Pétain le boucher

1ère guerre mondiale et ses conséquences, jusqu'à la Grande Crise.

Pétain le boucher

Message par Baron Percy » Mercredi 21 Mars 2007 00:13:02

Pétain avait une réputation de fermeté répressive, jointe à ses qualités manoeuvrières.
Ce général qui veille au quotidien du poilu est aussi répressif que le souhaite Joffre.
Voici ce que le maréchal Fayolle dit de lui dans ses "Carnets de la grande guerre" (Plon, 1964) : "Pétain est froid, calme, résolu, très dur d'ailleurs. N'hésite pas à casser les médiocres et à faire fusiller les lâcheurs"
"J'ai fait, lui dit-il, aux premières rencontres, un rôle de boucher."

La liste de ses actes de répression est peut-être incomplète, en particulier pour la période de la retraite.
Mais on connaît plusieurs circonstances où il a montré sa fermeté.
Une note du 30 octobre 1914 répond vigoureusement à une situation dénoncée par un chef de bataillon : celui-ci a dû réveiller pendant un bombardement "de la pointe de son sabre", des hommes endormis. L'ennemi n'a pas eu grand mal à les cueillir, dans leur état d'épuisement.
Pétain réagit aussitôt : "Une surprise est toujours honteuse, écrit-il aux généraux de division. Si les hommes s'endorment, ils doivent savoir qu'ils sont sous le coup de la loi martiale, qu'ils seront jugés par les conseils de guerre et passés par les armes."
Le 10 novembre, même rigueur pour un régiment "qui avait peu souffert" et qui avait cru bon d'évacuer une tranchée en rase campagne : "Les officiers et sous-officiers ne doivent pas hésiter à tirer sur tout homme qui recule sans ordre ou manifeste l'intention de se rendre."
Ils doivent "forcer l'obéissance de leurs subordonnés".
Guy Pédroncini dans son "Pétain, le soldat et la gloire" (Perrin, 1989) rappelle qu'il n'a pas hésité à faire exécuter sans jugement un soldat, cinq fois déserteur, il est vrai."
Autre exécution signalée par Fayolle le 24 janvier 1915 pour refus d'obéissance.
"L'exemple, dit ce catholique pratiquant, était nécessaire."
"L'homme n'est pas mort bravement mais l'aumônier qui l'assistait était satisfait et c'est l'essentiel."
Nouveau peloton le 19 mars.
Fayolle toujours, note, que le 4 janvier 1915, Pétain menace du peloton d'exécution ceux qui volent les fils télégraphiques et "qui ne méritent aucune indulgence".
Enfin, Pédroncini signale par une note en bas de page de son livre l'affaire des 40 soldats condamnés à mort pour automutilation.
Le 23 janvier, le général Pétain a donné l'ordre d'en choisir 25, "de les lier et de les jeter, de l'autre côté du parapet aux tranchées les plus rapprochées de l'ennemi".
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Message par BRH » Mercredi 21 Mars 2007 09:21:44

Tout ceci est exact, mais il ne faut pas croire que c'était exceptionnel. Bien d'autres chefs ont eu la même attitude, sans compter les autres, ceux qui se sont distingués par de nombreuses exécutions irrégulières...

Pétain est considéré -à l'époque- comme ferme, mais humain. On ne leurre pas 10 millions de combattants dans la tourmente. Le boucher, c'est Mangin et cet épithète lui restera collé à la peau ! Sans parler de Nivelle, mais c'est autre chose...

N'omettons pas de rappeler qu'en 1917, pour sévir contre les mutineries massives, Pétain s'est borné à entériner une cinquantaine d'exécutions. Plus que son action à Verdun, c'est par son attitude en 1917 qu'il s'est acquis des titres à la reconnaissance des poilus et de ses pairs. Il a sauvé l'armée française d'une débâcle sans précédent.
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Re: Pétain le boucher

Message par rapentat » Mercredi 21 Mars 2007 11:48:52

Bonjour,

Baron Percy a écrit :Pétain avait une réputation de fermeté répressive, jointe à ses qualités manoeuvrières.
Ce général qui veille au quotidien du poilu est aussi répressif que le souhaite Joffre.


Mon cher Baron ,comme vous le précisé dans un autre post, ce qui nous paraît aujourd'hui abominable, paraissait normal à l'époque.
La brutalisation de l'Etat-Major envers ses propres troupes, la menace du peloton d'exécution, est de ne pas revivre la défaite et la débâcle de 1870. Lors de la retraite de la marne Joffre précise dans son ordre n°11 " les précautions les plus minutieuses, comme les mesures les plus draconiennes seront prises pour que le mouvement de repli s'effectue dans un ordre complet, afin d'éviter les fatigues inutiles. Les fuyards, s'il s'en trouve, seront pourchassés et passés par les armes " C'est peut être, malheureusement, à ce prix que la retraite n'a pas tournée à la débandade.
Dans les travaux du Général Bach (les fusillés pour l'exemple) il précise qu'il faut compter environ 500 exécutions entre 1914 et 15, bien entendu il ne comptabilise pas les exécutions sans jugement.
Pétain, boucher, je ne crois pas, ferme et parfois sévère quand les conditions l'exigeaient, oui, mais toujours avec une certaine mesure.

Cordialement.
rapentat
 
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Message par Baron Percy » Mercredi 21 Mars 2007 22:50:40

Je tiens cependant à rappeler que le terme de "boucher", a été employé par Pétain lui-même pour qualifier son propre rôle, lorsqu'il rencontra pour la première fois le maréchal Fayolle.
Il peut effectivement paraître excessif au regard de l'action de certains de ses collègues, mais il semble bien qu'il le trouvait approprié en ce qui le concernait.

Il faut sans doute aussi rappeler qu'en 1915, Pétain n'est pas considéré comme un général d'un talent exceptionnel. Il est seulement un bon général et il doit sa promotion rapide à ses qualités.
Il n'a jamais obtenu, au prix de pertes effroyables, que des gains de terrain insignifiants. Et il n'en est pas le moins du monde indigné.
Pour lui, la victoire suit les canons, et il estime n'en avoir jamais eu assez pour vaincre.
Il ne dorlote pas les poilus, mais veille à les contraindre à creuser des abris efficaces, s'assure de l'eau potable en quantité, mais aussi de la bonne et juste mesure des distributions de pinard, pour juguler l'ivrognerie aux armées.
Il veille à tout : à la qualité du pain, aux distributions de vivres, aux conditions d'hygiène en première ligne et jusqu'à la construction des feuillées.
Mais le papa gâteau est du genre sévère.
Il respecte les hommes et entend s'en faire respecter.
Il ne manque toutefois pas de faire surveiller leur moral par le contrôle strict de la correspondance en faisant ouvrir les lettres destinées aux familles.
Il recommande aux officiers de secteur d'être au plus près de leurs hommes, de multiplier au repos les entretiens faisant le point sur la guerre, d'entretenir le sens de la citoyenneté chez le soldat, de développer le thème égalitaire : au front, pas de privilèges, égalité devant la mort.
Le futur "père la victoire" a donc l'image d'un bon père de famille, ferme, intransigeant à l'occasion, mais aussi humain et soucieux du bien-être de ses soldats.
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Message par duc de Raguse » Mercredi 21 Mars 2007 23:54:48

Il faut sans doute aussi rappeler qu'en 1915, Pétain n'est pas considéré comme un général d'un talent exceptionnel. Il est seulement un bon général et il doit sa promotion rapide à ses qualités.

Heu... En 1914, si le conflit n'avait pas éclaté, il partait pour la retraite avec le grade de colonel.
Je ne suis pas spécialiste dans l'histoire militaire de la France, mais il me semble qu'il a obtenu ses galons à l'ancienneté (en gros il était arrivé au maximum de ce qu'un bon officier pouvait espérer). Par contre, la rumeur veut qu'il fut "cassé" lors du "scandale des fiches" en 1905.
Lorsque le général André faisait la chasse aux bigots, Pétain en faisait partie... Sur sa fiche figurait le fait qu'il allait à la messe tous les dimanches, donc il devait être à ce titre saqué ! :roll:
duc de Raguse
 

Message par rapentat » Jeudi 22 Mars 2007 13:14:16

Bonjour,

duc de Raguse a écrit : Par contre, la rumeur veut qu'il fut "cassé" lors du "scandale des fiches" en 1905.
Lorsque le général André faisait la chasse aux bigots, Pétain en faisait partie... Sur sa fiche figurait le fait qu'il allait à la messe tous les dimanches, donc il devait être à ce titre saqué ! :roll:


Il est certain que s'il a été jugé comme tel, cela n'a pas avantagé son avancement. Je crois que ses prises de positions quand il était professeur à l'Ecole Supérieure de Guerre, lui ont attiré pas mal d'inimitiés. L'esprit revanchard de l'époque préconisait l'attaque à outrance à la baionnette, lui pensait plutôt aux canons " le feu tue " En un mot il était en total contradiction avec l'Etat-Major et le Ministère de la Guerre.
Il est à noté que cette affaire des fiches nous a sûrement coûté la retraite de la Marne, en ayant des officiers non promus au mérite, mais pour leur sympathie politique.

Cordialement.
rapentat
 
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Message par Baron Percy » Jeudi 22 Mars 2007 23:47:14

Citation : "En 1914, si le conflit n'avait pas éclaté, il partait pour la retraite avec le grade de colonel. "


Pourtant, le colonel engagé comme brigadier a gagné tous ses galons non dans la guerre de position, mais bien dans celle de mouvement.
Il ne s'est jamais dérobé à une offensive et il a toujours oeuvré de tout son pouvoir pour s'y intégrer.
On loue d'ailleurs à l'état-major de Joffre sa capacité d'adaptation aux situations imprévues.
Il a été lancé au début de la guerre dans l'aventure de la 5è armée de Lanzerac, chargée de contenir la ruée allemande de Sedan à la Belgique.
Il ne croit pas alors que les armes nouvelles donnent l'avantage à la défensive : à preuve, les Allemands les utilisent pour bouleverser le front français à marches accélérées. Il pense que la portée, la précision et la rapidité du tir servent la guerre de mouvement. Il s'y adapte pour sa part, en recommandant les attaques au niveau des compagnies bien entraînées. Il est d'accord avec Joffre pour refuser toute relève dans l'assaut. Les compagnies ne sont jamais autorisées à abandonner la lutte.
"Le manque de munitions, écrit-il, le désir de secourir les blessés ne constituent aucun droit à cet égard."
Nommé colonel à la demande de Foch en 1910 seulement, il commande le 33ème régiment d'infanterie d'Arras en juin 1911, après la crise d'Agadir, quand il faut dresser les bataillons pour la guerre.
En 1914, il n'est toujours pas inscrit "au tableau" au grade de général pour avoir critiqué l'esprit sottement offensif des manoeuvres d'automne de 1913.
Il est nommé brigadier par intérim, à la tête du 8è régiment de Saint-Omer et du 110è de Dunkerque réunis en une seule unité jumelée. Il a déjà 58 ans.
Il marche à la rencontre des Allemands traversant la Belgique dans la 2è division du général Deligny, bientôt blessé par un éclat d'obus.
Il se bat devant Dinant où de Gaulle reçoit sa première blessure.
Quand Franchey d'Esperey décide de retraiter, Pétain protège la manoeuvre avec les siens, montre son adresse et sa ténacité. Il marche ensuite en arrière-garde, éprouvant le feu d'artillerie de l'ennemi.
Alors seulement, en pleine retraite, dans la nuit du 27 au 28 août 1914, au presbytère d'Iviers, au sud-est de Vervins, il aurait appris sa nomination au grade de général de brigade.
Deux jours plus tard, il est officiellement informé qu'il doit assurer à partir du 3 septembre, à titre provisoire, le commandement de la 6è division d'infanterie, jadis aux ordres de Joffre, avec ordre de conduire l'unité au-delà de l'Aisne pour en interdire le passage.
Il repart le 6 septembre pour livrer la bataille de la Marne et c'est le 14 septembre, pour couronner ses qualités manifestes d'organisateur et de combattant, qu'il est nommé général de division.
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pétain le boucher

Message par martinez » Samedi 24 Mars 2007 16:33:17

que veut dire le terme de boucher? il me parait totalement inaproprié ou alors tout le monde l'est à partir du moment ou un ordre donné entraîne mort d'homme! il fut dans la première partie de sa carrière un officier brillant on ne confie pas le cours de combat d'infanterie de l'école supérieure de guerre à un nul! c'est son divorce avec la doctrinre officielle ( offendive à outrance) qui lui vaudra la stagnation jusqu'en 14 il se distingue de la médiocrité ambiante ( les limogeages de joffre ne sont pas tous des injustices loin s'enfaut) sans être exceptionnel il rate lors de l'offensive d'artois une opportunité historique de rompre le front allemand quant à verdun il subit joffre qui le prive de ses moyens ( artillerie) au profit de la somme les vrais vainqueurs sont nivelle et mangin quand pn leur restitue les moyens. il a fait preuve lors des mutinerie de 17 de réelles qualités en minorant la répression ( +ou - 50 exécutions alors que la contagion touche la moitié de l'armée) et en améliorant la qualité de vie des soldats. Il met u n terme aux offensives sanglantes et insuffle un nouvel esprit tactique en l'attente des chars et des américains donc globalement un tacticien moyen excellent géostratège, remarquable soldat économe du sang de ses hommes golbalement l'un des meilleurs généraux du conflit cordialement
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Message par Baron Percy » Samedi 24 Mars 2007 20:54:37

Citation : "que veut dire le terme de boucher? il me parait totalement inaproprié "


Il semble bien que vous ne vous soyez pas donné la peine de lire les posts précédents, puisque le terme de "boucher" a été employé par Pétain lui-même pour qualifier son action.
Qu'il vous semble inapproprié ou excessif est une chose, mais il ne faut pas en imputer la responsabilité à qui que ce soit d'autre qu'à son auteur.
Et il me semble être quand même le mieux placé pour se juger, non ?

P.S : Ignorez-vous donc l'usage des majuscules ? :roll:
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a m percy

Message par martinez » Samedi 24 Mars 2007 21:57:26

je n'aime pas votre style, votre ton sentencieux et vos remarques désagréables; à juger les autres on s'expose à l'être soi-meme vous racontez n'importe quoi et je vous retourne le compliment apprenez à lire je n'accorde aucun de crédit aux propos soit disant tenus puis rapportés et vraisemblablement déformés extournés je maintiens que le terme générique de boucher n'a pas sa place le maréchal pétain n'a pas déclenché d'offensives style chemin des dames. vous remarquerez que de propos délibéré à aucun moment je n'ai employé de majuscules je suis certain que vous en comprendrez la signification sinon je vous l'expliquerais de vive voix
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Message par Administrateur » Samedi 24 Mars 2007 23:00:43

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