Le débat sur mon travail

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Re: Le débat sur mon travail

Message par Francois Delpla » Mardi 09 Juillet 2019 12:35:02

Ci-dessus, le 20 novembre 2014, à propos de mon Histoire du Troisième Reich :
Francois Delpla a écrit :
Les allergiques de Passion-Histoire eux-mêmes se contentent de verrouiller un fil sur la question http://www.passion-histoire.net/viewtop ... 19#p495319 , sans oser à l'heure qu'il est le supprimer, comme ils n'avaient pas hésité à le faire en 2011 (voir le début du présent fil).


Ils ont osé !
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Re: Le débat sur mon travail

Message par BRH » Mardi 09 Juillet 2019 15:05:40

Oui, ils osent tout ! C'est même à cela qu'on les reconnaît !!! :evil:

Il est vrai que sur ce forum, Florian Louis (son créateur) n'est guère plus que la reine d'Angleterre...
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Re: Le débat sur mon travail

Message par Francois Delpla » Mardi 27 Août 2019 04:37:39

Dans PH toujours, deux lignes de Pierma http://www.passion-histoire.net/viewtop ... 29#p567829 à propos de Munich

Intégrer toutes les minorités allemandes au Grand Reich faisait partie du programme prévu par Hitler dans Mein Kampf. Ce simple motif idéologique aurait suffi.
Provoquer la colère des Français et des Anglais le laissait parfaitement indifférent : qu'avait-il à craindre ?


Ce Pierma m'inquiète. Il m'apparaissait historiquement classique, mais curieux voire honnête. Il est en train de se ragusifier, et il faut voir le ton sur lequel il engueule et menace certains intervenants, en oubliant plus que Labat, Raguse, CNE et tous les modérateurs réunis la distinction entre le rôle de modérateur et celui de débatteur.

Peu à peu, l'idée progresse que Hitler, à la veille de Munich, joue son désir d'une guerre, tandis qu'un an plus tard il l'éprouve (pour se faire déclarer la guerre par la France afin de l'écraser après trois trimestres d'immobilisme apparent) et que le fait d'avoir bluffé et de s'être apparemment dégonflé devant la menace franco-anglaise en 38 lui profite énormément en 39 (car Paris et Londres brandissent en vain leurs menaces, puis déclarent la guerre sans l'avoir préparée, en comptant plus ou mois sur les Russes dont Hitler leur souffle le partenariat au dernier moment).

Ce qui m'inquiète chez Pierma, c'est moins le fait qu'il reproduise une version dépassée que le fait qu'il ait nécessairement lu ce qui précède sur divers forums, et n'en tienne aucun compte.
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Re: Le débat sur mon travail

Message par Francois Delpla » Lundi 20 Janvier 2020 08:03:57

http://www.passion-histoire.net/viewtop ... cb#p572567

Et dans PH encore, quelques lignes denses

d'un vieux contradicteur qui petit à petit m'a mis à distance

et ainsi danse :

Je travaille sur une publication reprenant les "sept péchés capitaux" de "Barbarossa", et parmi ceux-ci vous avez clairement un échec du renseignement, une planification présomptueuse, un défaut structurel dans la conduite des opérations (immixtion du politique qui impose au militaire des choix discutables et une logique de totalisation du conflit qui va à l'encontre de la ligne d'opérations "action sur les perceptions" visant à affaiblir le régime, sa légitimité, sa capacité à contraindre et à mobiliser tout en renforçant celle de l'Allemagne), une logistique sous-dimensionnée et défaillante (incluse la question des remplacements en personnel), une "euphorie de la victoire" qui fait perdre le sens des réalités en octobre... Mais ma conviction intime est qu'en l'état du plan "Barbarossa", la Wehrmacht était incapable de l'emporter, sauf à provoquer la chute du régime stalinien (mais cela n'en a jamais vraiment approché).


Ces lignes d'un bon historien militaire, officier, si j'ose dire, dans le civil, frôlent l'essentiel en bout de piste.

Soit Hitler est nul, soit il n'a d'espoir, le 22 juin 1941 qu'en un effondrement du régime soviétique dans les toutes premières semaines. C'est ce que j'écris depuis "toujours" (c'est-à-dire ce qui ressort implicitement ou explicitement de mes publications depuis 1992), en choisissant le deuxième terme de l'alternative.

Reste à déterminer pourquoi ce dirigeant qui n’est pas nul en est réduit là. Et ici le nom de Churchill est incontournable. Doublement.

1) parce que sa présence inattendue à la tête de la Grande-Bretagne, juste après le lancement de l'offensive contre la France, prive la rapide victoire contre celle-ci de son aboutissement logique, un retour provisoire de la paix générale, permettant un Barbarossa préparé à l'hitlérienne sur tous les plans (orchestration progressive d'une crise pour mettre l'autre dans son tort, objectifs apparemment limités, isolement diplomatique et militaire de l'ennemi, etc.).

2) parce que Churchill (et non Eden, Roosevelt ou quiconque à l'Ouest) ruine en quelques heures, par son discours de la soirée du 22 juin 1941, ledit isolement diplomatique et militaire, frustrant amèrement Hitler de son espoir principal, réactivé et nourri ensuite jusqu'à la veille de son suicide : l'idée que l'Occident et l'URSS, séparés par des régimes politiques et économiques irréconciliables, ne vont jamais pouvoir agir de concert et s'entendre jusqu'à l'écrasement complet du nazisme. Or Churchill était par excellence, plus encore qu'en mai 1940 par son antinazisme, l'homme de la situation... par son anticommunisme !

Le chef du principal pays capitaliste en guerre contre l'Allemagne, après avoir rappelé son hostilité au communisme et les raisons de celle-ci, définit ce soir-là au micro de la BBC la charte d'une alliance sans arrière-pensée des deux régimes contre l'absolue barbarie du troisième.

Staline, qui était loin de s'y attendre (car sa crainte permanente d'un "encerclement capitaliste"venait d'être encore avivée par le vol de Hess et son maintien en vie dans une captivité confortable), n'a d'autre solution que d'accepter la main tendue, avec un reste de scepticisme qui resurgit périodiquement, lui aussi, jusqu'en 1945.
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Re: Le débat sur mon travail

Message par BRH » Lundi 20 Janvier 2020 09:56:28

En effet, je crois bien m'en souvenir... Mais il y a un petit bémol en ce sens qu'Hitler n'a rien fait pour s'assurer la coopération des populations "libérées" avant 1942 ! Si tel avait été le cas, notamment envers les prisonniers, nul doute que son attitude positive aurait transpiré jusqu'à l'Oural et dès-lors, le sursaut russe aurait été moins énergique...
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Re: Le débat sur mon travail

Message par Francois Delpla » Samedi 25 Janvier 2020 15:24:38

Là, Bruno, on est dans "avec des si..."
et, plus encore, "si ma tante en avait..."

car Hitler entreprenant de diviser les Slaves, pour mieux en dominer certains en satisfaisant les aspirations nationalistes des autres, n'aurait pas été l'auteur de Mein Kampf

ni le programmateur aux abois d'une fusée à la trajectoire parfaite jusqu'à la mi-mai 40

déviée alors mortellement par le refus de Churchill de signer la paix

et porté, en jouant le tout pour le tout, non pas à retarder mais à accélérer son programme de domination des Slaves à coups de massacres et de confiscations.

Mais cela s'anime sur PH à propos de Hitler http://www.passion-histoire.net/viewtop ... 6&start=15 et j'y cours de ce pas, dans la rubrique "les bannis s'expriment".
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Re: Le débat sur mon travail

Message par Tietie007 » Dimanche 08 Mars 2020 19:44:16

Je ne vois pas trop où vous voulez en venir, Monsieur Delpla...
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Re: Le débat sur mon travail

Message par Francois Delpla » Lundi 09 Mars 2020 05:09:56

La différence entre l'historien et le militant, c'est que le premier ne veut jamais en venir nulle part, sinon au discours le moins faux et le moins aventureux possible.

Merci, Thierry, de cette clarification !
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Re: Le débat sur mon travail

Message par Francois Delpla » Lundi 09 Mars 2020 05:22:46

Extrait de ma recension du film De Gaulle :

Le récit des Mémoires de guerre, qu’on peut appeler le gaullisme officiel, est remis en cause depuis 1990 environ. Il montrait

un Pétain et un Weygand tôt désespérés et cherchant une sortie par l’armistice,
un Reynaud résolu à la lutte mais circonvenu et finalement submergé par son entourage,
des efforts de De Gaulle en liaison, depuis le 9 juin, avec ceux de Churchill,
le tout couronné par le projet d’union franco-britannique du 16 juin que Reynaud se montrait incapable de faire adopter à Bordeaux, ce qui provoquait sa chute et l’avènement de Pétain,
enfin une dissidence gaullienne que Churchill et son gouvernement patronnaient sans problème, ouvrant toutes grandes au général les portes de la BBC sans même demander à contrôler ce qu’il disait (dans ces conditions, si on y avait réfléchi, on aurait pu se demander pourquoi l’appel du 18 n’avait pas été émis le 17, jour de l’arrivée du général à Londres en milieu de journée).

En trois décennies, le mythe a été ébranlé avant tout par la découverte des difficultés que Churchill avait dû affronter pour retenir son propre pays sur la voie de l’armistice et de la paix. S’ensuivait une lutte de plusieurs semaines (elle commence ouvertement le 26 mai) avec Halifax, ministre des Affaires étrangères et figure de proue des partisans de l’arrêt de la guerre. Peu de Français en étaient informés mais Paul Reynaud en avait été témoin direct, le 26 mai. De ce fait, son comportement s’explique moins par les pressions de son entourage que par son propre désespoir. Il n’avait guère confiance dans la capacité de Churchill de contenir ses adversaires. De Gaulle, lui, mise tout sur cette case. En d’autres termes, quand Reynaud cède le pouvoir à Pétain pour ne pas trahir l’engagement pris vis-à-vis de Londres de ne pas signer de paix séparée, il fragilise Churchill et il le sait. Quant à l’accueil à Londres de la dissidence gaullienne, il est tributaire du choc entre Churchill et Halifax. Pour commencer, l’appel du 18 juin a été accouché dans la douleur : refusé dans un premier temps par le cabinet anglais, il a failli ne pas être diffusé et ne l’a été qu’au prix d’amendements qui le défiguraient; celui du 19, présent en toutes lettres dans les Mémoires, n’a jamais existé; de Gaulle a été privé de micro jusqu’au 22 juin, au soir de la signature de l’armistice; enfin son appel du 23 a été censuré et, bien que diffusé, n’a pas été reproduit... pas même dans les Mémoires. Il n’a été retrouvé et publié qu’au début du siècle suivant.

Le film retient une partie de ces avancées scientifiques. Ainsi, il montre de Gaulle soumettant son premier texte au pays hôte, et Halifax plus réservé que Churchill sur l’opportunité de l’appel du 18 juin. Mais pour solde de tout compte : avant les effusions finales de la famille à nouveau réunie, femme et enfants ayant réussi de leur côté à passer de la petite Bretagne à la grande, l’avant-dernière scène montre Lambert Wilson lisant solennellement devant un micro le texte connu, c’est-à-dire faux.
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Re: Le débat sur mon travail

Message par Francois Delpla » Lundi 09 Mars 2020 14:43:11

Ma critique d'un article banal sur la conférence d'Evian (juillet 1938) https://www.francetvinfo.fr/monde/europ ... 4DZ6F22evg , qui voit la quasi-totalité des pays refuser d'élargir l'ouverture de leurs frontières aux Juifs allemands, me vaut un abondance exceptionnelle de réactions internautiques, presque entièrement favorables :

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DANS CE BANAL ARTICLE, LA NAÏVETÉ LE DISPUTE... AU RACISME

On dit souvent qu'il faut traiter les causes et non les conséquences. Or quelle signification peut bien avoir cette conférence d'Evian de juillet 1938, consacrée au "problème des réfugiés" juifs allemands, sinon celle d'un oubli radical de ce sain principe ?

Cinq mois avant la nuit de Cristal (dont, soit dit en passant, l'expression "les pogroms meurtriers de la Nuit de Cristal, en novembre 38" donne une idée complètement fausse), on entreprend de poser une rustine alors que le maître de l'Allemagne a les moyens de couper la chambre à air... et s'apprête à le faire. Car cette nuit de terreur amplifiera considérablement le "problème des réfugiés".

L'article a raison sur un point : à Evian, il n'est pas question des causes. D'où une assimilation totale à la situation, de nos jours, des réfugiés syriens. Or ceux-ci sont poussés à l'exil par une situation de guerre, qu'il n'est certes pas facile aux négociateurs des grandes puissances d'abolir d'un trait de plume. Mais à Evian ? Un simple coup d'oeil sur les causes leur en aurait donné non seulement le droit, mais le devoir.

Les Juifs ne sont indésirables en Allemagne que parce qu'un gouvernement s'est arrogé brusquement le droit de trier ses ressortissants, sans la moindre esquisse de concertation internationale. Le monde s'était justement doté d'une instance compétente pour traiter des "minorités nationales", la Société des nations, en 1919. Le 30 janvier 1933, cette instance n'avait pas encore commencé à se discréditer en tolérant des agressions : cela allait commencer en mars suivant, quand la Société refusa de reconnaître la conquête de la Mandchourie par le Japon et que celui-ci la quitta en claquant la porte, sans encourir la moindre sanction. L'arrivée au pouvoir en Allemagne de l'auteur d'un livre traitant les Juifs de "bacilles", et prétendant qu'ils menaçaient la vie même de l'humanité, aurait dû, en bonne légalité, déclencher à Genève l'ouverture d'un dossier sur le sujet, et il n'en avait rien été.

Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire : une conférence, en 1938, où les diplomates les plus réputés des pays les plus influents auraient solennellement affirmé que l'Allemagne n'avait pas le droit de pousser les Juifs à l'exil aurait posé à Hitler un sérieux problème et, probablement, porté un coup terrible à sa popularité. Laquelle, pour passer des 37% de son meilleur score électoral à une majorité incontestable, s'était précisément nourrie du fait qu'il défiait la communauté internationale sans encourir de sanctions.

Puisque cette conférence ne s'occupe que des conséquences, son résultat ne peut qu'accroître encore cette popularité et, ce qui est plus grave encore, la marge d'action de Hitler. Soit, en effet, les puissances décident d'accueillir largement les réfugiés, et il triomphe en disant que l'Allemagne doit, au sein d'une planète dominée par les Juifs, serrer les rangs autour de lui, soit elles maintiennent leurs restrictions et prouvent que cette "race" est indésirable partout. Ce qui advient.

Le fait qu'on puisse encore parler ainsi d'Evian montre la persistance de graves carences dans l'analyse du nazisme et dans la prise en compte de la diabolique habileté de son chef, atteint d'un dérangement mental qui n'obérait en rien ses facultés intellectuelles.

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J'avais déjà écrit cela cent fois, sous une forme ou sous une autre !

Il faut prendre la vie comme elle vient...
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Re: Le débat sur mon travail

Message par Francois Delpla » Lundi 09 Mars 2020 14:47:11

A propos, mon mémoire d'habilitation, qui avait disparu de la Toile après la mort, à peu d'intervalle, de deux internautes qui l'hébergeaient chacun sur son site, Daniel Laurent et Pierre Chaput, a été remis en ligne https://www.39-45.org/DGM/DGMHS1.pdf?fb ... 0SLVFrK2rM .
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Re: Le débat sur mon travail

Message par Francois Delpla » Mercredi 20 Janvier 2021 06:29:32

Récemment sur Facebook https://www.facebook.com/groups/1116719 ... &ref=notif :

François Delpla
Conseil pratique : si vous lisez ou entendez dire que je le juge [Hitler] "omnipotent et omniscient", détournez-vous de l'informateur mal informé (ou menteur), et lisez un mien livre ou article, directement du producteur au consommateur !

Guy DuGres
J'ai lu votre dernier ouvrage [Bormann] (c'était même mon "cadeau" de Noël) qui m'a semblé très convaincant sur l'analyse du rôle de Hitler. Et, comme on dit, il vaut mieux s'adresser au bon Dieu qu'à ses saints...
Quant à ceux qui prétendraient que vous le jugez "omnipotent et omniscient", ce n'est pas l'impression que j'ai eue en lisant votre Bormann. Personnellement, j'ai plutôt eu le sentiment qu'il s'agissait d'un fieffé coquin, d'un manipulateur de premier ordre, d'une personnalité profondément perverse en terme de mise en scène et de construction de ses coups de poker politiques.
Cependant, il me semble que ceux qui ne voient en lui qu'un "dictateur faible", s'ils se trompent évidemment, produisent tout de même une analyse intéressante dans le sens où ils se penchent souvent sur le tissu social , politique et culturel de l'Allemagne de cette époque. Et je me dis qu'il ne faut peut-être pas non plus jeter le bébé avec l'eau du bain... .


François Delpla
Mon prof d'hypokhâgne, Jean Borella, aimait citer une phrase qu'il attribuait à Leibniz : "Les systèmes sont vrais dans ce qu'ils affirment et faux dans ce qu'ils nient". J'appliquerais cela volontiers aux historiens fonctionnalistes du nazisme : certes ils écrivent des choses utiles sur l'application de la doctrine, mais en niant la présence d'un pilote dans l'avion ils sombrent dans l'erreur.
Le Bormann en offre des exemples et plus encore mon livre précédent, Hitler et Pétain. Les historiens de Vichy omettent très souvent de se demander, quand Abetz, Stülpnagel ou Oberg exigent quelque chose de Pétain, Darlan ou Laval, si Hitler le leur a demandé. En posant systématiquement la question, j'ai fait surgir des nouveautés à la pelle. Par exemple, un guidage précis par Hitler du procès de Riom, de sa conception à son interruption.
Ou encore, n'en déplaise à l'excellent Renaud Meltz https://www.youtube.com/watch?v=YcCg0O8TLuY , son rôle dans l'éclipse puis dans le retour de Laval.
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Re: Le débat sur mon travail

Message par Francois Delpla » Vendredi 02 Décembre 2022 05:43:47

Le Napoléon de Philipp Bouhler (1942)


32 ans de réflexion quasi-quotidienne sur le nazisme et la honte grandit chaque jour devant mon ignorance.

Ce livre, trouvable sur Internet pour une poignée de dollars, m'était inconnu. Or l'auteur était on ne peut plus proche d'Hitler, dont il dirigeait la "chancellerie" personnelle, et le Führer ne l'avait pas mis de corvée sur le sujet, en 1940 ou 1941, sans se prendre lui-même pour ce sujet... non pas d'une manière sottement orgueilleuse, mais pour étayer ses vues "européennes", qui allaient être sa planche de salut devant le malencontreux obstacle churchillien.

Il s'agit d'un véritable aggiornamento de Mein Kampf, au même titre que les propos dits de table... que j'ai récemment réédités sans exploiter ce livre dans le commentaire des passages sur Napoléon.

Il est vrai que sur Bouhler et sa chancellerie la bibliographie, des plus minces, n'aborde guère que la question de l'"euthanasie" (dite faussement T4).

La honte, vous dis-je ! à peine tempérée par un peu de fierté d'avancer le premier sur certains chemins.
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Re: Le débat sur mon travail

Message par Francois Delpla » Samedi 03 Décembre 2022 16:24:21

La lecture tient ses promesses !

Après une évocation rapide des 27 premières années du futur empereur, qui suffit à nuancer l'idée primaire, propagée encore récemment par Johann Chapoutot, que le nazisme aurait honni la Révolution française, Bouhler aborde la campagne d'Italie et cite de façon fort nazie une lettre très hitlérienne de Bonaparte au Directoire qui, pris de crainte devant ses premières victoires, lui avait envoyé Kellermann pour codiriger l'armée avec lui :
La lettre, un chef-d'oeuvre en son genre,laissait clairement entendre qu'il ne consentirait pas à partager le haut commandement ; entre les lignes aux formules adroites et polies tracées par le 'dévoué citoyen général' grondait sourdement le murmure de l'indiscipline : 'J'ai fait la campagne sans consulter personne, je n'eusse rien fait de bon s'il eût fallu me concilier avec la manière de voir d'un autre.' (p. 33)


Beau résumé du Führerprinzip, tant en matière politique que militaire ! Et belle justification de ce principe par un illustre précédent.

Hitler va écrire à Pétain, par exemple, quelques missives de ce genre, insolentes sous les politesses diplomatiques.
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Re: Le débat sur mon travail

Message par Francois Delpla » Mardi 06 Décembre 2022 08:11:30

Je viens de découvrir ce livre dont la première édition allemande semble être de fin 1941, mais qui en a connu 9 en français, chez Grasset, jusqu'en 1944.

Il est tout à fait anormal qu'une telle invasion de papier ne soit pas mentionnée dans les histoires de l'Occupation, et ne fasse l'objet d'aucun travail historique.

L'auteur non plus n'est pas une cible favorite de la recherche, pas plus que l'officine qu'il dirigeait, la "chancellerie du Führer", souvent réduite, quand on en parle, à la direction du massacre des handicapés.

Il appert que, sitôt lancée cette opération, Hitler a attelé Bouhler à une tout autre besogne : la lecture et la synthèse de tout ce qui concernait Napoléon, et la rédaction (souvent à quatre mains) d'un livre rapprochant autant que possible leurs deux personnalités, les rares différences étant à l'avantage du plus jeune, en train d'achever la besogne.

Il s'agissait probablement d'une réaction au surgissement de l'obstacle churchillien, destinée à montrer la capacité de nuisance de l'Angleterre envers l'Europe, tout en préservant les chances d'un modus vivendi avec elle, une fois qu'elle aurait compris et admis la caducité de sa politique d'équilibre européen.

Les experts napoléoniens du site connaissent-ils cet ouvrage ? Si oui, quelle place a-t-il dans leur culture ?
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