Entretiens d'Henri Guillemin sur Pétain !

[Francois Delpla]

Si c'est ton cas, dis le.
Pour qu'on rigole.

ce n'est tout simplement pas ma conception du débat en général, et des forums internautiques en particulier.

Je te laisse soliloquer autant qu'il me chante.

[BRH]

Les messages laconiques ne contenant aucune information profitable au public seront dorénavant supprimés sans autre forme de procès...

[boisbouvier]

Pourtant le fond du débat se trouve là. Vichy fut le gouvernement de l'armistice et l'armistice fut demandé à la suite d'un débat au sein du ministère Reynaud. Fallait-il lutter jusqu'au bout ou cesser un combat devenu inutile ? Le jusqu'auboutisme prévalut pendant quelques jours, mais il perdit vite du terrain. On reconnut qu'on ne pouvait pas aller jusqu'au bout, car, le bout, c'est la mort : elle est de fait au bout de la vie. Quelqu'un l'a dit au sein du cabinet : Pétain ? Weygand ? je ne sais plus. Non : on ne peut pas aller jusqu'au bout. Henri Guillemin, lui, ne se pose même pas la question alors que tout le monde se l'est posée à ce moment-là. Ça indique suffisamment à qui on a affaire.

[Francois Delpla]

"Monsieur le maréchal, pour commettre un tel acte de soumission, il n’y avait pas besoin du vainqueur de Verdun, n’importe qui aurait suffi"

encore une parole qui juge son auteur, grand amateur de la mort de préférence à la vie !

[boisbouvier]

L'auteur de cette phrase avait mis sa personne à Londres ainsi que celles de sa famille proche, loin des officines de la Gestapo. Il a bien fait d'ailleurs. Personne ne demande plus à un chef de faire comme Nelson et de se désigner lui-même au tir de ses adversaires en revêtant son plus bel habit d'amiral.
Je ne doute pas néanmoins, cher Binaire, que tu l'eusses imité quant à toi.

[boisbouvier]

"Monsieur le maréchal, pour commettre un tel acte de soumission, il n’y avait pas besoin du vainqueur de Verdun, n’importe qui aurait suffi"

Isorni a rebondi magnifiquement dans sa plaidoirie sur cette phrase fameuse du général.
Si, justement : pour que cette action de protection en défense réussisse il fallait que ce fût un maréchal de France qui l'entreprenne.

[Francois Delpla]

et qu'a-t-il rétorqué sur la suite ?

Vous avez tenu pour absurde toute prolongation de la résistance dans l'Empire. Vous avez considéré comme dérisoire l'effort que fournit et celui que fournira notre allié, l'Empire britannique.Vous avez renoncé d'avance aux ressources offertes
par l'immense Amérique.

Vous avez joué perdu, jeté nos cartes, fait vider nos poches, comme s'il ne nous restait
aucun atout. Il y a là l'effet d'une sorte de découragement profond, de scepticisme morose, qui a été pour beaucoup dans la liquéfaction des suprêmes résistances de nos forces métropolitaines.

Et c'est du même ton, Monsieur le Maréchal, que vous conviez la France livrée, la France
pillée, la France asservie, à reprendre son labeur, à se refaire, à se relever. Mais dans quelle atmosphère, par quels moyens, au nom de quoi, voulez-vous qu'elle se relève sous la botte allemande et l'escarpin italien ?

[boisbouvier]

Arrête [censuré].
Tu sais aussi bien que moi que la grande préoccupation des Français occupés était : que vais-je manger demain ?
Et que, même quand ils écoutaient la BBC, ce n'était que pour se rassurer sur ce point. Combien de temps allait durer ce calvaire : manquer de nourriture ?

Rien de pire en effet. Tu imagines en effet , comme Marcel Aymé l'a fait, cette pauvre mère qui après avoir fait la queue pendant six heures rentre à l'appartement épuisée avec rien dans son sac à provisions. Ses enfants se jettent avidement sur ce sac. Hélas, il est vide. Toi, le héros, tu t'en fous pas mal. Moi, le trivial, je tiens compte.

[Francois Delpla]

ah ça, que les Boches aient affamé la France, nous en sommes bien d'accord !

[Auguste]

Il me semble qu'on est loin du débat... Guillemin assure que Pétain a voulu le pouvoir pour exercer sa politique à l'intérieur et accessoirement, s'arranger avec les Allemands. Je crois aussi comme BRH qu'il n'avait pas une idée claire des choses. Pas prévu la résistance de l'angleterre, ni une guerre qui durait autant. Donc, il pare au plus pressé, au gré des évènements... Mais il s'arrange pour continuer sa poloitique qui doit être à l'inverse du front popu. Répression des juifs et des franc-mac, mise sous tutelle des enseignants et politique familiale, même si les enfants crèvent de faim. C'est un aspect nouveau que j'avais mal perçu. Guillemin n'a peut-être pas tort.

[boisbouvier]

Et bien non, mon cher Auguste, en France on a mal mangé mais on n'est pas mort de faim tandis qu'en Grèce et à Leningrad, si, il y eut des morts de faim. Même qu'il fallait garder les enfants à la maison parce que, incroyable mais vrai, ils se faisaient bouffer par des anthropophages !

[boisbouvier]

Vous avez tenu pour absurde toute prolongation de la résistance dans l'Empire. Vous avez considéré comme dérisoire l'effort que fournit et celui que fournira notre allié, l'Empire britannique.Vous avez renoncé d'avance aux ressources offertes
par l'immense Amérique.

Non. Pétain n'a pas tenu pour absurde une prolongation de la lutte dans l'Empire. La preuve ? L'action de Weygand à Alger. Il y reconstitua une armée, l'armée d'Afrique, qui s'est illustrée en Italie et en Alsace. Elle comprenait 400 000 hommes quand les troupes de la France libre n'en comprenaient que 20 000. Pétain fut comparable au consul Fabius qui fut dit "cunctator" qui veut dire temporisateur. Après les grandes victoires d'Hannibal, il fallait du temps pour reconstituer les forces de la République romaine. Il en fallait aussi pour reconstituer celles de la République française. Il n'a pas non plus renoncé aux ressources de l'immense Amérique : il entretenait les meilleurs rapports avec l'amiral Leahy, l'ami que Roosevelt avait envoyé à Vichy comme ambassadeur. Il ne pouvait savoir que Pearl Harbor aurait lieu. Il aurait pu n'avoir jamais lieu. De Gaulle le sait bien d'ailleurs, mais, comme à son habitude, il fait "comme si". Un vrai diable ce De Gaulle. Et un sens de l'humour, j'te dis pas !

[boisbouvier]

Est-ce dans son discours du 31 décembre 43 (ou 42 ?) que Pétain parla du ciel étoilé qui au dessus de nous réglait l'ordre divin. Allusion transparente au drapeau américain.

[Francois Delpla]

j'ai peur que tu ne deviennes jamais historien : tu ne recherches dans le passé que des essences, dans une parfaite indifférence à la chronologie et au contexte.

[BRH]

Non, l'armée d'Afrique ne comprenait pas 400 000 hommes, mais 130 000 tout au plus. 400 000, c'est le chiffre de la 1ère armée, commandée par de Lattre. Et c'est l'armée française tout court...