Gamelin, seul et unique responsable du désastre de 1940 !

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Message par BRH » Mercredi 11 Mars 2020 22:38:46

Rappelons les faits :

Chef d'état-major des Armées en 1935, Gamelin cumule cette fonction avec celle d'inspecteur général de l'Armée. En mars 1936, quand Hitler réoccupe la Rhénanie, il décourage toute velléité d'intervention : selon-lui, il faudrait mobiliser 10 classes de réservistes pour envisager une quelconque réaction, soit les effectifs d'une demi-mobilisation générale. Son avis est déterminant pour entraîner les ministres dans la voie du renoncement. Malgré ou à cause de cela, Gamelin est nommé chef d'État-Major de la Défense nationale, avec une mission de coordination entre les trois armées (décret du 21 janvier 1938). En effet, il gagne la confiance et l'estime de Daladier que ce dernier lui accordera jusqu'au bout, contre vents et marées...

Gamelin joue ainsi un rôle déterminant dans le réarmement de la France face à la menace allemande. Il imprègne de ses conceptions l'organisation, l'armement et l’entraînement de l'Armée, repoussant notamment les idées du colonel de Gaulle sur la nécessaire création de six divisions blindées.

Gamelin soutient un plan stratégique défensif consistant à attendre l'attaque nazie, en sanctuarisant un front continu de la Suisse à la mer du Nord, derrière la ligne Maginot, avec des divisions de second ordre derrière l'obstacle naturel de la Meuse, et avec l'élite de nos divisions jusqu'à la Dyle, où les divisions britanniques et belges doivent prendre le relais jusqu'à la mer. Malgré les avertissements du général Corap sur la faiblesse du front derrière la Meuse, il réplique à ce dernier : "La Meuse, Corap ? Mais ça ne m'intéresse pas" !

Anticipant cependant l'agression de la Belgique et des Pays-Bas, il met au point une manœuvre consistant à avancer en Belgique jusqu'à la Dyle pour raccourcir la ligne de front et rallier les troupes belges. Hélas, Gamelin impose la "variante Breda", qui consiste à placer à l'extrême nord du front la 7ème armée de Giraud, afin de "tendre la main aux Hollandais". En agissant ainsi, il se prive de toute réserve centrale, à rebours de tous les grands principes de la stratégie ! Cette manœuvre est exécutée dès le début de la campagne, déplaçant les meilleures unités françaises et leur soutien aérien très loin du lieu de l'attaque véritable des Panzerdivisionen.

Aussi, le 13 mai 1940, quand Rommel et Guderian franchissent la Meuse à Dinant et à Sedan, pour enfoncer le centre français, il n'a plus les moyens de lancer une contre-attaque d'envergure.

De sorte que Gamelin est le seul et unique responsable militaire du désastre de l'armée française en mai 1940 (avec son mentor politique Daladier).
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Re: Gamelin, seul et unique responsable du désastre de 1940

Message par Auguste » Jeudi 12 Mars 2020 12:03:28

Tout cela est vrai et connu depuis longtemps... "En même temps", ces deux lascars n'ont-ils pas eu une ribambelle de complices ? Gamelin n'a pas fait son plan tout seul...
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Re: Gamelin, seul et unique responsable du désastre de 1940

Message par BRH » Jeudi 12 Mars 2020 14:46:58

Il paraît exister un courant de soi-disant "spécialistes" qui prônerait une certaine indulgence envers Gamelin... Le tenir pour seul responsable du désastre serait faire preuve de présomption en avançant des arguments péremptoires ! Qu'il n'ait pas été le seul à agir, c'est l'évidence. Néanmoins, étant le chef indiscutable et indiscuté de l'armée, il est logique qu'il en assume toute la responsabilité devant l'Histoire. Rien ne s'est accompli que par sa signature et jamais contre son avis.

Les faits que j'ai succintement rassemblés sont un minimum, certainement, mais n'en constituent pas moins un état de la question implacable. Il a été relevé que le déplacement de la VIIème Armée de Giraud vers le nord (alors qu'elle était primitivement positionnée autour de Reims) ne résultait pas de la variante "Breda". En effet, ce transfert provenait de la manoeuvre "Escaut" qui prévoyait que ladite armée couvrirait Anvers en se reliant au BEF installé sur l'Escaut. Le mouvement débuta à la mi-novembre 1939. Mais alors, la faute n'en était pas une, car la 1ère armée restait accrochée à la position-frontière et en cas de percée sur la Meuse française, elle était susceptible de former un crochet défensif sur sa droite... Dans la manoeuvre "Dyle", la 1ère armée montant en Belgique jusqu'à la ligne Wavre-Namur, elle n'était plus en mesure d'intervenir au profit du centre. Gamelin aurait donc dû ramener la VIIème armée vers Reims ou, à défaut, puiser dans les réserves stupidement accumulées derrière la ligne Maginot, pour activer la VIème armée derrière notre centre (IXème armée).

Par quelque bout que l'on prenne le dossier, je ne vois aucun élément susceptible d'atténuer si peu que ce soit l'énorme responsabilité de Gamelin dans le désastre ! Georges a ratifié ses plans (même en maugréant) ? Cela n'amoindrit nullement la faute de Gamelin. On croirait que cet homme (qui fut brillant) n'était plus capable de méditer sur sa carte en transposant les leçons d'Austerlitz...
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Re: Gamelin, seul et unique responsable du désastre de 1940

Message par BRH » Vendredi 20 Mars 2020 16:20:05

Le débat rebondit entre Dhouliez et Jardin David :

Jardin David a écrit :Personnellement je n'ai pas de réponse définitive pour désigner un seul et unique responsable militaire à la défaite de 1940, mais GAMELIN me semble un bon candidat. Les raisons principales souvent évoquées :
- stratégie de base 100% défensive .... mais modifiée au dernier moment
- absence de réserve au moment décisif
- grenouillages politiques variées

Ceci étant, je ne suis pas certain que le résultat aurait grandement différé avec un autre généralissime. Réécrire l'histoire me semble nécessiter de remonter assez loin. 1934 ?
JD


DHouliez a écrit :Pensez réellement que l'on puisse désigner un seul et unique responsable ?


Je ne suis pas juge !
"Seul et unique" me semble un peu trop conciliant envers les autres membres de la caste des officiers généraux (si on en reste aux responsabilités militaires). Disons que "principal" me semble plus approprié. Là encore, je n'ai pas de certitude absolue et je lirai avec plaisir toute contribution qui souhaiterait démontrer qu'il faut chercher ailleurs.
JD


dhouliez

Moi non plus, je ne suis pas juge, sinon de l'intérêt de certains messages pour la tenue correcte du forum.

Ce dont je suis par contre convaincu, c'est de l'intérêt limité de cette approche.

Bien entendu, il faut chercher ailleurs, pas nécessairement parce que Gamelin ne serait pas le principal responsable, mais par principe.

C'est pourquoi les postures définitives désignant les "ganaches" et les "nuls" n'ont aucun intérêt.

"La caste" des officiers généraux n'était pas unie, par exemple, et en son sein, certains n'avaient certainement pas comme priorité la solidarité avec les autres généraux... voir le cas du général Bourret, par exemple.

Faire de Daladier le mentor de Gamelin est également simplificateur.

DH

Je n'ai pas d'éléments particuliers à ajouter concernant GAMELIN, mais l'exemple de BOURRET n'est pas forcément probant. Même qualifié de "républicain" (ce serait à définir sans jugement de valeur) BOURRET n'en reste pas moins prisonnier du même modèle de pensée. La lecture déjà ancienne de ses mémoires ne m'a pas beaucoup avancé. Au moins n'a t-il pas effectué de réécritures auto-justificatrices.
Comment aurait-il pu sortir du modèle de pensée militaire dominant, celui de cette caste ? Pour cela il fallait laisser du temps au temps, subir des pertes et apprendre (*). De GAULLE militaire n'a pas été meilleur. C'est justement ce facteur temps qui n'était pas disponible en juin 1940.
Ceci dit je ne voudrais pas en faire des lignes et des lignes sur ce sujet qui reste, à mes yeux, trop peu factuel et davantage basé sur nos impressions personnelles.
JD
(*) hors aspects militaires, on peut aussi ajouter qu'il fallait prendre la dimension des spécificités nazies et des dangers inédits que cela représentait. On pourrait disserter sur l'attitude anti-patriotique des communistes mais ils n'étaient pas les seuls, loin de là.



JARDIN DAVID a écrit:
ce sujet qui reste, à mes yeux, trop peu factuel et davantage basé sur nos impressions personnelles

DHouliez

Bien d'accord.. mais dès lors, quel était l'intérêt de relancer le sujet sur ces bases ?

Je ne suis pas d'accord avec l'utilisation du terme "caste", le "modèle de pensée" serait à définir, comparer l'action de de Gaulle divisionnaire avec celle de Gamelin généralissime n'a pas de sens (pas plus qu'avec au minimum les trois quarts des autres divisionnaires), le poids des "spécificités nazies" méritait d'être pesé en fonction du moment et des décisions à prendre, etc.

Encore une fois, quel est l'intérêt de relancer un sujet sur l'appréciation des qualités de Gamelin, à base d'impression(s) personnelle(s), alors même qu'une étude nouvelle vient de paraître sur le sujet ?

Cette étude mériterait d'être lue et discutée pour sortir des impressions personnelles, justement.



JARDIN DAVID

Je suis tout à fait d'accord pour éviter la partie de ping-pong ... que je n'ai pas spécialement initiée. Il est vrai que le récent rangement de mon rayonnage 1940 et la relecture de quelques passages des mémoires de GAMELIN m'ont incité à intervenir assez inutilement.
On ne parle plus de BOURRET et ce que j'ai écrit de de GAULLE ne concerne effectivement qu'un récent divisionnaire à TT, pas de rapport direct avec la responsabilité du généralissime. Simple observation de ma part sur une sclérose (j'espère ne pas choquer) ... générale !
Lire Simon CATROS est probablement la meilleure chose à faire sur ce sujet. Peu de dispo en ce qui me concerne et j'en reste donc là en attendant avec plaisir les notes de lecture des uns et des autres.
Bonne lecture à tous !

JD
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Re: Gamelin, seul et unique responsable du désastre de 1940

Message par Tietie007 » Lundi 23 Mars 2020 08:55:47

Gamelin a bon dos ...Il s'avère que la première guerre mondiale avait traumatisé les sociétés européennes et que le pacifisme irriguait ces mêmes sociétés, d'où des choix militaires basés sur la défensive. Avec Painlevé, ça sera la ligne Maginot, remplaçant le béton par les poitrines et dans la première moitié des années 30, avec Daladier comme ministre de la guerre, ça sera la diminution continuelle des crédits militaires, et un Daladier qui ne croyait pas dans le char. Et l'effort fait par le ministère Blum, fin 1936, pour augmenter les crédits militaires (alors que Blum, dans l'opposition, tenait des discours antimilitaristes, attitude qui pour Jean Lacouture, son biographe, relevait d'une certaine schizophrénie) était déjà trop tardif. En septembre 39, l'armée française n'avait pas de doctrine offensive et surtout aucune division blindée et un matériel disparate et médiocre.
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Re: Gamelin, seul et unique responsable du désastre de 1940

Message par BRH » Mardi 24 Mars 2020 12:28:19

Tout ceci est vrai, mais il n'en demeure pas moins que Gamelin est coupable...

L'armée française de mai 1940, c'est lui qui l'a organisée et composée à sa guise. C'est lui qui est l'auteur du plan Dyle, avec la plus faible de nos armées (IXème) derrière la Meuse, de Sedan à Namur. Et sans réserve digne de ce nom pour palier à une éventuelle surprise sur un point du front. Il n'a tenu aucun compte des objurgations de Corap, qui lui demandait d'être renforcé -au moins- par deux divisions supplémentaires... Sans même parler de la critique du "kriegspiel" mené par Prételat, en 1938 dans ce même secteur !
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Re: Gamelin, seul et unique responsable du désastre de 1940

Message par BRH » Samedi 28 Mars 2020 10:25:27

Erci Denis se livre à une défense habile de Gamelin :

"L'Allemagne commet donc la même erreur en déployant la majorité de ses forces présentes à l'Ouest face à la ligne Maginot, dans le secteur le plus puissant de la ligne Siegfried, et en y concentrant la presque totalité des unités d'active de l'HGC. Situation au 9 septembre 1939 :

D'autre part, du côté français, il n'y a pas d'accumulation de moyens derrière le Rhin et seules quelques divisions sont placées aux environs de la frontière suisse pour éventuellement parer à la possibilité d'une attaque par le Nord du territoire helvétique.

N'est il pas plus simple, pour l'expliquer, de penser que la Meuse et le Rhin sont des barrières naturelles fort difficiles à franchir et particulièrement favorables à la défense ?

Au risque de me répéter, il faut replacer les situations dans leur contexte d'époque. Il est beaucoup trop facile de les juger avec ce que nous savons aujourd'hui. En 1939, il n'existe aucun exemple de franchissement de larges coupures d'eau, dont la rive opposée est défendue, aussi rapidement que le fut celui de la Meuse, sans un très large soutien d'artillerie.

Les deux guerres mondiales dénombrent de très nombreux exemples d'attaques massives d'infanterie repoussées par des mitrailleuses installées dans des lignes de défense ne bénéficiant bien souvent d'aucun obstacles naturels tels que la Meuse.

De plus, la manœuvre Dyle ne sera pas contestée par la grande majorité des hauts-officiers français, c'est l'option Breda qui le sera, et à juste titre. Cette option, imposée par Gamelin, est incontestablement à mettre à son passif."


La référence à l'Allemagne est assez cocasse, quand on sait que le 9 septembre 1939, près des 2/3 de ses divisions étaient employées en Pologne à parfaire sa destruction. Le déploiement allemand à la frontière franco-allemande derrière la ligne Siegfried présente donc peu d'intérêt, d'autant que l'OKH ne s'attendait pas à une offensive française majeure dans ce secteur.

S'il n' y a pas accumulation des moyens derrière le Rhin à la date du 10 mai 1940, il faut voir l'ensemble Ligne Maginot/Rhin, le fleuve renforcé par des casemates, comme un tout. Et là, l'accumulation inutile est flagrante ! Même le général Beaufre en est convenu dans son ouvrage.

La confiance dans l'obstacle défensif présenté par un fleuve dont la rive amie est renforcée par des ouvrages ou une défense qui a eu le temps de se mettre en place est en partie fondée, dans le contexte de l'époque, en effet. Ceci étant, prétendre qu'il n'existe pas d'exemples durant les deux guerres mondiales qu'un fleuve convenablement défendu n'ait pas été franchi, est erroné.

En 1914/18, la Meuse a été franchie autour de Sedan sans grande opposition. L'Aisne, également, en mai 1918, suite à la percée allemande sur le chemin des Dames. Il en a été de même de la Marne, en juillet 1918, même si les Allemands n'ont pu exploiter leur succès, du fait du matraquage de leurs lignes de communication par l'artillerie alliée et l'intervention de la Division aérienne.

En 39/45, sans même parler de la Somme, on retiendra que les Allemands ont franchi la Dvina et le Dniepr en 1941, sans y rencontrer de difficultés majeures. A l'inverse, les Soviétiques les ont repassés, malgré de défenses allemandes importantes. Enfin, on n'oubliera pas la prise du pont de Remagen par les Américains sur le Rhin, en mars 1945.

Concernant le contexte de 1940, on n'oubliera pas le rapport Taittinger par lequel le député a tenté d'attirer l'attention du Haut-Commandement, sur la fragilité de nos défenses dans le secteur de Sedan. En pure perte...

Gamelin et ses subordonnés ne pouvaient ignorer l'emploi fait des stukas en Pologne qui faisait office d'artillerie aérienne (si l'on peut employer cette expression). Ils n'ont donc pas fait l'effort de songer à l'impensable, c'est à dire à une tentative de franchissement de vive force de la Meuse, sans avoir amené au préalable une artillerie suffisante. En retenant les principes et les schémas employés pendant la 1ère guerre mondiale, ils se mettaient évidemment dans l'impossibilité de réfléchir à la place de l'ennemi. Cette carence ne peut évidemment être retenue comme excuse absolutoire.

Le fait que la manoeuvre Dyle n'ait pas été contestée par la majorité de nos officiers-généraux, ne paraît pas non plus une raison pour exonérer Gamelin de ses responsabilités. En effet, si globalement, la manoeuvre Dyle n'est pas critiquable par son objet, sans même parler de la variante Breda, cette manoeuvre générale est évidemment source de critiques fondées dans ses modalités.
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Re: Gamelin, seul et unique responsable du désastre de 1940

Message par Francois Delpla » Dimanche 29 Mars 2020 16:39:27

Il est en ligne où, ce débat ?

En deux mots, je suis sinon comblé du moins content qu'on commence, dans une discussion relative aux causes de la déroute, à évoquer l'ennemi, mais il faudrait pousser plus avant.

La tromperie hitlérienne doit être bien cernée. AH se fait passer pour incapable et non désireux de s'en prendre aux deux grandes puissances qui lui auraient déclaré la guerre à sa grande surprise, et réduit à ne s'en prendre sérieusement qu'à des proies petites ou moyennes : après l'Autriche, la Tchéco, la Pologne, le Danemark et la Norvège, le tour du Benelux semble venu; les fameuses fuites sur l'attaque du 10 mai mettent d'ailleurs l'accent sur la menace pesant sur l'un ou l'autre de ces pays et ne donnent pas l'impression d'une attaque visant à abattre rapidement la France.

La responsabilité principale est politique donc daladière, en principe et en fait : Daladier est un gouvernant longtemps ministre de la Guerre, qui maîtrise son armée et lui impose son choix. Lequel est, avec une belle constance depuis son gouvernement de 1933 contemporain de celui de Hitler, d'éviter la guerre, non pas du tout par pacifisme mais parce qu'il croit qu'avec Hitler ce n'est pas la solution. Une attitude inspirée par les postures de ce même Hitler et téléguidée par des intermédiaires comme Brinon : c'est au fond un brave type, mais brouillon et susceptible, qui a le mérite de stabiliser l'Allemagne, Dieu sait ce qu'elle deviendrait si nous obtenions son départ en l'ostracisant etc. Pendant la drôle de guerre il en est toujours là. Il espère de grands effets de la déclaration de celle-ci, comme auparavant du réarmement, des palabres etc. Palabres qui battent d'ailleurs leur plein en sous-main, pendant cette ddg. Concernant le jeu de Hitler, il passe donc son temps à se tromper, et ne cherche pas à le comprendre, persuadé sans doute qu'il n'y a rien à comprendre.

Gamelin noue avec lui une alliance malsaine, il ne joue pas son rôle d'expert mais passe son temps à adapter l'armée aux désirs de Daladier, lui fournissant notamment des arguments quand il s'agit de ne pas déclarer la guerre en 38 et de le faire en 39.

La stratégie défensive n'a pas d'autre motivation : Hitler s'est mépris en pensant que nous allions laisser impunie son entrée en Pologne, maintenant il a compris et va s'effondrer tôt ou tard sous les difficultés politiques ou économiques, il n'y a rien d'autre à faire que de parfaire nos défenses. Toutefois, il faudra bien entrer en Belgique s'il y va lui-même, pour ne pas perdre tout crédit notamment auprès des pays neutres. Avec lesquels se noue d'ailleurs, soit dit en passant, une relation malsaine. Au lieu de leur dire qu'après la Pologne où la barbarie de l'ex-pacifiste Hitler se révèle depuis le premier jour, il y a le feu et leur neutralité n'est plus de mise, on l'encourage plus que jamais, on va humblement et secrètement négocier des bribes de schémas défensifs etc.

La question est donc : dans quelle mesure les autres officiers partagent-ils ces analyses et ces attitudes ? Sont-ils vent debout contre Daladier en criant au loup hitlérien, ailleurs qu'en Belgique, et partisans de parler ferme à ce pays ? Vraiment pas beaucoup, la preuve : la principale dispute, Escaut, Dyle ou Breda, porte sur la manière de défendre la Belgique au cas où...
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Re: Gamelin, seul et unique responsable du désastre de 1940

Message par BRH » Lundi 30 Mars 2020 12:58:11

C'est ici :

http://atf40.1fr1.net/t2535-le-cas-gamelin

Il paraît même que vous auriez le droit de vous y exprimer... :D

Pour Daladier, je suis bien d'accord : principal responsable sur le plan politique. On ne peut toutefois l'y laisser seul : il y a Blum en bonne compagnie.

viewtopic.php?f=12&t=907
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Re: Gamelin, seul et unique responsable du désastre de 1940

Message par BRH » Mercredi 08 Avril 2020 10:28:05

Je vais déjà vous contredire sur l'exemple de l'Allemagne. Lorsque l'on parle de stratégie défensive, il est évident que l'on va chercher à concentrer le maximum de forces dans le ou les secteurs ou l'on pense avoir le plus de risques de subir une attaque ennemie. L'Allemagne, dite-vous, ne s'attendait pas à subir une attaque ? Alors pourquoi laisser 1/3 de ses forces à l'Ouest et particulièrement 14 divisions d'active face à la ligne Maginot ?


Pour venir à bout des 40 divisions polonaises, les Allemands pouvaient se contenter d'une soixantaine de divisions. Il convenait de dissuader les Français d'attaquer si tant est que ce fut utile. Ils connaissaient parfaitement les délais de notre mobilisation et n'attendaient pas une attaque de grande envergure avant le 10 septembre. Néanmoins, prudence est mère de sûreté et il convenait de prévoir l'impossible témérité d'un Gamelin retrouvant l'énergie d'un Foch...

En revanche, je vous rejoins sur l'immobilisme stratégique français. L'on ne croit pas à un franchissement aussi rapide de la Meuse et l'on pense avoir le temps, le cas échéant, d'y envoyer des renforts.

Ensuite, les réserves sont assez également réparties derrière le front, la situation des GU françaises le 9 mai au soir est suffisamment parlante pour se passer de commentaires (vous pourrez en outre constater qu'il n'y a pas de concentration de troupes derrière le Rhin) :


Non. Une petite partie des réserves sont placées derrière la 1ère armée, la plus grande derrière la ligne Maginot. Quant au Rhin, les réserves peuvent venir de la Vème armée, comme de la VIIIème...

Je vais à nouveau me répéter. l'expérience de la 1re GM a démontré que la rupture d'un front peut arriver, aucune ligne de défense étant infranchissable. Lors d'une attaque, l'ennemi fait en sorte de concentrer suffisamment de troupes pour se donner les moyens de la rupture. Ce qui est grave, c'est de na pas pouvoir reconstituer une ligne de défense un peu plus loin pour empêcher l'ennemi d'exploiter la rupture. Et c'est exactement ce qui va arriver en 1940, la très rapide progression allemande ne permettra jamais de reconstituer une ligne de défense. Toute la stratégie allemande repose sur la vitesse de progression des PzD.


Certes. D'où la nécessité de mieux étaler les réserves ; en tout cas, de prévoir une réserve centrale entre les deux points forts de nos positions. Dans une certaine mesure, cette nécessité n'était pas tout à fait abandonnée, puisque l'activation de la VIème armée était prévue et c'est bien ce qui fut ordonné. Mais les DI affectées à cette mission étaient bien trop loin pour intervenir à temps : seules les 14e et 36e Di furent lancées dans la bataille en 1er échelon, le reste parvenant à mesure en s'échelonnant derrière l'Aisne...

Ensuite, si l'exemple polonais a effectivement été analysé il faut rappeler que les situations sont très différentes. La Pologne n'a pas eu le temps de mobiliser une bonne partie de ses troupes et les stratèges polonais ont voulu défendre la totalité du territoire, ce qui a amené à une dilution de leurs troupes à l'avantage de l'Allemagne, celle-ci concentrant son action sur quelques axes majeurs.


C'est, en effet, l'analyse faite par Gamelin et Georges. La percée des Ardennes démontre qu'ils se sont trompés et se sont bercés d'illusions. Georges a plutôt écouté Corap avec plus d'attention que Gamelin, mais il n'a pas su inverser la tendance...

Or, au 10 mai l'armée française est entièrement mobilisée et déployée. De plus, le franchissement de la Meuse a été grandement facilité, pour ne pas dire rendu possible, par l'absence de forces aériennes françaises et la carence en moyens antiaériens. L'expérience de la guerre démontrera que les Stuka sont très sensibles aux attaque aériennes et à la DCA, et sur ces deux point, Gamelin n'a aucune responsabilité.


Pas d'accord. D'abord Gamelin a facilité la subordination de l'AAF à l'ATF, sans avoir vraiment la main dessus, ce qui peut paraître contradictoire. Mais qui ne l'est pas, dans la mesure où Vuillemin n'a pas vraiment eu le choix pour disposer ses escadrilles de chasse. Ensuite, la faiblesse de notre DCA résulte du fait que sa remontée en puissance n'a pas été jugée prioritaire...

Enfin, Gamelin est bien loin d'être le seul a avoir sous-estimé les possibilités offertes par le développement de la motorisation et de l'arme aérienne. C'est une constante que l'on trouve chez bien des officiers supérieurs français et de nombreuses autres nations durant la seconde moitié des années 1930. Je rappellerais que toutes les armées confrontées à la Wehrmacht durant les premières années de guerre n'ont pas fait mieux que les Français et ont enchaîné les défaites. Même l'US Army en 1942 -1943 prit bien des déculottées en AFN.


Sans-doute n'est-il pas le seul. Cependant, il a bel et bien incarné au plus haut niveau cette sous-estimation des capacités de l'arme motorisée et aérienne. Au reste, ce n'est pas le grief principal que je retiens contre lui et qui serait plutôt d'ordre tactique. Quitte à me répéter moi aussi, le grief principal à lui faire, c'est de ne pas avoir disposé d'une réserve stratégique, capable de réagir rapidement à une percée inopinée !
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Re: Gamelin, seul et unique responsable du désastre de 1940

Message par Francois Delpla » Mercredi 08 Avril 2020 16:20:01

Je ne peux pas me réinscrire sur ATF 40 pour la plus bêtes des raisons : j'ai changé d'e-mail et cela m'empêche d' obtenir un nouveau mot de passe.

En ce qui concerne le débat, je n'y lis pas beaucoup le nom du chef adverse, y compris sous votre plume, sauf une fois pour rappeler qu'il a remilitarisé la Rhénanie en 1936 !
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Re: Gamelin, seul et unique responsable du désastre de 1940

Message par BRH » Vendredi 10 Avril 2020 08:03:43

Hitler ayant été très habile, au point d'en être démoniaque, je ne vois pas la nécessité de le rappeler à chaque échange... Au cas particulier, il n'est pas douteux que le führer a fait ce qu'il convenait pour faire accroire à une manoeuvre par le nord de la Belgique, voire même par la Suisse... Ce qui n'excuse pas Gamelin d'avoir lancé une DLM vers Bréda, ni d'avoir fait l'impasse sur une possible offensive à travers les Ardennes.

Pour le courriel, je peux le signaler à DH.
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Re: Gamelin, seul et unique responsable du désastre de 1940

Message par Francois Delpla » Vendredi 10 Avril 2020 09:41:15

La principale ruse du chef adverse ne réside pas d'abord et pas surtout dans les feintes (à préciser cependant) sur la Suisse et le Benelux, mais dans sa façon, depuis des lustres, de se faire sous-estimer en laissant prospérer et en alimentant son portrait en brouillon primaire, ne planifiant jamais rien, et en gamin qui cherche les limites.

S'il vainc la France c'est avant tout en faisant croire qu'il ne va pas s'attaquer, ou pas encore, à un aussi gros morceau et qu'il ne mène qu'une "bataille des neutres" consistant à se faire un collier de tous ses petits voisins : donc le Benelux et la Suisse après l'Autriche, la Tchéco, la Pologne, le Danemark et la Norvège ! Et cela, même Churchill et de Gaulle le croient !!!

J'ai déjà rompu des lances à ce sujet sur ATF 40, en me faisant rétorquer, et avec quels sarcasmes : de Gaulle certes, mais pas Gamelin ni Georges !

S'ils veulent remettre ça, ils savent où me trouver mais je n'ai rien contre votre proposition.
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Re: Gamelin, seul et unique responsable du désastre de 1940

Message par BRH » Lundi 13 Avril 2020 18:06:13

Le débat continue, vaille que vaille :


BRH a écrit:
Pour venir à bout des 40 divisions polonaises, les Allemands pouvaient se contenter d'une soixantaine de divisions. Il convenait de dissuader les Français d'attaquer si tant est que ce fut utile. Ils connaissaient parfaitement les délais de notre mobilisation et n'attendaient pas une attaque de grande envergure avant le 10 septembre. Néanmoins, prudence est mère de sûreté et il convenait de prévoir l'impossible témérité d'un Gamelin retrouvant l'énergie d'un Foch...

La victoire allemande devait être rapide pour pouvoir retourner ses forces contre l'Ouest. Il fallait donc engager en Pologne le maximum de troupes possible. Or, l'Allemagne laisse 44 divisions à l'Ouest dès l'attaque de la Pologne, qui auraient été bien plus utiles en Pologne. Le Reich pensait donc possible une attaque française dès le début des hostilités et il était impératif de défendre puissamment la ligne Siegfried, au risque de perdre cet atout défensif majeur.

De plus, le ratio de troupes habituellement reconnu depuis la Première Guerre mondiale dans l'attaque est de 3 contre 1, et bien plus si la position ennemie est puissamment fortifiée, ce qui est le cas avec la ligne Siegfried.

En fonction du nombre de divisions allemandes déployées face à la ligne Maginot, je vous laisse faire les calculs du nombre d'unités françaises qu'il aurait fallu engager dans l'offensive pour avoir une vraie chance de succès et le ratio que ce nombre représente sur la totalité de divisions disponibles début septembre 1939.


C'est un autre débat qui a déjà été traité dans le cadre de l'offensive en Sarre. Rappelons seulement que la plus grande partie de ces 44 divisions sont de moindre qualité. Il est noté d'ailleurs que 14 divisions d'active seulement sont en ligne...

BRH a écrit:
Une petite partie des réserves sont placées derrière la 1ère armée, la plus grande derrière la ligne Maginot. Quant au Rhin, les réserves peuvent venir de la Vème armée, comme de la VIIIème...

Donc vous nous dites que les réserves peuvent être déployées derrière le Rhin, mais vous refusez d'envisager de la même façon qu'elles peuvent être déployées derrière la Meuse, alors qu'une bonne partie d'entre elles est située plus près de la Meuse que du Rhin, c'est bien cela ?


Non, je n'ai pas dit cela et je ne le dis pas. Pourquoi refuserai-je d'appliquer le même raisonnement aux divisions de la IIIème armée ? Puisque c'est de celles-ci dont il s'agit, je suppose ? En effet, on ne voit pas ces divisions marcher sur le Rhin, étant plus proches de la Meuse. Mais l'on se doit de poser la question : les divisions disponibles de la Vème armée, n'étaient-elles pas plus proches du Rhin que celles de la IIIème ne pouvaient l'être de la Meuse ? Je ne fais pas le calcul sur la carte, mais à l'oeil, ce sont celles de la Vème armée qui me paraissent plus proches du fleuve à secourir.

Tout comme vous persistez à ignorer (je vous l'ai déjà dit) que dès le 13 mai, il est décidé de porter sur la limites des 9e et 2e armées un premier lot de grandes unités disponibles (14e, 36e, 44e DI et 87e DIA) et de constituer sur la Sambre un groupement (2e DCR et 43e DI) susceptibles d'intervenir au profit de la 9e armée.


Pas du tout. J'évoque le sujet :
prévoir une réserve centrale entre les deux points forts de nos positions. Dans une certaine mesure, cette nécessité n'était pas tout à fait abandonnée, puisque l'activation de la VIème armée était prévue et c'est bien ce qui fut ordonné. Mais les DI affectées à cette mission étaient bien trop loin pour intervenir à temps : seules les 14e et 36e Di furent lancées dans la bataille en 1er échelon, le reste parvenant à mesure en s'échelonnant derrière l'Aisne...
.

Il y a là une curieuse manière d'escamoter mes écrits !

Il faut croire que ces renforts, totalisant pourtant plus de 80 000 hommes, sont négligeables. Tout comme vous refusez d'entendre que la toute la stratégie allemande repose sur la vitesse de progression des troupes motorisées et blindées. La réussite de la percé de Sedan n'est pas la conséquence de l'absence de réserves françaises, mais de la vitesse de progression allemande.


C'est un peu un travestissement de ma pensée, comme il est donné à voir ci-dessus. Les 80 000 hommes en question ne sont pas négligeables. Ils auraient pu être déterminants s'ils étaient arrivés à temps. Venant de trop loin, ils n'ont pu remplir le rôle qui leur était assigné. La vitesse de progression allemande provient précisément du fait qu'elle ne rencontre plus d'obstacles après la percée...

Eric Denis a écrit:
Ensuite, si l'exemple polonais a effectivement été analysé il faut rappeler que les situations sont très différentes. La Pologne n'a pas eu le temps de mobiliser une bonne partie de ses troupes et les stratèges polonais ont voulu défendre la totalité du territoire, ce qui a amené à une dilution de leurs troupes à l'avantage de l'Allemagne, celle-ci concentrant son action sur quelques axes majeurs.

C'est, en effet, l'analyse faite par Gamelin et Georges. La percée des Ardennes démontre qu'ils se sont trompés et se sont bercés d'illusions. Georges a plutôt écouté Corap avec plus d'attention que Gamelin, mais il n'a pas su inverser la tendance...

C'est l'analyse faite par tous les attachés militaires étrangers durant la campagne de Pologne et elle est plutôt juste. La percée des Ardennes ne démontre en rien que cette analyse est fausse.


Si elle n'est pas fausse, elle est tronquée ! C'est tout de même extravagant de le contester : si les Allemands sont parvenus à se concentrer sur des axes majeurs, c'est bien grâce à l'action combinée des panzers et des stukas ! Certains semblent avoir oublié la contre-offensive polonaise de la Bsura qui a été une très mauvaise surprise pour la Wehrmacht qu'elle n'a pu pallier que par la supériorité tactique du binôme char-avion. Notons d'ailleurs que l'armée française n'a pas été capable d'en produire l'équivalent...


BRH a écrit:
Ensuite, la faiblesse de notre DCA résulte du fait que sa remontée en puissance n'a pas été jugée prioritaire...

C'est bien plus compliqué que ça mais ça nécessiterait des pages entières pour répondre. Mais quoi qu'il en soi, dans ce cas, où est la responsabilité de Gamelin sur ce point pourtant fondamental pour l'ATF 40 ?


Des pages entières ? C'est possible. Il n'en demeure pas moins qu'à aucun moment, Gamelin n'a mis l'accent sur la nécessité de disposer d'une DCA performante, y compris au niveau des troupes de mêlée...

BRH a écrit:
Cependant, il a bel et bien incarné au plus haut niveau cette sous-estimation des capacités de l'arme motorisée et aérienne. Au reste, ce n'est pas le grief principal que je retiens contre lui et qui serait plutôt d'ordre tactique. Quitte à me répéter moi aussi, le grief principal à lui faire, c'est de ne pas avoir disposé d'une réserve stratégique, capable de réagir rapidement à une percée inopinée !

Mais en 1939, le monde entier sous-estime les capacités des troupes motorisées et des forces aériennes, et c'est même le cas de la majorité des hauts responsables militaires allemands.

Et puis réagir rapidement, ça veut dire quoi exactement ? La réaction française débute dès le 13 mai, lorsque seules quelques petites unités allemandes ont traversé la Meuse.


Ce n'était pas le cas du général Estienne et du colonel de Gaulle. Même Weygand était convaincu de la nécessité de motoriser notre armée. D'ailleurs, si une grande partie de notre cavalerie a été motorisée, on le lui doit sans aucun doute.

Quant à réagir rapidement; je note que le 13 mai, pour les défenseurs de Gamelin, l'armée française ne pouvait pas faire plus vite, compte-tenu du fait que seules quelques petites unités allemandes avaient traversé la Meuse...

En somme, Gamelin -compte-tenu du contexte de l'époque (selon l'expression consacrée)- a quasiment réagi comme un génie. Je crois même avoir lu (mais je ne me souviens plus de l'auteur) que, même Napoléon n'aurait pas fait mieux !!!
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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Re: Gamelin, seul et unique responsable du désastre de 1940

Message par BRH » Mercredi 15 Avril 2020 13:43:39

J'ai résumé l'article de Philippe Garraud.

Le rôle de la « doctrine défensive » dans la défaite de 1940 : une explication trop simple et partielle.
par Philippe Garraud

https://www.cairn.info/revue-guerres-mo ... age-97.htm

Citation :
Cette stratégie attentiste et conduisant à l’inaction est donc relativement cohérente et rationnelle au regard des contraintes, des ressources et des opportunités existantes. Ce qui est souligné par de nombreux historiens étrangers qui réhabilitent très largement le haut commandement français et tout particulièrement la figure centrale de Gamelin, dont l’action et le rôle, après avoir fait figure à tort ou à raison de principal responsable de la défaite, sont notablement réévalués par l’historiographie anglo-saxonne récente [10]
[10]
Voir dans cette perspective J. Gunsburg, Divided and Conquered.….

La « bataille méthodique » : une doctrine impossible à mettre en œuvre

Cependant, la doctrine opérationnelle de l’armée n’est en tant que telle ni défensive ni offensive [11]

DES DÉCISIONS STRATÉGIQUES PARTICULIÈREMENT LOURDES DE CONSÉQUENCES

18La défaite, qui se joue véritablement en dix ou vingt jours seulement (le 20, les côtes de la mer du Nord sont atteintes par les Allemands), ne découle cependant pas mécaniquement et uniquement de la doctrine opérationnelle française en tant que telle mais est plus largement le produit de la mise en œuvre et de la confrontation en pratique de deux conceptions radicalement différentes de la guerre, l’une excessivement prudente, méthodique et lente ; l’autre subordonnant tout à la vitesse et au mouvement mais prenant des risques considérables. Cependant, la variable doctrinale n’est pas la seule à prendre en considération : la défaite est également la conséquence de choix qu’on peut qualifier de stratégiques, relativement autonomes.

Les hypothèses du haut commandement et la répartition inadaptée des forces sur le front nord-est

19Dans le cadre de sa stratégie défensive, le haut commandement a privilégié exclusivement trois hypothèses hiérarchisées (par ordre décroissant de probabilités : offensive principale en Belgique, attaque frontale de la ligne Maginot, contournement par la Suisse) [22]Se référer à ce propos à J.-C. Allain, « La France et la…, dont aucune ne s’est avérée valide (les Allemands en ayant mis en œuvre une quatrième), mais qui ont conditionné l’organisation des moyens disponibles, à commencer par la constitution de trois groupes d’armées (GA 1, 2 et 3) dont chacun correspondait à une des trois hypothèses.

20En ce domaine, de manière très classique, il faut rappeler rapidement les forces en présence, non pas de manière générale mais en comparant les dispositifs opérationnels opposés et leurs moyens sur le théâtre d’opérations qui sont révélateurs des stratégies militaires en présence. Cette comparaison fait apparaître des choix a priori relativement arbitraires, et relativement indépendants de la doctrine dans le cas français, qui conditionnent les faiblesses structurelles du dispositif français. Elle définit d’entrée une situation fortement déséquilibrée qui conditionne de part et d’autre le choix des possibles [23]

21Alors que le dispositif allemand est organisé en trois groupes d’armées (Belgique et Hollande, Ardennes et ligne Maginot) d’inégale importance en fonction de la mission plus ou moins active qui leur est impartie, mais regroupant un nombre relativement limité d’armée (deux ou trois) et de divisions, la répartition des moyens français conduit très schématiquement et grossièrement, à distinguer plus deux blocs que les trois qui correspondent à son organisation formelle en trois groupes d’armées. Dans la mesure où des moyens approximativement identiques leur ont été attribués, ces deux ensembles sont de force sensiblement équivalente, même si l’intervention en Belgique est l’hypothèse la plus probable et la plus préparée. Au moins par défaut, le choix stratégique et organisationnel a été fait d’être fort aux deux ailes (au nord et sur la ligne Maginot) et faible au centre, alors que, schématiquement, les Allemands ont fait le choix inverse dans le cadre du « plan jaune » (Fall Gelb) ou von Manstein [24]

22La frontière belge est tenue par le GA 1 de la mer du Nord à la ligne Maginot en passant par les Ardennes. Sans compter les forces belges (une vingtaine de divisions), il rassemble cinq armées (dont la British Expeditionary Force, BEF) et une quarantaine de divisions. Elles sont opposées globalement aux 30 divisions du groupe d’armées B. Mais dans la plaine belge où a lieu l’engagement principal, la disproportion des forces en faveur des Alliés est encore plus grande puisque jusqu’à la capitulation de l’armée hollandaise, le 15 mai, les 45 divisions environ des trois armées du GA 1 engagées (7e, 1re, BEF) et de l’armée belge sont opposées aux 17 divisions seulement de la 6e armée allemande. Cette très forte densité d’unités alliées dans un espace relativement réduit conduira à la sous-utilisation de certains moyens, belges et anglais tout particulièrement, tout à la fois par défiance du commandement français quant à la valeur des unités et des armées concernées mais aussi difficultés de coordination politiques et militaires. La subordination de l’armée belge et de la BEF au commandant du GA 1 ne sera que tardivement reconnue et fera l’objet de réticences qui mettront à de nombreuses reprises le commandement français devant le fait accompli [25]

23Le GA 1 est particulièrement fort sur sa gauche pour l’engagement en Belgique qui constitue sa mission principale, mais faible sur sa droite, tout particulièrement à la charnière des 9e et 2e armées dans le secteur des Ardennes, de la Meuse à Sedan.
Ces deux armées ont certes un rôle défensif, voire statique dans le cas de la 2e armée, mais elles sont « polarisées » de manière contraire ; le centre de gravité de la 9e est constitué par la manœuvre Dyle au nord-ouest, dont elle doit assurer la sûreté dans les Ardennes, alors que celui de la 2e l’est par la ligne Maginot à l’est. En outre, le commandement de ce très grand ensemble hétérogène rassemblant cinq armées est assuré par un seul homme (Billotte), ne disposant que d’un état-major relativement réduit, dont toute l’attention est accaparée par l’engagement considéré comme décisif en Belgique et qui se trouve également chargé de la coordination difficile avec l’armée belge. Les difficultés de mise en œuvre de l’opération Dyle ne manquant pas tant sur le plan politique (les relations avec l’armée belge et la BEF) que strictement militaire (défaut de coordination, mauvaises informations, initiatives unilatérales belges), autant dire que sa droite et le secteur des Ardennes ne constituent pas pour lui une préoccupation majeure.

24Le restant du front nord-est est tenu en Lorraine, Alsace et dans le Jura par quatre armées (3e, 4e, 5e et 8e) [26]
[26]
On ne compte pas ici la 6e armée (Touchon), ex-armée des Alpes…, qui regroupent également une quarantaine de divisions environ, dans la mesure où une action dans ce secteur n’est nullement exclue (à la frontière suisse tout particulièrement, à l’origine de la constitution du GA 3) [27]
[27]
Hormis la 6e armée qu’on vient d’évoquer, en attente d’un… et qu’aucune hypothèse n’est véritablement écartée (sauf, très curieusement et malheureusement, celle d’une pénétration massive et rapide par les Ardennes). Ce fort dispositif fait face à une faible menace (19 divisions allemandes seulement). Aussi il apparaît complètement disproportionné, fixant inutilement des forces qui n’auront aucune activité significative pendant tout le mois de mai.

25Mais au centre du dispositif français apparaît une zone fortement dépressionnaire au regard des moyens allemands qui lui font face. Le centre de gravité de la 9e armée (Corap) se situe dans le cadre de l’engagement principal en Belgique et l’incline à privilégier sa gauche ; de manière contraire, celui de la 2e armée (Huntziger) est situé à sa droite pour assurer la protection de la ligne Maginot et éviter son débordement et son enroulement. La faiblesse des moyens s’ajoutant à l’inégale qualité des unités et à de nombreuses négligences tactiques, le dispositif français présente une charnière centrale particulièrement fragile et vulnérable. Très malheureusement, c’est ce secteur qui est l’objet de l’effort principal allemand masqué pendant quelques jours par l’engagement en Belgique. Alors que les 9e et 2e armées ne rassemblent qu’une quinzaine de divisions seulement, hétéroclites de surcroît [28]
[28]
Quatre des cinq divisions légères de cavalerie (DLC) hybrides,…, le groupe d’armées A en regroupe 40 dont 7 Panzerdivisionen (PzD) et plusieurs divisions motorisées en première ligne qui attaqueront de Dinan à Sedan sur un front de moins de 100 km.

L’engagement en Belgique : de la bataille d’arrêt à la bataille de rencontre


27En effet, la manœuvre Dyle introduit incontestablement un changement et un élément d’incohérence relatif dans la stratégie française. Alors que la doctrine générale défensive adoptée conduit logiquement à attendre l’attaque ennemie sur des positions soigneusement préparées à l’avance aux frontières et fortifiées, l’engagement en Belgique entraîne un mouvement relativement important s’écartant de la défensive pure, nécessairement générateur d’incertitudes en raison de l’état des relations franco-belges [30]
[30]
B. Chaix, Fallait-il entrer en Belgique ?, op. cit., et concernant de surcroît les unités les plus mobiles, les plus professionnelles et parmi les meilleures de l’armée, à commencer par les trois « divisions légères mécaniques » (DLM), grandes unités blindées de cavalerie les plus comparables aux divisions blindées allemandes, et la plupart des divisions d’infanterie motorisée (DIM) [31]

Voulue et maintenue par Gamelin
[33]
André Géraud parle de véritable « idée fixe » de Gamelin… en dépit des réticences ou des réserves d’autres généraux (Georges, Blanchard, Prioux), avalisée par le pouvoir politique sans avoir été véritablement débattue, elle a fait l’objet d’une planification longuement préparée, minutieuse et détaillée et est déclenchée automatiquement dès l’attaque allemande. Elle se heurte pourtant immédiatement (et indépendamment de l’offensive dans les Ardennes) à un sérieux obstacle qui en hypothèque totalement la validité et l’opportunité : celui du refus préalable de toute coopération tant belge que hollandaise jusqu’au dernier moment, condition considérée pourtant comme impérative au départ. Dans la mesure où aucun échange d’informations sérieux, aucune coordination n’ont eu lieu préalablement, elle conduit nécessairement à une improvisation risquée, les mesures et les dispositions défensives prises par les Belges (état des fortifications, continuité des barrages antichars, positions des unités, destructions préalables, etc.) n’étant pas conformes à ce qu’attendait le commandement français, ou les initiatives allemandes les ayant rendu caduques [34]

30De la déclaration de guerre à l’offensive allemande du 10 mai, un changement relativement important s’opère tout à la fois dans le dispositif français et dans la réflexion stratégique qui le sous-tend. La prudence qui caractérise toute la politique de défense jusqu’ici cède alors le pas à une prise de risques. La « bataille d’arrêt » projetée ouvre non seulement la possibilité mais conduit même à la « bataille de rencontre » sur des positions nécessairement improvisées, tant redoutée par le commandement français. Et ce d’autant plus qu’en dépit d’un rapport des forces favorable sur le plan numérique, l’engagement ne tourne pas en faveur des Alliés du fait tout à la fois de l’inadaptation du calendrier arrêté par rapport aux mouvements allemands [35]
[35]
En ce domaine, il est certain que des choix organisationnels…, de la faiblesse de la coordination, d’initiatives unilatérales successives mettant les autres membres de la coalition devant le fait accompli et des dissensions entre Belges, Français et Anglais qui s’ensuivent.

31Croyant en la répétition du plan Schlieffen de 1914 qui en constitue le présupposé central, alors que l’attaque allemande n’est qu’une diversion secondaire, et en engageant ses moyens les plus modernes et les plus mobiles en Belgique, l’armée française s’engouffre tête baissée dans un piège à l’initiative du général Gamelin dont la responsabilité paraît très lourde en ce domaine. Cette action et le calcul stratégique qui l’a fondée constituent un facteur essentiel de la défaite puisqu’il est directement à l’origine de l’encerclement puis de la perte de trois armées entières et du rembarquement de la BEF à Dunkerque. Sur le plan militaire, la défaite de 1940 trouve une de ses origines centrales dans la manœuvre Dyle adoptée par le haut commandement qui constitue un choix stratégique qui n’était pourtant pas inscrit à proprement parler, ou « naturellement », dans la doctrine défensive en tant que telle [36]
[36]
On ne prétendra pas pour autant qu’une stratégie différente…. Il en constitue bien au contraire une altération qui conduit directement à la perte de la totalité des forces engagées, soit près de 40 divisions françaises et anglaises.

Faiblesse des réserves générales et incapacité à faire face à toute surprise stratégique

32Au cours de la Première Guerre mondiale, des réserves générales nombreuses ont constitué un élément décisif dans la capacité de l’armée française à résister avec succès aux grandes offensives allemandes. Mais en mai 1940 la situation est bien différente. Le résultat de la répartition des moyens adoptée par le haut commandement français en fonction des différentes hypothèses retenues fait que les réserves sont particulièrement faibles ou beaucoup trop éloignées pour pouvoir intervenir rapidement. Ce qui signifie qu’en cas de « surprise », et l’attaque allemande comme la manœuvre Dyle en accroissent inévitablement et dangereusement la possibilité, directement ou indirectement, le commandement est très largement dépourvu de moyens de faire face rapidement.

33D’une part, l’option Breda du plan Dyle conduit tout particulièrement à l’utilisation, inutile au final, de la seule armée en réserve générale susceptible d’intervenir rapidement sur le champ de bataille (la 7e, une des mieux équipées et des plus mobiles). D’autre part, le GQG n’a en tout et pour tout à sa disposition qu’un maximum de 15 divisions en réserve générale, dont certaines en formation ne sont pas immédiatement disponibles et relèvent de l’état-major de l’Intérieur [37]
[37]
Sur cette question importante trop longtemps négligée, on ne…. Ces réserves, dont la localisation et l’emploi n’ont jamais fait l’objet d’aucune étude précise, il faut le souligner, étaient réparties de manière égale en trois zones géographiques différentes : dans la Marne et l’Aisne au centre du dispositif français, mais aussi derrière la ligne Maginot, déjà abondamment pourvue, et enfin dans le Jura, à la frontière franco-suisse (« lot » suisse).

34Quant à l’acheminement d’unités positionnées derrière la ligne Maginot, qui s’imposera progressivement, il s’accompagne inévitablement de délais longs et d’aléas. Dans la mesure où la ligne Maginot fut progressivement dégarnie (25 des 45 divisions en position transférées) et sans tenir compte des cinq unités de réserve les plus proches de Sedan (premier lot), c’est en définitive un total de plus de 35 divisions qui durent être déplacées dans l’urgence sur des centaines de kilomètres d’est en ouest et dans des conditions nécessairement improvisées, entre le milieu du mois de mai et début juin [38]

35La suite des événements et de la campagne est trop connue pour qu’il soit nécessaire de s’y attarder : la malheureuse 9e armée en charge d’un front très étendu (145 km) sera laminée en quelques jours seulement par l’attaque allemande [39]
[39]
Se reporter par exemple à : général A. Doumenc, Histoire de la… (et son commandant, rendu responsable, limogé brutalement le 16 mai et remplacé par Giraud), toutes les tentatives de contre-attaques échoueront, jamais la brèche ainsi ouverte ne sera fermée (le « couloir des Panzers ») et la progression des blindés allemands se poursuivra jusqu’à la mer et l’encerclement du corps de bataille engagé en Belgique. Et le reste de la campagne ne sera que l’inexorable et irrémédiable déclinaison, ou plutôt résolution (au sens quasi mathématique du terme), d’une situation structurellement compromise en quelques jours décisifs, le commandement français n’étant jamais en mesure de reprendre la moindre initiative, de concentrer et d’opposer des moyens significatifs [40]

36Dans le cadre de sa stratégie défensive, le haut commandement français a été conduit à n’écarter aucune hypothèse, sauf très malencontreusement celle d’une offensive massive dans les Ardennes retenue par les Allemands 
[41]
Les raisons de cette impasse restent largement à préciser. En… et ce choix l’a entraîné à disperser les forces et les moyens pourtant importants dont il disposait. Aucune de ces trois hypothèses ne s’étant avérée valide, le haut commandement a alors été contraint de parer au plus pressé dans l’urgence et de réorganiser progressivement mais totalement son dispositif en pleine offensive allemande à partir des 18-19 mai, avec en particulier la constitution (ou reconstitution plus exactement) de deux nouvelles armées (6e et nouvelle 7e), regroupées au sein du GA 3 qui s’est vu ainsi assigné un tout autre terrain d’action que celui qui lui avait été attribué initialement (le Jura) : la tentative de « colmatage » de la percée dite de Sedan à la suite de l’effondrement de la 9e armée du fait de l’offensive allemande dans les Ardennes.

37En définitive, le désastre de Sedan et ses effets stratégiques désastreux s’expliquent structurellement tout autant sinon plus par différentes décisions inadaptées dans le domaine de la répartition et de l’affectation des moyens que par la doctrine et les règles d’emploi elles-mêmes. De façon presque mécanique, la défaite est dans sa genèse le produit de l’incapacité de l’armée française à faire face à cette percée inattendue et imprévue qui disloque entièrement une armée, ouvre une brèche qui ne cesse de s’élargir au fil des jours et conduit à l’encerclement du corps de bataille engagé en Belgique. L’absence de réserves importantes ou leur éloignement est une variable lourde ; mais pas la seule. Comment alors l’expliquer ?

38Là encore effets de doctrine et décisions organisationnelles semblent se conjuguer. L’incapacité de l’armée française à organiser et mettre en œuvre en temps voulu une contre-attaque à la hauteur de l’enjeu à la suite de la percée de Sedan renvoie une nouvelle fois à ces deux variables mais de manière difficilement dissociables ou, plus exactement interdépendantes. Les règles d’emploi privilégiant la bataille méthodique, l’établissement d’un front continu, la priorité accordée au « colmatage » préalable avant toute tentative de contre-attaque, ont des effets particulièrement lourds, à commencer par la lenteur dans la préparation et l’exécution des actions incompatible avec le rythme des opérations imposé par les Allemands. La confrontation de deux conceptions différentes de la guerre conduit à un déphasage temporel entre les deux adversaires qui ne cessera de s’accentuer. Et celle-ci entraîne à son tour une incapacité de réaction rapide aux initiatives allemandes et un décalage permanent et sans cesse croissant au fur et à mesure que la désorganisation gagne, les moyens diminuent, les liaisons se font plus difficiles et les armées commencent à se disloquer

dhouliez a écrit:
Vous avez une drôle de conception du résumé. Plutôt que "j'ai fait un résumé", il aurait été plus correct de dire "j'ai copié une partie de l'article, en mettant certaines phrases en gras". Vous prendrez ça comme une leçon d'épistémologie si ça vous chante.

Et donc, vous avez l'impression que l'auteur considère que Gamelin est un nul (votre idée de départ, j'insiste un petit peu, parce que sinon, on pourrait se méprendre sur votre motivation), seul et unique responsable militaire de la défaite ?

Je cite une phrase également, en "soulignant" au contraire ce que vous n'avez pas souligné...

Citation :
L’absence de réserves importantes ou leur éloignement est une variable lourde ; mais pas la seule.

Le problème est que, visiblement, vous ne voulez pas que l'on étudie ces autres raisons...




Vous persistez à faire de ce sujet, une affaire personnelle. Vous devriez pourtant bien comprendre (après la mise au point faite par MP) que je suis totalement insensible à vos railleries. C'est sans doute une question d'éducation...

Ceci étant, je ne suis opposé à rien. Il est inutile de vous demander un minimum d'objectivité à mon égard. L'affaire du "nul" serait exemplaire, s'il n'y avait d'autres chats à fouetter. Chacun pourra le vérifier ici, je n'ai jamais écrit dans le sujet que Gamelin était un nul. Je l'ai certes écrit ailleurs, ça ne doit pas devenir une obsession. Si vous préférez, je dirais que c'était une "nouille", comme l'a écrit le général Beaufre...

Trouvez-vous donc une autre tête de turc.
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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