Qui Claire Ferchaud inquiète-t-elle encore ?

1ère guerre mondiale et ses conséquences, jusqu'à la Grande Crise.

Message par BRH » Lundi 26 Mars 2007 15:51:34

Parce qu'il était douteux que nos soldats fourbus et harassés soient capables de reprendre l'offensive avec l'allant nécessaire face aux Allemands qui s'avançaient sûrs d'eux-mêmes dans l'ivresse de la victoire...

Mais peut-être situez-vous le miracle le 2 septembre, quand l'armée Von Klück infléchit sa marche en évitant Paris pour passer la Marne aux alentours de Meaux ?

Il n'y a aucun mystère dans cette affaire, mais une sous-estimation par le général allemand des forces rassemblées à Paris. L'ordre lui est donné de masquer Paris et de poursuivre les gros de l'armée française, tout en demeurant à hauteur de la Marne. Ainsi, Von Klück n'est-il plus à la tête de l'élite de l'armée allemande, cette aile marchante et enveloppante qui force notre armée à battre en retraite.

Il n'a plus qu'un rôle de flanc-garde, ce qu'il n'accepte pas. Il décide donc de continuer la poursuite au sud de la Marne. Moltke accepte finalement cette indiscipline, à condition qu'il laisse deux corps d'armée au nord de la Marne pour masquer Paris et cette VIème armée Maunoury que l'on sait s'y rassembler. Mais Von Klück désobéit encore en ne laissant qu'un seul corps d'armée, celui de Von Gronau.

Ainsi, l'armée allemande nous présente son flanc, comme les Russes à Austerlitz ! Il n'y a plus qu'à attaquer sur la Marne et à la contenir au sud, puis à la refouler. Galliéni est le 1er à comprendre la faute et la manoeuvre qui en découle. Joffre n'a plus qu'à donner ses ordres...
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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Message par Baron Percy » Lundi 26 Mars 2007 23:20:36

La religiosité des poilus est en permanence attisée depuis l'arrière par leur femme et leur famille. Les mères, les soeurs, les cousines s'inquiètent; elles l'écrivent à leurs hommes qui se font un devoir de les rassurer dans leur correspondance; le lien entre les deux mondes, celui du front et celui de l'arrière, se maintient ainsi grâce à l'entretien de cette piété épistolaire.
En réalité, combattants et aumôniers l'écrivent assez : cette remasculinisation de la religiosité tire son origine de la peur des hommes et de leur appréhension de la mort.
"Il n'y a pas d'athées dans un abri", rappelle Richard Holmes.
La spiritualité augmente chez les hommes qui se sentent menacés.
"J'attribue à la proximité du danger, plus qu'à tout autre motif, la recrudescence de la pratique religieuse", estime l'abbé Duvernay, sage et réaliste.
Le bersagliere Mussolini, qui observe attentivement ses camarades et consigne ses remarques dans son journal, répond à cette question : les hommes sont-ils religieux ? "Je ne le crois pas. Ils jurent volontiers, cependant presque tous portent au poignet une médaille de saint ou de madone, mais cela ne représente pour eux qu'un porte-bonheur. C'est une sorte de mascotte sacrée. Qui donc ne paie pas son tribut à la superstition des tranchées ?"
Alors, foi ou superstition ?
Il est incontestable que certains combattants ont connu un véritable retour à la foi, amalgame indéfini allant "d'un catholicisme doloriste aux croyances les plus diverses" (dixit Annette Becker).
Selon Robert Graves, dans le corps expéditionnaire britannique, "pas un homme sur cent n'était inspiré par des sentiments religieux". Il attribue ce manque de spiritualité au fait que, contrairement aux aumôniers catholiques, leurs collègues anglicans ne montaient pas en première ligne et, n'ayant pas de sacrements à administrer, ils n'allaient pas partout délivrer l'extrême-onction...
En fait, lorsque non-croyants et croyants se rassemblent pour assister aux offices religieux, c'est tout d'abord pour rendre hommage aux tués.
C'est ensuite pour profiter, le temps d'une brève cérémonie, d'une suspension de la guerre, d'un court répit, d'un retour à la vie d'avant.
L'office religieux rappelle la vraie vie, celle d'antan, même si alors on ne fréquentait pas l'église; la présence d'un prêtre donne une touche de normalité à ce monde qui en est si profondément dépourvu.
C'est enfin et surtout pour marquer leur appartenance à une même communauté que les combattants assistent si nombreux à ces rassemblements. Il y a bien communion des hommes lors de ces moments-là. Mais il s'agit de communion guerrière, de communion humaine, de communion des souffrants, et non pas de communion religieuse au sens strict du terme.
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