Dans '' La Prusse en question '' , ouvrage de Rudolf von Thadden ( Actes Sud 1985 ), au chapitre 7 , il est question de
'' la Prusse et son Eglise '' : il est dit que '' le prince du petit territoire des Hohenzollern se voit attribuer , à défaut d'évêques favorables à la Réforme , la fonction d'évêque de substitution '' . Cela veut dire que la séparation de l'Eglise et de l'Etat , non seulement n'est pas établie , mais que l'Etat Prussien et le Reich conservent de manière éminente un caractère sacré .
C'est dire qu'en Allemagne , et contrairement à la France ( les Francs n'étaient pas ariens ) , l'Empereur maintient au fil du temps une fonction de caractère religieux : si le pouvoir à la fois politique et religieux du chef suprême ( qui , on l'a vu , pouvait être aussi bien un voyou ) commandait de faire la guerre , il était déloyal de se dérober .
Et cette obéissance '' religieuse '' au prince n'est pas une spécificité germanique , puisqu'on la retrouve en Russie ( la
'' Sainte Russie '' ) ou en extrême orient ( l'Empereur '' Fils du Ciel '' ).
Dire qu'il y a '' prédestination guerrière '' des Allemands n'est pourtant pas tout à fait pertinent . Ce qui peut être dit , par contre , c'est que le caractère religieux du Saint Empire et l'organisation militaire des Chevaliers Teutoniques ( qui a perduré avec les Junkers prussiens ) , a retardé l'évolution politique allemande et permis aux hasards comme aux déterminismes de l'Histoire de déboucher trop souvent sur la guerre . Roger Sillard