Inscription : 14 Déc 2002 16:30 Message(s) : 15822
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Pourquoi le nier ? J'ai adoré Thierry La Fronde. Evidemment, je ne le mettais pas au-dessus de Napoléon ! Qui pouvait dépasser l'Empereur ? Personne, sauf notre seigneur Jésus-Christ ! J'évoque ici les sentiments d'un garçon entre 7 et 10 ans. Je ne fus pas le seul, nous fûmes des centaines de milliers ! Pour adorer Thierry... Napoléon, c'est autre chose !
Plus tard, j'ai suivi la carrière de Jean-Claude Drouot. Évidemment, comment oublier celui qui avait incarné un héros de jeunesse ? Tout en lui reprochant intérieurement d'avoir sacrifié notre héros sur l'autel de son avenir personnel ! Mais quoi, Drouot est un grand acteur qui n'a certainement pas mérité une carrière finalement assez modeste. Entendons-nous bien, JCD a eu une belle carrière, entièrement fondée sur son mérite. L'homme est brillant, bourré de talent ; d'emblée, il suscite l'adhésion. Et pourtant, il y a comme quelque chose d'inachevé dans son destin...
J'ai eu la grande joie (que dis-je, le bonheur) de le rencontrer, à l'occasion du bicentenaire de l'expédition du général Humbert en Irlande (1798).* Trois jours dans les Vosges (à Saint-Nabord), à côtoyer mon héros de près, à dialoguer avec lui, à le questionner selon mon bon plaisir.
Disons-le tout net, Jean-Claude fuyait les questions sur Thierry la Fronde. Il rompait assez vite toute évocation du sujet. Mais alors, comment nous supportions-nous ? C'est que nous communions dans l'admiration du général Humbert qu'il avait parfaitement incarné à l'écran. Et l'évocation de mes difficultés pour commémorer son souvenir à La Rochelle, le faisait sourire ! Dans nos échanges, je ne cachais pas mon admiration pour Napoléon, ce qui le laissait un peu circonspect, lui : le descendant de l'oncle du général Drouot, le sage de la Grande Armée ! Une anecdote me fait encore rire : nous avions gagné un col des Vosges et fait un arrêt "gastronomique" dans une auberge à proximité des cîmes. J'avais voulu commander une liqueur proche de l'eau de vie de quetsh qu'il avait trouvé quelque peu féminisante : "nous commandons des boissons d'homme, ici, Mr Bruno Roy-Henry" ! je n'avais pas relevé l'outrage, après tout, j'en savais plus sur les Vosges que lui... Tout compte fait, il m'avait considéré avec un certain intérêt : déjà, BRH perçait sous le masque un peu amolli de l'écrivain de province...
J'avais commencé à évoquer prudemment l'énigme de l'exhumé. Mais cela n"avait pas vraiment retenu son attention. Finalement, je m'étais limité à communier dans le souvenir du général Humbert, qui -lui aussi- ressemblait étrangement à Jean-Claude Drouot (à moins que ça ne soit l'inverse ) !
"Mais Napoléon l'a méconnu et persécuté", me disait-il ! Eh, sans-doute, n'avait-il pas été l'amant de Pauline, sans demander la permission du 1er Consul ? Napoléon n"a pas toujours été lucide : un de ses grands torts, c'est d'avoir méconnu Humbert : un général français qui avait rossé les Anglais à un contre sept !!! Il méritait le titre de "duc de Castelbar" ! Qui sait ce qui serait advenu si Humbert avait commandé une division à Waterloo, lui qui avait contribué à la victoire de Jackson à la Nouvelle-Orléans en janvier 1815 ?
Bref, tout cela pour dire que j'ai échoué à faire de Jean-Claude Drouot, un partisan de l'ouverture du cercueil de Napoléon !
* "L'Année des Français", 1982. C'est un véritable scandale que la série en 6 épisodes ne soit pas mieux connue en France (elle n'a jamais été rediffusée). L'INA dépositaire d'une copie, demandait 9 000 Fr pour la restaurer ! Je n'ai pas eu le courage de relever le défi : 9 000 Fr, en 1998, c'était une somme dont je n'avais pas l'usage...
https://www.youtube.com/watch?v=KEkrJW3H3PI
_________________ "Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."
Napoléon.
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