Ballade en France au printemps 1940.

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Ballade en France au printemps 1940.

Message par Jean Defranchi » Jeudi 05 Avril 2007 17:05:13

Bonsoir à tous,

Je suis sorti de Rochefort le 14 avril 1940, avec, en poche, un brevet de mécanicien spécialisé Breguet 691. Cet avion était destiné à l'attaque en vol rasant des colonnes ennemies.

Assez curieusement je fus dirigé, avec plusieurs autres camarades, sur la base de Pau. Celle-ci ne possédait aucun Breguet 691. C'était une école de mitrailleurs qui utilisait des Potez 25, avions construits durant les années vingt, et appelés familièrement Popo 25.

Après quelques jours notre affectation fut modifiée et, pour une raison inconnue, nous fûmes envoyés en Normandie, à la base de Caen-Carpiquet. Puis, un matin, sans plus d'explication, on nous embarqua dans un train de marchandises, destination Paris- gare des Batignolles.
Nous qui étions habitués, à Rochefort, à une certaine rigueur, commencions à penser que l'armée, finalement, c'était le b….l.

Mais notre virée touristique à travers la France n'était pas terminée. A la gare des Batignolles notre wagon fut accroché à un train qui fila d'abord à travers la banlieue puis ensuite vers le sud en direction du midi. Cependant, bien avant d'apercevoir le bleu de la Méditerranée, nous fûmes arrêtés dans les faubourgs de Lyon et, dès le lendemain, remis en route vers Paris.

Nos problèmes avaient pour cause, nous l'avons compris par la suite, un défaut de coordination dans la transmission des ordres. Notre unité d'affectation, le GB 2/54, qui, jusque là, était à l'entraînement à Vinon (Var) était remontée vers Paris alors que nous descendions la rejoindre à Vinon.
Nos pérégrinations prirent fin sur le terrain de Nangis, en Seine et Marne. Bref, nous avions enfin rejoint le 2/54 et ses Breguet.

Les premiers contacts avec les anciens du groupe furent plutôt sympathiques. Seuls quelques appelés et réservistes du personnel au sol firent la gueule en voyant arriver "des merdeux de 18 ans" engagés volontaires et "cabots-chefs" (caporaux-chefs) par surcroît.

Sur le plan matériel le groupe disposait d'une douzaine d'avions repartis entre deux escadrilles. Il s'agissait de Breguet 691 et 693. Il y eut, plus tard, des 695. Le 691 était équipé de deux moteurs Hispano-Suiza, 14 cyl. en étoile, de 700 ch chacun. Le 693 avait des moteurs Gnome et Rhône, 14 cyl. en étoile. Le 695 était équipé de moteurs Pratt et Whitney.

L'armement de ces appareils était constitué de deux mitrailleuses et d’un canon de 20 dans le nez. Le canon manquait souvent à l'appel. Il y avait une mitrailleuse en tourelle à l'arrière et une mitrailleuse fixe tirant sous l'avion. Cette dernière était commandée par le mitrailleur à l'aide d'une pédale. La charge de bombes était de six bombes de 50 kg. Celles-ci devant être larguées en vol rasant ne possédaient pas d'empennage. De plus elles étaient pourvues d'une fusée réglée avec un retard de 10 secondes afin de permettre à l'avion de s'éloigner avant l'explosion.
L'équipage était de deux hommes : un pilote et un mitrailleur.

Le Breguet n'avait pas été étudié, à l'origine, pour faire de l'assaut. De ce fait si sa vitesse était, à 4000 m, de 480 km/h, elle n'était que d'environ 350 à 380 km/h au niveau de la mer. L'avion était donc très vulnérable à la DCA de petit calibre et aux attaques des Me.109.

Quelques jours après notre arrivée l'ordre fut donné au groupe de se mettre en route pour gagner un terrain situé dans le Nord de la France. Le 11 mai 1940 il était à pied d'œuvre sur le terrain de Roye, dans le département de la Somme.

Cordialement.
Jean Defranchi
 

Message par Baron Percy » Jeudi 05 Avril 2007 23:36:36

On reconnaît le spécialiste à la précision des détails fournis.
Continuez à nous régaler avec des anecdotes de ce genre.
Leur authenticité en fait toute la valeur. :wink:
"Les erreurs du passé sont les faiblesses de l'avenir"
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Baron Percy
 
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