Monsieur Bruno Roy-Henry
Messieurs
Bonjour,
Je suis sûr que Marchand lors de l’habillement de l’Empereur lui place bien les trois décorations.
Pourquoi cette certitude, lorsque le peintre Jean-Baptiste Mauzaisse peint le tableau en 1843, Marchand n’a pas perdu la mémoire après un tel geste, il reste à jamais gravé dans sa tête, pour ma part même 22 ans après je n’aurais rein oublié.
Napoléon à Sainte-Hélène ne porta jamais la décoration de l’Ordre de la Réunion, mais il en avait emporté avec lui dans sa cassette personnelle au nombre de ? Marchand savait très bien quand 1811 cet ordre avait était institué et de l’Empereur en été Grand Maître.
À Sainte-Hélène lorsqu’il habilla Napoléon il plaça automatiquement Ordre de la Légion d’honneur, puis Ordre de la Couronne de fer, et enfin l’Ordre de la Réunion comme sur la peinture.
Oui dans le mauvais ordre, mais Marchand la plaça comme cela car Napoléon avait toujours porté à saint Hélène que la Légion d’honneur, et la Couronne de fer, dont il lés plaçât dans cet ordre naturellement.
Barthélemy, oui vous avez raison, mais d’autres personnes mentionnées plusieurs ordres.
Je pense cet article nous donnera une autre vue sur cette question des décorations.
Extrait d’un l’article rédigé par Monsieur Jean-Christophe Palthey.
Expert en Phaléristique.
PETIT AIGLE D'OR DIT DU QUATRIÈME TYPE DE L’EMPEREUR À SAINT HÉLÈNE. .
L'ensemble de ses grands ordres pillé à l'issue de la bataille de Waterloo, l'Empereur ne disposait que des décorations qu'il portait sur lui ce funeste 18 juin 1815 et, peut-être, de quelques autres d'usage quotidien, conservées à Paris par la garde-robe (à l'exception des colliers de la Légion d'honneur et de la Toison d'or, restés chez le comte de Turenne, grand-maître de la garde-robe, et qui y demeurèrent jusqu'en 1835). Puis, ce fut l'ultime exil à Sainte-Hélène.
Nous ne savons toujours pas quelles furent les décorations emportées par Napoléon à bord du Bellérophon. Sur le tableau de Charles Locke Eastlake, Napoléon à bord du Bellérophon dans la rade de Plymouth (National Maritime Museum, Greenwich), réalisé en 1815 à partir de croquis d'après nature, il portait les réductions de ses trois ordres (peut-être celles livrées par Biennais, le 10 juin 1815).
Établir le compte et la transmission des décorations de Napoléon à Sainte-Hélène est assez difficile car il subsiste quelques zones d'ombre.
Toutefois, nous savons que l'Empereur avait légué à son fils l'ensemble de ses souvenirs « boîte, ordres, et autres objets tels qu'argenterie, lits de camp, armes, selles...», décrits dans son testament rédigé le 15 avril 1821. Les décorations figurent à l'article 12 de l'inventaire dans l'État (a): Trois boîtes d'acajou n° I, II, III, renfermant mes tabatières et autres objets (Lemaire pp. 200-201). Un inventaire détaillé de ces boîtes, rédigé par Marchand et signé par l'Empereur, est intitulé « État des boîtes que Marchand remettra à mon fils ». Après la mort de l'Empereur, ses trois exécuteurs testamentaires, Bertrand, Montholon et Marchand, le vérifièrent et le contresignèrent. Sans autres indications y figuraient quatre décorations de la Légion d'honneur, trois de la Couronne de Fer, trois de la Réunion et une grande croix de la Légion d'honneur avec cordon (les plaques étant cousues aux habits d'uniforme n'étaient pas mentionnées).
Mais, l'Autriche s'opposant obstinément à toute remise du legs de
Napoléon à son fils, les dernières volontés de l'Empereur ne purent être respectées. À la mort du duc de Reichstadt, en 1832, Madame Mère se considéra la légitime héritière de son fils et de son petit-fils. Elle fit donc rassembler l'ensemble des objets, armes et livres de Napoléon à Sainte Hélène, alors dispersés chez les trois exécuteurs testamentaires, pour être remis au général Arrighi de Casanova, duc de Padoue, son cousin. Au décès de la mère de l'Empereur, en 1836, ces biens furent partagés en six lots, tirés au sort et attribués aux frères et sœurs de
Napoléon. Chaque lot comportait des insignes de l'Empereur, répartis de la façon suivante:
Lot n° 1 - Comtesse Camerata [Napoléone Elisa Baciocchi (1806-1869): fille d'Élisa Bonaparte, décédée] 2 décorations (Réunion et Couronne de Fer) 1 morceau de ruban d'ordre
Lot n° 2 - Reine Caroline [Caroline Bonaparte (1782-1839): épouse de Joachim Murat (1767- 1815)]
Petite croix de la Légion d'honneur
Lot n° 3 - Prince Jérôme [Jérôme Bonaparte (1784-1860), roi de Westphalie] 1 décoration Couronne de Fer
Lot n° 4 - Lucien [Lucien Bonaparte (1775-1840), prince romain de Canino et Musignano] 1 Grand-Croix Légion d'honneur en or 1 petite croix Légion d'honneur 1 petite croix Réunion
Lot n° 5 - Roi Joseph [Joseph Bonaparte (1768-1844), roi d'Espagne]
Grand collier Légion d'honneur 1 couronne de fer
Lot n°6 - Comte de Saint-Leu (Prince Louis Napoléon) [Louis Napoléon (1878-1846), roi de Hollande] 1 petite décoration Légion d'honneur chevalier 1 petite décoration Réunion 1 morceau petit ruban rouge
Collier Toison d'or
Le 13 décembre 1836, trois jeux complets d'ordres furent donc partagés entre les frères et soeurs de l'Empereur. Depuis, leur trace est difficile à suivre car ils furent non seulement amalgamés à d'autres ordres de l'Empereur, reçus précédemment, mais aussi à leurs propres insignes, en tout point similaires. Joseph fit remettre aux Invalides le collier de la Légion d'honneur et un insigne de grand aigle de Napoléon (ne provenant pas du partage de 1836, à moins que ce soit celui du lot de Lucien). L'impératrice Eugénie rendit à l'Espagne les colliers de la
Toison d'or de Napoléon Ier, de Napoléon III et du Prince Impérial. Le prince Napoléon céda à la France, en 1979, de très nombreux souvenirs (certains provenant de la princesse de la Moskowa dont il avait hérité), parmi lesquels quelques insignes d'ordres attribués à l'Empereur, dont un insigne de grand aigle sans couronne aujourd'hui au musée napoléonien du château de Fontainebleau; mais peu venaient avec certitude du partage de 1836.
Cet aigle d'or fut conservé telle une précieuse relique, enfermé dans une custode enchâssée dans un cadre avec ses attestations de provenance authentique. Considérant l'ascendance de la princesse
Bonaparte puis de la Moskowa, il est vraisemblable que ce soit « La petite croix » qui échut en partage à Lucien Bonaparte (voir Lot n°4, ci-dessus). Elle serait donc l'une des ultimes étoiles de la Légion d'honneur portée par son fondateur à Sainte-Hélène, et ainsi la plus chargée d'histoire.
Provenance reconstituée d'après les documents manuscrits accompagnant l'aigle d'or:
- Empereur Napoléon Ier (1769-1821), d'environ 1809-1815 à 1821,
- Exécuteurs testamentaires de l'Empereur, de 1821 à 1832,
- Maria Letizia Ramolino-Bonaparte (1750-1836), mère de l'Empereur, de 1832 à 1836,
- Lucien Bonaparte (1775-1840), frère cadet de l'Empereur, prince romain de Canino et Musignano, de 1836 à 1840,
- Charles Lucien Bonaparte (1803-1857), fils aîné du second mariage du précédent, 2è prince de Canino et Musignano, de 1840 à 1857,
- Joseph Lucien Charles Napoléon Bonaparte (1824-1865), fils aîné du précédent, 3è prince de Canino et Musignano, de 1857 à 1865, sans postérité,
- Lucien Louis Joseph Napoléon cardinal Bonaparte (1828-1895), frère cadet du précédent, 4è prince de Canino et Musignano, de 1865 à 1895, sans postérité,
- Napoléon Charles Grégoire Bonaparte (1839-1899), le plus jeune frère des deux précédents, 5è prince de Canino et Musignano, de 1895 à 1899,
- Eugénie Laetitia Bonaparte (1872-1949), princesse de la Moskowa, fille cadette du précédent (ses deux soeurs aînées décédées sans postérité), divorcée en 1903 et sans postérité, de 1899 à environ 1918,
- Paul Julien Granier de Cassagnac (1880-1966), d'environ 1918 jusqu'à une date inconnue,
- Gustave Gounouilhou (1897-1943), d'une date inconnue après 1918 jusqu'à 1943,
- Par descendance et alliance depuis 1943.
Notices biographiques:
La princesse Eugénie Laetitia Bonaparte (1872-1949) était la fille de
Napoléon Charles Bonaparte (1839-1899), 5è prince romain de Canino et Musignano, petit-fils de deux frères de l'Empereur Napoléon (1769- 1821). Son grand-père paternel, Charles Lucien Bonaparte (1803- 1857), 2e prince de Canino et Musignano, fils du frère puîné de
Napoléon, Lucien Bonaparte (1775-1840) prince de Canino et
Musignano, avait en effet épousé en 1822 Zénaïde Bonaparte (1801- 1854), fille de Joseph Bonaparte (1768-1844), roi d'Espagne et frère aîné de l'Empereur. Eugénie Laetitia épousa, en 1898, Léon Napoléon
Louis Michel Ney (1870-1928), 4è prince de la Moskowa, dont elle divorça sans postérité en 1903. Par sa double ascendance Bonaparte, elle avait hérité de nombreux et importants souvenirs de l'épopée impériale dont: « Le Premier Consul franchissant les Alpes au col du
Grand-Saint-Bernard » par Jacques-Louis David, qu'elle légua au château de la Malmaison, en 1949, avec une tabatière provenant du lot du roi Joseph lors du partage de 1836. Elle disposa assez librement de ses précieux souvenirs auprès de sa famille et de quelques proches (comme sa nièce par alliance, la princesse Alexandre Murat, 1894- 1961, née Yvonne Gillois).
Paul Julien Granier de Cassagnac (1880-1966) était petit-fils et fils des publicistes et députés Bernard Adolphe Granier de Cassagnac (1806-1880) et Paul Granier de Cassagnac (1842-1904). Il suivit brillamment leurs traces, notamment celles de son père, le bouillonnant journaliste bonapartiste. À la mort prématurée de celui-ci, il reprit avec son jeune frère Guy (qui mourra au combat en 1914) la tête du journal bonapartiste « L'Autorité », fondé par leur père en 1886. Cultivant volontiers la polémique, il fut comme son père un duelliste réputé et il croisa notamment le fer, en 1912, avec Charles Maurras (le duel fut alors filmé par Gaumont). Il participa à la Grande Guerre en tant qu'officier de réserve. Blessé dès septembre 1914, il fut cité à l'ordre de l'Armée et décoré de la Légion d'honneur. Il termina la guerre avec le grade de capitaine. Il fut élu député du Gers de 1919 à 1924. Il put ensuite, parallèlement à sa carrière d'avocat, publier quelques ouvrages engagés dont, en 1933, « Faites une Constitution ou faites un chef » et « Napoléon pacifiste », et un essai sur le duel, en 1936, « Allez, messieurs ». En 1939, il fut affecté au secteur du fort de
Douaumont, comme colonel de réserve, fut fait prisonnier et interné à l'Oflag VI où il apprit sa promotion au grade d'officier de la Légion d'honneur.
Gustave Gounouilhou (1897-1943), également issu d'une grande famille bordelaise de publicistes, fut journaliste et dirigea avec son frère aîné Marcel Gounouilhou (1882-1939), colistier de Paul de
Cassagnac aux législatives de 1919, « La Petite Gironde », journal républicain libéral fondé en 1872 par leur grand-père Gustave Élie
Gounouilhou (1821-1912). Engagé volontaire en 1914, capitaine de réserve en 1939, prisonnier de guerre, il s'évada de la prison de
Sarrebourg en août 1940 et rejoignit la France Libre à Londres. Promu lieutenant-colonel, il fut envoyé en 1942 en mission de propagande en
Amérique Latine, puis au Canada afin de faire basculer l'opinion publique du côté du général de Gaulle. Il mourut en service commandé en Algérie le 10 novembre 1943 lors d'un accident d'avion.
Sources consultées:
DION-TENENBAUM Anne, Les insignes de la Légion d'honneur sous le
Premier Empire, in La Phalère, Revue européenne d'histoire des ordres et décorations, n°1, Paris, 2000.
DUCOURTIAL-REY Claude, Les décorations portées par Napoléon dans son tombeau, in Souvenir Napoléonien, n°279, janvier 1975.
LEMAIRE Bâtonnier Jean, Le testament de Napoléon, Plon, 1975.
MASSON Frédéric, Napoléon chez lui, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris s.d. [1894].
MAZE-SENCIER Alphonse, Les fournisseurs de Napoléon Ier et de deux impératrices, Henri Laurens, Paris, 1893.
TULARD Jean (sous la direction de), La berline de Napoléon, le mystère du butin de Waterloo, Albin Michel, 2012.
WODEY Laurence, L'insigne de l'honneur, de la légion à l'étoile, Société des amis du Musée national de la Légion d'honneur et des ordres de chevalerie, Paris, 2005.
Jean-Christophe Palthey.
1 Grand collier Légion d'honneur (comte de Turenne).
1 Grand-Croix Légion d'honneur en or.
0 L’Ordre de la Légion d’honneur.
1 + 1 + 1 (chevalier) l’Ordre de la Légion d’honneur, (petite).
1 morceau petit ruban rouge
1 Collier Toison d'or, (comte de Turenne).
1+ l’Ordre Impérial de la Réunion.
1 + 1 + l’Ordre Impérial de la Réunion, (petite)
1 + 1 + 1 + l’Ordre Royal de la Couronne de fer.
0 L’Ordre Royal de la Couronne de fer, (petite).
Louis Barral.