Bruno Roy-Henry
Historien
A
Thierry Lentz
Directeur Général
de la Fondation Napoléon
Cher Monsieur,
Je me permets de vous contacter à propos du morceau de peau, prélevé sur le visage de l'exhumé passant pour Napoléon, en 1840.
Aux Invalides, il est exposé dans la vitrine consacrée au Retour des Cendres, salle Bugeaud. On peut lire au-dessus l'étiquette suivante:
"Morceau d'épiderme détaché du visage de l'Empereur"
Ref: 05673
Par courrier du 30 avril 2001, le Lieutenant-Colonel Chaduc (Conservateur du département 1789-1871) m'a confirmé l'authenticité de ce prélèvement:
"Le morceau d'épiderme du visage de Napoléon 1er a été prélevé par le docteur Guillard lors de l'exhumation de l'empereur en 1840. Par la suite, l'empereur Napoléon III en a fait don à son écuyer, Firmin Rainbeaux. Un descendant de celui-ci, Félix Rainbeaux, en a fait don au musée de l'Armée en 1936."
Je suppose que la mèche "de Bovis" a été également prélevée par le docteur Guillard (cf. mon article dans le n°de juin 2001 de la revue Historia).
Celle-ci a la particularité de ressembler en tout point aux poils (sourcils et cheveux) collés et pris dans la cire du masque "Noverraz", identique (mais plus précis) au masque Antommarchi. Détail qui a son importance, ces poils ne contiennent pas d'arsenic (pas plus que la dose naturelle).
Un autre fragment de cette mèche est détenue par le président d'une association napoléonienne du nord de la France qui l'a confié pour examen à Ben Weider.
Ce dernier a reconnu qu'elle était totalement différente des cheveux de Napoléon dont il s'est servi pour ses analyses. Les cheveux présumés de l'empereur, confiés à Ben Weider, sont -en effet- plus souples, plus fins et de couleur châtain-claire. Et cet autre morceau de la mèche "de Bovis" ne contient qu'une dose très faible d'arsenic: le taux "naturel". (contrairement aux cheveux utilisés par Weider)!
Ceci étant, en dehors de cette mèche de cheveux, l'échantillon conservé et exposé aux Invalides devrait permettre de réaliser un test Adn, en le comparant à celui prélevé dans la salive des descendantes de Caroline Bonaparte (en ligne féminine).
Ainsi serait réalisé le voeu de Jean Tulard, qui -dès le départ- souhaitait éviter toute polémique en ayant recours aux analyses scientifiques. Et ceci permettrait d'éviter l'ouverture du cercueil de porphyre.
Si le test révèle une parenté entre l'ADN de cet échantillon et celui des descendantes de Caroline, cette affaire sera close définitivement.
Je vous prie de bien vouloir m'indiquer votre position sur cette question et si vous estimez que la fondation Napoléon pourrait appuyer ma démarche auprès du Musée de l'Armée pour obtenir les autorisations nécessaires.
Bien sincèrement.
Bruno Roy-Henry
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