François a écrit :
La piste française a le mérite de fournir des explications à tout , Bruno ,
à la différence de la piste anglaise.
D'abord , elle donne un mobile à la substitution . Les fidèles sont alarmés
par les craintes réitérées de Napoléon que son corps soit envoyé sur les
bords de la Tamise , et , la veille , Hudson Lowe a fait savoir qu'il
s'opposait à l'embaumement , confirmant ainsi l'intention du gouvernement britannique de faire disparaître les "reliques".
Soit ! Mais, à supposer que les Français aient voulu embaumer l'Empereur,
ils n'avaient pas ce qu'il fallait. En admettant qu'ils en aient eu les
moyens, cela n'a pas été fait, ni avant l'autopsie, ni avant la prise du
masque.
Citer :
Dès lors , l'idée s'impose de s'emparer du corps , de le cacher sur place
( dans le tombeau de Cipriani si c'est bien lui qu'on met à la place de
Napoléon ? ) , et d'attendre une occasion ultérieure de le ramener en France. Nous avons le mobile.
Certes ! Mais pas les moyens... Car ceci supposerait qu'un autre cercueil
en fer blanc soit substitué au 1er. Sans cela, que faire du corps de
l'Empereur: tenter un embaumement dans la nuit du 7 au 8 à la barbe des
Anglais ? Ceci implique une éviscération totale et le bain de la dépouille
dans une préparation quelconque, mais prévue d'avance. Sinon, quel intérêt ?
Mais, quelle préparation ? La créosote n'a été inventée qu'en 1831. Plonger le corps de l'empereur dans une barrique de Cognac (comme l'on fit avec Nelson dans le rhum) ?
=> Bertrand écrit à propos des cercueils soudés: "on dit que l'air ne
pénétrant pas, cela se conservera des siècles."
Citer :
Tandis qu'avec la piste anglaise de la substitution , nous le cherchons
toujours : souvenez-vous , Bruno , de nos interrogations sur la nécropathie de George IV...
Ce ne sont pas des interrogations, François, ce sont des certitudes. Ses
manies de collectionneur, notamment celle de collectionner les animaux les plus rares pour les empailler, ont été épinglées par des auteurs anglais.
Que faisait-il en baie de Porthmouth à attendre le Camel... Curieuse
rencontre, vous ne trouvez pas ?
Citer :
Ensuite , la piste française explique l'attitude des Français à l'ouverture
des cercueils en 1840 : ils savent ce qu'ils vont trouver , pas la dépouille
déjà décomposée du 7 mai 1821 et qui doit être réduite à l'état de squelette dans un tombeau anonyme de Sainte-Hélène,
Voyons, ce passage n'est pas sérieux. Si le scénario s'était déroulé
ainsi que vous le dîtes, nul doute qu'ils auraient mis un point d'honneur à
récupérer la glorieuse dépouille. Elle aurait donc été rendue à la famille,
ça ne fait pas de doute. Après 1830, pourquoi le taire ? ça ne tient pas la
route.
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mais celle momifiée en 1821 de Cipriani et qui n'a pas dû beaucoup bouger .
Tout le monde reconnaît en choeur l'Empereur : on est pris au piège de ce
qu'on a fait en 1821 , on n' a pas prévu le rapprochement franco-anglais ,
la napoléomania de Louis-Philippe, son initiative de rapatrier lui-même les
cendres...Bref , on a été pris de court et condamnés au silence au risque de faire éclater un énorme scandale : rien à voir avec le rapatriement
clandestin qu'on escomptait en 1821 pouvoir réaliser plus tard au nez et à
la barbe des Anglais dans un contexte d'anglophobie retrouvé , favorisé par la chute tant espérée de la monarchie , le rétablissement ( qui sait ?) de l'Aiglon , et un retour à Paris qui éclaterait alors comme un triomphe à la face de l'Angleterre ....Là c'est déjà l'entente cordiale . Avouer dans de
telles conditions ferait renoncer Louis-Philippe , compromettrait le
bénéfice escompté du retour des cendres et rendrait furieux les Anglais qui en profiteraient pour retirer leur accord : mieux vaut rendre les honneurs à un imposteur sans le savoir et oublions tout cela . Après tout , qu'importe à qui appartient la dépouille puisque tout le monde croira qu'on tient la bonne !
Même remarque, même si c'est bien vu. Je vois mal Bertrand conserver
secrètement cette dépouille dans ses terres à Chateauroux sans en aviser
Madame Mère ! Et même avec son autorisation. Du moins, jusqu'en 1830. Car après, il n'y avait guère de difficultés à proclamer l'échange.
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Quant à Arnott , les témoignages de nos deux Anglais ne font pas état de sa présence au moment de la mise en bière : ni l'officier ni le soudeur . On imagine mal en effet qu'il soit resté constamment sur place pendant 2 jours entiers malgré la consigne du gouverneur . Les Français ont dû profiter de son absence et de ce qu'il avait mis un officier de garde pour embobiner ce dernier , l'éloigner et passer à l'action. Ni l'un ni l'autre , pas très fiers d'avoir manqué la mise en bière , n'ont dû se vanter sur le moment de leur abandon de poste.
Le problème, c'est que cet officier est le seul à évoquer sa présence. Il
y avait aussi le Dr Rutledge. Non, nous manquons d'éléments pour étayer
votre théorie, François. Surtout, psychologiquement, elle ne tient pas. Du
moins, à mes yeux !