L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 20 Mai 2021 15:02 
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Inscription : 14 Déc 2002 16:30
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Pour quelles raisons ?

L'Angleterre ne veut pas se battre sur le continent contre des doctrines révolutionnaires politiques et religieuses.
Sa politique est la multiplication d'espion aux postes clefs dans les comités pour conduire la guerre et affaiblir les 2 nations ennemies (France et Espagne) mais surtout empêcher la paix.
La Royal Navy profite de sa supériorité sur les mers pour briser le commerce des esclaves et pour s'attribuer les richesses des colonies.
Aux Antilles, l'Angleterre établit le blocus, elle crée des émeutes racistes entre mulâtres et blancs.
En Méditerranée, les navires anglais neutralisent les escadres italiennes et bloquent la Corse.
L'Angleterre complote pour se faire accompagner des 64 vaisseaux de la marine espagnole et des 20 navires hollandais pour détruire la marine française.

Mais surtout, l'Angleterre ne supporte pas la mainmise française sur Anvers. L'intégration de la Belgique et l'ouverture de l'Escaut donnent des arguments aux partisans de la guerre en Grande-Bretagne. Londres ne peut supporter que la place financière d'Anvers soit aux mains des Français. Le 24 janvier 1793, l'ambassadeur français à Londres, Chauvelin, est sommé de quitter le pays.



Le ministre des Affaires étrangère, M. Lebrun était en relation avec le gouvernement de William Pitt dit le jeune, par son ministre à Londres, M. Chauvelin, lui même en relation avec lord Grenville, l'homologue de Lebrun. Pour bien comprendre la situation en Europe, l'historien Henri Martin apporte un éclairage complémentaire sur les relations entre le France et l'Angletterre, les évolutions diplomatiques intervenues les deux derniers mois de 1792, avec ses suites jusqu'à la rupture complète des échanges et ce qui avait été les négociations autour du retrait en Belgique des troupes françaises.

« La Hollande n'était en ce moment qu'une dépendance de l'Angleterre, sous le gouvernement d'un prince de la maison d'Orange, restauré, en 1787, par les baïonnettes de la Prusse et par la diplomatie anglaise. Les patriotes hollandais appelaient ardemment les Français, et Dumouriez, après son entrée à Bruxelles, avait opposé aux ordres que le ministère lui envoyait de marcher sur le Rhin allemand un projet de délivrer la Hollande. C'était séduisant, mais bien plus hasardeux, au point de vue militaire, que la marche sur Cologne et sur le Rhin, et c'était la guerre avec les Anglais.

Les chances d'éviter cette guerre diminuaient chaque jour ; Pitt, il est vrai, jusqu'au milieu de novembre, avait souhaité le maintien de la neutralité, et même songé à s'entremettre pour la paix générale ; mais, à la nouvelle de l'ouverture de l'Escaut, puis du décret du 19 novembre, par lequel la Convention offrait le secours de la France aux peuples qui voudraient recouvrer leur liberté, il avait brusquement changé de vues. Il avait envoyé à la cour de Vienne un mémoire sur la réorganisation et l'agrandissement de la coalition contre la France (25 novembre). Son but immédiat était d'assurer à la Hollande, c'est-à-dire au gouvernement du stathouder, la protection de troupes autrichiennes et prussiennes.

La réaction grandissait, parmi les classes supérieures et moyennes d'Angleterre, contre la Révolution française et contre le parti démocratique anglais. L'esprit conservateur anglais ne s'effrayait pas seulement des événements tragiques qui se passaient en France, mais aussi des tendances de la République française à propager partout les maximes d'égalité et l'abolition des institutions héréditaires et traditionnelles issues du Moyen Âge.

Le gouvernement anglais commença des préparatifs militaires, avec l'approbation du Parlement. Les chefs des libéraux, Fox et ses amis, tentèrent de s'interposer, de faire, d'une part, reconnaître la République française par l'Angleterre, et, de l'autre, de faire intervenir le gouvernement anglais pour tâcher d'obtenir la vie de Louis XVI. La Chambre des communes n'accepta, des propositions de Fox, que celle qui regardait Louis XVI ; mais Pitt n'en tint compte et ne tenta aucune démarche en faveur du prisonnier du Temple. On peut douter qu'il s'intéressât au salut du roi qui avait fait la guerre d'Amérique.

Pitt, afin de surexciter l'opinion conservatrice, fit grand bruit et des émeutes qui éclataient sur divers points de l'Angleterre, de l'Ecosse et de l'Irlande, et des complots que les Jacobins tramaient dans Londres même, et, aussi, des provocations dont retentissait la tribune française.

L'exaltation générale des esprits suscitait, en effet, dans notre Assemblée nationale, des manifestations de nature à épouvanter toutes les vieilles sociétés monarchiques ou aristocratiques. Au moment où fut proclamée la réunion de la Savoie à la France, l'évêque Grégoire avait prononcé, comme président de la Convention, des paroles menaçantes : « tous les gouvernements sont nos ennemis, tous les peuples sont nos frères ; ou nous succomberons, ou la liberté sera rendue à toutes les nations. »

Il est juste de remarquer que, de leur côté, les ministres anglais s'exprimaient souvent de la façon la plus offensante pour le gouvernement de la République française. Le ministère français, cependant, au commencement de décembre, interdit provisoirement à Dumouriez d'attaquer la Hollande. Notre ambassadeur Chauvelin, qui, depuis le 10 Août, était resté à Londres sans caractère officiel, prévint Pitt de cette résolution (27 décembre).

Un bill (une loi) du Parlement (26 décembre), très-vexatoire contre les étrangers, et d'autres mesures, telles que la défense d'exporter des blés anglais en France, qui transgressaient également les traités de commerce existant entre la France et l'Angleterre, modifièrent beaucoup chez nous ces dispositions pacifiques. Le ministre de la marine, le savant Monge, publia une violente circulaire qui préparait à la guerre maritime, et qui faisait appel aux démocrates anglais. Le ministre des affaires étrangères, Lebrun, communiqua à la Convention une note qui déclarait au cabinet anglais que l'application aux Français du bill contre les étrangers serait considérée comme la rupture du traité de commerce (30-31 décembre).

Le ministère français entreprit des négociations pour tâcher d'obtenir l'alliance des États-Unis d'Amérique (note : Les E.U. restèrent neutre et furent plutôt équivoques, à l'image de leur ministre ou ambassadeur en France, M. Gouverneur Morris).

Pitt hésitait encore. Il n'avait pu décider à un traité d'alliance l'Espagne qui, en décembre, espérait encore obtenir la vie de Louis XVI. II voyait la Russie et la Prusse préparer le second partage de la Pologne, et il était contraire à cet accroissement de ces deux puissances, non comme injuste, ce dont il se souciait peu, mais comme préjudiciable aux intérêts de l'Angleterre. Il revint à l'idée de maintenir la paix avec la France, pourvu qu'elle renonçât à ses conquêtes, surtout à la Belgique.

C'est le sens d'une note d'ailleurs assez hautaine, par laquelle le cabinet anglais répondit à la communication de Chauvelin du 27 décembre. Le ministère français répliqua en termes modérés que l'occupation de la Belgique cesserait avec la guerre, dès que les Belges auraient assuré et consolidé leur liberté (7 janvier), mais que, si ces explications n'étaient pas admises comme suffisantes et si les préparatifs hostiles continuaient dans les ports anglais, la France, avec regret, se disposerait à la guerre.

Le ministère anglais insista sur l'évacuation de la Belgique et n'accorda aucune satisfaction sur les transgressions du traité de commerce. Le 12 janvier, Brissot présenta, au nom du comité diplomatique, à la Convention, un rapport sur la conduite du gouvernement anglais envers la France. Il concluait à ce que le conseil exécutif (le ministère), dans le cas où l'Angleterre ne satisferait pas à nos griefs, prît immédiatement les mesures qu'exigeait la sûreté de la République. La Convention ordonna d'armer trente vaisseaux de ligne et d'en construire vingt-cinq.

Le ministère anglais refusa de suspendre ses armements et fit bloquer les bouches de l'Escaut par une escadre que renforcèrent des vaisseaux hollandais. Le ministère français, toutefois, sachant que notre marine n'était pas prête à la guerre, chercha encore à éviter ou à ajourner les hostilités. Le ministre des affaires étrangères, Lebrun, à l'instigation de Talleyrand, qui était alors en Angleterre, conçut le projet de rappeler de Londres Chauvelin et d'envoyer à sa place Dumouriez, aussi prêt à négocier la paix qu'à faire la conquête de la Hollande, pourvu qu'il eût le premier rôle.

Sur ces entrefaites, la nouvelle de l'exécution de Louis XVI produisit à Londres un effet terrible. Le cabinet anglais signifia à Chauvelin de quitter l'Angleterre et demanda au Parlement de nouvelles forces militaires et maritimes. »

Histoire de France depuis 1789 jusqu'à nos jours, Henri Martin,
Seconde édition, tome 1, chapitre XIV, pages 426 à 429 - Paris, 1878

_________________
"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.


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Message Publié : 26 Mai 2021 11:03 
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Inscription : 09 Nov 2005 14:28
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Comme d'hab, c'est l'Angleterre qui a pris l'initiative des hostilités. je résume :

-elle ne reconnaît pas la République.
-elle menace si la France n'applique pas le traité de commerce
-elle enjoint d'évacuer la Belgique
-elle bloque le trafic maritime sur l'Escaut
-elle renvoie Chauvelin

Par contre, elle laisse à la Convention le soin de formaliser une déclaration de guerre : j'ai bon ?


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