La colère du général Prételat...

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

La colère du général Prételat...

Message par BRH » Mercredi 08 Août 2012 09:44:23

Les sources de cet article sont basées sur les ouvrages suivants :

Roger Bruge. "Faites sauter la ligne Maginot". Surtout les pages 282 à 288 et 346 à 348. Fayard, mars 1984.
Général Weygand. "Rappelé au Service". Flammarion, 1950.
François Delpla. Les papiers secrets du général Doumenc. Olivier Orban, 1991.
Benoist-Méchin. "Soixante jours qui ébranlèrent l'Occident." Bouquins. 1981

Le 26 mai, le général Prételat se rend au PC de Georges à la Ferté-sous-Jouarre. Il y rencontrera, pour la 1ère fois, Weygand. La conversation se déroule dans le parc du château, en présence de Georges. Prételat récapitule les unités qui lui restent après les prélèvements opérés sur son groupe d'armées. Sans doute n'en conteste-t-il pas le bien-fondé, mais il lui paraît nécessaire de reconsidérer son dispositif et l'objet de sa mission. Peut-il encore défendre un front qui s'étend de la Meuse à la Suisse, alors que des 30 di dont il disposait le 10 mai, il n'en a plus que 15 (dont 6 de série B et 2 di polonaises encore en cours d'instruction) (1). 7 régiments d'artillerie de renforcement sont partis vers le Nord et il ne reste que 4 BCC modernes sur les 11 initiaux. Le commandant du GA 2 demande à Weygand de l'autoriser à retirer de la ligne Maginot "une partie des troupes d'intervalles afin de constituer les réserves indispensables pour manoeuvrer et couvrir, le cas échéant, un flanc menacé."

En réalité, Prételat veut se mettre en mesure d'évacuer la ligne Maginot en cas de menace sur son flanc gauche. Weygand observe "que les troupes de forteresse étant statiques et ne disposant pas de moyens de transport, il est préférable de les laisser sur leur position." Notons qu'en accédant à la demande de Prételat, Weygand aurait pu y trouver un argument pour augmenter encore les prélèvements sur les DI du GA 2. Mais ce n'est pas de cela dont il s'agit.

Comme le note encore Roger Bruge, "un véritable dialogue de sourds s'engage, Prételat indiquant qu'il est bon de prévoir le pire et qu'une évacuation de la position fortifiée doit être dès maintenant envisagée." Le généralissime réplique que "l'opinion publique n'acueillerait pas sans émotion l'annonce de l'abandon de la ligne Maginot." Il ajoute une ultime raison : "Il est inutile de songer à un repli car, depuis hier, je suis d'accord avec le chef du gouvernement pour jouer le tout pour le tout sur la Somme et l'Aisne où nous nous battrons sans esprit de recul."

Mais Prételat sait que le front en question ne permet pas de constituer un barrage solide devant la supériorité de l'ennemi. Il n'ignore pas non plus que le généralissime ne dispose plus de réserves suffisantes (et il n'est pas disposé à y pallier avec les forces qui lui restent). Il pousse alors Weygand dans ses derniers retranchements afin de le contraindre à révéler le fond de sa pensée ; il ose poser la question ultime : "Et si nous sommes enfoncés sur la Somme et l'Aisne ?

-Si nous sommes enfoncés, nous prendrons les décisions qui s'imposent.
-Mais encore ?
-Il faudra demander l'armistice, lâche Weygand d'une voix glaciale.

Bruge ne peut s'empêcher de le noter : "6 jours seulement après sa prise de commandement, Weygand en est là. Dans son esprit, la bataille de France est perdue puisqu'il na pas les moyens de la livrer avec succès. L'armée française va brûler ses dernières cartouches sur la Somme et l'Aisne et après ce sera la fin."

Impressionné par cette réponse, Prételat estime qu'il devrait être autorisé à préparer un décrochage profond des armées de l'Est. Puisque l'armistice est envisagé, il serait dangereux et illogique d'exposer ses armées à un encerclement. En organisant le repli dans des délais rapides, il pourrait ramener des forces importantes vers le centre de la France, dès que l'ordre lui en serait donné : "ces forces, assure-t-il, seraient d'une grande ressource pour la suite éventuelle des opérations, ou même pour le maintien de l'ordre si des troubles venaient à se produire dans le pays." On constate que cette préoccupation du maintien de l'ordre est plus prégnante que l'idée d'une manoeuvre en contre-offensive; Weygand lui-même tiendra le même raisonnement une dizaine de jours plus tard... En tout cas, le généralissime n'est pas troublé à l'idée d'un encerclement des équipages de la ligne Maginot et des armées qui la soutiennent. Sa volonté ne fléchit pas, il n'est pas question d'évacuer la ligne Maginot, c'est son dernier mot ! Renonçant à convaincre son chef, Prételat lui donne acte de son refus et rejoint son PC de Villiers-les-Nancy où il fait part de la conversation au général Bréard (son chef d'état-major).

Le lendemain, Prételat convoque les généraux Huntziger et Condé à Hattonchatel. Il ne leur cache pas que la situation est grave et commente brièvement la note n°1783/OP de Georges qu'il vient de recevoir. Elle se résume en une seule phrase : "la bataille sera acceptée sans esprit de recul sur la position que nous occupons actuellement". La mission du GA 2 est précisée : "Tenir jusqu'à épuisement des moyens à la charnière entre la ligne Maginot et l'Aisne (Attigny); la IIème armée maintenant à tout prix la liaison avec la VIème armée. Tenir sans esprit de recul sur la ligne Maginot et sur le Rhin."

Prételat commente : "En fait,notre grave échec dans le Nord, qui nous prive de nos meilleures unités de campagne, a compromis irrémédiablement la suite de la guerre. Il faut dès maintenant s'attendre à une reprises des attaques en force sur la Somme et sur l'Aisne (mais alors, pourquoi ne propose-t-il pas de nouvelles divisions pour renforcer la Somme ? A quoi serviront-elles encerclées ?). Une seule solution pour l'instant : tenir. Mais si le sort nous était encore défavorable (et comment pourrait-il en être autrement ?), il faudrait battre en retraite sur tous les fronts, y compris la ligne Maginot."

Huntziger fait un rapide historique des combats dans son secteur qui se rallument constamment et finissent par épuiser ses excellentes troupes que l'absence de réserves ne permet pas de relever. "A son avis, rapporte le colonel Tessier (2), nous marchons vers un armistice obligatoire. Ce ne sont ni des troupes fatiguées ni les divisions étalées sur l'Aisne sur des fronts impossibles qui arrêteront l'ennemi, nombreux, bien armé, muni d'aviation, alors que la nôtre est inexistante." Huntziger n'hésite pas et va encore plus loin : "Il faut voir la question en face et envisager la retraite, abandonner la ligne Maginot et gagner le Massif Central. C'est le moyen de durer pour discuter les conditions de cet armistice obligatoire. C'est surtout la nécessité de conserver là-bas, après cette défaite qui peut amener de durs mouvements populaires en france, une armée sûre et disciplinée en vue du maintien éventuel de l'ordre."

Seul, le général Condé n'est pas favorable à l'évacuation de la forteresse, connaissant les difficultés d'une telle entreprise. Il démontre "les inconvénients d'une mesure aussi radicale sur le plan militaire mais aussi les impossibilités qu'elle rencontrera en raison des matériels et dépôts existant et de la formation très particulière des unités de forteresse."

Plus tard, il fera étudier la possibilité de rendre mobiles les régiments de forteresse. Le colonel tessier remarque : "on arrive à déterminer une composition de bataillons et de régiments à peu près acceptables, mais leurs Trains de combat sont réduits dans de fortes proportions. On devrait abandonner sur place des mitrailleuses et des canons de 25. L'artillerie de position, la DCA ne peuvent être enlevées, pour la plus grande partie, que par voie ferrée. Le génie doit laisser tout son matériel. Quand aux stocks considérables de vivre et de munitions des parcs d'armée, il faudra les distribuer ou les détruire. Etude navrante qui ne donne aucune satisfaction."

Une nouvelle réunion se tient à Châlons sur Marne, le 2 juin entre Weygand, Georges, Prételat et Huntziger. La conversation tombe vite sur le problème lancinant : comment envisager le repli de la IIème armée et de la IIIème en cas de débordement prévisible par l'Ouest ? Tous sont conscients du problème, mais aucune décision n'est prise. Il existe un autre désaccord sur le rôle des troupes de forteresse en cas de repli. Huntziger est partisan de laisser les équipages d'ouvrages et de casemates défendre seuls la ligne Maginot, pour permettre aux GU de retraiter sans être accrochées par l'ennemi. Prételat est contre, voulant sauver le maximum d'unités. Mais ceci impliquerait le sabotage de la ligne Maginot. Weygand admet que la IIème armée "pourrait s'infléchir pour faire face à un débordement par la Champagne en pivotant, soit autour du môle de Montmédy, soit autour de Longuyon". Mais Weygand rappelle son injonction : se battre sur place et écarter toute idée de repli. C'est l'impasse et les généraux se séparent sans vraiment avoir résolu les questions déjà abordées le 26 mai. Prételat semble moins véhément cette fois. Lui aurait-on donné des assurances, et dans cas, quelles étaient elles ?

Voici en tout cas, la version de Weygand :

"Le 2 juin, j'eus un important entretien à Châlons avec le général Georges, le commandant du IIème groupe d'armées et celui de la IIème armée. Le général Prételat me mit en présence de la situation de ses forces réduites au minimum par mes prélèvements et privées de réserves qu'il n'était pas possible de reconstituer sur des unités de forteresse. L'éventualité d'une attaque à la jonction des IIème et IIIème groupes d'armées créerait une situation très dangereuse. Le général Prételat, et avec lui le général Huntziger, se demandaient s'il était indispensable de rester accroché à la Région Fortifiée, ou s'il ne vaudrait pas mieux opérer un repli stratégique avant d'y être contraint par la pression de l'ennemi. Je répondis qu'ayant envisagé cette hypothèse comme les autres, j'y avais renoncé. Ma décision était prise, les risques connus et acceptés par le gouvernement qui n'ignorait rien de mon plan d'action." *

Weygand a donc bien considéré que les forces du GA.2 étaient réduites au minimum (15 GU) et qu'il n'était donc pas possible d'y puiser davantage. C'est bien là son erreur funeste.

Faute évidente quand on sait que le GQG retirera quand même jusqu'à six divisions pour pallier à l'effondrement du GA n°3.

* Weygand, Mémoires. "Rappelé au service", p.156.

Toutefois, Prételat paraît avoir déplu à Weygand. Ainsi, il est abasourdi quand Georges lui apprend, le lendemain (3 juin) au téléphone que le généralissime décide de créer un Groupe d'Armée n°4 à la gauche du GA n°2. Cette décision traduit une recomposition du commandement : Huntziger est placé à la tête du nouveau GA ; il disposera de la IVème armée de Réquin et de la IIème armée, confiée au général Freydenberg. Comme le souligne Bruge, "Weygand a manqué d'élégance en plaçant Prételat devant le fait accompli et celui-ci le dit sans ambages à Georges :

-Vous me donnez une maison à défendre et vous confiez la porte à un autre. Il est profondément regrettable que tout soit remis en question au lendemain d'une réunion où la mission de chacun a été clairement précisée.

Prételat voit sa mission ramené à des dimensions plus modestes : la défense de la ligne Maginot et celle du Rhin en Alsace."

En fait, la création du GA n°4 était dans les cartons dès le 27 mai et Georges en avait informé Prételat. Mais ce dernier avait vigoureusement protesté : "qu'il ne lui paraissait pas possible de confier à un chef qui ne dépendrait pas du GA 2 une mission aussi essentielle que celle de la couverture de son flanc gauche." Et Bruge de souligner : "Georges, se rendant à ses raisons, lui déclara alors qu'il renonçait à son projet. Et voila que 5 jours plus tard Prételat est dépossédé de la IIème armée qu'il comptait bien orienter jusqu'au bout pour l'obliger à protéger la gauche des Armées de l'Est. Le manque de coordination qui va en résulter aura des conséquences désastreuses."

Quoi qu'il en soit, suite à la rupture de nos lignes sur la Seine et sur la Marne, Weygand donne finalement l'ordre d'une retraite générale le 12 juin à 15 h 30, sans avoir accordé quoi que ce soit aux demandes de Prételat.

1/ La situation de ses forces est fluctuante. Bruge évoque 10 DI, mais il se trompe. Le mieux est de s'en tenir à la situation le 28 mai. 15 GUF environ (sous réserve des transferts en cours).
2/ Colonel Tessier : chef d'état-major de Condé, qui commande la IIIème armée.
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Re: La colère du général Prételat...

Message par BRH » Mercredi 08 Août 2012 10:06:29

Prételat est furieux. Ainsi, on lui donne raison, mais bien trop tard ! Il décide de se rendre au GQG pour "engueuler" Weygand. Doumenc relate la scène :

"Ce fut pendant son absence [Weygand] que je reçus la visite du commandant du GA.2 qui dans la nuit du 12 au 13 avait demandé si le général Weygand serait au G.Q.G. le 13 au matin. A 14 h, au moment où nous venions de nous mettre à table aux Muguets, on m'avait annoncé l'arrivée du général Prételat, qui demandait à voir immédiatement le général Weygand ou le major général ; je courus aussitôt à sa rencontre et je me trouvai en face d'un homme blême de fureur, qui mâchait des paroles saccadées et aborda la question en me disant que le commandement ne se rendait pas compte de ce qu'il prescrivait, et qu'il avait fait un crochet de nombreux kilomètres pour le déclarer. A quoi je lui répondis, en affectant le calme le plus grand, qu'il eût convenu qu'il allât voir d'abord le général Georges sous les ordres duquel ils se trouvait. "Jamais, dit-il, parce que je l'étranglerais !" Dans ce cas, dis-je, mieux vaut n'y pas aller [...]. Il ne consentit qu'à s'asseoir et ajouta qu'il considérait comme criminel de faire la manoeuvre prescrite, que le GA.2 serait pris comme le GA.1, qu'il n'avait aucun temps devant lui. Il venait dire au général Weygand que la résistance était impossible. Je lui fis doucement remarqué qu'il avait reçu depuis quelques jours des ordres préparatoires [note BRH : le 11 juin seulement !], que sa situation apparaissait comme moins mauvaise que celle des autres GA, et que je pensais bien qu'il avait donné tout de suite les ordres d'exécution qui convenaient. "Oui, répondit-il, et je pars pour Dijon". "Je crains que vous ne soyez loin de vos exécutants, en tout cas, tout doit être tenté pour leur repli !". Il acquiesça, consentit à prendre une collation, et fila, sans plus.


Quelle est la version de Prételat ? Il situe l'entretien le 14 juin et non le 13. Sur ce point, il se trompe, car c'est bien le 13 qu'il a gagné Briare. Bruge donne la relation du chef du GA.2 : "le but de cette visite était de rappeler au général Weygand l'assurance qu'il m'avait donnée le 26 mai qu'au cas où nos troupes seraient enfoncées sur la Somme, il était entendu avec le chef du gouvernement que ce dernier prendrait les mesures que la situation imposerait. Or, la situation était telle à l'heure actuelle qu'il n'y avait plus rien à attendre d'une continuation de la lutte. Il fallait agir sans perdre un jour."

Ainsi donc, Prételat considère que Reynaud doit immédiatement engager des pourparlers d'armistice. Weygand assiste au fameux conseil du 13, où Reynaud fait part de sa rencontre avec Churchill aux autres ministres, au grand courroux de ces derniers. Bruge parle aussi du 14 et indique que Weygand s'était rendu à Tours pour être présent à la séance d'un conseil de gouvernement. C'est une erreur, car c'est la veille et non le 14 que Weygand s'est déplacé à cette fin.

La version de Doumenc doit donc être préférée, mais l'erreur ne portant que sur la date, sa relation est certainement véridique. On comprend donc que pour Prételat, le seul moyen de sauver son GA.2, c'est d'obtenir toute affaire cessante la conclusion d'un armistice. Et qu'il est d'autant plus disposé à en faire état que c'est bien Weygand qui a proposé cette solution comme ultima ratio !

Bruge nous donne encore le texte de la lettre que Prételat adresse à Georges, faute d'avoir pu l'étrangler, comme Doumenc l'a relaté : "Je n'ai rencontré que le général Doumenc , lequel, après avoir écouté l'exposé de la situation, m'a affirmé "qu'avec son expérience des batailles précédentes", il pouvait m'assurer que je m'alarmais à tort, que le GA.4 à qui j'avais bénévolement donné la veille la 56ème DI, était en mesure de tenir, "les Allemands étant à bout de souffle", et de couvrir mon repli le temps nécessaire ; que du reste, le général Weygand avait mis le gouvernement au courant de la situation et qu'il avait pris ses responsabilités."

On apprend ainsi que Prételat a donné la fameuse 56ème DI volontairement, sans que le GQG l'ait formellement demandé !

Quoi qu'il en soit, car il faut conclure, il est indéniable que Weygand -en présence de ses principaux subordonnés- a évoqué l'armistice dès le 26 mai, comme une solution ultime à la défaite annoncée. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant qu'aucun de ceux-ci, ni lui-même, ne se soient élevés à la hauteur d'une véritable réflexion stratégique ! Tout devait être fait pour livrer sur la Somme un baroud d'honneur, le dernier carroussel de l'armée française, sachant qu'il était vain d'espérer une victoire, sentiment partagé par Prételat, Georges et Huntziger... On ne peut reprocher à Prételat que le souci de ne pas se dessaisir de ses dernières divisions, préoccupation ordinaire du chef d'un groupement important de notre armée. Mais c'était à Weygand de s'élever au-dessus de ces considérations et d'imposer la vigueur nécessaire en vue de la victoire ! Il était tout simple de retirer les dernières divisions du GA.2 pour les porter sur la Somme et l'Aisne, sous réserve de ne pas amoindrir les défenses de la ligne Maginot. Elles étaient faibles au niveau de la trouée de la Sarre et de l'Alsace. Il convenait donc d'y laisser les troupes mobiles indispensables pour la défense et reporter tout le reste là où notre front était le plus faible et devait nécessairement craquer.
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Précisions sur le GA 2 le 4 juin.

Message par BRH » Mercredi 22 Août 2012 16:09:15

A cette date, le GA.2 comprend encore la IIème armée, bien que la décision est prise de la transférer au nouveau GA.4 (exécutoire le 6 juin à 0 h). Nous laisserons de côté la IIème armée.

On note la présence de 17 unités, à condition de considérer les DIF comme de grandes unités.

D'ouest en Est :

42ème CAF : 51ème DI, 58è DI, 20è DI

6è CA : 56è DI, 26è DI

20è CA : 52è DI et ultérieurement, 1ère Di polonaise

43ème CAF : 30è DI alpine

12ème CA : 70è DI, 103è DIF, 62è DI

13ème CA : 104è DIF, 105è DIF, 54è DI, 63è DI

44è CAF : 67è DI

45è CAF : 57è DI

En réserve du GA.2 : 2è DI polonaise
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Re: La colère du général Prételat...

Message par BRH » Jeudi 23 Août 2012 09:20:19

Sur le site ATF40, Didier Houliez indique la composition du GA. 2 à la date du 28 mai.

En réserve de GA2 : 3 divisions (24, 31e, 1e DIPol)

A la IIIe armée : 5 divisions (20, 26, 51, 56, 58e)

A la IVe armée : 1 division (52e)

A la Ve armée : 4 divisions (30, 62, 67, 70e) (plus 103 et 104e DIF)

A la VIIIe armée : 4 divisions (45 , 54, 57, 63e) (plus 105e DIF)

Soit 17 GU « de campagne » dont 10 de série B, et une DI polonaise. (la 2e DIPol est alors en réserve de GQG, dans la zone du GA2)

Le 10 mai, ce sont 42 GU et non 30 qui étaient affectées à l'ensemble GA2 + GA3 (donc III, IV, V et VIIIe armées plus réserves de GA).


Pour les réserves, non. Les 24è et 31è DI sont en mouvement pour renforcer le GA.3. Donc, juste la 1ère DI pol en réserve.

Ok pour la IIIème armée. D° pour la IVème armée. Soit 6 DI

Pour la Vème, non. La 67ème DI est bien au 44è CAF, donc à la VIIIème armée. Donc, 3 + 2. Soit 5 DI

Pour la VIIIème, non. La 45è DI est en mouvement pour renforcer la VIè armée. Par contre, elle dispose bien de la 67è DI. Donc 4 DI (3 + 1).

Donc, 16 GU, si on considère la 2ème DI pol en réserve de GQG. En ne comptant que les divisions de campagne (à l'exclusion des DIF, donc), on a seulement 13 GU.

Pour la situation au 10 mai, il faut retirer le GA.3. Il est vrai que tout sera bouleversé par la suite. Et quand Prételat évoque ses 30 GU au départ, il en soustrait mentalement les divisions de la IVème Armée, toutes parties les 1ère pour constituer la VIème armée.
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Re: La colère du général Prételat...

Message par BRH » Jeudi 23 Août 2012 16:09:37

Didier Houliez répond :


Je reviens sur les décomptes d'unité. BRH répond à mon post sur son propre forum plutôt qu'ici (!), mais cela permet d'apporter quelques petites corrections.

C'est d'ailleurs l'intérêt d'indiquer précisément des compositions, plutôt que d'avancer des chiffres en gros : les informations sont facilement vérifiables et les erreurs facilement relevées.

Cela dit, les corrections à apporter sont :

- l'affectation de la 67e DI à la VIIIe et non à la Ve armée.

- la 45e DI est affectée à la VIe armée depuis le 20 mai.

- la 2e DIPol est à la 3e armée depuis le 24 mai.

2 divisions en réserve sont encore affectées au GA2, quoiqu'en cours de transfert (24e DI, 31e DIAlp) mais elle ne seront officiellement affectées au GA3 que le 29 mai.

BRH, sur Tribune Histoire, a écrit:
Donc, 16 GU, si on considère la 2ème DI pol en réserve de GQG. En ne comptant que les divisions de campagne (à l'exclusion des DIF, donc), on a seulement 13 GU.


Non, au total, il y a donc :

officiellement affectées : 18 GU de campagne, compte inchangé

réellement disponibles : deux de moins, soit 16 GU de campagne (les DIF n'étaient déjà pas prises en compte)

N'hésitez pas à apporter d'autres corrections si nécessaire, je ne prétends nullement à l'infaillibilité.

BRH, sur Tribune Histoire a écrit :Pour la situation au 10 mai, il faut retirer le GA.3. Il est vrai que tout sera bouleversé par la suite. Et quand Prételat évoque ses 30 GU au départ, il en soustrait mentalement les divisions de la IVème Armée, toutes parties les 1ère pour constituer la VIème armée.


Explications incohérentes, puisque la référence est au 10 mai. Il faut comparer ce qui est comparable : il est question ici du front de la Meuse à la Suisse. Donc la VIIIe armée doit être prise en compte. Je rappelle le "questionnement" de BRH qui n'était pas une citation de Prételat :

BRH a écrit:
Peut-il encore défendre un front qui s'étend de la Meuse à la Suisse, alors que des 30 di dont il disposait le 10 mai, il n'en a plus que 15


Pour défendre le front de la Meuse à la Suisse, en retirant la petite partie qui dépend de la IIe armée, il y avait au 10 mai, sauf erreur, 42 grandes unités "de campagne".

Au 28 mai, ce nombre est tombé à 16 GU disponibles.

C'est donc (au bilan) du 10 au 28 mai une diminution de 26 GU et non de 15. Je ne sais pas pourquoi BRH choisit de compter au 28 mai alors qu'il situe la discussion Prételat-Georges le 26, mais c'est anecdotique.

Au 2 juin, il reste bien 15 GU dont seules deux (et non 6) seront retirées par le GQG, une troisième étant "donnée" par Prételat.

Les proportions sont donc totalement différentes de ce que BRH avance dans son "article".

C'est l'essentiel de mon propos, les détails étant là pour permettre des vérifications.
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Re: La colère du général Prételat...

Message par BRH » Jeudi 23 Août 2012 16:31:50

Je ne sais pas comment Didier Houliez compte ses 16 GU de campagne, sans les DIF...

Il note la présence des 51è (1), 58è (2), 20è (3), 56è (4), 26è (5), 52è (6), 30è (7), 70è (8), 62è (9), 54è (10), 63è (11), 67è (12), 57è (13) et 1ère DI pol (14). Cela fait alors 14 unités de campagne et 17, si on y rajoute les DIF.

On ne tient pas compte de la 2è DI pol, si elle est en réserve de GQG. On la prend en compte, si elle est en réserve de la IIIè armée (décision du 24 mai). Mais, dans ce cas, on est à 15 GU de campagne...

Si donc j'ai oublié des unités, que l'on me corrige en les indiquant expressément !

Pour le 26 mai, c'est juste. C'est bien à cette date que Prételat rencontre Georges et Weygand ! Voici ce qu'écrit Roger Bruge à ce propos :

"Le GA.2 peut-il encore assurer la défense d'un front qui s'étend de la Meuse au Rhin, alors que sur 30 divisions de campagne dont il disposait le 10 mai, il n'en a plus que 10 dont 6 de série B, plutôt médiocres et 2 divisions polonaises qui n'ont pas encore achevé leur instruction ?" (p.280).

Hypothèse : Prételat n'englobe pas la VIIIème armée dans son décompte.
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Re: La colère du général Prételat...

Message par BRH » Lundi 26 Novembre 2018 13:55:37

Didier Houliez a écrit :D'une part, votre discours est incohérent sur le problème de l'évacuation du GA2.
D'après vous, c'est une faute de ne pas l'avoir replié, mais vous admettez que c'est en cohérence avec le plan de défense.
Donc ce n'est pas une faute, vous ne le reconnaissez pas, mais cela découle de ce que vous admettez vous même.


C'est une faute de ne pas l'avoir replié è temps. C'était cohérent avec le plan de défense, tant que le front Somme-Aisne, n'avait pas craqué. Or, le 9 juin, le front a bel et bien craqué, puisque la 45ème DI est retirée du front de l'Aisne, pour empêcher son enroulement, ce qui va d'ailleurs permettre aux Allemands de percer plus rapidement sur l'Aisne. Donc, oui, c'est une faute, n'en déplaise à la logique de M. Houliez...

Récit du général Keller, sur la 42ème DI qui doit s'étendre sur sa gauche pour libérer la 45ème DI, celle-ci étant destinée à éviter l'enroulement des divisions défendant le cours de l'Aisne :

"Le 8 juin à 20h00 la 42 DI avait l'ordre de relever dans la nuit même la 45ème DI sur le front Pontavert inclus à Berry-au Bac inclus. Sur ce front la 45ème DI avait deux RI et ils ne pouvaient être relevés que par les bataillons de 2èmme échelon des régiments déjà en ligne. Il en résultait que la division avait un front de près de 30 kilomètres.
Il est certain que cette relève, ordonnée et exécutée la nuit qui a précédé l'attaque, en désorganisant le dispositif de la 42ème Di, affaiblie à droite et au centre, découverte à gauche, a eu les conséquences les plus fâcheuses pour la défense de la position. C'est dans ces conditions très défavorables que s'engage la bataille du 9 juin à l'aube."


Il vous faut donc expliquer que Weygand aurait dû dégarnir le GA2. C'est une simple reprise de Goutard, même agrémentée d'autres références biblio qui n'apportent rien à ce sujet précis.
Vous négligez les possibilités que cela aurait offert à l'ennemi.
Vous ne tenez aucun compte du fait que les troupes de campagne participent pour une bonne partie à la défense des intervalles.
Vous faites comme si il était évident que les transports étaient disponibles.
Vous négligez le facteur temps et le fait que d'autres DI étaient censées monter en ligne à brève échéance.


Expliquer ? Mais je n'ai fait que cela depuis des années. Oui, c'est une reprise de Goutard, donc de De Gaulle (même si celui-ci ne l'a pas vu sur le moment, le nez sur son volant de char). Et, toute modestie mise à part et projection napoléonienne en avant, c'est bien sûr ce qu'aurait tenté Napoléon ; en tout cas, son élève Foch !

Les possibilités offertes à l'ennemi ? Lesquelles ?
- Attaquer dans la Sarre, comme le 14 juin 1940 ? Mais le 20ème Corps devait rester en place. Il aurait infligé la même leçon aux Allemands que ce soit le 4, le 10 ou le 14 juin...
-Franchir le Rhin, comme il l'a fait le 15 juin ? Eh bien, nos troupes auraient reculé sur la ligne de front de 1918 dans les Vosges. Encore que, celles qui auraient dû garder le Rhin dans cette "version", n'auraient pas été en cours de retraite, comme elles l'étaient dans l'histoire réelle !

Quant à la défense des intervalles, réglons cette question une bonne fois pour toute : les troupes de campagnes ne défendent pas les intervalles. Elles sont TOUTES en seconde ligne prêtes à repousser une éventuelle percée. Les troupes d'intervalles ne sont autres que les RIF et RAF qui occupent et soutiennent les casemates placées entre les ouvrages (déduction faite des équipages qui occupent lesdits ouvrages). En tout, l'équivalent de 13 DI, enterrées ou protégées par le béton.

Reste la question des transports disponibles, Ultima ratio des weygandistes. Mais comme déjà dit et démontré à l'envie, ce n'est pas cette question qui a dissuadé Weygand de faire acte de commandement envers Prételat, au besoin en le destituant.

Vous voulez par ailleurs à toute force faire intervenir des raisonnements psychologiques qui partent d'une appréciation purement personnelle (plus exactement de l'appréciation de De Gaulle, dont on n'est pas absolument obligé de prendre les appréciations pour des vérités).
Plus vous avancez dans votre raisonnement, plus vous vous éloignez de ce qui est vérifiable.


Weygand n'était pas Mangin. C'était un excellent stratège, formé à l'école de Foch (donc, de Napoléon). Mais il avait conscience de la saignée catastrophique de 14/18. Dans son esprit, il était exclu d'en venir à de pareilles extrémités sauf pour assurer la victoire finale. Celle-ci étant hors de portée en juin 40, même après un succès défensif sur la Somme et l'Aisne, il ne lui restait plus qu'à sauver l'honneur de l'Armée. Et cela d'autant plus que les Britanniques avaient refusé de nous aider par l'intervention massive de leurs bombardiers et de leurs chasseurs. Sans compter leur manière lamentable de filer à l'anglaise...

Vous voulez que Weygand ait quasiment décidé d'imposer un armistice quoiqu'il advienne, avant même de livrer bataille, en faisant comme si les propos de Doumenc ou de Georges étaient les siens.


Peu ou prou, il les partageait. Néanmoins, il convenait de sauver l'honneur de l'Armée, si le gouvernement ne se résolvait pas à solliciter un armistice avant le 5 juin. D'ailleurs, son exposé devant le comité de guerre du 25 mai est la copie conforme du rapport que lui fait Georges le 23 mai, les conclusions défaitistes en moins...

Vous vous appuyez sur des faits qui ne sont en rien démonstratifs :


Voyons dans le détail :
- le voyage de Reynaud révèle la position de Reynaud, et du gouvernement, et de toutes façons, utilise la menace d'un armistice unilatéral, sans qu'il soit jamais dit que la demande d'armistice serait immédiate.


La position de Reynaud découle de l'exposé de Weygand. Il vaut mieux solliciter un armistice avant l'assaut allemand, à moins que les Britanniques n'acceptent de mettre le paquet pour nous soutenir. La nullité de Reynaud complique la question.

- à ce propos, vous négligez le compte-rendu du 25 mai, qui montre que ce n'est pas Weygand qui parle d'armistice.


C'est vrai. C'est le président Lebrun qui parle d'armistice. Il se fait le porte-parole des militaires, car il a recueilli les confidences de Georges et de Weygand, sans parler de Pétain. Or, Lebrun était colonel de réserve et un ancien combattant de 14/18. Il était certainement plus au fait des codes et du langage militaires qu'un Reynaud.
- le compte-rendu de Georges révèle la position de Georges, et vous ne le reprenez qu'incomplètement dans votre raisonnement.


Non, l'exposé de Georges à Weygand est entièrement repris par Weygand, hormis les conclusions défaitistes. cf.message ci-dessous.

Pour Georges, le front ne peut être réduit non pas simplement pour
BRH a écrit:
NE PAS DECOUVRIR LES REGIONS FORTIFIEES
Le texte c'est :
Citation :
Ne peut être réduit :
- pour ne pas découvrir les Régions Fortifiées
- pour couvrir au mieux PARIS


Cette remarque n'a pas de sens. Attendu que les seules réserves éventuelles se situent derrière les régions fortifiées (ligne Maginot). L'indication sur la couverture de Paris veut simplement rappeler qu'il n'est pas possible d'envisager de se rabattre vers l'Est, en s'adossant à la ligne Maginot. Weygand explicite cette option au cours du comité de guerre.

- Doumenc dit bien que c'est lui qui pose la question de la suite, il ne dit pas que Weygand considère cette suite comme la seule envisageable, encore moins qu'il mène la bataille dans cette optique.


Mais Weygand acquiesce ou, du moins, ne contredit pas Doumenc. Il faut donc un armistice politique et pas seulement un armistice militaire.
Enfin, comme certains, vous laissez croire que ce sont les décisions de Weygand qui provoquent l'armistice, d'une part en oubliant tout ce qui s'est passé avant la prise de commandement, et d'autre part en faisant mine d'ignorer que le gouvernement a toujours eu le choix et la possibilité de partir en AFN pour une poursuite de la lutte, et que Weygand était bien incapable de l'en empêcher.


Les décisions de Weygand aboutissent à la rupture de nos lignes et à l'encerclement des armées de l'Est. Elles sont de nature à précipiter la conclusion d'un armistice. Certes, le gouvernement pouvait ne pas y consentir. Mais Reynaud agite la poursuite de la lutte en AFN pour complaire à Churchill et... à de Gaulle. Ce dernier est le seul à prendre quelques mesures préparatoires. Reynaud fait semblant de l'approuver mais on sait aujourd'hui qu'il n'y croyait guère...

En fait, ce sont les politiques qui ont les premiers parlé d'armistice. Weygand l'a demandé logiquement quand il a estimé que toutes les possibilités étaient épuisées. Il s'est vu alors demander de capituler, ce qu'il a refusé. Les politiques pouvaient le destituer, le faire arrêter... non, Reynaud a choisi de démissionner.


Officiellement, oui. Quant à la demande de capitulation de l'Armée, demandée par Reynaud, c'était une forfaiture. Cette manoeuvre n'avait même pas été soumise à Mandel et à de Gaulle.

Je cite Max Schiavon, mais je n'y ai pas encore trouvé ce qui appuierait votre propos, d'un Weygand résigné très tôt à l'échec et ne menant pas la bataille à fond parce qu'il n'est pas Foch :
Citation :
Sur son action militaire en mai-juin 1940, il y a peu à redire. (...) Sans doute le général Weygand aurait-il pu ordonner la retraite générale quelques jours plus tôt et non le 12 juin, mais le résultat final eût été le même. "Personne, même Napoléon, n'eût pu faire autre chose que ce que Weygand a fait", expliquera le général Humbert en 1990.
C'est probablement cela la définition de l'impéritie.

Et puisque vous me conseillez de terminer la lecture de M Schiavon, voici sa conclusion :
Citation :
N'en déplaise à beaucoup, adeptes des procès d'intention et ancrés dans leurs certitudes idéologiques, le général Weygand compte parmi les plus grands chefs militaires français du XXe siècle.
C'est probablement une encore meilleure définition de l'impéritie.


Ce n'est pas que Weygand ne soit pas Foch. Sans-doute pouvait-il être aussi brillant que ce dernier. C'est qu'il ne veut pas être le Foch de 1914 et de 1915, qui ne conçoit qu'une manière de faire la guerre : attaquer ou foutre le camp ! Attaquer sans tenir compte des pertes... Quant à la conclusion du général Humbert, nous nous inscrivons en faux contre celle-ci. Sans aucun doute, Napoléon aurait fait mieux que Weygand. Et Foch, surtout. En tout cas, celui de 1914...

Au fond, les Français peuvent remercier Weygand d'avoir accepté de ternir sa réputation militaire, plutôt que d'avoir continué un combat au résultat douteux.
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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Exposé de Georges et résumé de l'intervention de Weygand

Message par BRH » Lundi 26 Novembre 2018 15:13:37

COPIE (de l'original établi par le général GEORGES)

EXPOSE

fait au Général WEYGAND le 23 Mai.




Front trop étiré de SEDAN à ABBEVILLE

Ne peut être réduit :

- pour ne pas découvrir les Régions Fortifiées
- pour couvrir au mieux PARIS.

Conséquences :

- Front facile à crever.
- Pas de réserves.
- Donc pas de relèves - pas de renforcement.

C'est une simple couverture, d'un gros inexistant.
L'armée française est trop réduite pour remplir sa mission qui est de tenir et de durer.

Ce qu'elle n'a pu faire avec toute ses forces et celles de ses Alliés, elle ne pourra le faire seule, avec seulement des forces françaises réduites de 30 % :

- sans cavalerie
- presque sans chars.

Situation tragique, qui peut, amener le tronçonnement rapide puis l'enveloppement des débris de l'armée, et créer des trous par où s'infiltrent les Panzer pour ravager le reste du pays.

Lutte sans espoir. Situation sans issue.


Résumé de l'intervention du général Weygand devant le comité de guerre, le 25 mai 1940.


Au cours du comité de guerre du 25 mai 1940 (1), en présence du président de la République Albert Lebrun, de Paul Reynaud (président du Conseil), du maréchal Pétain et des ministres de la défense nationale (guerre, air, marine), le nouveau généralissime résume la situation : « Un front continu est en voie d’achèvement. Pour tenir ce front, 36 divisions sont engagées, 3 sont en réserve, 9 sont en mouvement avant de prendre position, soit au total 48 divisions auxquelles il faut ajouter les 10 divisions de forteresse pratiquement immobilisées dans la ligne Maginot. En plus, les disponibilités en réserve du GQG sont constituées par 2 divisions venant d’Afrique du Nord, en cours de déplacement. Le transport d’une autre division est à l’étude. Enfin, une division sera prélevée sur le front des Alpes. A l’intérieur du territoire, on procède à la mise sur pied de 7 divisions (en partie récupérées sur les débris de Corap). Elles seront prêtes entre le 1er et le 15 juin.»

Au 1er juin, les forces se répartiront ainsi : de la mer à Longuyon –soit sur 360 km de front- une quarantaine de divisions (42 exactement, dont 3 Dcr très réduites et 3 Dlc également affaiblies). 6 divisions étant susceptibles d’agir en renfort.

De Longuyon au Jura, sur la ligne Maginot et derrière le Rhin, 17 divisions (après le prélèvement de 25 divisions et d’une Dlc). Mais ce chiffre ne tient pas compte des équipages de la ligne Maginot, ni des troupes d’intervalles, soit 37 régiments d’infanterie de forteresse, regroupés sous l’appellation de secteurs fortifiés « SF », ou de divisions d’infanterie de forteresse « DIF », au total, plus de 220 000 hommes (2) !

S’exagérant le péril, le généralissime avance « qu’en face de nous, nous avons de 130 à 150 divisions allemandes. Nous sommes donc appelés à lutter à 1 contre 3. » (3)
Weygand ne retient que trois solutions dans la stratégie à adopter, qu’il présente ainsi :

1°/ Manœuvre en retraite : pivotant de l’aile gauche de la ligne Maginot et se rétablissant sur des lignes successives, après un coup d’arrêt sur le front Somme-Aisne, les armées de gauche et du centre prendraient position sur la Basse-Seine, l’Oise, la position nord de Paris, la Marne et l’Argonne jusqu’à la position fortifiée de Metz.

« Mais, déclare-t-il, une telle solution est impossible, car nous n’avons pas assez de forces pour garnir les échelons de recueil des postions successives. Nous n’avons de forces que pour nous battre sur une seule position. De plus, aucune organisation profonde du territoire n’existe, aucun réduit n’est préparé. »

2°/ Raccourcir le front : en fait, c’est purement hypothétique. Car si l’on tient une ligne partant de la mer et couvrant Paris, puis rejoignant la Loire pour se couvrir à droite, vers l’Est, ceci impliquerait l’abandon de la ligne Maginot. L’autre option, c’est de conserver cette forteresse, puis de se rabattre vers le Massif Central, en abandonnant la région parisienne. C’est évidemment exclu !

3°/ Tenir sur place, soit sur la position Somme-Aisne et y lutter sans esprit de recul. C’est naturellement celle-ci que préconise Weygand. Pourtant, il lui avait été suggéré de se battre derrière la Basse –Seine. Cette variante avait le désavantage d’allonger le front et de livrer à l’ennemi une vaste portion de territoire sans combattre…
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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