes du Parc d’Essence, les uns comme les autres, dès le début de la campagne, absurdement démunis d’armes. Il eût été pourtant bien tentant de l’attendre, la maudite colonne, au coin de quelques boqueteaux, dans ce pays breton, si favorable aux embûches ; fût-ce seulement avec le modeste matériel d’une compagnie d’engins. Puis, une fois le premier effet de désarroi obtenu, on aurait vite regagné le « bled » pour recommencer plus loin. Je suis bien sûr que les trois quarts de nos soldats se seraient promptement passionnés au jeu".[1]

vers 16 heures, à la mairie
Vers 13 heures, René Patay répond à l’appel téléphonique du maire François Château qui souhaite l’avoir à ses côtés, en sa qualité de président de l’Union des Combattants, car il attend l’arrivée des Allemands à l’hôtel de ville d’un moment à l’autre. Vers 16 heures, le maire, les adjoints MM. Bourgot et Bourdin, M. Loiseleux, conseiller, et le docteur Patay voient arriver « un capitaine allemand flanqué de deux motocyclistes vêtus de longs manteaux de cuir, mitraillette en travers de la poitrine. » Le capitaine, après s’être présenté en français, va droit vers un petit tableau représentant le monument de la niche de l’hôtel de ville détruit par les autonomistes en 1932, figurant l’union de la Bretagne à la France. Puis, ayant demandé une machine à écrire, il dicte des consignes à un motocycliste transformé en dactylo : livraison d’armes, couvre-feu etc.

L’après-midi, des soldats prisonniers sont requis pour creuser au cimetière de l’Est deux longues tranchées dans la 18e section, au sud du carré militaire 1914-18, dans lesquelles on aligne 269 corps de victimes du bombardement de la veille,transportés avec la seule voiture des pompiers et des brancards, mais ce mode de transport est insuffisant et on enterre d'autres corps dans la prairie du général Lefort, près du balast.[2] Radio-Bretagne, les imprimeries de l’Ouest-Éclair et du Nouvelliste sont occupées en priorité. Dès 17 heures à la caserne du Colombier sont faits prisonniers tous les officiers d’active et de réserves et les soldats qui n’avaient pas fui. Le feldkommandant major Kruger tient une première réunion à la mairie à 18 heures. « À ce moment, on voit du cabinet du maire, d’assez nombreux badauds fraternisant avec des détachements allemands » observe le docteur Patay. Le maire envoie des agents faire circuler ces Rennais. En revanche, Mme Ladam observe des Rennais atterrés aux visages crispés, certains les larmes aux yeux.

dans la soirée, au Thabor, un général et ses officiers désemparés
Vers 20 heures 30, un sous-officier remet un billet du préfet Jouany demandant au docteur Patay de se rendre d’urgence au 61 boulevard de Sévigné. Le docteur y va à vélo pour ne pas risquer de se faire confisquer son auto. Il y trouve, avec Me Bourrut-Lacouture, le général René Altmayer, encore chargé il y a quelques jours de l’aménagement d’un impossible « réduit breton ». Celui-ci ne veut pas se rendre, mais refuse de mettre des vêtements civils et veut partir avec son état-major, ce qui paraît difficile car des colonnes allemandes passent sans arrêt. S’étant posté au coin du boulevard de la Duchesse Anne, guettant en vain une interruption, le docteur Patay voit le général et ses officiers, en uniformes mais képis à la main, couper une colonne allemande pour gagner la rue Saint-Alphonse, mais les chauffeurs ont disparu et les voitures ont été sabotées. Les officiers et le général font les cent pas dans la roseraie duThabor, attendant le docteur Patay parti chercher sa Panhard mais quand il revient, il n’y a plus personne. Malgré les Allemands gardant les ponts, ils avaient pu gagner, dans la voiture de Me Bourrut-Lacouture, le château de la Prévalaye où existait un parc militaire français.

Alors que, la veille à 12 heures 30, bon nombre de Rennais ont pu entendre sur leur poste de T.S.F la voix chevrotante du maréchal Pétain annoncer qu’il faut cesser le combat, ce soir du 18 juin, rares sont ceux qui entendront à la BBC celle d’un général de Gaulle affirmant d’une voix décidée que « quoi qu’il arrive la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ». ( *voir témoignage) Les horloges sont avancées d'une heure pour être à l'heure allemande.

Le seul communiqué (n°577) du 18 juin de l'Etat-Major de l'armée française, transmis par la T.S.F, se borne à indiquer que les détachement de l'ennemi ont atteint Cherbourg et Rennes.

Le lendemain et les jours suivants, le journal ne paraît plus. A part un Bulletin d'information d'Ille-et-Vilaine paru les 28,29 et 30 juin, il faudra attendre le 5 juillet pour retrouver L'Ouest-Eclair désormais soumis à la censure allemande. Dès le 9, le journal annoncera que par ordre de la Kommandantur de Rennes, en raison de manifestations de quelques uns lors de la projection des actualités allemandes, la population civile est interdite de cinéma du 8 au 14 juillet... »

— Stephanus

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Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Re: Un coup de stylet dans le dos ?

Message par boisbouvier » Mercredi 20 Mars 2013 18:12:22

Je n'ai pas connaissance d'une quelconque incitation des Anglais en faveur d'une installation du gouvernement français à Alger.
Pourvu que notre flotte ne tombe pas entre les mains d'Hitler les anglais se désintéressent de notre sort immédiat.
Quant au réduit breton personne n'a cru que si la Meuse et la ligne Maginot n'avaient pu enrayer l'attaque allemande ce serait la Vilaine qui le ferait.
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Re: Un coup de stylet dans le dos ?

Message par BRH » Mercredi 20 Mars 2013 21:43:54

boisbouvier a écrit :Je n'ai pas connaissance d'une quelconque incitation des Anglais en faveur d'une installation du gouvernement français à Alger.


Avant sa démission, Reynaud devait rencontrer Churchill à Concarneau.

Pourvu que notre flotte ne tombe pas entre les mains d'Hitler les anglais se désintéressent de notre sort immédiat.
Quant au réduit breton personne n'a cru que si la Meuse et la ligne Maginot n'avaient pu enrayer l'attaque allemande ce serait la Vilaine qui le ferait.


Mais ça, c'est le 17. Quant au réduit breton, personne n'imaginait non plus que la Bretagne serait conquise par seulement 2 divisions (5ème PzD et 2ème MD) !
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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