C'est un peu court, jeune homme ! il faut espérer que Victor explicite cette conclusion.
J'ai l'impression qu'il veut dire que Halder et Bock ont été satellisés par la vision de Hitler (ce que j'appelle sa folie mais il n'en est peut-être pas là et ce n'est pas CNE qui va l'y aider).
Il faut replacer les choses dans le contexte 1) de la marche, désormais inéluctable, vers l'entrée en guerre des Etats-Unis et 2) de la prévisible arrivée du Japon, comme belligérant, au sein de l'Axe.
Les Propos intimes et politiques (dits auparavant "de table") que je réédite dans dix jours ne comportent en novembre 41 aucune allusion à la prise espérée de Moscou mais force insultes contre les Juifs et l'Angleterre, en même temps que, le 1er novembre, on peut déduire d'une allusion à la Norvège que Hitler compte désormais l'annexer -ce qui serait un camouflet pour Londres. Traduction :
Je hais l'Angleterre qui m'a déçu et est en train de se vendre aux Etats-Unis tout en essayant de sauver le bolchevisme -logique juive s'il en est; elle peut se repentir et je l'accueillerai comme l'enfant prodigue mais ne pourrai lui rendre ce que le Japon (auquel je m'allie pour lui donner une leçon) lui aura pris dans l'intervalle. Reste à hérisser de défenses mon "espace européen" (tout en y anéantissant "l'ennemi intérieur" par une solution finale) et il urge d'en fermer la porte orientale, par la prise (ou l'investissement) de Moscou. La Providence qui m'a tant favorisé après m'avoir désigné pour diriger la lutte contre le cancer juif, ne va pas me laisser en plan mais au contraire récompenser ma foi, mon espérance et mon manque de charité.
J'en ai absolument besoin pour mener à bien ma tâche, donc : les Russes sont au bout de leur résistance, je le veux, il ne saurait en être autrement, le seul danger c'est notre manque de résolution en ce dernier effort et je vous ai choisis parce que vous avez des... tripes, n'est-ce pas, Messieurs Halder et von Bock ! C'est votre métier de dissiper les doutes en vous et autour de vous.
A vous de choisir entre la gloire de Moltke et le déshonneur de Guillaume II !
« Le 10 novembre [1918], un pasteur vint à l’hôpital militaire pour nous faire une petite allocution ; alors nous apprîmes tout. J’étais ému au plus haut point en l’écoutant […] Je ne pus plus y tenir […]. Brusquement la nuit envahit mes yeux, et en tâtonnant et trébuchant je revins au dortoir où je me jetai sur mon lit et enfouis ma tête brûlante sous la couverture et l’oreiller […]. Tout ceci ne s’était-il passé que pour qu’une poignée de criminels pût mettre la main sur le pays ? […] Misérables ! Dépravés ! Criminels ! […] Dans ces nuits naquit en moi la haine, la haine contre les auteurs de cet événement […] Avec le Juif, il n’y a point à pactiser, mais seulement à décider : tout ou rien ! Quant à moi, je décidai de faire de la politique. »
C’est ainsi qu’Hitler raconte, dans Mein Kampf, l’effet produit sur lui par l’annonce de l’armistice. Ayant été gazé et touché aux yeux, il était en convalescence à l’hôpital de Pasewalk.
Beaucoup a été écrit sur la folie d’Hitler. Le psychanalyste Erich Fromm a vu en lui une personne restée au « stade anal » en raison d’un Œdipe non résolu, qui a transféré son désir incestueux à l’égard de sa mère sur l’Allemagne, sa patrie, et transformé son animosité à l’égard de son père en haine des Juifs. Plus sérieusement, trois jeunes universitaires irlandais, reprenant l’ensemble de la littérature sur le sujet, jugent que le diagnostic de schizophrénie paranoïde, décrit par les manuels de psychiatrie, s’applique très bien1. La maladie se caractérise notamment par des « idées délirantes de persécution ou mégalomaniaques, ou les deux, qui d’habitude s’organisent autour d’un thème cohérent. Cette pathologie est le plus souvent associée à l’anxiété, la colère, une attitude hautaine et la quérulence [délire de revendication] ». Ces facteurs « prédisposent l’individu à la violence », les idées de persécution pouvant engendrer un « comportement suicidaire ». La personne manifeste souvent un complexe de supériorité dans les relations interpersonnelles. La schizophrénie paranoïde n’implique pas de déficiences cognitives et « n’empêche pas de très bien fonctionner dans la vie quotidienne ». Les auteurs pensent qu’en apprenant la nouvelle de l’armistice à l’hôpital de Pasewalk, Hitler a été victime d’une véritable hallucination, caractéristique de la schizophrénie.
Notes
1| Philip Hyland et al., Psychology & Society, 2011, vol. 4 (2).
Forum en cours de déménagement. Retour prévu le 11/03/2015 au soir
CNE_EMB a écrit :
Sujet du message : Re: Jihad Nazi ? info ou intox
Message Publié : 03 Fév 2016 22:11
Le nazisme est avant tout un hitlérisme, et utiliser ce terme désignant une idéologie spécifique pour désigner quelque chose postérieur à 1945 est déjà peu pertinent. Par ailleurs, le nazisme est aussi étroitement lié à la germanité, la "Deutschtum", l'Allemagne. Plus qu'à l'antisémitisme même. Les liens noués avec l'Islam entre 1940 et 1945 sont totalement conjoncturels, absolument déconnectés de l'idéologie nazie qui ne fait qu'utiliser des auxiliaires musulmans en insistant sur la guerre anti-coloniale contre les Français et les Britanniques.
Associer, surtout après la mort de Hitler, la notion de guerre sainte islamique à une idéologie fondamentalement, essentiellement, allemande et hitlérienne, qui n'a rien à voir avec l'Islam, de près ou de loin, est donc un non-sens total.
Que des nazis, en quantité semble-t-il très limitée, se soient recyclés après 1945 dans les conflits du Proche-Orient et aient mis leurs compétences et leur antisémitisme au service d'une cause panarabe et anti-israélienne, soit. En faire un "Jihad nazi" - rien que ça ! - est tout bonnement ridicule, un effet de manche journalistique pour appâter le chaland peu précautionneux et avide de titres évocateurs peu soucieux de la réalité.
CNE_EMB a écrit :
Sujet du message : Re: Hitler : " Je n'ai pas voulu cela."
Message Publié : 05 Fév 2016 13:02
Au-delà du fait qu'il me semble bien que c'est Guillaume II qui a prononcé cette phrase (mais peut-être a-t-il été copié par Hitler ?), je trouve que ce débat part sur de mauvaises bases : Hitler a voulu tout cela, quoi qu'il ait pu en dire. Il veut la guerre avec la France, en particulier, pour solder l'ancien équilibre européen né de 1918 et en créer un nouveau à l'avantage de l'hegemon allemand.
A-t-il prononcé cette phrase qu'il aurait clairement menti, tant son calendrier est méticuleusement établi et rigoureusement suivi. Si les puissances occidentales ne lui avaient pas déclaré la guerre le 2 et le 3 septembre 1939, nul doute qu'il aurait veillé à provoquer un nouveau casus belli pour les y amener peu après... C'est tout l'intérêt du pacte germano-soviétique que de lui laisser les coudées franches pour rééquilibrer les relations européennes au profit exclusif de l'Allemagne. En aurait-il gâché le bénéfice parce qu'en bon "chantre de la paix" il n'a pas "voulu tout cela" ? Ca ne peut pas tenir si on analyse la construction minutieuse de ses "coups de poker" (qui se révèlent finalement ne pas en être si souvent qu'on le dit), qui sont pensés, pesés et... voulus.
CNE_EMB a écrit :
Sujet du message : Re: Hitler : " Je n'ai pas voulu cela."
Il y a aussi des auteurs, sérieux, documentés et fondant leur raisonnement sur des témoins proches du Führer ou les discours de Hitler, qui estiment qu'Hitler souhaitait une guerre contre la France en septembre 1939.
Vous dites de plus qu'on ne peut rentrer dans la tête de Hitler : c'est partiellement faux. On connaît une source peu suspecte des manipulations ou contrepieds hitlériens ultérieurs, où il dit clairement qu'il veut se colleter avec la France et refaire le coup de 1870 : Mein Kampf. S'il y a un seul moment où il annonce la couleur, c'est dans ce livre.
Je sais qu'il a pu changer d'avis en presque quinze ans, mais justement, un faisceau de présomptions qui ne sont pas des analyses par trop psychologisantes mais des faits (nécessité absolue de rabaisser la puissance française pour assurer l'hégémonie allemande en Europe continentale, pacte germano-soviétique qui neutralise le flanc oriental, exhortation à lancer une offensive dès novembre 1939 à plusieurs reprises, initiative de lancer "Gelb" le 10 mai 1940, précédée par une opération d'une audace notable, "Weserübung", dans le jardin des Britanniques, et bien d'autres) montre qu'Hitler voulait d'un conflit avec la France.
En outre, cette citation n'a peut-être même pas été prononcée (en tout cas pas par Hitler) !
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