Albert Roche, 1er soldat de France

1ère guerre mondiale et ses conséquences, jusqu'à la Grande Crise.

Albert Roche, 1er soldat de France

Message par BRH » Dimanche 22 Avril 2007 12:51:06

Albert Roche, né en 1895, à Réauville (Drôme), est volontaire pour combattre en devançant l'appel. il est réformé pour sa petite taille (1,58 m). il parvient pourtant à s'enrôler au 30ème Bion de Chasseurs à Grenoble. Après plusieurs mois d'entraînement, il déserte afin d'être envoyé au front (c'est la punition à l'époque). Il est versé au 27ème Bca (les célèbres "diables bleu"). C'est là qu'il va s'illustrer. Au total, blessé 9 fois, il fera prisonnier 1 180 Allemands tout au long de la guerre. Un véritable héros, dans tous les sens du terme !

- Chevalier de la légion d'honneur à 23 ans :

« Chasseur dont la bravoure est légendaire au bataillon ; fait preuve, dans les circonstances les plus difficiles, d'un mépris absolu du danger ; conserve un calme absolu aux moments les plus critiques, donne à ses camarades l'exemple de l'entrain, exalte leur courage, est pour ses chefs un auxiliaire précieux. Pendant les opérations du 31 août 1918 a réussi comme agent de liaison à transmettre à toutes les sections de sa compagnie les ordres du commandant, n'hésitant devant aucun danger, triomphant des difficultés de toutes sortes, montrant un rare esprit de décision, une conscience au-dessus de toute éloge. Médaillé militaire pour faits de guerre (7 citations) »

Le maréchal Foch le présentera au balcon de l'hôtel de ville de Strasbourg, comme le 1er soldat de France.

Il meurt le 14 avril 1939, à Sorgues, après avoir été renversé par une automobile, doublant un bus à l'arrêt.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Roche
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Re: Albert Roche, 1er soldat de France

Message par BRH » Samedi 28 Novembre 2020 12:06:21

Christopher Lannes lui a consacré son émission en 2019 :

https://www.tvlibertes.com/la-petite-hi ... -de-france

Par ailleurs, j'apprends que l'automobile qui l'a renversé, aurait été conduite par la fille d'Emile Loubet ? Roche aurait dû se rendre à Paris pour assister à une réunion en vue de préparer l'assassinat d'Hitler. J'avoue que je ne connaissais pas ces détails, qui restent à confirmer par une source sûre.

Les circonstances exactes de l'accident sont données par une société locale :

https://etudessorguaises.fr/index.php/l ... -de-france

La guerre finie, il revint à Réauville, épousa Madeleine Jean, eut une petite fille, Jeanine, et exploita la ferme de ses beaux-parents. Puis, la terre ne nourrissant plus son homme, il devint cantonnier à Valréas.

A la seconde guerre mondiale, il revint à Sorgues sous les drapeaux à la Poudrerie Nationale. Il habitait un des logements réservés aux ingénieurs avec sa femme et sa fille Jeanine qui est allé quelques années à l'école des filles (actuellement Ecole Sévigné). Sa femme Madeleine, après son décès, travaillera à la Poudrerie au magasin d'habillement pendant quelques années.

Le 14 avril 1939, l'autocar venant d'Avignon s'arrête devant la Poudrerie Nationale de Sorgues. Albert Roche se dirige vers le directeur de cette époque, Mr Paul Muret, pour le saluer lorsqu'une voiture le percute en doublant le car et le projette contre un arbre. Transporté l'hôpital d'Avignon, il y décède le lendemain.

Une chapelle ardente fut dressée à la Poudrerie Nationale où les plus hautes personnalités vinrent s'incliner devant sa dépouille. Il fut enterré au cimetière de Sorgues. En 1967, sa fille Jeanine et sa famille qui habitent Avignon le firent transférer au cimetière Saint-Véran.
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Re: Albert Roche, 1er soldat de France

Message par BRH » Samedi 28 Novembre 2020 14:41:08

Paris-Soir, du 16 avril 1939 :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... .item.zoom


La victime de ce fait-divers était un héros. C'était le soldat Albert-Fernand-Séverin Roche qui, après avoir fait toute la guerre dans la même unité, le 27e bataillon de chasseurs alpins, avait reçu, quelques jours avant l'armistice, le titre de « premier soldat de France ».

Le jeune diable bleu était un modeste paysan de la Drôme, où il était né à Réauville, près de Grignan, le 5 mars 1895. En 1914, il était déjà soldat.

D'un allant incomparable et d'un cran qui faisait l'admiration de 6es camarades et de ses chefs, Albert Roche devait bientôt devenir, dans son bataillon et dans sa division, le type du soldat goguenard, héroïque, en un mot, bien français.

Ses exploits ne se comptent pas.

Les principaux ont été consacrée par douze citations à l'ordre du bataillon, de la brigade, de la division, de l'armée.

En 1918, il fut nommé, sur le champ de bataille, chevalier de la Légion d'honneur ; il y a deux ans, il fut promu officier pour ses vingt-deux ans de service, ses cinq campagnes et ses neuf blessures.

Il avait reçu également la médaille militaire, de nombreuses décorations serbes, italiennes et la croix de Saint-Georges. Sa croix de guerre s'ornait de quatre palmes et de huit étoiles.

Tel est pris qui croyait prendre

Lorsqu'on lui parlait de ses exploits, il souriait avec modestie : « Nous avons tous, disait-il, fait la même chose. Je ne comprends pas pourquoi on a enregistré ce que j'ai fait, plutôt que ce qu'on accompli les copains. »

Voici quelques-uns de ses hauts faits, dont certains tiennent de la légende.

A la suite d'un coup de main au cours duquel il avait fait une trentaine de prisonniers, qu'il avait dirigés sur l'arrière, Albert Roche se trouva soudain environné par
douze fantassins allemands. Interrogé dans une casemate, il trouve le moyen de saisir un revolver posé sur une table, tue l'officier qui l'interroge, tient en respect les autres soldats allemands et, avec l'aide de son. lieutenant, prisonnier également dans la casemate voisine, conduit dans les lignes huit des hommes qui l'avaient capturé quelques heures.

Un autre jour, il fait huit prisonniers au moyen d'une ruse de guerre devenue depuis classique : douze fusils posés aux créneaux d'une tranchée abandonnée et qu'il faisait partir les uns après les autres.

« Abandon de poste »

Un de ses exploits faillit tourner mal pour lui. Son capitaine ayant été blessé par un éclat d'obus entre les lignes, Albert Roche s'en fut le chercher, son adjudant lui en ayant donné l'autorisation. Après avoir rampé durant six heures, il arriva jusqu'à l'officier qu'il put ramener, au prix de mille difficultés, dans les lignes. Quand il l'eut porté à l'ambulance, Albert Roche revint prendre sa place de guetteur.

— Roche, lui dit alors son lieutenant, vous avez abandonné votre poste devant l'ennemi. Vous serez fusillé dans les vingt-quatre heures. Le soldat eut beau signaler l'exploit qu'il venait d'accomplir, aucune preuve ne subsistait : l'officier blessé était déjà à l'arrière, l'adjudant venait d'être tué. Roche, déjà résigné, écrit à son père : « Dans une heure je serai fusillé, mais je t'assure que je suis innocent. »

Au moment où le peloton le conduisait dans une tranchée de soutien où devait avoir lieu l'exécution, une estafette arriva : le capitaine avait repris ses sens et
proposait Roche pour la médaille militaire et pour dix jours de permission.

Le salut des sentinelles

Quand la croix lui fut conférée, l'ordre du jour du bataillon était rédigé en ces termes : « Le général a remis la croix de chevalier de la Légion d'honneur au chas-seur Roche, du 27* bataillon de chasseurs, pour bravoure excepionnelle sur le champ de bataille. Il rappelle que ce légionnaire a droit au salut de tous les chas-
seurs et soldats. Les sentinelles doivent lui rendre les honneurs réglementaires. »

Lors de l'entrée des Français à Strasbourg, Roche eut la place d'honneur au banquet officiel, au côté de Mangin. Lors des obsèques à Londres du maréchal French,
Albert Roche accompagna le général Gouraud qui dirigeait la délégation de l'armée française ; il dîna à la table du roi George V !

Dès sa libération, Roche avait repris son métier d'agriculteur. Il trouva ensuite une place comme ouvrier cartonnier dans une usine de Valréas.

Cruel destin

Malheureusement, la vie civile se montra dure pour le héros. Marié, père d'une fillette aujourd'hui âgée d'une dizaine d'années, il était dans une situation touchant à la misère. En septembre 1938, il fut convoqué lors de la mobilisation partielle et affecté dans les zouaves.

C'est dans cette tenue qu'il se présenta à la poudrerie de Sorgues ; un ingénieur, M. Paul Muret, apprit ses états de services et pour lui rendre un peu de l'hommage mérité, il obtint de la direction l'incorporation d'Albert Roche dans les services de la poudrerie, nationale. Le « premier soldat de France » devint pompier dans cette administration.

Un accident d'automobile l'a tué stupidement. Le destin a de ces cruels retours.

André Bécriaux..
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Re: Albert Roche, 1er soldat de France

Message par BRH » Dimanche 29 Novembre 2020 10:20:42

Le Dauphiné Libéré lève les dernières interrogations :

https://www.ledauphine.com/france-monde ... nnaissante

À Albert Roche, la patrie si peu reconnaissante…

Engagé en 1914, blessé neuf fois, tête brûlée mais couvert de décorations, distingué par Foch, Albert Séverin Roche est mort sous les roues de la voiture d’un ancien président de la République. Pas suffisant pour que la patrie en fasse un héros…

Par Georges BOURQUARD - 19 mai 2014 :


À Réauville, dans la Drôme provençale, un buste et une inscription de quelques mots résument les faits d’armes d’Albert Roche. À Sorgues dans le Vaucluse où il mourut, une plaque au jardin municipal évoque sa mémoire. La patrie a la reconnaissance modeste…

Un drôle de lascar, cet Albert Séverin Roche. Héros oublié, il était pourtant un génie pour se faire remarquer. En 1914, il a 17 ans. À Réauville, son père paysan veut le garder aux champs. Le gamin rêve de champ d’honneur. Pour se faire enrôler, il triche sur son âge. Et pour monter en première ligne, il se fait la belle en espérant qu’on lui applique la punition qui pend au nez des déserteurs : la ligne de front.

Albert Roche a ce qu’il voulait. Affecté au 30e bataillon de Chasseurs à pied en octobre 1914 puis au 27e bataillon en juillet 1915, il peut laisser libre cours à son courage et à son inconscience. Tête brûlée, il se porte volontaire pour les missions jugées perdues d’avance. En Alsace, un blockhaus allemand bourré de mitrailleuses barre la route aux attaques françaises. Roche convainc ses supérieurs : la nuit, les Allemands allument un poêle pour se réchauffer. Il suffit de jeter des grenades dans le tuyau pour en être débarrassé. Mission accomplie : Roche revient avec huit prisonniers et les mitrailleuses de l’ennemi.

À Sudel, toute sa section a été fauchée. Un soldat normalement constitué aurait fui ou se serait rendu. Roche braque aux créneaux les fusils de ses camarades morts et court de l’un à l’autre pour tirer. Imaginant la tranchée solidement tenue, les Allemands battent en retraite.

L’étui à cigarettes offert par Clemenceau

Les exploits de cet acabit, Roche les collectionne. Capturé, il subtilise l’arme de l’officier allemand qui l’interroge et ramène encore des prisonniers. Au chemin des Dames, son capitaine gît blessé entre les lignes. Roche rampe six heures à l’aller et quatre heures dans l’autre sens pour le récupérer. De retour, il s’endort dans un trou de guetteur. Une patrouille le découvre et pense avoir affaire à un déserteur. Cette fois-ci, c’est le peloton d’exécution qui l’attend. In extremis, un courrier arrive porteur d’un message de son capitaine revenu à lui : il le propose pour la médaille militaire…

Au cours des combats, Albert Roche est blessé à neuf reprises. À chaque fois, il refuse d’être envoyé à l’arrière pour y être soigné. Un jour il s’opère lui-même pour s’extraire une balle dans la maxillaire inférieure.

Médaille militaire, Croix de guerre, Chevalier de la Légion d’honneur, Albert Roche finit la guerre couvert de décorations. On lui attribue aussi une armée de prisonniers, 1180 très précisément.

En novembre 1918, à Strasbourg, devant la foule des grands jours, Foch apparaît au balcon de la mairie avec Albert Roche à ses côtés : «Alsaciens je vous présente votre libérateur. C’est le premier soldat de France». Premier soldat et toujours 2e classe.

À Réauville, le gamin Albert était réputé farceur. Enfant de chœur, il avait délacé la chaussure du curé dans l’idée de le voir dégringoler pendant l’office. Plus tard pendant la guerre, la légende veut qu’à la faveur d’une permission, il ait abandonné ses camarades en virée pour aller forcer la porte de Clemenceau. Le Tigre ébloui par ses décorations et aussi son culot sans bornes lui aurait offert un étui à cigarettes. Peut-être celui qu’il utilisa ensuite pour protéger sa boussole et qui porte encore les traces d’un impact de balle.

Une mission secrète à la veille de la Seconde Guerre mondiale ?

Cet étui de cuir fait partie des maigres souvenirs que ses petites filles Magali et Marie-Pierre conservent dans leur maison du Pontet près d’Avignon. Avec quelques photos, des coupures de presse, les décorations et des imprimés militaires. Tout le reste, surtout ses lettres écrites au front, est parti en fumée en 1944 sous les bombardements alliés.

L’arrière-petit-fils Tommy a décidé de mieux faire connaissance avec l’aïeul héroïque. Et aussi d’élucider sa part de mystère : « Il parlait l’allemand, l’anglais et l’arabe, mais où avait-il appris ces langues? » s’interroge Magali. Et pourquoi quelques jours avant sa mort aurait-il dit à sa femme : « C’est certainement le dernier gâteau qu’on mange ensemble ». De là à imaginer qu’une mission secrète lui aurait été confiée à la veille de la Seconde Guerre mondiale, il n’y a qu’un pas que rien ne permet de franchir.

Albert Roche avait sa part d’ombre, mais il connut aussi de rares moments dans la lumière. En 1920, il est l’un des sept combattants qui désignent le Soldat Inconnu et l’escortent jusqu’à l’Arc de Triomphe. Il est aussi de la maigre délégation française invitée à la table du roi Georges V d’Angleterre lors des obsèques du maréchal Lord French.

De retour à la vie civile, il est cantonnier. Puis pompier à la poudrière de Sorgues. À la descente du car qui l’amène au boulot ce 15 avril 1939, il se précipite pour saluer son ingénieur. La voiture de la fille de l’ancien président de la République Émile Loubet lui roule dessus : il meurt un peu plus tard à l’hôpital d’Avignon.

Est-ce parce qu’il a trouvé la mort sur une route de Provence plutôt que dans la boue puante des tranchées qu’Albert Roche est si discret dans les livres d’Histoire ? « Il a fallu sept ans pour qu’il ait une plaque à Sorgues » fulmine Jean-Louis Roux, le président des sous-officiers de réserve vauclusiens. « Surtout, ses chefs étaient jaloux » soupçonnent ses petites-filles.

100 ans après, le temps est venu de tourner la page. Ou plutôt de commencer à l’écrire…

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Re: Albert Roche, 1er soldat de France

Message par JARDIN DAVID » Mercredi 02 Décembre 2020 20:20:52

Premier soldat ? Pour moi, c'était plutôt DARNAND ! Il est vrai qu'il est passé de mode.
JD
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Re: Albert Roche, 1er soldat de France

Message par BRH » Jeudi 03 Décembre 2020 13:32:50

Non, Darnand était sergent-chef. Et il a fait moins de prisonniers...
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