Le général Frère, 1er chef de l'O.R.A...

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Le général Frère, 1er chef de l'O.R.A...

Message par BRH » Mercredi 05 Décembre 2012 18:29:31

Le général Frère s'était illustré à la tête de la VIIème armée, en mai-juin 1940. Bien qu'il eût présidé le tribunal militaire de Clermont-Ferrand qui condamna en appel de Gaulle à mort, il était proche des idées de Weygand : l'armistice, rien que l'armistice. Nommé chef du groupe des divisions pour le Sud, il passait pour fidèle au maréchal Pétain qui le reçut à plusieurs reprises. A l'été 42, il fut pressenti par Giraud pour mener les plans de ce dernier à bon port. Quand celui-quitta la France pour l'AFN, Frère fut désigné par ses soins pour lui succéder. Pourtant, il resta muet lors de l'invasion de la zone libre. L'Organisation Métropolitaine de l'Armée allait cependant se mettre en place, malgré la dissolution de l'armée d'armistice le 27 novembre 1942. Le retour au pouvoir de Laval avait jeté Frère dans une opposition résolue au régime. Au cours d'un entretien avec Pétain, en septembre 1942, il n'avait pas hésité à lancer : "Monsieur le Maréchal, vous trahissez l'armée." Toutefois, Pétain lui aurait fait comprendre qu'il ne condamnait pas son attitude, mais que la dureté des temps devait les inciter à une grand prudence. Les généraux Verneau et Olleris ne perdirent pas de temps et organisèrent rapidement un état-major clandestin. En application des ordres de Giraud, Frère en prît la tête, à la grande satisfaction de Verneau. L'O.M.A (future Organisation de Résistance de l'Armée) restait en contact avec le bureau militaire de Pétain où deux officiers, le colonel Voyer et le commandant Voisin, servaient de relais. C'est ainsi qu'ils transmirent en janvier 1943 des copies des dispositifs allemands à l'ouest et à l'est. Le colonel Laurent, chargé de la recherche du renseignement dans la région sud-est, put transmettre ces données à l'Intelligence Service pendant un séjour en Suisse. Au début de 1943, l'OMA commença à se développer sous l'impulsion de Frère et de Verneau, son chef d'état-major. Il s'agissait surtout d'étudier les moyens en vue de faciliter un débarquement allié en Provence envisagé pour l'automne 43. Olleris prit la suite quand Verneau fut obligé de gagner la zone nord, étant menacé d'une arrestation. A Alger, on s'inquiétait et Giraud fit savoir qu'il désirait la présence de Frère auprès de lui. Mais, finalement, Frère décida de rester. De 7 000 hommes en janvier 1943, l'OMA passa en juin à 40 000 hommes environ. L'idée de Frère et de Verneau avait été de recruter un maximum d'effectifs à partir de l'armée démobilisé en novembre 1942. Ce concept présentait des dangers car il prêtait le flanc à des inflitrations de l'ennemi. On le vit bien en juin 1943 : Olleris fut arrêté à Thiers le 11 juin ; ses deux adjoints, les généraux Grandsard et Gilliot à Clermont et à Vichy, le lendemain. Frère sera pris le 13, à Royat, par la Gestapo. Il avait pu favoriser les contacts avec le général Delestraint, chef de l'Armée Secrète, nommé par de Gaulle et cela s'était révélé fructueux, Frère étant décidé à favoriser au mieux l'existence d'un front commun contre les Allemands. Delestraint fut à son tour être arrêté à peu après au même moment.

La disparition de Frère eut 2 conséquences : elle permit la multiplication des contacts avec les autres formations de la Résistance, l'OMA perdant progressivement son caractère "giraudiste"; en outre, recrutant sur l'ensemble du territoire, elle cessa d'être considérée comme une simple émanation de l'armée d'armistice d'obédiance "pétainiste". Le patriotisme de Frère n'était pas en cause, à preuve ses efforts pour s'entendre avec Delestraint. Mais son passé proche de Vichy ne plaidait pas en sa faveur.

Le général Frère fut déporté au camp du Struthof. Atteint de dysenterie, de diphtérie et d'oedèmes aux jambes, il y décèdera le 13 juin 1944.

Source principale : François Broche. "L'Armée Française sous l'Occupation, tome 2 : "la métamorphose". Presses de la cité, septembre 2002.
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Napoléon
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