Briand rate la victoire durant l'été 1916

1ère guerre mondiale et ses conséquences, jusqu'à la Grande Crise.

Briand rate la victoire durant l'été 1916

Message par BRH » Jeudi 27 Juillet 2023 22:57:44

Benoît Chenu relate cette incroyable vérité, demeurée cachée pendant des décennies : la Bulgarie aurait pu se retourner contre les empires centraux et changer le cours de l'Histoire !

https://www.youtube.com/watch?v=kx8yopATroc

L'auteur relate cette affaire dans le cadre plus général de "la Bataille des cinq empires"; aux éditions de l'artilleur.

Je vais m'empresser de le commander.
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Re: Briand rate la victoire durant l'été 1916

Message par Auguste » Samedi 29 Juillet 2023 18:13:18

Passionnant ; pour revenir à la Somme : la percée a été quasiment réalisée, un peu plus au sud que Biaches, sur l'axe Flaucourt - Barleux. La percée proprement dite n'avait pas été faite, mais les éléments de tête du 1er corps colonial sentaient que la résistance ennemie fléchissait nettement ; Flaucourt avait été enlevé sans difficulté dans la nuit du 2 au 3 juillet. Comme l'offensive anglaise était au point mort, Foch a réorienté sa manoeuvre et prescrit le 3 juillet en fin de journée à la 6e armée (Fayolle) d'occuper tout le plateau de Flaucourt et de se porter sur la route Estrées - Villers Carbonnel, prête à repartir vers le sud. Mais la 6e armée n'a repris l'attaque que le 5 juillet et les Allemands ont profité de ce répit pour amener des renforts. Biaches n'a été pris que le 9 juillet, par la 72e DI, au sein de laquelle se battait le 324e RI, de Laval. Maintenant, pourquoi l'armée Fayolle n'a attaqué que le surlendemain ?
En gros : la 6e armée était à cheval sur la Somme : le 20e corps au nord, au contact de la 4e armée britannique (effort principal) ; le 1er corps colonial et le 35e corps au sud, chargés de l'action secondaire.
Le 3 juillet matin, alors que l'action au nord était à l'arrêt, après le grave échec des britanniques, la situation au sud évoluait très favorablement. Le 1er corps colonial avait enlevé la deuxième position, les reconnaissances aériennes montraient que l'ennemi évacuait la boucle de la Somme et les éléments de tête constataient un fléchissement net de la résistance ennemie. Foch a donc prescrit à la 6e armée dès le 3 juillet à 11 h 30 de se réorienter vers le sud, pour se lancer dans la brèche qui s'ouvrait.
Considérant que sa mission au sud de la Somme n'était qu'une action secondaire, dont les objectifs avaient été atteints, Fayolle a considéré qu'il s'agissait maintenant d'une opération entièrement nouvelle, qu'il fallait préparer avec méthode, et il a décidé en conséquence de se donner le temps de la monter et de ne reprendre l'attaque dans ce secteur que le 5 juillet au matin. Répit dont les Allemands ont profité pour se rétablir.
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Message par BRH » Samedi 29 Juillet 2023 19:57:37

Qui de Foch ou Fayolle, est responsable de la bévue du 3 juillet ?

Voici un récit attribué à Paul Heuze (1921) :

http://www.chtimiste.com/batailles1418/ ... ecourt.htm

A l'extrême sud, c'était le 1e Corps d'Armée colonial (général Berdoulat), appuyé par une division du 35e Corps d'Armée, qui montait à l'assaut en chantant La Marseillaise : en quelques heures, il s'empara de Fay, Dompierre, Becquincourt, et prit pied sur le plateau de Flaucourt.

Toute la première position allemande était à nous et la deuxième position, marquée par Assevillers, Herbécourt, Feuillères, était abordée sans qu'on eût même dû engager les réserves. On avait fait 5000 prisonniers. L'attaque fut une surprise absolue pour l'ennemi; car, peu d'instants avant qu'elle commençât, on avait justement distribué aux troupes allemandes de première ligne un ordre du jour annonçant la « prise imminente » de Verdun et affirmant qu'en conséquence, en dépit des apparences toute offensive française sur un autre point était impossible !

Des officiers furent faits prisonniers au moment où ils commençaient leur toilette du matin dans les abris ; des bataillons entiers furent pris, d'un coup, avec un minimum de pertes pour nous 200 hommes pour toute une division ! Sur le champ de bataille il y avait, par contre, une grande quantité de cadavres allemands.
Je me souviendrai toujours, et tous ceux qui l'ont vu, je pense, de l'aspect de ce champ de bataille.
Dompierre et Becquincourt particulièrement, ou du moins les emplacements de ces villages, étaient effarants de dévastation.
On eût dit une mer, dont les vagues énormes se fussent subitement figées, et sur laquelle surnageaient d'extraordinaires débris de toutes sortes : blocs de pierre, ferrailles tordues, poutres calcinées, briques, tuiles cassées, morceaux de meubles, vêtements, paillasses éventrées, instruments de labourage, matériel militaire, rondins, fils de fer, armes, pieux, munitions, roues, voitures démolies... tout était confondu, pêle-mêle, dans un infernal fouillis. Il était impossible de déterminer un plan quelconque du village dont les maisons avaient disparu : quelques moignons noirs se dressaient : l'église, peut-être, avec le cimetière retourné comme le reste...

Des batteries de 75, déjà installées tant bien que mal dans ce chaos, tiraient vers les lignes allemandes, qui renvoyaient des 77 dont personne ne semblait se préoccuper. Aucune tristesse, d'ailleurs : c'était encore l'atmosphère de la bataille.

Mais, pendant ce temps, que s'était-il passé au nord de la Somme?
De ce côté, le 20e Corps d'Armée ne devait, en principe, que soutenir l'attaque anglaise. En fait, entraînant avec eux la droite alliée, les splendides soldats de Balfourier - parmi lesquels les jeunes recrues de la classe 16 se montrèrent particulièrement ardents -- s'emparèrent, en quelques bonds, de Curlu et de toute la première position ennemie.

Là encore, peu ou pas de pertes pour nous.
Sur tout le front, l'aspect du ciel était caractéristique. Il y avait, au-dessus des lignes françaises, une longue file de saucisses, claires et transparentes dans le soleil : l'oeil en découvrait vingt à vingt-cinq; sur les lignes allemandes, pas une ; nos avions les avaient crevées à mesure qu'elles tentaient de s’élever.

La gauche anglaise n'avait pas avancé, voilà le fait : elle devenait, provisoirement, pivot : la manœuvre générale d'avance en lignes parallèles était donc enrayée.
Chez nous autres, il y eut, lorsqu'on apprit que la gauche anglaise était restée bloquée, une grande désillusion.
Et quand, les jours suivants, l'Armée française, en dépit de ses débuts si brillants, dut s'arrêter à son tour pour attendre les retardataires, ce fut une malédiction générale contre les Anglais.
Nous avions tous pensé que Péronne allait être pris dans la première semaine : or, Péronne n'était pas encore pris six mois après !
Je crois réellement qu'aujourd'hui on peut continuer de penser qu'il était possible que Péronne fût pris dans les sept premiers jours.
Certes, nous ignorions alors le vrai but principal de l'offensive, qui fut parfaitement bien rempli : enlever des divisions allemandes à Verdun. Mais il paraît incontestable que, si la ligne s'était déplacée toute entière avec la même rapidité que la droite, la bataille eût réalisé alors complètement - en surplus -- la « percée », peut-être définitive, du front ennemi.

L’avance française

Dans ce même temps, les Français, sous le commandement énergique et précis du général Fayolle, avaient continué leur avance rapide.

Le 2 juillet, les coloniaux s'emparaient de Frise, du bois de Méréaucourt et d'Herbécourt
Le 3, de Buscourt, du bois du Chapitre, de Flaucourt et d'Assevillers.
Le 4, de Belloy-en-Santerre et d'Estrées.

Hem tomba le 5, ainsi que la fameuse Ferme de Monacu, La Ferme de Monacu : Les ruines Hardecourt-aux-Bois le 8, Biaches le 9 : les succès se suivaient au nord comme au sud du fleuve ; le 10, ce fut la Maisonnette, puis le fortin de Biaches, où pénétra un officier du 164e régiment d'infanterie (le capitaine Vincendon), qui, avec huit hommes, fit prisonnière toute la compagnie allemande.

Nous étions aux abords de Barleux, et Péronne était menacé de près ; la ville était là, en face : il n'y avait plus que le canal et le fleuve à franchir.
Les Allemands le comprirent si bien qu'à cette date ils reculèrent leur tête de ligne du chemin de fer de Péronne à Chaulnes.

En résumé, en dix jours, la 6e Armée française, sur un front de près de vingt kilomètres, avait progressé sur une profondeur qui atteignait en certains points, dix kilomètres. Elle était maîtresse, entièrement, du plateau de Flaucourt qui lui avait été assigné comme objectif et qui constituait la principale défense de Péronne. Elle avait fait, enfin, presque sans pertes, 12000 prisonniers, pris 85 canons, 26 minenwerfer, 100 mitrailleuses, un matériel considérable : c'était le plus beau succès obtenu depuis la Marne.
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Re: Briand rate la victoire durant l'été 1916

Message par Auguste » Dimanche 30 Juillet 2023 10:57:14

La percée française au sud aurait pu permettre aux Alliés de foncer vers l'Allemagne, entrainant la capitulation de cette dernière, d'autant plus que les Russes déclenchaient une vaste offensive à l'est. L'entrée en guerre au côté des Alliés et le renversement d'alliance de la Bulgarie, condamnait l'Autriche-Hongrie. L'Allemagne vaincue aux yeux de son peuple n'aurait pu développer la thèse du "coup de poignard dans le dos". La Russie victorieuse aurait échappée à la révolution bolchévique et surtout, pour la France et la Grande Bretagne, cela aurait été une victoire acquise sans l'aide des USA, deux ans plutôt avec de bien moindres conséquences financières et démographiques. L'histoire du 20ème siècle en aurait été changée...
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Message par BRH » Lundi 31 Juillet 2023 17:32:23

Selon Benoît Chenu, l'auteur de "la bataille des cinq empires", le principal responsable de la non-exploitation de la percée, c'est Joffre. A la suite de son entretien avec Haig, il a renoncé au projet d'exploitation vers le sud, de peur que les Anglais en tirent prétexte pour arrêter leur offensive. Foch, prisonnier de sa "bataille méthodique"n'a pas voulu pousser Fayolle. Ce dernier a préféré temporiser, relever les troupes qui avaient conquis le terrain avec des pertes minimes, pour envisager ensuite de reprendre les attaques... Ainsi, deux jours furent perdus et mis à profit par les Allemands pour reconstituer leurs défenses !

Imagine-t-on les Allemands, le 13 mai 1940, temporiser 2 jours, avant d'exploiter leurs percées sur la Meuse ? Cette carence du commandement français est la plus grande faute commise sur le front occidental lors de la Grande Guerre ! Elle a été soigneusement cachée et dissimulée pendant plus de 100 ans...
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Re: Briand rate la victoire durant l'été 1916

Message par Auguste » Jeudi 03 Août 2023 16:03:37

A propos de Briand, on peut se demander s'il n'aurait pas été payé par la Serbie pour faire échouer ce retournement d'alliance de la part de la Bulgarie. La Serbie tenait à conserver la Macédoine : graisser la patte de Briand, c'était le plus sûr moyen de torpiller le projet. A mon avis, les Serbes n'ont pas dû se gêner...
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Message par BRH » Samedi 05 Août 2023 11:16:14

Le point de vue de Michel Goya :

La déception de la Somme
En sept mois de préparation, aucun effort n’a été négligé pour faire de l’offensive sur la Somme la bataille décisive tant espérée. Loin des tâtonnements de 1915, la nouvelle doctrine a été aussi scientifique et méthodique dans la préparation qu’elle le sera dans la conduite. L’objectif de l’offensive d’été préparée avec tant de soins est de réaliser la percée sur un front de 40 km, pour atteindre ainsi le terrain libre en direction de Cambrai et de la grande voie de communication qui alimente tout le front allemand du Nord. Le terrain est très compartimenté avec, en surimposition des trois positions de défense, tout un réseau de villages érigés par les Allemands en autant de bastions reliés par des boyaux. La préparation d’artillerie, d’une puissance inégalée s’ouvre le 24 juin et ne s’arrête qu’une semaine plus tard, le 1er juillet après au moins 2,5 millions d’obus lancés (sensiblement sur 40 km tout ce que l’artillerie ukrainienne actuelle a lancé en 15 mois sur l’ensemble du front). L’offensive n’est ensuite n’est déclenchée qu’après avoir constaté l’efficacité des destructions par photographie. Comme prévu, l’aviation alliée bénéficie d’une supériorité aérienne totale, autorisant ainsi la coordination par le ciel alors que comme pour les Français au début de la bataille de Verdun, l’artillerie allemande, privée de ses yeux, manque de renseignements.

Dans cet environnement favorable, la VIe armée française de Fayolle s’élance sur seize kilomètres avec un corps d’armée au nord de la Somme en contact avec les Britanniques, et deux corps au sud du fleuve. Contrairement aux Britanniques, l’attaque initiale française est un succès, en partie du fait de l’efficacité des méthodes employées. Au Nord, le 20e corps d’armée français progresse vite mais doit s’arrêter pour garder le contact avec des Alliés qui, dans la seule journée du 1er juillet, paient leur inexpérience de 21 000 morts et disparus. Au Sud, le 1er corps colonial (un assaut que mon grand-père m'a raconté) et le 35e corps enlèvent d’un bond la première position allemande. En proportion des effectifs, les pertes totales françaises sont plus de six fois inférieures à celles des Britanniques, concrétisant le décalage entre la somme de compétences acquises par les Français et celle de l’armée britannique dont beaucoup de divisions sont de formation récente. Du 2 au 4 juillet, l’attaque, toujours conduite avec méthode, dépasse la deuxième position allemande et s’empare du plateau de Flaucourt. Le front est crevé sur huit kilomètres, mais on ne va pas plus loin car ce n’est pas le plan.

La réaction allemande est très rapide. Dès le 7 juillet, seize divisions sont concentrées dans le secteur attaqué puis vingt et une une semaine plus tard. La réunion de masses aériennes contrebalance peu à peu la supériorité initiale alliée. Dès lors, les combats vont piétiner et la bataille de la Somme comme celle de Verdun se transforme en bataille d’usure. La mésentente s’installe entre les Alliés et les poussées suivantes (14-20 juillet, 30 juillet, 12 septembre) manquent de coordination. Au sud de la Somme, Micheler, avec la Xe armée progresse encore de cinq kilomètres vers Chaulnes mais le 15 septembre Fayolle est obligé de s’arrêter sans résultat notable, au moment où les Britanniques s’engagent (et emploient les chars pour la première fois). Les pluies d’automne, qui rendent le terrain de moins en moins praticable, les réticences de plus en plus marquées des gouvernements, les consommations en munitions d’artillerie qui dépassent la production amènent une extinction progressive de la bataille. Après cinq mois d’effort, l’offensive alliée a à peine modifié le tracé du front. Péronne, à moins de dix kilomètres de la ligne de départ, n’est même pas atteinte. Les pertes françaises sont de 37 000 morts, 29 000 disparus ou prisonniers et 130 000 blessés. Celles des Britanniques et des Allemands sont doubles. En 77 jours d’engagement sur la Somme, la 13e DI n’a progressé que de trois kilomètres et a perdu 2 700 tués ou blessés pour cela.

La percée n’est pas réalisée et la Somme n’est pas la bataille décisive que l’on cherchait, même si elle a beaucoup plus ébranlé l’armée allemande que les Alliés ne le supposaient alors. C’est donc une déception et une nouvelle crise.

L’offensive de la Somme a d’abord échoué par excès de méthode. La centralisation, la dépendance permanente des possibilités de l’artillerie, la « froide rigueur » ont certainement empêché d’exploiter certaines opportunités, comme le 3 juillet avec le corps colonial ou le 14 septembre à Bouchavesnes devant le 7e corps. A chaque fois, ces percées, tant espérées l’année précédente, ne sont pas exploitées. Certains critiquent le manque d’agressivité de l’infanterie. D’un autre côté, pour le sous-lieutenant d’infanterie Jubert du 151e RI, « le fantassin n’a d’autre mérite qu’à se faire écraser ; il meurt sans gloire, sans un élan du cœur, au fond d’un trou, et loin de tout témoin. S’il monte à l’assaut, il n’a d’autre rôle que d’être le porte-fanion qui marque la zone de supériorité de l’artillerie ; toute sa gloire se réduit à reconnaître et à affirmer le mérite des canonniers ».

Les procédés de l’artillerie s’avèrent surtout trop lents. On persiste à chercher la destruction au lieu de se contenter d’une neutralisation, ce qui augmente considérablement le temps nécessaire à la préparation. Les pièces d’artillerie lourde sont toujours d’une cadence de tir très faible, ce qui exclut la surprise. De plus, le terrain battu par la préparation d’artillerie est si labouré qu’il gêne la progression des troupes et des pièces quand il ne fournit pas d’excellents abris aux défenseurs. L’artillerie avait le souci de travailler à la demande des fantassins mais ceux-ci ont eu tendance à demander des tirs de plus en plus massifs avant d’avancer, ce qui a accru la dévastation du terrain et les consommations de munitions. Compenser la faible cadence de tir nécessite d’augmenter le nombre de batteries, ce qui suppose de construire beaucoup d’abris pour le personnel ou les munitions et complique le travail de planification nécessaire pour monter une préparation de grande ampleur. Le temps d’arrêt entre deux attaques dépend uniquement de la capacité de réorganisation de l’artillerie. Or ce délai reste supérieur à celui nécessaire à l’ennemi pour se ressaisir.

Car la guerre se « fait à deux ». La guerre se prolongeant sur plusieurs années, phénomène inédit depuis la guerre de Sécession, les adversaires s’opposent selon une dialectique innovation-parade d’un niveau insoupçonné jusqu’alors. La capacité d’évolution de l’adversaire est désormais une donnée essentielle à prendre en compte dans le processus d’élaboration doctrinal qui prend un tour très dynamique. La puissance de feu de l’artillerie alliée terriblement efficace au début de juillet, est finalement mise en défaut. Les Allemands s’ingénient à ne plus offrir d’objectifs à l’artillerie lourde. Ils cessent de concentrer leurs moyens de défense sur des lignes faciles à déterminer et à battre. Constatant qu’ils peuvent faire confiance à des petits groupes isolés même écrasés sous le feu, ils installent les armes automatiques en échiquier dans les trous d’obus en avant de la zone et celles-ci deviennent insaisissables. En août, Fayolle déclare à Foch : « Enfin, ils ont construit une ligne de tranchés, je vais savoir sur quoi tirer ». Les Allemands vident les zones matraquées, amplifient le procédé de défense en profondeur, procédant à une « défense élastique » qui livre le terrain à l’assaillant, mais lui impose des consommations de munitions énormes et des attaques indéfiniment répétées. Malgré la puissance de l’attaque, ils réussissent ainsi à éviter la rupture de leur front.
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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