Je ne pense pas que Rommel aurait pu débarquer avec six Panzerdivisionen en juin 40... Restons sérieux, tout de même ! Déjà, parce que je vois mal ces divisions quitter la France pour le sud de l'Italie, alors que l'armistice n'est pas signé. Sans compter un détour considérable par l'Allemagne !
boisbouvier a écrit :Je ne comprends pas.
Armistice ou pas, la France, vaincue à plate couture, ne pouvait plus opposer de résistance organisée sur le territoire métropolitain, tout au plus quelques guérillas dans des régions de montagne, comme en 1943-44.
Les Allemands, alliés de l'Italie et de l'Espagne, auraient pu débarquer en Afrique non pas seulement six divisions mais cent ou même deux cents comme ils en employèrent en 41-42-43-44 en URSS. Mussolini n'avait pas entamé sa désastreuse campagne de Grèce qui fit tant de tort à Hitler.
Sans parler des Italiens, déjà alliés, et des Espagnols, tout près de leur venir en aide.
D'autre part ce n'est pas un secret que, face aux bombardiers les cuirassés et les croiseurs étaient dépourvus de valeur militaire.
Côté allemand, le Bismarck fut désemparé par un simple Swordfish parti d'un porte-avions anglais en mai 41, la flotte de Mussolini avait été détruite dans le golfe de Tarente en novembre précédent par les avions d'un autre porte-avions anglais, et côté anglais la moitié de la Mediterranean Fleet fut détruite en Crète par des avions basés en Grèce en mai 41, tandis qu'en Malaisie, en décembre 42, le "Repulse" et le "Prince of Wales" furent coulés par des bombardiers japonais. Côté américain, Pearl Harbor fut si probant que la construction de deux cuirassés déjà engagée fut interrompue.
Côté japonais, les deux monstres de 60 000 tonnes (le Yamato et le ?..) n'osaient pas sortir et si le Scharnhorst et le Gneisenau finirent par quitter Brest pour rallier Bremerhaven ce fut miracle que la RAF ne les interceptât pas. Quant au Tirpitz, réfugié dans un fjord de Norvège, il n'osait plus en sortir mas il fut coulé quand même par des sous-marins de poche et des bombes spéciales perforantes.
Pas des mois, mais quelques semaines. Et la région alpine demeure impénétrable, tant pour les Italiens que pour les Allemands.
Oui, mais en juillet 40, les Allemands ne disposent pas encore de bombes contre les blindages des ponts et pas non plus d'avions torpilleurs. Les Italiens en possèdent quelques-uns, mais ils sont aussi lents que les Swordfishs, donc vulnérables à la chasse et à la dca.
Si Hitler se détourne de la Manche pour la Méditerranée, les Anglais ne peuvent manquer d'envoyer des hurricanes pour nous soutenir. Alors, commence l'équivalent de la bataille d'Angleterre, mais en Tunisie...
boisbouvier a écrit :Pas des mois, mais quelques semaines. Et la région alpine demeure impénétrable, tant pour les Italiens que pour les Allemands.
Les actions de guérilla peuvent se prolonger sans une logistique moderne mais pas les actions militaires d'envergure.
Le Vercors, en juin 44, fut une action militaire d'envergure. Or, il fut ravitaillé par air à une date où les alliés avaient la maitrise du ciel.
En juin 40, ce n'était pas le cas.
Vous commettez la même erreur qu'Eisenhower lui-même (excusez du peu !).
Il a cru à la possibilité d' un réduit allemand en Bavière, en mars- avril 45.(lire "La dernière bataille" de l'auteur de "Le jour le plus long".)
Mais pas longtemps.
boisbouvier a écrit :Oui, mais en juillet 40, les Allemands ne disposent pas encore de bombes contre les blindages des ponts et pas non plus d'avions torpilleurs. Les Italiens en possèdent quelques-uns, mais ils sont aussi lents que les Swordfishs, donc vulnérables à la chasse et à la dca.
Or, précisément, qui a la maitrise du ciel dans le détroit de Sicile, en juillet 40 et longtemps encore après, si ce ne sont les Italiens ?
Se rappeler que le 8 novembre 42 l'invasion anglo-américaine s'est arrêtée à Alger et que Tunis ne fut pas comprise dans la zone d'invasion pour cette raison là : le rayon d'action des avions de l'Axe était suffisant pour empêcher un débarquement allié à l'est d'Alger.
Qui aura la maitrise du ciel dans le détroit de Gibraltar une fois celle-ci prise d'assaut par voie de terre et d'air combinées: se rappeler d'Eben-Emael.
Par où passait le ravitaillement du corps expéditionnaire anglais en Egypte en 40 et 41 ?
Par le cap de bonne Espérance: deux mois de navigation en plus!
"L'armistice nous a sauvés", dit (en substance) Churchill au général Georges, en 43.
"L'armistice nous a perdus", dit Hitler à Bormann, en février 45.
Si Hitler se détourne de la Manche pour la Méditerranée, les Anglais ne peuvent manquer d'envoyer des hurricanes pour nous soutenir. Alors, commence l'équivalent de la bataille d'Angleterre, mais en Tunisie...
Je vois mal des Hurricane et des Spitfire basés en Angleterre faire l'aller-retour Kent- Tunisie.
Il y a bien les points d'appui de Malte, Gibraltar et de l'AFN française mais, en juin 40, Franco est demandeur d'une alliance avec Hitler, de sorte que, non seulement Gibraltar serait tombée à coup sûr, mais encore, que les Panzer dévalaient en AFN à partir du Maroc espagnol.
L'AFN dépourvue d'usines d'armement et de munitions n'aurait pu tenir.
La logistique, vous dis-je !
Quant aux usines d'AFN, ce sont celles des USA !!!
Thierry Giraud a écrit :Dans Pierre Laval devant l'Histoire, par René de Chambrun, France-Empire, 1983, le gendre de Laval fait des révélations intéressantes, pages 105-110 dans le chapitre : Sur le Potomac,avec Roosevelt.
En effet, en juin 1940, alors que la France est en mauvaise posture, il rencontre William Bullitt, l'ambassadeur américain en France, lui avouant sa certitude que l'Angleterre va tenir. Chambrun a l'avantage de connaître les USA, où il a travaillé en tant qu'avocat et d'entretenir avec Roosevelt des relations amicales. Aussi, Bullitt fait nommer par Reynaud, Chambrun comme attaché militaire spécial, avec pour mission d'aller voir Roosevelt pour le convaincre que la Grande-Bretagne tiendra. Chambrun, arrivé à New-York, le 12 juin, court-circuitant l'ambassadeur de France aux USA, un dénommé Saint-Quentin, totalement hors du coup, se fait inviter sur le yacht présidentiel avec Hopkins et Harriman.
L'envoyé spécial raconte que le Vendredi 14, lors du five o'clock tea, en compagnie du Président, une missive prévient celui-ci que les allemands ont traversé la Seine et se dirige vers la Loire. Roosevelt, abattu, aurait dit à Chambrun : "The show is over".
C'est alors que le Français va déployer un argumentaire sur sa certitude que l'Angleterre allait tenir avec sa redoutable RAF et l'aide des américains. Chambrun souligne qu'il redonna espoir au Président et que celui évoqua (page 107) :
" Il y a dans les ports de New-York, Norfolk, Baltimore, 450 avions de chasse, 500 000 fusils, plusieurs centaines de canons de DCA, anti-chars, commandés par la France et la Grande-Bretagne. La victoire allemande a eu pour effet le déferlement, au sein même du cabinet, d'un pessimisme isolationniste tel qu'il a été décidé, hier, que tout ce matériel serait conservé pour la défense des USA. Il faut que nous revenions sur cette décision dès mardi."
Le président chargea Chambrun de rencontrer 23 personnalités américaines dont Morgenthau et Hull, pour leur exposer sa foi dans la résistance anglaise et Chambrun envoya un télégramme à Reynaud pour lui exposer la nouvelle politique rooseveltienne qui consistera à s'opposer avec la Grande-Bretagne, la flotte et l'Empire français, à la domination nazie :
"Je viens de passer deux jours avec le Président et son conseiller le plus proche, Harry Hopkins. Il est convaincu que son pays, l'Empire britannique et ce qui restera demain de la flotte et des colonies françaises, constitueront le seul rempart contre la la domination du monde par l'Allemagne. Comme le champion d'une cause, il a la croyance presque mystique que les événements d'aujourd'hui font de lui le seul homme qui puisse arrêter Hitler. Il fera tout pour entraîner derrière lui l'opinion du pays. Celle-ci le suivra même dans la guerre à deux conditions. Primo que l'Angleterre, loin de démoraliser les Américains comme le fait la propagande défaitiste qui joue de la propagande allemande, dise qu'elle l'emportera malgré les revers, deuxièmement, que la France conserve sa flotte et son Empire."
En résumé on peut déduire, selon les dires de Chambrun que :
1°) Roosevelt fut abasourdi par l'effondrement français mais d'après Chambrun décida, rapidement, de soutenir la Grande-Bretagne.
2°) Roosevelt craint que la défaite française ne renforce le courant isolationniste qui oeuvre dans son propre gouvernement et il demande à Chambrun de se faire le porte-parole auprès des membres de son gouvernement, de la nécessaire aide étatsuniennes à l'Angleterre.
3°) Dès la mi-juin 40, il paraît vital au président américain, que la flotte et l'Empire français ne tombent pas aux mains des allemands.
Celle-ci le suivra même dans la guerre à deux conditions. Primo que l'Angleterre, loin de démoraliser les Américains comme le fait la propagande défaitiste qui joue de la propagande allemande, dise qu'elle l'emportera malgré les revers, deuxièmement, que la France conserve sa flotte et son Empire."
L'armistice: le moyen d'arrêter les Allemands dans leur marche vers le sud ? Peut-être, mais ce fut accidentel !
Personne ne croyait que la guerre durerait au-delà de l'été 40 et surtout pas Pétain... Ni même Hitler d'ailleurs !
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