Prêts sur le plan militaire... J'avoue que j'aurais pris cette affirmation à la rigolade, avant d'avoir lu les mémoires d'Ollivier, ce que je viens de faire. Et pourtant, après cette lecture, je suis obligé d'en convenir : dans le format et l'état où était notre armée en 1870, elle était prête à entrer en ligne et à mener une opération offensive.
Grosso modo, notre armée de terre avait un effectif de 400 000 hommes, dont on devait retrancher les hommes en congés, les malades et autres... Ce qui fait qu'elle pouvait mettre en ligne 250 000 hommes, le 1er août et qu'après les 1ères défaites, elle se reformait encore à 250 000 hommes, voire 300 000, avec la formation de nouveaux corps, comme le 12ème et le 13ème.
Contrairement à ce qui a été soutenu par l'historiographie républicaine, nos approvisionnements, tant en munitions qu'en vivres et autres matériels, étaient suffisants. Malheureusement, il est certain qu'après les défaites du 6 août et nos retraites précipitées, beaucoup de ce qui était nécessaire tomba au pouvoir de l'ennemi. Tout avait été préparé pour une offensive en territoire allemand, et si cela ne se réalisa pas, c'est que Napoléon III fit perdre un temps précieux, en renonçant à l'organisation de deux armées et en émiettant nos forces en 7 corps indépendants (sans compter la Garde). Outre cette abolition de la volonté provoquée par sa maladie (et à l'opium qu'il prenait pour soulager ses douleurs), le choix des généraux Frossard et Failly ne fut pas heureux. Ils furent la cause directe de nos échecs à Forbach et à Woerth.
Le ministère Ollivier ne peut en être tenu pour responsable. La conduite de la guerre et de la diplomatie lui échappait, car Napoléon III se réservait la nomination des ministres de la Guerre et des Affaires étrangères. C'était une sorte de domaine réservé avant la lettre. De plus, la guerre déclarée, le gouvernement ne pouvait rien sur la conduite des opérations, Napoléon III exerçant directement le commandement sur les armées. Après le 6 août, Ollivier fit tout ce qui était en son pouvoir pour que l'Empereur se démît de ses attributions et rentrât à Paris. Mais l'impératrice-régente et les bonapartistes purs et durs s'opposèrent farouchement à cette mesure. C'est cela qui causa la chute du ministère Ollivier le 9 août 1870. La suite des évènements prouva qu'Ollivier avait raison. Et surtout, il n'eût pas le temps de prendre la mesure qui aurait sauvé l'Empire et dont le projet était prêt : interdire les journaux républicains et emprisonner les députés républicains qui agissaient déjà en factieux, se comportant en "partiote" (partisan avant tout de leur parti, néologisme forgé par Ollivier), plutôt qu'en patriote. Dès le 9 août, une motion déposée à la chambre par la gauche républicaine, réclamait la déchéance de Napoléon III et de la dynastie...
Je dois reconnaître que j'ai mal jugé Emile Ollivier, prisonnier de l'histoire officielle qui le présentait et le présente encore comme une girouette, incapable de réflexions et de volonté, prisonnier de son idéologie libérale et aveuglé par elle). Mais voilà : dans ses mémoires tardifs (1913 pour le dernier volume consacré à la guerre de 1870)), Ollivier marque au fer rouge l'attitude et le comportement des chefs républicains, les Crémieux, Ferry, Favre, Grévy, Simon, Gambetta et tutti quanti... Ils ont joué et soutenu la défaite de la France, pour éliminer une dynastie honnie à leurs yeux. Clairement et volontairement, ils se sont faits du parti de l'Etranger !!! Ils se sont tous rendus coupables de Haute-Trahison !
Au final, je suis d'accord avec Barthélémy : cette brochure anonyme n'est pas crédible !
_________________ "Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."
Napoléon.
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