Clemenceau contre la Paix et Franck Ferrand pour l'histoire.

1ère guerre mondiale et ses conséquences, jusqu'à la Grande Crise.

Clemenceau contre la Paix et Franck Ferrand pour l'histoire.

Message par BRH » Vendredi 06 Janvier 2012 15:29:45

Clémenceau contre la paix
Mercredi 16 Novembre 2011, à 22 h 55 sur France 3 : 4ème numéro de l’émission « L’Ombre d’un Doute » : Clémenceau contre la paix.



L’ombre d’un doute – Clémenceau contre la paix

1916 – 1917 : au cœur du premier conflit mondial, Clemenceau est alors un homme politique incontournable : le tombeur de ministères… Le« tigre » de l’assemblée nationale devient président du conseil. Pour ce radical de gauche un objectif prime : la victoire totale de la France avec l’anéantissement des empires centraux.

Qui, aujourd’hui, sait qu’à cette même époque, l’empereur d’Autriche fit à plusieurs reprises des offres de paix à la France ? Qui connait dans le détail les péripéties, en pleine guerre, des voyages à Paris de Sixte et Xavier de Bourbon-Parme, les frères de l’impératrice Zita, épouse de l’empereur Charles 1er. En quoi consistaient ces propositions de paix ? Pourquoi n’ont-elles pas abouti ? Ce dossier est un des plus sensibles et les plus secrets, de l’histoire de notre pays. Pour découvrir la vérité, des historiens décortiquent des dossiers restés pour certains cachés jusqu’à nos jours ; comme ces comptes rendus des « comités secrets » de l’assemblée nationale.


En 1917, Georges Clemenceau, nommé président du conseil, poursuit son objectif. Clemenceau « fait la guerre ». Clemenceau a toujours fait la guerre… Déjà, en 1871, maire de Montmartre, il soutenait les communards contre les Versaillais qui avaient capitulé face à la Prusse.

Clemenceau est une des personnalités les plus brillantes de la troisième république. La plus brillante, peut-être… On le considère comme le fondateur de la gauche moderne et républicaine et surtout comme « le père la victoire ». Mais pour certains historiens Clemenceau est directement responsable de l’échec des offres de paix des princes de Bourbon Parme… La poursuite de la guerre va faire du premier conflit mondial de plus meurtrier de l’histoire moderne. La victoire des alliés débouchera sur la signature du traité de Versailles. Clemenceau tient « sa » victoire, avec les conséquences que l’on connait…
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Re: Clemenceau contre la Paix et Franck Ferrand pour l'histo

Message par BRH » Vendredi 06 Janvier 2012 15:36:34

La volée de bois-vert de Michel Winnock :

L'Histoire « révélée », un tour de bonimenteurs


Il y a deux façons d'écrire l'Histoire, celle des historiens et celle des bonimenteurs. Les premiers s'échinent sur des sources, les comparent et, après un long travail, établissent ce qui se rapproche le plus du vrai sur un sujet donné. Les bonimenteurs, eux, ne se donnent pas tant de peine. Partant du principe que l'Histoire des historiens est prisonnière des idées reçues, ils ne tendent à rien tant qu'à « dévoiler » une vérité souterraine, occultée, « interdite », qui met en miettes la vérité « officielle ».

Un soir de novembre dernier, France 3 présentait un documentaire intitulé « Clemenceau contre la paix », dû à Franck Ferrand, auteur par ailleurs d'une « Histoire interdite » qui se vante d'offrir des « révélations sur l'histoire de France ». Eh bien vrai ! on en a appris de bonnes. On nous a raconté que Georges Clemenceau était un « nationaliste effréné », un « belliciste d'une dureté incroyable », et qu'à cause de cela il avait refusé une paix avec l'Allemagne qui aurait épargné des centaines, voire des millions de vies humaines. Un ramassis de contre-vérités qui le disputent à la mauvaise foi.

Loin d'être l'enragé dépeint par les auteurs du film, Clemenceau a fait la preuve à plusieurs reprises d'une modération qui déplaisait fort à la presse chauvine et belliqueuse de son temps. Nullement « revanchard », il avait avant tout le souci, depuis 1905, d'éviter que son pays ne soit rayé de la carte. Lorsqu'il fut rappelé au pouvoir, en novembre 1917, il fit la guerre, certes, farouche, volontaire, décidé à vaincre, mais avec le souci de rester de plain-pied avec les combattants, visités sans relâche par lui dans les tranchées. Lorsque les Allemands et leurs alliés demandèrent l'armistice, Clemenceau exprima, le 7 octobre 1918, sa conviction, au cours d'une conférence avec les Alliés : « Je dois dire que mon désir est de demander ce qui est nécessaire et pas davantage. Il ne faut pas qu'on puisse nous reprocher d'avoir par des exigences excessives prolongé la guerre et fait tuer des centaines de milliers d'hommes. J'ai demandé à Foch d'y réfléchir… »

Pour le président de la République Raymond Poincaré, la demande d'armistice faite par l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et la Turquie est « impossible à discuter tant que l'ennemi occupera une partie quelconque de notre territoire ». Tel n'est pas l'avis de Clemenceau. Nullement jusqu'au-boutiste, conscient de la fatigue des troupes, désireux de ne pas voir se prolonger un conflit déjà interminable, il ne veut pas laisser échapper une chance de paix. Le responsable de l'émission ose dire que Clemenceau « aimait la guerre », en lui imputant le vœu de la continuer, qui n'était pas le sien mais celui, entre autres, d'un général Pershing s'opposant, en date du 30 octobre 1918, « à un armistice qui priverait les Alliés d'une victoire complète ».

Clemenceau s'est clairement exprimé sur son attitude, qui lui avait valu une polémique avec Poincaré, auprès de Jean Martet : « Je me serais cru déshonoré si j'avais fait durer cette guerre un jour de plus qu'il n'était besoin. J'ai fait la guerre à fond pour la faire durer le moins possible. Aux premières demandes d'armistice j'ai failli devenir fou… fou de joie !… C'était fini ! J'avais trop vu le front, moi. J'avais trop vu de ces espèces de trous pleins d'eau où des hommes vivaient depuis quatre ans. Le premier qui est venu me dire : "Les Boches n'en peuvent plus ; ils demandent la paix"…, je lui aurais sauté au cou, en pleurant. »

Tel est celui qu'une chaîne publique de télévision a voulu faire passer pour un va-t-en-guerre débridé. J'y vois deux penchants bien actuels. Primo, un amateurisme prêchant d'autorité contre les professionnels : un filon médiatique à base de sensationnalisme, autrement excitant que la mise en scène des faits établis par des générations de chercheurs. Secundo, une tendance à déboulonner les « grands hommes » - cette engeance odieuse à nos convictions égalitaires.

Michel de Montaigne disait de la grandeur : « Puisque nous ne pouvons l'atteindre, vengeons-nous à en médire. »

MICHEL WINOCK

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