par BRH » Lundi 08 Février 2010 12:00:49
D'après Jean Tulard, si l'on considère le bilan économique, on constate :
- La mise en œuvre d'une politique de grands travaux, lesquels visent à la modernisation des principales villes françaises. C'est le moyen de régler l'insalubrité, de détruire les petites rues propices à l'érection de barricades. A Paris, le préfet de la Seine (1853-1869) Haussmann, aidé par Alphand et Belgrand, détruit 25 000 maisons, achève les Tuileries, aménage de nombreux parcs (Montsouris, bois de Boulogne et de Vincennes, Buttes-Chaumont, Monceau), édifie des longs axes rectilignes (boulevards Saint-Michel, Sébastopol), l'Opéra Garnier achevé en 1875, restaure par le biais de Viollet-le-Duc Notre-Dame, agrandit Paris avec la création de huit nouveaux arrondissements qui étaient auparavant des villages (Montmartre, Auteuil), construit des ponts (Alma, Solférino) permettant le facile franchissement de la Seine, établit un réseau d'égout long de 600km. D'autres villes comme Lyon (Parc de la Tête d'or, palais de la Bourse) et Marseille (palais Longchamp, Notre-Dame de la Garde) bénéficient d'une modernisation.
- L'essor du commerce extérieur: L'empereur, à la stupéfaction générale, signe un "traité de libre-échange" en janvier 1860 avec l'Angleterre qui consiste en l'abaissement des droits de douane sur les produits manufacturés, le charbon et le fer. Contrairement à ce qu'avaient pu craindre les industriels français, la concurrence ne les a généralement pas ruinés et ils ont été, comme le voulait l'empereur, obligés de se moderniser. Les importations comme les exportations croissent, en direction de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne. En 1880, la France réalise 11% du commerce mondial et se situe en deuxième position, bien qu'elle soit bien derrière la Grande-Bretagne (25%), mais devant les États-Unis (10%) et l'Allemagne (7%).
- La hausse substantielle de l'industrialisation mais aussi, dans une moindre mesure, de l'agriculture qui se modernise et bénéficie de travaux (drainage de la Sologne, plantation de pins dans les Landes). Pendant ladite période, le taux de croissance industrielle avoisine les 2.50%.
- La naissance des banques et le développement du crédit, lesquels sont favorisés par Napoléon III par les lois de 1863 sur les SARL et 1867 sur les SA. Et ce qui découle sur la création du Crédit Mobilier et du Crédit Foncier(1852) du Comptoir d'escompte (1853), Crédit Lyonnais (1863), Société Générale (1864). L'épargne croît dans le même temps, ce qui montre l'enrichissement des Français.
- Le développement des moyens de communication: sur terre avec la création de nombreux chemins vicinaux, la construction de voies ferrés (de 4000 km à la fin de la monarchie de Juillet, elles passèrent à 17-18000 km à la fin du Second Empire), de tunnels (tunnel du Fréjus), une amélioration des routes. Ce développement des moyens de communication permet une meilleure circulation des marchandises.
La conjoncture économique, de 1852 à 1875, est certes largement favorable comme le montrent l'essor de l'industrialisation et l'enrichissement des pays de l'Europe du Nord-Ouest, à savoir l'Angleterre en premier lieu (qui a entamé sa révolution industrielle bien plus tôt et adopté dès 1846 le libre-échange); la France ensuite, et l'Allemagne qui a connu une tardive mais très prompte industrialisation. L'empereur a su exploiter et favoriser une conjoncture favorable. Est-ce à dire qu'en cas de crise, les résultats auraient été différents ? Probablement, mais celle-ci aurait eu un impact moindre sur la France.
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !
Napoléon