BRH a écrit :
Il paraît certain que Staline a sous-estimé Hitler et les capacités de la Wehrmacht. Il lui a paru que cela serait profitable : un conflit entre les alliés et les nazis. Staline espérait bien tirer les marrons du feu... Sachant que la Pologne ne tiendrait pas sans lui, un partage avec les nazis était bon à prendre en attendant. L'alternative, c'était de signer un traité d'alliance avec la Pologne, sans rien demander en échange. Un dirigeant démocrate aurait pu s'y résoudre. Pas Staline ! De toute façon, la Pologne n'était pas prête à concéder quoi que ce soit à Staline. Elle en était réduite à elle-même. Il est tout à fait inconséquent de sa part de ne pas avoir mobilisé dès le 24 août 1939 ! Certes, elle ne l'a pas fait sous la pression de Londres... Les Polonais aussi sous-estimaient Hitler et la Wehrmacht !
Tout ça date, comme on dit en Egypte.
Il urge de lire Michael Jabara Carley,
1939: The Alliance That Never Was and the
Coming of World War II, qui est d'ailleurs en ligne (à moins qu'il n'y soit plus : pas retrouvé) . On peut même se contenter de Duroselle.
Les Soviétiques ne font pas leurs courses et ne se tournent pas vers le mieux disant. Ils sont face à un danger immédiat d'agression par un anticommuniste et antislave hystérique à qui l'Occident fait les yeux de Chimène depuis qu'il se réarme à toute vitesse. Et bien entendu, ils essayent d'y parer en s'alliant à des gens certes capitalistes, mais non antislaves, plus riches et plus lointains : le choix est vite fait... et ce n'est pas par amour de la démocratie !
Ils sont plus intéressés en revanche par la sécurité collective et en jouent loyalement le jeu : aussi ne demandent-ils nullement à la Pologne de leur céder les territoires qu'elle leur a pris en 1921, comme condition de leur soutien contre l'Allemagne (votre post le dit presque). Leur demande est beaucoup plus modeste, et coule de source : qu'ils soient appelés avant l'attaque allemande, c'est-à-dire que les Polonais leur donnent un bout de leur immense frontière commune avec l'Allemagne, à défendre. Cela pouvait très bien (et dans l'esprit de Staline devait) se faire en accord avec les Français et les Anglais, et sous leur contrôle. La conférence militaire de Moscou n'avait pas d'autre objet.
Cette revendication, évidente depuis 1935, est donc rappelée avec force en août 39. Daladier et Chamberlain font les sourds jusqu'au bout.
Marrons du feu ? Staline avait prévenu publiquement le 10 mars qu'il ne les tirerait pas, au sens de se brûler les doigts pour les beaux yeux de Paris et de Londres.