La découverte principale (pour la publication de laquelle Philippe Burrin m'avait coiffé sur le fil, quelques mois avant) était que Pétain proposait à Hitler, au titre de la collaboration, de reconquérir l'AEF passée à de Gaulle. Cela s'accompagnait d'une forte dose de repentir pour l'entrée en guerre de la France.
Nous en avons parlé cent fois et la traduction de ce passage (la deuxième en date, et la première correcte), donnée en annexe du livre, est en ligne depuis le 12 février 2004 http://www.delpla.org/article.php3?id_article=59 sous une forme abrégée et, intégralement, depuis le 31 mars 2009 http://www.delpla.org/article.php3?id_article=398 .
Et comme tu es un gréviste du clic, je pousserai l'abnégation jusqu'à la reproduire ici :
«Le maréchal répondit qu’il était très satisfait de l’accueil du Führer, malgré l’atmosphère douloureuse qui régnait partout. Il avait été particulièrement frappé de la compréhension que le Führer lui manifestait dans la situation difficile où il se trouvait. Sa position était vraiment tragique. Il avait toujours été contre la guerre avec l’Allemagne. De précédents gouvernements français l’avaient pour cette raison envoyé comme ambassadeur en Espagne. Quand la crise s’annonça en 1939, il avait demandé par deux fois qu’on le rappelle pour qu’il puisse reprendre ses fonctions au conseil supérieur de la Guerre. Car d’après ses informations la France était sur le point de se lancer dans une aventure funeste. Cela fut pour lui un moment très pénible et, quand pour finir il avait appris la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne, il avait réussi à grand-peine à garder ses préoccupations pour lui. Il tenait cette déclaration de guerre pour une grande folie. Lui qui avait toujours été contre cette guerre, voilà qu’il était appelé maintenant à expier les fautes des gouvernements précédents.
M. Laval l’avait informé sur la conversation qu’il avait eue l’avant-veille avec le Führer. Il en avait conclu que le thème principal de l’entretien avait été la collaboration entre les deux pays. Il regrettait qu’une telle collaboration n’ait pas été déjà mise en place dans les années précédant la présente guerre. Mais il était peut-être encore possible de rattraper le temps perdu. Les Anglais offraient pour cela la meilleure des occasions. Pour des alliés de la France, ils s’étaient depuis l’armistice particulièrement mal conduits envers elle. La France n’oublierait pas les événements d’Oran et l’agression de Dakar. Cette dernière action avait été menée, à l’instigation de l’Angleterre, par un mauvais Français, un général français qui avait renié sa patrie. La France actuelle ne tolérait plus des choses de ce genre et cet officier avait été aussitôt condamné à mort, à la confiscation de ses biens et au banissement perpétuel. Voilà comment la justice avait suivi son cours contre lui. Les Anglais pourtant continuaient leurs agressions contre la France, particulièrement contre son domaine colonial. A Dakar, la France avait tenu bon. Il avait envoyé dans les colonies d’Afrique un officier, avec mission de ramener les rénégats sous l’autorité française. Dans ce domaine, puisque le Führer avait fait l’honneur à la France de parler de collaboration, il y avait peut-être un terrain sur lequel elle pouvait être mise en pratique entre les deux pays. Sans vouloir entrer dans les détails, il pouvait assurer, quant à lui, que tout ce qui dépendait de lui serait fait pour assurer l’emprise de la France sur ces territoires coloniaux. »
Mais libre à toi de croupir dans les eaux fangeuses du vieux libelle de Girard http://www.wanted-rare-books.com/montoire.htm .