La grande idée de Napoléon, c'était le mouvement sur Berlin. Mal préparé, ce 1er mouvement conduit par Oudinot échoue à Gross-Beeren. Napoléon remporte une éclatante victoire à Dresde, les 26 et 27 août 1813. Mais il abandonne la poursuite des coalisés, suite à la nouvelle des désastres de Oudinot et de Mac-Donald à la Katzbach. Il reprend son idée d'un mouvement sur Berlin, ce qui lui fait manquer la mise hors de cause de la grande armée de Bohême. Remédiant comme il peut au désastre de Kulm, en réorganisant le 1er corps sous Mouton, duc de Lobau, il confie à Ney les 52 000 hommes qu'Oudinot a ramené sous le canon de Wittenberg et lui donne rendez-vous à Baruth en vue de le rejoindre avec 40 000 hommes.
C'est ainsi qu'il reste à Dresde du 29 août au 3 septembre au matin. Cependant, les nouvelles provenant de Mac-Donald étant alarmantes, il décide de surseoir à sa marche sur Baruth pour se porter à la rencontre de Blücher. Cependant, il ne contremande pas le mouvement projeté de Ney, ce qui est une faute, car Ney doit présenter le flanc à Bernadotte pour gagner Baruth. C'est exposer les 52 000 hommes de Ney aux coups des 80 000 hommes environ de Bernadotte. Encore une fois, Napoléon sous-estime le prince-héritier de Suède et surestime le talent de Ney pour accomplir son mouvement sans se faire accrocher par son adversaire !
Quittant Dresde le matin du 3 septembre, il gagne le soir le Château de Hartau. Le 4 septembre au soir, il est à Hochkirch où il rencontre Mac-Donald. Puis, le 5 septembre, il gagne Bautzen en espérant surprendre Blücher et lui infliger un sérieux revers. Mais le Prussien se dérobe et repasse la Neisse... Le 6 septembre, toujours à Bautzen, l'Empereur renonce à ce projet et revient vers Dresde le soir-même. Le 7 septembre 1813, il quitte Dresde pour Mügeln afin de se concerter avec Gouvion qui signale la réapparition de l'armée de Bohême sur la route de Peterswalde.
Il apparaît que seuls Russes (Wittgenstein) et Prussiens (Kleist) marchent en avant sans les Autrichiens. Napoléon se rallie au projet de Gouvion de tourner la droite des coalisés et de les prendre à revers. Le 8 septembre 1813, il est à Dohna, où il apprend l'échec de Ney à Dennewitz ! le 9 septembre 1813, à Liebstadt, refoulant avec Gouvion et Lobau, les coalisés. Le 10 septembre, à Breitenau. Sur les Hauteurs de Nollendorf, le 11 septembre, il constate l'impossibilité de faire passer l'artillerie pour se jeter sur les arrières des coalisés. Il pourrait les prendre à la gorge et les disperser, mais dans l'ignorance de la position des Autrichiens, il n'ose pas courir ce risque. Il gagne donc Pirna, pour organiser de solides positions défensives, afin d'éviter le retour dangereux de l'armée de Bohême. Le 12 septembre, il est de retour à Dresde et envisage encore un mouvement sur Berlin, bien que Ney, rejeté sur Torgau, ne dispose plus que de 36 000 hommes. Marchant avec les 40 000 hommes de la Garde et de la réserve de cavalerie, s'adjoignant en outre Marmont, il rallierait Ney par sa gauche, présentant ainsi une masse de 96 000 hommes pour assommer Bernadotte et prendre Berlin !
Et pourtant, l'Empereur abandonne ce projet... Mac-Donald n'est pas resté accroché à la Neisse. Blücher, dès qu'il a compris que Napoléon avait quitté le théâtre des opérations, a conçu le projet de passer la Neisse par le sud, en débusquant Poniatowski de Zittau. Ce dernier se repliant, Mac-Donald se retire sur la position de Bautzen, ce qui permet à toute l'armée de Silésie de sauter la Neisse, puis de s'avancer sur Bautzen. Le vaincu de la Katzbach ne se sent pas assez fort pour tirer parti de cette position et en imposer à Blücher, il se retire donc derrière la Sprée, ligne ultime qu'il doit tenir sur les instructions de l'Empereur. Mais là encore, menacé d'être débordé par sa gauche, au nord de Bautzen, le maréchal se retire derrière une petite rivière, en avant de Dresde... Le mouvement vers Berlin n'est plus possible, sans tenir le verrou de Bautzen. Ou alors, il faudrait l'entreprendre à partir de Magdebourg !
Du 12 au 14 septembre; Napoléon est à Dresde ; considérant l'état de choses, L'Empereur resserre le cercle de ses opérations, ramène Macdonald avec les 8e 5e 11e corps près de Dresde, établit Lobau et Gouvion au camp de Pirna, derrière de bons ouvrages de campagne, afin que l'ennemi ne puisse plus se faire un jeu de ses apparitions sur la route de Péterswalde, envoie un fort détachement de cavalerie sur ses derrières pour disperser les troupes de partisans, réorganise le corps de Ney sur l'Elbe, place Marmont et Murât à Grossenhayn pour protéger l'arrivée de ses approvisionnements, et se concentre à Dresde avec toute la garde, de manière à ne plus être mis en mouvement par de vaines démonstrations de l'ennemi.
Mais, le 15 septembre, il est informé d'une troisième apparition des Prussiens et des Russes sur Péterswalde. — Les ouvrages ordonnés entre Pirna, Gieshübel et Dohna, n'étant pas achevés, Napoléon est obligé d'accourir encore une fois sur la route de Péterswalde pour rejeter l'ennemi en Bohême. Le soir, il est à Pirna. Le 16, Il gagne donc Gieshubel pour agir si nécessaire et séjourne à Peterswalde. Une prompte retraite des coalisés les ramène dans les champs de Kulm où les deux armées se trouvent en présence et se canonnent comme par défi. Le 17, l'Empereur tâte l'ennemi. Mais il ne dispose que de 60 000 hommes face aux 120 000 coalisés. Le 18, il bivouaque à Arbesau. Le lendemain 19, il retourne à Pirna, et le 21, revient sur Dresde. Il applique ses soins pour bien asseoir sa position, afin de ne plus s'épuiser en courses inutiles.
Napoléon prend alors la résolution de s'établir sur l'Elbe, de Dresde à Hambourg, pour la durée de l'hiver. L'Empereur étant partout resserré sur l'Elbe, et la saison avançant, les souverains coalisés songent à mener la guerre à sa fin par une tentative décisive sur les derrières de sa position. Blucher fait prévaloir l'idée d'employer en Bohème la réserve du général Benningsen, et, après avoir ainsi renforcé la grande armée des alliés, de la faire monter sur Leipzig, tandis qu'il ira lui-même joindre Bernadotte, passer l'Elbe avec lui aux environs de Wittenberg, et redescendre sur Leipzig avec les armées du Nord et de Silésie. Les premiers mouvements en exécution de ce dessein s'accomplissent. Napoléon découvre sur-le-champ l'intention de ses adversaires, et fait repasser toutes ses troupes sur la gauche de l'Elbe. Il ne laisse sur la droite de ce fleuve que Mac-Donald avec le lle corps; il achemine Marmont et Souham, l'un par Leipzig, l'autre par Meissen, sur le bas Elbe, afin d'appuyer Ney ; il envoie Lauriston et Poniatowski sur la route de Prague à Leipzig pour soutenir Victor contre l'armée de Bohême. Puis, il se résout à attendre quelques jours pour laisser dessiner plus clairement les projets de l'ennemi. Blucher s'étant dérobé pour se joindre à Bernadotte et passer l'Elbe à Wartenbourg, Napoléon quitte Dresde le 7 octobre avec la garde et Macdonald, descend sur Wittenberg dans le dessein de battre Blucher et Bernadotte d'abord, et puis de se reporter sur la grande armée de Bohême.
_________________ "Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."
Napoléon.
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