Pétain avait une réputation de fermeté répressive, jointe à ses qualités manoeuvrières.
Ce général qui veille au quotidien du poilu est aussi répressif que le souhaite Joffre.
Voici ce que le maréchal Fayolle dit de lui dans ses "Carnets de la grande guerre" (Plon, 1964) : "Pétain est froid, calme, résolu, très dur d'ailleurs. N'hésite pas à casser les médiocres et à faire fusiller les lâcheurs"
"J'ai fait, lui dit-il, aux premières rencontres, un rôle de boucher."
La liste de ses actes de répression est peut-être incomplète, en particulier pour la période de la retraite.
Mais on connaît plusieurs circonstances où il a montré sa fermeté.
Une note du 30 octobre 1914 répond vigoureusement à une situation dénoncée par un chef de bataillon : celui-ci a dû réveiller pendant un bombardement "de la pointe de son sabre", des hommes endormis. L'ennemi n'a pas eu grand mal à les cueillir, dans leur état d'épuisement.
Pétain réagit aussitôt : "Une surprise est toujours honteuse, écrit-il aux généraux de division. Si les hommes s'endorment, ils doivent savoir qu'ils sont sous le coup de la loi martiale, qu'ils seront jugés par les conseils de guerre et passés par les armes."
Le 10 novembre, même rigueur pour un régiment "qui avait peu souffert" et qui avait cru bon d'évacuer une tranchée en rase campagne : "Les officiers et sous-officiers ne doivent pas hésiter à tirer sur tout homme qui recule sans ordre ou manifeste l'intention de se rendre."
Ils doivent "forcer l'obéissance de leurs subordonnés".
Guy Pédroncini dans son "Pétain, le soldat et la gloire" (Perrin, 1989) rappelle qu'il n'a pas hésité à faire exécuter sans jugement un soldat, cinq fois déserteur, il est vrai."
Autre exécution signalée par Fayolle le 24 janvier 1915 pour refus d'obéissance.
"L'exemple, dit ce catholique pratiquant, était nécessaire."
"L'homme n'est pas mort bravement mais l'aumônier qui l'assistait était satisfait et c'est l'essentiel."
Nouveau peloton le 19 mars.
Fayolle toujours, note, que le 4 janvier 1915, Pétain menace du peloton d'exécution ceux qui volent les fils télégraphiques et "qui ne méritent aucune indulgence".
Enfin, Pédroncini signale par une note en bas de page de son livre l'affaire des 40 soldats condamnés à mort pour automutilation.
Le 23 janvier, le général Pétain a donné l'ordre d'en choisir 25, "de les lier et de les jeter, de l'autre côté du parapet aux tranchées les plus rapprochées de l'ennemi".