L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 16 Jan 2005 19:09 
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Inscription : 14 Déc 2002 16:30
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Bernard Coppens a écrit :
Citation:
"Napoléon en revenant d'Elbe ne voulait pas la guerre ; il savait pertinemment qu'on ne prépare pas une bataille en si peu de temps, avec des moyens de fortune, mais les coalisés l'ont poussé dans ses retranchements...Il était contraint de suivre !"


Napoléon, en revenant de l'île d'Elbe, ne pouvait pas ignorer qu'il y aurait nécessairement la guerre.
Aucun gouvernement européen sensé ne pouvait, compte tenu de ses antécédents, croire qu'il ne constituait pas une menace inacceptable pour la paix en Europe.
L'équilibre de l'Europe (c.a.d. du monde) reposait sur le respect du traité de Paris, que Napoléon avait violé par son retour;ce retour est passé dans l'histoire comme "le vol de l'Aigle" mais c'était de fait un coup d'Etat.
Napoléon pouvait bien dire qu'il ne voulait pas la guerre - et c'était peut-être vrai- mais les gouvernements des puissances ne pouvaient d'aucune manière se fier à ses protestations, c'était en dehors de la nature des choses. C'était impossible.

Citation:
Si Napoléon a " violé " le traité de Paris, n'était-ce pas par un juste retour des choses ?

Un "retour des choses", peut-être, certainement pas "juste". Parce qu'on a des griefs personnels, peut-on déclencher une guerre européenne ? Dans un monde civilisé, il n'y a pas que le recours à la force ou à la guerre pour faire valoir ses droits.
De toute façon, nous glissons ici vers un jugement moral. La question à l'origine portait sur les probabilités ou non qu'il y ait la guerre. Indépendamment de tout jugement moral, le retour de l'île d'Elbe ne pouvait que déboucher sur la guerre, et cette guerre, Napoléon n'avait aucune chance de la gagner. C'est du moins mon avis qui, en tant que tel, n'a aucune valeur.
Mais si c'était, comme je le crois, également l'avis des cadres de l'armée française, notamment de Soult, de Davout et des autres maréchaux, il pourrait expliquer bien des comportements pendant les Cent Jours.


Napoléon a-t-il violé le traité de Paris ? Non, évidemment. Il y a donc une erreur à ce sujet, le point de départ est mal posé.

Le traité de Paris a été signé par Louis XVIII, le 30 mai 1814. Dès son retour à Paris, fin mars, début avril 1815, Napoléon faisait savoir aux puissances alliées qu'il acceptait le traité de Paris. Il n'y avait donc plus -objectivement- de raison à la guerre.

C'est le traité de Fontainebleau que Napoléon a violé. Nuance et d'importance ! En porte-t-il seul la responsabilité ? Evidemment, non !

C'est Louis XVIII, le principal violateur du traité de Fontainebleau, puisque ce dernier se refusait à verser les 2 millions d'indemnités promis par le traité de Fontainebleau.

Quant à prétendre que la marche de l'aigle fut un coup d'état, ça ne tient pas: ce fut l'agression du roi d'Elbe contre le roi de France, agression soutenue et aidée par la majorité du peuple français.

A Lyon, convaincu de sa victoire politique et morale, Napoléon reprit son titre d'empereur des Français. L'approbation de l'acte additionnel aux Constitutions de l'empire par plébiscite, ratifia son coup d'audace...

Il n'était donc pas logique de voir les coalisés reformer leurs cohortes pour "ne faire que la guerre à Napoléon" ! Il était permis d'espérer, au contraire, qu'ils s'en abstiendraient sagement pour éviter de mettre l'Europe à feu et à sang.

D'ailleurs en 1814, jusqu'à la rupture du Congrès de Chatillon, ils négociaient avec le seul Napoléon et n'avaient nullement l'intention de le détrôner, pourvu qu'il se montrât raisonnable à l'instar du gros Louis plus tard.

En 1815, Napoléon pouvait acquiescer à un amoindrissement de la France qu'il n'avait pas signé.

Pouvait-il gagner la guerre ? C'est un autre débat auquel j'ai répondu. En tout cas, il ne porte aucunement la responsabilité de la reprise des hostilités.

Celle-ci a été voulue par les quatre vainqueurs de 1814, qui craignaient la contagion révolutionnaire. Et Napoléon, restant dans son île, était toujours un espoir pour les libéraux et les nationalités. Sa proximité de l'Italie faisait craindre qu'il ne tentât un débarquement dans la péninsule, remettant en cause la main-mise de l'Autriche sur le nord de l'Italie.

Ceci rejoint la thèse de Paul Bartel qui estime que les coalisés ont poussé Napoléon à la faute afin de pouvoir se débarrasser de lui. Leur attitude après son succès en France démontre qu'il en était bien ainsi...


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Message Publié : 16 Jan 2005 19:38 
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Bernard Coppens, sur un autre forum, fait cette citation pour fustiger l'attitude de Napoléon:

"Pierart, auteur d’un ouvrage intitulé « Le Drame de Waterloo », édité en 1868, écrit:
Je suis né dans le pays même où, à la veille de son entrée en campagne, Napoléon s’arrêta pour adresser a son armée la dernière de ses proclamations (…)
Il raconte le spectacle offert quelques jours plus tard à ses yeux d’enfants :
Les chemins, les champs et les bois étaient couverts (de soldats blessés ou mourants). Partout des armes abandonnées, des fuyards à la débandade, des blessés faisant retentir l’air de leurs plaintes, demandant des secours et des soins que nul n’avait pu encore leur donner. Plusieurs de ces malheureux, recueillis et soignés par ma mère, furent bientôt massacrés sous ses yeux par des hussards prussiens.
(...) En même temps, mon père, garrotté, frappé, insulté par ces furieux, était contraint à leur servir de guide, laissant à leur discrétion ses foyers où ma mère était traînée par les cheveux, en proie aux menaces de mort de grossiers soudards qui prétendaient obtenir d’elle ce que nul n’avait en ce moment : des vivres, de l’alcool, de l’argent. (...)
C’est au milieu des récits de ces scènes effroyables que j’ai été élevé. Ils impressionnèrent vivement mon jeune âge, et de ces impressions il m’est demeuré une haine profonde contre les gouvernements militaires, les despotes et les ambitieux qui, dans le seul intérêt de leur grandeur personnelle, se plaisent à provoquer la possibilité d’aussi cruelles calamités. "

Mais, c'est prendre l'effet pour la cause. En 1815, les despotes, c'étaient l'oligarchie anglaise et les tyrans de Berlin, Moscou et Vienne...


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Message Publié : 16 Jan 2005 23:29 
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Inscription : 04 Déc 2004 19:13
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en outre, Napoléon ne pouvait demeurer à Elbe, compte tenu du non-versement de l'indemnité dont il a été question plus haut et aussi des menaces de mort dont il était l'objet sur cette île : il ne pouvait demeurer passif même s'il en a réellement eu le désir (cf. ses lettres à Joséphine de début 1814, reprises sur un autre sujet du forum).

Les campagnes de France (1814) et de Belgique (1815) sont, si l'on excepte "l'erreur espagnole" de l'Empereur, les vraies guerres d'agression de cette période historique, et ni Napoléon ni la France n'étaient les agresseurs du moment !
Tristes campagnes qui allaient inaugurer une série d'occupations de notre territoire dont 39-45 a été le point culminant..


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Message Publié : 16 Jan 2005 23:51 
"Il n'était donc pas logique de voir les coalisés reformer leurs cohortes pour "ne faire que la guerre à Napoléon" !"

Napoléon avait-il oublié son acte d'abdication :

"Les puissances alliées ayant proclamé que l'Empereur Napoléon était le seul obstacle au rétablissement de la paix en Europe..."

Salutations respectueuses.


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Message Publié : 17 Jan 2005 0:11 
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Inscription : 14 Déc 2002 16:30
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Une formule, Cyril...

Vous n'allez pas nous amuser avec ce genre de babioles ? Je parle de realpolitik !

Mais venons-en à l'engagement moral, que vous affectionnez:

La fraude corrompt tout ! Frau omnia corrumptit !

Les manoeuvres visant à l'engluer dans les chausses-trappes, les subterfuges pour lui interdire de revoir son épouse et son fils le déliaient de tout engagement envers les machiavels "viennoisés" !

Où était donc la clause qui lui interdisait de se rendre à Parme, principauté de son épouse ? Et quelle main invisible empêchait celle-ci d'y régner comme les traités l'y autorisaient ?


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Message Publié : 17 Jan 2005 0:43 
"Une formule, Cyril...

Vous n'allez pas nous amuser avec ce genre de babioles ? Je parle de realpolitik !"

Ca ressemble pourtant bigrement à ce que l'on peut lire dans la déclaration du 13 mars :
"ennemi et pertubateur du repos du monde"

Salutations respectueuses.


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Message Publié : 17 Jan 2005 0:49 
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Inscription : 14 Déc 2002 16:30
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La réponse sur un autre forum, mais elle est intéressante:

Bernard Coppens a écrit :
Citation:
Aucun gouvernement européen sensé ne pouvait, compte tenu de ses antécédents, croire qu'il ne constituait pas une menace inacceptable pour la paix en Europe.
L'équilibre de l'Europe (c.a.d. du monde) reposait sur le respect du traité de Paris, que Napoléon avait violé par son retour;ce retour est passé dans l'histoire comme "le vol de l'Aigle" mais c'était de fait un coup d'Etat.
Napoléon pouvait bien dire qu'il ne voulait pas la guerre - et c'était peut-être vrai- mais les gouvernements des puissances ne pouvaient d'aucune manière se fier à ses protestations, c'était en dehors de la nature des choses. C'était impossible.

Je donnais ici le point de vue des gouvernements européens, qui se trouve amplement développé dans les journaux d’époque.


C'est partiellement vrai.Toutefois, Les puissances devaient bien savoir que l'homme n'était plus le même, qu'il n'ambitionnait certainement plus la conquête de l'Univers ! Il y avait bien trop d'hommes renseignés et intelligents à Vienne et ailleurs pour le mettre en doute ! C'est donc qu'il y avait autre chose !

Citer :
J’ai écrit aussi et je ne puis que répéter :
Citation:
De toute façon, nous glissons ici vers un jugement moral. La question à l'origine portait sur les probabilités ou non qu'il y ait la guerre. Indépendamment de tout jugement moral, le retour de l'île d'Elbe ne pouvait que déboucher sur la guerre, et cette guerre, Napoléon n'avait aucune chance de la gagner. C'est du moins mon avis qui, en tant que tel, n'a aucune valeur.
Mais si c'était, comme je le crois, également l'avis des cadres de l'armée française, notamment de Soult, de Davout et des autres maréchaux, il pourrait expliquer bien des comportements pendant les Cent Jours.


D'autre part, je ne me suis jamais intéressé aux relations entre Marie-Louise et Neipperg (par manque de temps sans doute) et vous m’apprenez qu’elle s’est fait "violer" par Neipperg.
Si c’était vrai, ce serait bien sûr tout à fait condamnable sur le plan moral, mais ne justifierait pas encore une guerre européenne.


Sans doute, sans doute... D'autant que Marie-Louise ne s'est pas faite prier... Neipperg était fringant, attentionné et... vigilant. Un sourire du Kaiser-Vater valait toutes les bénédictions !

Mais nous parlons plutôt des clauses du traité de Fontainebleau: étaient-elles respectées ? Non. On ne permettait pas à l'impératrice de prendre possession de son duché. Et ainsi, on interdisait tacitement à Napoléon de s'y rendre. C'était lui dire assez clairement que ce traité n'était qu'un chiffon de papier !

Citer :
Citation:
Griefs personnels ? vous êtes trop bon...

Griefs nationaux, alors ? Je ne vois pas… Ce doit être la mauvaise foi.


Vous ne voyez pas ? C'est que les Bourbons ne convenaient ni à l'armée, ni au peuple ! Et l'île d'elbe n'étant plus un abri assez sûr, Napoléon entendait rappeler tout ceci à ses "bons frères"!

Citer :
Citation:
Et que faites-vous du peuple qui l' acclamé tout le long de la " Route Napoléon "?
Vous les tenez pour des imbéciles ces milliers de paysans, ouvriers, artisans qui ne l'ont pas jeté au lac à Laffrey, qui ne ne pas jeté dans le Rhône à Lyon, et qui l'ont plébiscité quand le bon roi le Père de Gand s'enfuyait...

On a suffisamment vu au cours du XXe siècle des foules de peuple qui ont acclamé des individus représentant tour à tour des bonnes et des mauvaises causes (et même des détestables) pour qu’on puisse estimer que cet argument, qui est d’ailleurs étranger au sujet, n’a absolument aucune valeur.


Pardon ? La volonté du peuple français n'a aucune valeur ? Il semble que beaucoup s'en soient mordus les doigts, par le passé, pour avoir voulu ne pas en tenir compte.

J'ai donc du mal à saisir ce raisonnement, à moins qu'il ait une portée purement historique. Mais dans ce cas, les voeux du peuple me paraissent avoir autant d'importance que la félonie de cours réactionnaires et autocrates...

Si j'ai bien compris, comme ces messieurs de la Sainte-Alliance ne voulaient pas du retour de Napoléon, il ne restait plus qu'à s'incliner et à voir déporter l'Empereur aux Açores sans mot dire.

Napoléon a bien fait d'en appeler de ces "saxonnades". Et c'est l'honneur du peuple français que de l'avoir porté en triomphe, de clocher en clocher jusqu'au Tours de Notre Dame.

Le résultat ne fut pas à la hauteur de ces espérances, mais, qui ne tente rien n'a rien...

La vérité, c'est que les autocrates russes et autres, entendaient se débarrasser de l'hydre révolutionnaire qui se trouvait comme concentré dans l'individu Napoléon.

Waterloo fut donc leur victoire... Mais très provisoire: 1830 et 1848 seraient d'amères déconvenues. Et comme toujours, l'Angleterre serait la 1ère à s'adapter à son temps: mieux, ce sera elle qui mettra en selle le second Napoléon ! Joli tour de passe-passe, n'est-il pas ?


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Message Publié : 17 Jan 2005 1:11 
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Inscription : 14 Déc 2002 16:30
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Drouet Cyril a écrit :
"Une formule, Cyril...

Vous n'allez pas nous amuser avec ce genre de babioles ? Je parle de realpolitik !"

Ca ressemble pourtant bigrement à ce que l'on peut lire dans la déclaration du 13 mars :
"ennemi et pertubateur du repos du monde"


Cette formule est assez juste. A une nuance près: "ennemi et perturbateur du repos des rois" ! :diablotin:


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Message Publié : 17 Jan 2005 8:32 
Bonjour,

Peu importe la nuance, le risque de voir la guerre balayée l'Europe avec le retour de Napoléon était bien réel. Et l'Empereur n'était pas sans le savoir...

Salutations respectueuses.


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Message Publié : 17 Jan 2005 9:54 
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Inscription : 14 Déc 2002 16:30
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Et alors ? Vous voulez faire tomber tout l'odieux de la reprise des hostilités sur sa tête ?

Rien ne justifie l'attitude des Coalisés. Rien !

Ce sont eux les agresseurs: arrêtons de couper les cheveux en quatre !


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