C'est ainsi que fut dénommée la grippe espagnole, aussi appelée H1N1, qui faisait l'objet d'un superbe et intéressant documentaire diffusé ce soir sur la télévision belge.
Il faut savoir que l'épidémie fit son apparition en avril 1918 et qu'elle fit, selon les estimations les plus communément admises, entre 50 et 100 millions de morts à travers le monde, soit quatre fois plus que la "der des der".
A l'époque, la grippe était une maladie peu connue et il n'existait aucun vaccin.
D'où celle-ci tient-elle son nom ?
C'est fort simple : l'Espagne n'étant pas en guerre, sa presse pouvait librement écrire des articles sur ce fléau, tandis que la censure faisait rage dans les nations belligérantes. Il fut donc facile à ces dernières de rejeter l'origine de cette pandémie sur un pays neutre, histoire de se dédouaner à bon prix.
Or, il semble de plus en plus évident que le virus est apparu sur le front Ouest, dans le Nord de la France, dès 1916, en raison des conditions d'hygiène déplorables et de l'état d'épuisement physique et psychologique des combattants.
En effet, pour se développer la maladie avait besoin d'un terrain favorable : une forte concentration d'hommes sur un espace restreint et un lieu de rassemblement pour les oiseaux migrateurs.
Or, en raison des difficultés d'approvisionnement, les troupes britanniques cantonnées dans le Nord de la France élevaient des canards et des oies pour nourrir les soldats du front.
Comme leurs cantonnements se trouvaient sur les principales routes migratoires des oiseaux, toutes les conditions étaient réunies.
A l'automne 1918, l'épidémie est mondiale, plus aucun endroit du globe n'est épargné.
La grippe est alors responsable de 10 % du taux de mortalité de l'ensemble des armées.
Elle entraîne en outre des complications pulmonaires, des pleurésies, des broncho-pneumonies...
Les poumons des victimes se retrouvent saturés de fluides qui les empêchent de respirer et les conduisent au décès.
Le visage noircit et des saignements apparaissent au nez, à la bouche, mais aussi aux yeux et aux oreilles.
De plus, la grippe provoque des affections du système nerveux et est responsable de graves troubles neurologiques.
Dès le mois d'octobre, le port du masque se généralise.
Mais le fléau se répand sans discontinuer et tue des millions d'individus sans distinction. Edmond Rostand et Guillaume Appolinaire en seront victimes.
Ludendorf assura même que la grippe espagnole fut responsable de la défaite allemande, alors que ses troupes étaient victorieuses sur le terrain.
En frappant les hommes présents au front, elle a ralenti les offensives et anéanti l'esprit combattif des Feldgrau.
Ce qui est certain, c'est que d'octobre à novembre, l'épidémie a atteint des sommets dans les Etats d'Europe centrale (Allemagne et Autriche-Hongrie) et qu'elle a ainsi pu contribuer à accélérer la fin du conflit.
En tout état de cause, ce fut la pandémie la plus grave qui ait jamais touché l'humanité.
Une catastrophe similaire pourrait-elle de nouveau survenir ?
Un spécialiste a conclu en affirmant que nous serons vulnérables tant que nous n'aurons pas compris le pourquoi de son apparition et que nous continuerons à produire des foyers d'infection potentiels.
A méditer...