La survie en ligne féminine des Romanov...

1ère guerre mondiale et ses conséquences, jusqu'à la Grande Crise.

Re: La survie en ligne féminine des Romanov...

Message par Gvardeyets » Jeudi 10 Décembre 2009 15:26:51

Bonjour.

Je reviens parmi vous apres de nombreuses difficultes technologiques, peut-etre autres aussi...
Je vois que le debat est tres complexe entre vous.
J'apporterai quelques elements des que possible.

Oui, Siracourt, c'est bien la saint Nicolas d'Hiver qui est célébrée le 6 décembre, c'est-à-dire aussi le 19 décembre actuel pour le calendrier de Jules César que continuent d'utiliser la Sainte Montagne d'Athos et le Patriarcat de Moscou notamment.
L'Empereur Nicolas envisageait de faire adopter le calendrier grégorien d'ailleurs.

Merci de ne pas oublier ces vieux régiments fideles!
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Re: fidélité et foi en la vérité!

Message par SIRACOURT » Jeudi 10 Décembre 2009 16:11:20

Oui, je suis un des derniers et rares admirateurs de l'empereur tout comme vous je crois!...Malgré de nombreuses erreurs Nicolas II reste pour moi un gentil homme au sens du XVIII ème siècle!
Revenez-nous rapidement avec des nouvelles fraîches de Russie concernant notre affaire! Merci.
Auteur de LOUIS XVII OU LE SECRET DU ROI, Louise Courteau, Éditrice, Québec, Canada, 2007 et de L'AFFAIRE ROMANOV OU LE MYSTÈRE DE LA MAISON IPATIEV,Louise Courteau Éditrice,Québec,Canada, 2008.

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Re: La survie en ligne féminine des Romanov...

Message par Gvardeyets » Vendredi 11 Décembre 2009 07:38:25

Erreur - nous sommes nombreux en Russie à respecter l'Empereur.
Un jugement équitable en sa faveur s'installe dans les esprits comme un "rouleau compresseur".
Nous serons très nombreux à évoquer sa mémoire le 6/19 décembre.
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Re: LE TSAR NICOLAS II

Message par SIRACOURT » Vendredi 11 Décembre 2009 16:20:07

Je pense que vous ne m'avez pas compris. Je vénère le tsar comme un Saint. On peut le prier avec profit, car II fait des miracles comme Nicolas Tchoudavoretz les fit en son temps. Malgré ses erreurs toutes humaines, je respecte pronfondément cet homme de bonne volonté, qui fut complétement dépassé par les évènements du fait de l'éffondrement général de la Russie en 1917. Il n'y aurait pas eu de révolution, si la guerre n'avait pas eu lieu. L'empereur Guillaume II porte toute la responsabilité de l'effondrement de l'Europe en 1918.
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Re: La survie en ligne féminine des Romanov...

Message par eliedurel » Vendredi 11 Décembre 2009 18:14:28

Nicolas II est éminemment respectable comme homme et comme souverain. Comme l'a dit Churchill "Il a commit de nombreuses erreurs, mais quel chef d'Etat n'en commet pas". J'ajouterai que son cousin germain le kaiser Guillaume II porte une responsabilité considérable dans ces erreurs (cela me fait d'ailleurs fortement douter que des Grandes-Duchesses éventuellement survivantes aient pu accepter sa protection et ses bienfaits : j'y reviens plus bas). Le Tsar ne méritait vraiment pas l'abandon dont il a été l'objet. Il a sincèrement voulu le bien de son peuple, contrairement aux Bolchéviques qui l'ont exploité. Sans la révolte de 1905, dans les 10 à 15 ans qui suivaient, la Russie auraient été l'une des toutes premières puissances économiques mondiales. Nicolas II a voulu libéraliser son pays, il a fait le jeu de ses opposants et des anrchistes : peut-on lui reprocher ce courage dont il a été la première victime.
En tant que Français, je n'oublierai jamais qu'il a sacrifié ses meilleures unités pour sauver Paris de l'invasion allemande, alors qu'il en avait besoin ailleurs. Que ce serait-il passé si Paris avait été prise ? J'ai une pensée pour ses valeurux soldats russes qui se sont sacrifiés et qui reposent quelque part dans les terres de Champagne.
Pour avoir été en Russie sur les lieux où la Famille impériale fait l'objet d'un culte, j'avoue avoir ressenti un profond malaise. Voir cette famille statufiée et auréolée m'a laissé un sentiment d'hypocrisie. Du jour de son abdication, Nicolas II est devenu un non homme pour les autorités soviétiques. En le béatifiant, il est devenu un non homme pour l'éternité. Sa réhabilitation me paraît hautement souhaitable.

En se posant des questions sur la fin de Nicolas II qui reste, qu'on le veuille ou non un mystère, je pense que l'on contribue à entretenir sa mémoire et celle des siens. Michelle Wartelle n'en a assurément pas le monopole. Je crois qu'en Russie et par le monde nombreux sont ceux qui entretiennent ce souvenir sous différentes formes.

Comme il m’y avait vivement invité, j’ai donc lu le livre de Michelle Wartelle.
Par rapport à ces histoires mystérieuses qui sont entrées dans la légende, j’ai déjà dit que je bannissais le mot preuve, j’ajoute aussi certitude et vérité.
Dans son livre « Anastasia retrouvé », Tatiana Botkine a écrit : « Nul fard, nul artifice, autre que la forme romancée de ce témoignage. Je vous livre ce que j’ai vécu, avec toute ma sincérité, avec toutes mes certitudes ». Indiscutablement, Michel Wartelle a des certitudes. Il dit lui-même que cela est l’œuvre de sa vie, avec le juge Sokoloff il partage donc le même engagement. À cet égard, son implication est aussi respectable qu’émouvante.

Comme Michel Wartelle l’a indiqué dans ce forum, nous avons des points de convergences pour considérer que la Famille impériale n’a pas été massacrée dans la maison Ipatief, qu’elle a fui par un tunnel et qu’il y a eu survivance.
Je suis d’accord avec lui lorsqu’il dit que la légende veut que ce soit Yourovski « l’âme du complot qui fit périr la famille Romanof dans le sous-sol de la maison Ipatief…Il semble même que ce fut tout le contraire…» Toutefois, il ne mentionne pas le rôle déterminant de la Tchéka dans la protection de la Famille impériale, sans cela rien n’était possible. Yourovski était en effet l’homme fort de la Tchéka locale. Pour cause, il était, avec le prince Orloff dont il était un proche, l’un des cinq fondateurs de la police secrète bolchévique.
Par contre, je ne partage pas sa relation des faits sur l’assassinat de membres de la famille Romanof à Alapaïevk. Ils n’ont pas été assassinés par des tchékistes qui en réalité les protégeaient, mais par les bolcheviks de Bieloborodof, le président du soviet régional de l’Oural. Il a raison de dire que Bieloborodof, proche de Trotski le commissaire du peuple à la guerre, était « en conflit ouvert avec la politique de Moscou : laisser partir la famille Romanov à l’étranger ». En réalité, il s’opposait à Lénine et à Sverdlof qui garantissait sur sa propre vie celle des membres de la famille impériale. À Ekatérinenbourg, Bieloborodof était en rivalité avec Yourovski et Golostchekine, le commissaire militaire pour l’Oural, proche de Lénine et lui aussi tchékiste. Je crois que ces oppositions, tant à Moscou que dans l’Oural, sont fondamentales pour avoir une compréhension de la fin des Romanof.
Bieloborodof est une des clés pour comprendre ce qui a pu se passer dans l’Oural pour le Romanof. Il voulait faire un gigantesque charnier de tous les Romanof. Je ne crois pas qu’il ait réussi à obtenir la peau de Nicolas II (et de son fils), même s’il en rêvait. Je ne crois donc pas à la condamnation et à l’exécution du tsar sur un champ de tir militaire. Par contre, il est tout à fait possible qu’ayant eu connaissance de la mort du tsar, il est lui-même inventé cette version pour s’en vanter.
Michel Wartelle a du mal à concevoir l’hypothèse que j’avance concernant la mort de Nicolas II et pour laquelle j’ai déjà fourni des précisions. Je crois qu’il s’est passé quelque chose alors que le tsar était entre les mains d’officiers allemands chargés de le conduire en exil en Allemagne avec sa famille. J’aborderai plus loin la problématique allemande.
Je partage avec lui l’hypothèse d’un pseudo-massacre de la Famille impériale dans la maison Ipatief et l’assassinat des quatre serviteurs qui a servi de mise en scène, tant sur place qu’au lieudit des « Quatre frères ». À part évoquer l’impossibilité pour 11 assassins de fusiller 11 victimes dans une pièce d’environ 21 m2 (ce que je partage), je regrette qu’il n’ait pas plus argumenté cette thèse. Il n’a pas non plus suffisamment mis en exergue la parodie d’enquête du juge Sokoloff dont je considère qu’il a été « instrumentalisé » par le prince Orloff pour accréditer une version officielle de la fin des Romanof qui convenait à tout le monde : le peuple russe a lui-même jugé, condamné et exécuté le tsar et les siens. Sur le plan de la doctrine révolutionnaire bolchévique, c’était politiquement correct, cela accréditait la thèse des Blancs selon laquelle les Rouges étaient des barbares et les autres pays (Allemagne, Angleterre, France et même États-Unis) se trouvaient, au moins en partie, dédouanés de leurs responsabilités.
Je suis aussi d’accord sur la « piste de Perm » pour laquelle les témoignages sont nombreux, concordants et surtout de premier rang contrairement à ceux présentés pour défendre le massacre de la Famille impériale dans la maison Ipatief. Le juge Sokoloff a écarté cette piste au motif qu’elle n’était faite que pour retarder son enquête !
Dans le livre de Michel Wartelle, je regrette aussi une certaine confusion et un manque d’appréciations quant aux conditions d’exfiltration des membres de la famille impériale.
En effet, lorsque l’on avance l’hypothèse d’une survivance, il me paraît capital d’apporter des éléments assez convaincants pour contester la version « officielle », y compris en ce qui concerne l’attribution des restes retrouvés.
Au sujet du traité de Brest-Litovsk, un visiteur a écrit : « Cette paix est signée depuis mars 1918 (traité de Brest-Litovsk), soit près de 4 mois avant l'assassinat. Donc votre argument ne tient pas, puisque cette guerre n'existe plus... ». Il me semble que juridiquement ce traité n’avait aucune valeur (Lénine n’était investi en rien). Aussi, Nicolas II était-il l’objet de pression et même d’un chantage pour le ratifier, quitte à symboliquement redevenir tsar. Il s’est résolument refusé à cela, préférant mourir (tout comme Alexandra).
Pour en venir à la survivance des quatre femmes qui constitue la révélation de Michel Wartelle, je ne peux qu’exprimer un sérieux doute. Pour avoir moi-même tenté de valider une survivance qui m’a été soufflée, je resterai très prudent. Dans la « thèse » que je me suis efforcé d’étayer, en terme de probabilité j’estime : à plus de 90% le fait que la Famille impériale n’ait pas été massacrée dans la maison Ipatief, à environ 60 % celle qu’il y ait eu une survivante et à un peu plus de 50 % celle qu’elle ait eu dans la clandestinité l’identité sur laquelle j’ai été orienté.
Je pense que l’on est dans le même niveau de probabilité avec la survivance que défend Michel Wartelle à partir de témoignages, de documents et de photos qui ne sont pas des preuves. Les photos me gênent beaucoup, car je peine à trouver une ressemblance. J’ai ainsi moins de regret de n’avoir pas réussi à obtenir (peut-être l’aurons-nous un jour) celle de « ma » survivante clandestine, pour la comparer à la grande-duchesse Maria. Par contre, j’ai recueilli une quinzaine d’indications (dont des témoignages descriptifs) qui ne rendent pas l’hypothèse complètement farfelue (du moins pas pour moi).
Ce qui me gêne aussi c’est, pour bien des raisons, de considérer qu’Anna Anderson était bien Anastasia et ce ne sont pas les tests ADN qui m’ont convaincu du contraire. L’affaire Anastasia a été entretenue pour semer la zizanie au sein de la famille Romanof et peut-être aussi pour servir de diversion.
Je reviens à la problématique allemande que j’évoquais plus haut. Il est indéniable que l’aristocratie militaire et civile allemande a été profondément traumatisée par le fait de faire la guerre à la Russie dont l’impératrice était des leurs, de voir l’empire russe balayé par la Révolution bolchévique et de ne pas avoir su secourir la Famille impériale. Il ne me paraît donc pas surprenant que de grands noms allemands se soient, par croyance plus ou moins sincère ou par contrition plus ou moins consciente, associés à la défense de prétendantes, comme l’Inconnue de Berlin à qui l’on a fait dire dans un premier temps qu’elle était Anastasia
J’observe que la déclaration olographe de parenté n’émane pas des prétendues grandes-duchesses survivantes (Marie et Olga), mais d’Olga Béata, la fille de celle qui serait Marie.
Quant à la survivance de la grande-duchesse Tatiana qui aurait été exfiltrée par un tunnel le 1er juillet 1918, je ne peux l’admettre. Toutefois, on peut concevoir une première tentative qui aurait été un échec. Je crois que toute la famille était présente au complet dans la maison Ipatief le soir du 16 juillet 1918.

ED
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Élie DUREL auteur de : « L’autre fin des Romanof et le prince de l’ombre » aux éditions Lanore (France) – « Mémoire d’un résistant » chez Gestes éditions (France) - « L’histoire d’un conscrit de 1913 » aux éditions Ouest-France – « Les amants du Val de Loire » chez Geste éditions (France)
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Re: La survie en ligne féminine des Romanov...

Message par eliedurel » Vendredi 01 Janvier 2010 18:20:32

Devenue célèbre sous le nom d’Anna Anderson, l’Inconnue de Berlin qui fut, en février 1920, sauvée de la noyade par un policier a été l’une des plus fameuses prétendantes à vouloir accréditer la survie de la grande-duchesse Anastasia, la fille cadette de Nicolas II.
Admise dans un hôpital puis un asile d’aliénés, l’Inconnue sera identifiée par une autre malade, Clara Peuthert, comme étant la dernière fille du Tsar. Ce n’est pas elle qui a revendiqué cette identité qu’elle a cependant fini par endosser.
Parmi les dizaines pour ne pas dire les centaines de prétendant(e)s qui se disaient fille ou fils du dernier empereur de Russie, le cas d’Anna Anderson est singulier à plus d’un titre. Il est le seul cas où la mère et les sœurs (surtout Olga qui vivait à la cour danoise avec sa mère) de Nicolas II se soient ouvertement impliquées. Est-ce parce que l’hypothèse était des plus sérieuses ? Non. Est-ce pour une question d’héritage ? Non. Alors, pourquoi ?
Il est aussi intéressant d’observer que les premiers à avoir vu l’Inconnue n’ont généralement pas reconnu en elle Anastasia, mais ont parfois admis une certaine ressemblance avec ses sœurs Tatiana ou Olga. Curieusement, jamais Maria physiquement plus proche d’Anastasia n’a été mentionnée.
Si l’affaire Anna Anderson a existé jusqu’à la mort de celle-ci en 1984 (et même encore aujourd’hui), c’est qu’elle a été volontairement entretenue durant des décennies. Née banalement, elle a manifestement servi une ou plusieurs causes.

Tout d’abord, elle a été exploitée au profit du régime soviétique pour atténuer l’émotion suscitée par le massacre de la Famille impériale (surtout des enfants) et pour semer la zizanie au sein de la famille Romanov en faisant croire à une question d’héritage. Ce motif ne tient absolument pas, car l’on sait que l’argent placé par Nicolas II pour ses enfants en Angleterre a été investi dans l’effort de guerre et que les avoirs en Allemagne et en Russie étaient très modestes. Par ailleurs, comment imaginer que la mère et les sœurs du tsar pouvaient ignorer ce qu’il en était exactement et qu’elles aient pu se laisser entraîner dans une telle histoire ? Elle n’a d’ailleurs éclaté qu’en 1928 (l’éventuel héritage était accessible aux héritiers 10 ans après la mort authentifiée du tsar) lorsque Anna Anderson se trouvait aux États-Unis sous la « protection » de Gleb Botkine.

L’hypothèse que l’affaire Anna Anderson ait servi de diversion pour détourner les médias, l’opinion publique et les fouineurs en tout genre d’une grande-duchesse vivant dans la clandestinité est tout à fait plausible.
Le prince Nicolas Orloff était l’un des rares (si ce n’est le seul) à tirer les ficelles de cette affaire. Même le juge Sokoloff y a trempé ; germanophobe viscéral, il s’est rendu au moins deux fois en Allemagne, au prétexte d’y poursuivre son enquête. Son garde du corps, Paul Boulyguine, ancien capitaine de la garde personnelle de la mère de Nicolas II, a rencontré l’Inconnue chez ceux qui l’hébergeaient. Très proche du capitaine Schwabe, le premier « officiel » à avoir rencontré l’Inconnue, Boulyguine est à l’origine de la divulgation à l’Inconnue du sobriquet « Scbwibs » par lequel Olga désignait parfois sa nièce Anastasia. « Scbwibs » a aussi été le code utilisé par Boulyguine missionné à Ekatérinenbourg par l’impératrice douairière. Il est même très probable qu’il ait soufflé directement ou indirectement à l’Inconnue l’histoire romanesque de son sauvetage et de sa fuite jusqu’à Berlin.
Boulygouine paiera ces secrets de sa vie. Pourtant exilé en Amérique du Sud, il sera assassiné d’un coup de pistolet. Le prince Orloff, espion et ex-agent de la police secrète, disposait de moyens et d’appuis pour que ceux qui en savaient trop soient liquidés, le juge Sokoloff a été de ceux-là.
Pour entretenir l’affaire Anna Anderson, Orloff a exploité la fragilité psychique de Tatiana et Gleb Botkine (deux des enfants du médecin personnel de l’impératrice) et la cupidité de Pierre Gilliard, le précepteur suisse.
Non, Anna Anderson n’était pas Anastasia. Nul besoin des tests ADN post mortem pour s’en convaincre.
Mais alors, y a-t-il eu survivance ?


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Élie DUREL auteur de : « L’autre fin des Romanof et le prince de l’ombre » aux éditions Lanore (France) 2009 – « Mémoire d’un résistant » chez Gestes éditions (France) - « L’histoire d’un conscrit de 1913 » aux éditions Ouest-France – « Les amants du Val de Loire » chez Geste éditions.
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Re: ANASTASIA(1901-1984)

Message par SIRACOURT » Jeudi 07 Janvier 2010 16:35:13

Je viens de découvrir un livre extraordinaire sur Anastasia, la princesse perdue de James Blair Lovell (Anastasia, the lost princess) paru en 1995, St Martin's Press New York, USA. À ma connaissance, il n'existe pas de traduction française. Dommage pour ceux qui ne lisent pas l'anglais.
Ce livre nous apporte des scoops:
Alexis Milioukoff, ancien officier d'un régiment de Hussards, gagna la confiance d'Anastasia et réussit à enregistrer 100 heures d'interviews avec elle. Elle y révèleve des choses incroyables(existence, entre autres, d'une 5 ème fille du tsar née en 1903, qui vécut cachée en Hollande jusqu'à sa mort). James Blair acheta 100.000 $ les archives de Milioukoff(notes, photos, bandes audio).
Anastasia prit James Blair Lovell en amitié.Il obtint des confidences d'Anastasia sur ce qui se passa réellement à Ékatérinbourg(pas de massacre!) et à Perm (exfiltration!).
Je recommande vivement la lecture de ce gros livre que j'ai acheté (en parfait état, comme neuf) sur Amazon pour 10$ rendu chez moi. Ceux qui aiment les mystères historiques seront servis, résultat garanti!
(À suivre)
Auteur de LOUIS XVII OU LE SECRET DU ROI, Louise Courteau, Éditrice, Québec, Canada, 2007 et de L'AFFAIRE ROMANOV OU LE MYSTÈRE DE LA MAISON IPATIEV,Louise Courteau Éditrice,Québec,Canada, 2008.

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Re: La survie en ligne féminine des Romanov...

Message par eliedurel » Dimanche 10 Janvier 2010 22:07:23

Il faut souhaiter à James Blair Lovell d'avoir bien vendu son livre pour récupérer sa mise de 100 000 § versée à Milioukoff en échange de ses archives. Pourtant, "Anastasia, the lost princess" ne semble pas apparaître souvent dans les références bibliographiques.
Anna Anderson était décidément bien prolixe. Je crois que cela confirme qu’elle n’était pas Anastasia.
Quant à la version qui contredit celle alléguée par la prétendante de Berlin, à savoir le non massacre de la Famille impériale dans la maison Ipatief et l’évacuation des femmes à Perm, il est probable qu’elle provient des archives du juge Sokoloff emmenées aux États-Unis par le prince Orloff.
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Re: La survie en ligne féminine des Romanov...

Message par eliedurel » Jeudi 14 Janvier 2010 22:06:40

Je propose de développer ici la version de la fin des Romanof à laquelle je suis parvenu sur la base de témoignages provenant du cercle du prince Orloff et du juge Sokoloff.
Tout d'abord, qui était cet Orloff que mon témoin principal a connu.
Le prince Nicolas Wladimirovitch Orloff est né en 1891 à Saint-Pétersbourg et il est décédé aux États-Unis en 1961. Il était le fils du lieutenant général Vladimir Nicolaievitch Orloff, l’un des meilleurs amis du tsar Nicolas II.
Comme ces ancêtres depuis la Grande Catherine de Russie, Nicolas Orloff a été un proche des membres de la Famille impériale russe et des Romanof en particulier Son mariage morganatique avec la princesse Nadjeda Petrovna, arrière-petite-fille du tsar Nicolas Ier et nièce de Nicolas II a resserré ce lien. Sa belle-mère était la princesse Militza, fille du roi du Monténégro. C’est elle et sa sœur Stana qui, avec le soutien d’Anna Vyroubova, la demoiselle d’honneur de l’Impératrice, ont introduit le guérisseur français Philippe Nizier puis Raspoutine auprès de la Famille impériale dans l’espoir de guérir le tsarévitch. Mal aimée de la noblesse russe, en compagnie de ces deux princesses à la foi inébranlable dans le surnaturel, Alexandra se sentira vraiment impératrice.
Haut fonctionnaire de la police secrète tsariste et l'un des cinq organisateurs de la police politique bolchévique, Nicolas Orloff est un personnage dont le rôle dans l'ombre reste mystérieux, mais certainement majeur. Il connaissait bien le juge Nicolas Sokoloff avec lequel il avait eu des contacts en Ukraine. Il a fui la Sibérie en même temps que lui pour un exil en France. Ils ont vécu à Salbris en Sologne où le prince avait acquis le château du Buisson-Luzas.
Grand ami de Staline (cette relation tend à confirmer que Staline était un membre de la police politique tsariste) et au service des bolchéviques, il était également attaché à la monarchie et surtout à la survie des Romanof qu’il a tentées de sauvé avec le concours de Yakovlef puis de Yourovki.
Il travaillait pour les Bolchéviks tout en gardant un pied dans le mouvement monarchique russe en France et en Allemagne.
Après la révolution bolchévique, Orloff a vécu entre l'Europe et les États-Unis. Il essaya sans succès de rentrer au service de l'OSS (service d'espionnage américain), sans doute pour l'infiltrer. Aux États-Unis, il a été condamné à de la prison pour avoir fait de faux documents afin de compromettre un sénateur américain dans une pseudo compromission avec les Soviétiques. Par l’intermédiaire du milliardaire rouge américain, il a négocié le retour à Moscou d’une partie des archives de Sokoloff confisquées à la veuve du juge. Il a été le traducteur russe-américain de Kroutchev lorsque celui-ci a fait son scandale à la tribune de l’ONU.
Il a édité en Allemagne un livre intitulé « Faussaire, manipulateur, assassin », ces trois termes le caractérisent.
À Salbris, il a laissé le souvenir d’un personnage distant qui avait comme passe-temps de construire des pyramides avec des coupes remplies de champagne et son amusement était de faire s’effondrer le fragile édifice.
Il a nécessairement connu la vérité sur la fin de la Famille impériale. C’est lui qui a déclaré le décès du juge Sokoloff mort assassiné et non d’une crise cardiaque comme déclaré officiellement et qui a fait inscrire sur sa tombe cette épitaphe : « Ta vérité est la vérité éternelle ». Beau pied de nez à l’histoire.

Tel était ce prince de l’ombre qui a incontestablement connu la vérité sur la fin des Romanof. Ses confidences ou ses propos confiés à mon principal « informateur » ne constituent pas des preuves, mais elles donnent un éclairage qui permet de mieux comprendre ce qui a pu advenir de la Famille impériale. Pour avoir analysé et enquêté pour en vérifier la vraisemblance, il m’apparaît que la thèse qui en découle est plus crédible que celle retenue officiellement. Elle fait l’objet de mon livre « L’autre fin des Romanof et le prince de l’ombre » au sujet duquel nous échangeons dans ce forum.

Élie Durel

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Re: La survie en ligne féminine des Romanov...

Message par Gvardeyets » Vendredi 15 Janvier 2010 09:42:37

Il y a de nouveau une certaine agitation à Ekaterinbourg (notre province porte toujours le nom maudit de Sverdlov comme celle de Petersbourg celui de Lenine...):
le prince Nicolas Romanovitch Romanov, soucieux de montrer son poids d'aîné des Romanov, demande que les deux squelettes entreposés (oubliés?) à la morgue - "Alexis" et "Maria" soient transférés cette année à la cathédrale des saints Pierre et Paul de l'ancienne capitale.

S'agite aussi beaucoup la princesse Maria Vladimirovna mais pour une reconnaissance de son fils Georges (von Hohenzollern) comme unique héritier de la dynastie dont on fêtera les 400 ans en 2013. Gros soutien par le Patriarcje Kyril, chef de l'église russe.

Pointe aussi le bout de sa barbe ... le prince Michael de Kent.

Beaucoup de passions en perspective après notre hiver glacial qui n'est pas terminé.

Que notre Empereur martyr nous pardonne et prie pour nous!
Nous prierons pour Louis XVI le 21 janvier - ainsi nous l'avait déjà ordonné Catherine II en 1793.
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Re: La survie en ligne féminine des Romanov...

Message par eliedurel » Dimanche 17 Janvier 2010 17:41:35

Merci à Gvardevets pour les nouvelles « fraîches » venant de la Sibérie que nous saluons chaleureusement.
Comment accepter l’idée que ces deux squelettes miraculeusement retrouvés en août 2007 (j’étais à ce moment-là à Ekaterinbourg) soient effectivement ceux du Tsarévitch et de la Grande-Duchesse Maria. Abandonnés (oubliés !) à la morgue de la ville à la triste réputation, il n’est pas étonnant que le prince « de la conciliation et de l’unité » Nicolas veuille (de son initiative ou de celle des autorités) enterrer définitivement l’histoire de la fin de la Famille impériale. Cette situation montre effectivement un réel embarras et elle est en tout état de cause grotesque.
Il n’est pas étonnant dans ce contexte que la princesse Maria rappelle que son fils Georges est l’unique héritier de la couronne. Si l’on se réfère à la généalogie, il me semble que sa revendication est juste. Elle est effectivement l’arrière arrière petite fille du grand-duc Wladimir de Russie (le frère du père de Nicolas II) par la lignée masculine des aînés. Le soutien que lui apporte le patriarche Kyril, chef de l’Église russe, ressemble a celui de son prédécesseur Alexis II. Ce dernier avait refusé de célébrer l’office religieux lors de l’inhumation officielle des restes attribués à des membres de la Famille impériale, faute d’avoir obtenu les éclaircissements qu’il avait formellement demandés à la Commission gouvernementale chargée de la recherche et de la sépulture du Tsar et des siens.
Gvardevets écrit :
Pointe aussi le bout de sa barbe ... le prince Michael de Kent
Peut-être va-t-il nous en dire plus à ce sujet, avant que je poursuive dans ma démonstration que la Famille impériale n’a pas été assassinée dans la maison Ipatief et qu’il y aurait eu une survivante qui n’était bien sûr pas Anastasia. Ma source première concerne le prince Nicolas Orloff (l’homme clé de l’affaire) que j’ai brièvement présenté et du juge Sokoloff, mais aussi de leur entourage. Ils ont tous les deux vécus à Salbris en Sologne (France) et le maire actuel souhaiterait que je vienne dans sa ville faire une conférence autour de mon livre « l’autre fin des Romanof et le prince de l’ombre ». Il est à noter que les rares informations données au maire de l’époque par Orloff sont fausses. Venant de sa part, ce n’est pas étonnant.
Prochainement, nous découvrirons un peu mieux le juge Skoloff, lui aussi l’une des clés du mystère entourant la fin des Romanof.

Élie Durel

Élie DUREL auteur de : « L’autre fin des Romanof et le prince de l’ombre » aux éditions Lanore (France) 2009 :shock: – « Mémoire d’un résistant » chez Gestes éditions (France) - « L’histoire d’un conscrit de 1913 » aux éditions Ouest-France – « Les amants du Val de Loire » chez Geste éditions.
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Re:Trahison, fric et petites pépées!...(air connu)

Message par SIRACOURT » Dimanche 17 Janvier 2010 22:31:36

Intéressante "biographie" du prince Orloff, ami de Staline et ami des Bolchéviks, par Élie Durel. Il faut savoir que les filles du roi du Montenegro (La montagne noire!), Militza et sa soeur Stana, étaient plongées dans l'occultisme jusqu'au cou avec le grand duc Nicolas Nicolaievitch (1856-1929), président de l'association spirite de St Pétersbourg. Ce sont d'ailleurs les forces occultes et la franc-maçonnerie russes qui firent périr en partie l'Empire. Raspoutine, qui n'était pas un saint, fut mis en avant comme bouc-émissaire...pour cacher les vrais acteurs de la démolition voulue de la monarchie.
J'attends avec impatience sa "biographie" de Nicolas Sokolov. Que le Patriarche Kyril soutienne la GD Maria Wladimirovna, ça j'y crois moins. Le clergé russe sait trés bien que la famille impériale a été exfiltrée de Russie en 1918. Quand au duc de Kent (trustee de la fortune de Nicolas II et de la tsarine en Angleterre aprés la mort de Lord Mountbatten en 1979), c'est un franc-maçon, encore un. Il est le détenteur de tous les secrets concernant la fortune Romanov!...
Il faut relire le testament de la Grande Duchesse Xénia Alexandrovna(1875-1960), soeur de Nicolas II, pour mieux comprendre le partage de la fortune de Nicolas II restée en Angleterre. Je rappelle que Xénia fut la femme du Grand-duc Alexandre Mikhailovitch (1866-1933) dit "Sandro le Rouge", agent au service des bolchéviks.
Xénia a touché une partie des avoirs de son frère dans un réglement du 31 décembre 1929 ( rappelé dans son testament du 22 septembre 1946). Peter Bark, ancien ministre de Nicolas II, était alors son fondé de pouvoir. L'argent était chez Baring Brothers à Londres (ayant fait faillite depuis!) et son exécuteur testamentaire d'alors était le comte Wladimir Kleinmichel, banquier.
Xénia, hébergée par la famille royale d'Angleterre, mourut le 20 avril 1960. Sa soeur Olga fut terriblement spoliée dans le partage des biens de Nicolas II.
(À suivre)
Auteur de LOUIS XVII OU LE SECRET DU ROI, Louise Courteau, Éditrice, Québec, Canada, 2007 et de L'AFFAIRE ROMANOV OU LE MYSTÈRE DE LA MAISON IPATIEV,Louise Courteau Éditrice,Québec,Canada, 2008.

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Re: La survie en ligne féminine des Romanov...

Message par eliedurel » Jeudi 21 Janvier 2010 19:12:12

Le juge Sokoloff n’intrigue pas moins que son « protecteur », le prince Orloff.
Nicolas Sokoloff est né le 21 mai 1882 à Moskhane. Il était de taille moyenne, maigre et légèrement voûté. Son teint pâle mettait en évidence son regard sombre et sa moustache assez épaisse sur une lèvre un peu lipeuse. Borgne à la suite d’un accident de chasse, il ne fixait jamais son interlocuteur qui ressentait un certain malaise devant ce personnage étrange. Son œil valide était d’un noir de jais et celui en verre curieusement fendillé. Ses gestes trahissaient une grande nervosité. Il avait des tics, comme cette manie de passer ses doigts dans ses cheveux très bruns et clairsemés qu’il ébouriffait ce qui lui donnait un air ahuri.
Sokoloff a enseigné le droit à Kharkov en Ukraine (la Petite Russie) avant de devenir enquêteur judiciaire pour les affaires de particulière importance.
Il avait la réputation d’un homme courageux et intègre et celle d’un enquêteur doué.
Il a pris l’orientation de juge d’instruction pour participer à la répression des exactions commises dans sa région par des soldats déserteurs de l’Armée rouge en guerre contre l’Allemagne.
Ultra monarchiste, nationaliste et fervent partisan de l’ordre établi de droit divin, Sokoloff n’a pas admis l’abdication de l’empereur Nicolas II. Il était convaincu de la restauration du tsarisme et voulait absolument y contribuer.
Selon ses dires, il aurait décidé de quitter seul sa région natale en abandonnant maison et famille pour voler au secours de son Tsar emprisonné à Ekaterinbourg. Déguisé en paysan, il aurait fait le trajet à pied et en charrette (environ 2000 km !).
Le prince Orloff, haut responsable de la police secrète tsariste, disposait d’un réseau d’agents particulièrement dense pour assurer la protection dans cette région du sud de la Russie où vivait l’impératrice douairière, mais aussi sa propre femme (il s’est marié à Haraks en Crimée en avril 1917 et leur première fille y est née en mars 1918) et où la Famille impériale se rendait en villégiature.
D’une façon ou d’une autre, il connaissait le juge, au moins de réputation.
Devant le fiasco de la tentative d’évacuation des Romanof vers l’Allemagne qui a mal tourné, le camp des contre-révolutionnaires devait d’urgence accréditer une version officielle de leur mort (à une exception). Les premiers enquêteurs écartés ou plutôt éliminés pour incompatibilité de leurs conclusions avec la thèse voulue par les Blancs, Sokoloff est apparu l’homme de la situation, tant en raison de ses convictions monarchistes que de sa réputation professionnelle ; en plus, il était un juge civil ce qui était censé lui donner l’apparence d’une totale indépendance vis-à-vis du pouvoir militaire de l’amiral Kolchak, chef du gouvernement provisoire blanc.
C’est donc sur la base d’un scénario préétabli que Sokoloff a été missionné pour aller enquêter et procéder à des fouilles aussi gigantesques qu’inutiles à Ekatérinbourg. Là, alors qu’il avait une peur panique (à la moindre alerte, il voulait s’enfuir vers Omsk avec ses valises et les militaires le retenaient de force) d’être capturé par des bolchéviques qui rôdaient dans les bois où il menait ses vaines recherches, il s’est marié avec une très jeune fille le 20 juin 1919. Moins de 15 jours plus tard, la ville était reprise par les Rouges. Ce mariage qui constitue une information inédite est pour le moins surprenant.
Après des péripéties, le couple Sokoloff est arrivé à Paris en début d’année 1920 et ont résidé à l’hôtel ‘Le Bon La Fontaine’ où leur première fille Natacha est née. Auprès du juge se trouvait : son secrétaire et garde du corps Paul Boulyguine (ancien chef de la garde personnelle de l’Impératrice douairière qui s’est exilé au Paraguay où il a été assassiné d’un coup de pistolet !!!) – le Suisse Pierre Gilliard (le précepteur du tsarévitch et « l’otage » d’Orloff) et le journaliste anglais Robert Wilton (agent secret au service des Américains). Ces quatre hommes avaient comme occupation celle d’écrire chacun un livre sur la fin des Romanof en restant fidèle à la version du juge.
Les Sokoloff et leur bébé ont ensuite été hébergés dans la propriété familiale du prince Orloff à Fontainebleau (son grand-père a été ambassadeur de Russie en France avant la Grande-Guerre). Ensuite, ils ont rejoint Salbris (Loir-et-Cher) où Orloff a acquis le château du Buisson-Luzas puis le juge une maisonnette qu’il ne connut que quelques semaines avant d’être assassiné (il n’est pas mort d’une crise cardiaque comme annoncé officiellement et c’est le prince qui a déclaré le décès en commentant une bévue (nous y reviendrons).

La mairie de Salbris détient la petite fiche transcrite (je n’ai pu joindre l’original) ci-après et signée par Natacha, la fille du juge. Il est fait état du maire Roger Corrèze que j’ai bien connu (alors, il était aussi député et premier questeur à l’Assemblée nationale). S’agissant le prince Orloff, il est intéressant de noter que les informations sont inexactes : le couple Sokoloff n’est pas parti avec Orloff - l’épouse du prince n’était pas avec lui (elle se trouvait en Crimée et elle a rejoint Berlin sous la protection des troupes allemandes qui évacuaient la région) et leur fille Irène (la seconde Xenia est née en mars 1921 !!!) était avec sa mère.
Les maigres informations concernant le prince Orloff sont donc fausses, c’est dire l’opacité qu’il entretenait autour de lui.
Quant aux « certains Russes », il s’agissait pour la plupart d’agents secrets chargés de la protection d’Orloff : ils n’ont pas empêché l’assassinat du juge, à moins que…
A première vue, rien ne justifiait ce meurtre. La fille du juge a maladroitement dénié cette hypothèse tout comme le voyage de son père aux États-Unis et elle a tenté en vain de récupérer ses archives confisquées à sa mère par Orloff.
Il est intéressant de noter que la femme de Sokoloff n’a jamais retrouvé l’acte de mariage que seul son mari détenait comme un secret et que son unique pièce d’identité était un livret de famille établi par le maire de Salbris…

Une famille russe à Salbris

Dans le cimetière de Salbris, une tombe très bien entretenue, portant une double inscription en langue russe et en langue française, intrigue les visiteurs. On peut lire :

Nicolas Sokoloff
Né à Mokshane en 1882
Décédé à Salbris le 23 novembre 1924
Juge d’instruction du tribunal d’Omsk
À qui fut confiée l’enquête sur l’assassinat de la famille impériale russe

Grâce à sa fille Natacha et à l’intervention de notre maire, Monsieur Roger Corrèze qui a bien connu la famille, il a été possible de reconstituer la suite des évènements, touchant à la fois la grande Histoire et notre histoire locale.
Suite à la Révolution russe et à l’avance bolchévique, Nicolas Sokoloff et son épouse avaient quitté la Russie et étaient arrivés à Paris en 1920. Ils étaient partis avec le prince Orloff, la princesse son épouse, née Romanov, nièce du tsar et ses deux filles.
Un an plus tard, le prince Orlof acheta à Salbris la propriété du Buisson Luzas et la famille Sokoloff une petite maison route de Pierrfitte.
Natacha raconte :

À titre personnel je voudrais parler de l’accueil des Salbrisiens pour cette famille et même pour tous les Russes qui venaient à Salbris.
Tout d’abord à la mort de mon père, un prêtre orthodoxe était venu de Paris pour ses obsèques. Monsieur le curé nous a prêté son église, assista aux obsèques et accompagna la famille jusqu’au cimetière ; il n’y avait à l’époque pas d’œcuménisme.
Maman m’a dit que tout le village était présent et que tous les commerçants avaient fermé leur magasin. J’ai des extraits de presse russe pouvant le confirmer.
Maman, jeune veuve de 23 ans avec deux enfants (15 mois et 4 ans), seule en France, sans famille, n’a jamais passé une « veillée » seule pendant un an, jusqu’à son départ pour Paris, pour travailler.
Tous les jours un voisin venait près d’elle pour puiser de l’eau, scier du bois, allumer la cuisinière, une voisine lui faisait sa lessive.
Lorsque nous revenions pour les grandes vacances, nous trouvions toujours notre petite maison propre, et sur la table des fleurs, des fruits, des légumes, une volaille, tout cela gracieusement.
Je remercie les familles Beaulande, Laleul, Monan, Marcos…et j’en oublie certainement.
Certains Russes vivaient à l’hôtel du midi, d’autres louaient des chambres chez l’habitant, mais nous nous retrouvions tous rue de Pierrfitte et toujours avec des chansons, et tout le monde avait l’air heureux de nous voir.
C’est pourquoi la Sologne et Salbris auront toujours une place de choix dans mon cœur. Sentiment partagé par ma mère qui s’est toujours opposée à la demande de la colonie russe de Paris, de transférer mon père au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois, car mon père avait choisi la Sologne en souvenir de son pays.

Signé : Natacha Rullon-Sokoloff



Élie Durel

Élie DUREL auteur de : « L’autre fin des Romanof et le prince de l’ombre » aux éditions Lanore (France) 2009
– « Mémoire d’un résistant » chez Gestes éditions (France) - « L’histoire d’un conscrit de 1913 » aux éditions Ouest-France – « Les amants du Val de Loire » chez Geste éditions.
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Re: Juge Nicolas SOKOLOV(1882-1924)

Message par SIRACOURT » Vendredi 22 Janvier 2010 19:11:26

Merci pour ce long texte sur le juge Nicolas Sokoloff, curieux personnage. Je suis d'accord avec vous. Sokoloff a certainement été assassiné soit par Orloff soit sur ordre par des agents bolchéviques qui grouillaient en France à cette époque-là.
Auteur de LOUIS XVII OU LE SECRET DU ROI, Louise Courteau, Éditrice, Québec, Canada, 2007 et de L'AFFAIRE ROMANOV OU LE MYSTÈRE DE LA MAISON IPATIEV,Louise Courteau Éditrice,Québec,Canada, 2008.

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Re: La survie en ligne féminine des Romanov...

Message par eliedurel » Samedi 23 Janvier 2010 15:28:44

Après Gvardeyets qui a écrit le vendredi 15 Janvier 2010 :
Il y a de nouveau une certaine agitation à Ekaterinbourg (notre province porte toujours le nom maudit de Sverdlov comme celle de Petersbourg celui de Lenine...):
le prince Nicolas Romanovitch Romanov, soucieux de montrer son poids d'aîné des Romanov, demande que les deux squelettes entreposés (oubliés?) à la morgue - "Alexis" et "Maria" soient transférés cette année à la cathédrale des saints Pierre et Paul de l'ancienne capitale.
S'agite aussi beaucoup la princesse Maria Vladimirovna mais pour une reconnaissance de son fils Georges (von Hohenzollern) comme unique héritier de la dynastie dont on fêtera les 400 ans en 2013. Gros soutien par le Patriarcje Kyril, chef de l'église russe.
Pointe aussi le bout de sa barbe ... le prince Michael de Kent.
Beaucoup de passions en perspective après notre hiver glacial qui n'est pas terminé.


Une nouvelle actualité :
La famille Romanov a saisi vendredi la justice russe pour réclamer la reprise de l'enquête criminelle sur l'exécution du dernier tsar de Russie Nicolas II close il y a un an, ont annoncé leurs représentants lors d'une conférence de presse à Moscou.
La grande-duchesse Maria Vladimirovna, chef de la maison impériale Romanov, "a déposé une plainte au tribunal Basmanny de Moscou en demandant de juger illégale et infondée" la décision du comité d'enquête du parquet russe de clore l'enquête, a déclaré l'avocat Guerman Loukianov.
Elle demande également d'"obliger le comité d'enquête à lui fournir une copie de la résolution sur la fermeture de l'enquête", selon la même source.
Selon les Romanov, la décision de clore l'enquête "contredit la décision de la Cour suprême" russe qui a reconnu en octobre 2008 Nicolas II et sa famille "victimes de la répression politique".
"Et le comité d'enquête semble estimer qu'ils ont été tués par des criminels", a ajouté Me Loukianov.
La demande de rouvrir l'enquête s'explique par le fait que la grande-duchesse ne veut pas qu'il "ait du nihilisme juridique" dans cette affaire, a-t-il poursuivi.
La famille Romanov et l'Eglise orthodoxe doutent par ailleurs que des restes humains découverts en 2007 dans la région d'Ekaterinbourg soient ceux du tsarévitch et de sa soeur Maria, assassinés avec toute leur famille, malgré les résultats de tests ADN en Russie, aux Etats-Unis et en Autriche.
"Ces restes sont enterrés dans la sépulture de la famille Romanov, mais nos avons des doutes", a déclaré Alexandre Zakatov, chef de la chancellerie de la maison Romanov.


Décidément, les autorités russes peinent à "enterrer" définitivement le dernier tsar de toutes les Russie et les siens sur la base de leur massacre présumé dans la maison Ipatief. Nous pouvons donc continuer à explorer la version des faits développée dans mon ouvrage "L'autre fin de Romanof et le prince de l'ombre", à partir d'informations émanant du juge Sokoloff et du prince Orloff que j'ai présentés dans les précédents messages.

Elie Durel

Élie DUREL auteur de : « L’autre fin des Romanof et le prince de l’ombre » aux éditions Lanore (France) 2009 – « Mémoire d’un résistant » chez Gestes éditions (France) - « L’histoire d’un conscrit de 1913 » aux éditions Ouest-France – « Les amants du Val de Loire » chez Geste éditions.
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