Pierre Bar s'engage finalement dans la critique de notre texte, et tout d'abord, dans ce qui est attesté (en gras).
Citer :
le jeune peintre Rubidge s'embarqua opportunément avec la famille de son frère qui émigrait vers l'Afrique du Sud
J'ai déjà souligné que le terme "opportunément" dans cette phrase ne pouvait être considéré comme "attesté sur le plan historique". Pour le reste, le fait que le peintre Rubidge ait embarqué avec la famille de son frère vers l'Afrique du Sud ne prouve en rien qu'il était envoyé à Sainte-Hélène pour réaliser une mission secrète. Cela mettrait plutôt en lumière qu'il s'est trouvé à Sainte-Hélène au moment de la mort de Napoléon par un concours de circonstances que personne n'aurait pu prévoir. Quant au fait que Rubidge aurait été "le dernier favori en cour", la non-mise en gras de cette partie du texte laisse penser que ce n'est pas attesté sur le plan historique, mais simplement sorti de l'imagination de BRH à laquelle il a lâché la bride depuis la publication de son livre où il se montrait beaucoup plus prudent dans ses affirmations, citant les passages imaginaires de Rétif quand il n'avait pas d'autres sources.
En fait, ce n'était que son demi-frère. Il est étrange de voir une telle fraternité, au point d'envisager de se rendre aux antipodes (quasiment, pour l'époque, l'Afrique du Sud étant assez éloignée de l'Angleterre), alors que le jeune peintre bénéficiait de la faveur royale. Dernier favori en cour, ceci est bien attesté, notamment dans l'ouvrage de Steven Parissien. Mais peut-être voulait-il fuir cette prédilection royale pour sa personne ? En ce cas, pourquoi revenir illico de Sainte-Hélène, en prenant place à toute force sur le Camel ?
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BRH a écrit:
auxquels Rubidge se joignit opportunément
"Opportunément", encore une fois. Il n'y a par ailleurs rien de vraiment anormal au fait que Rubidge décide de retourner en Angleterre après la mort de Napoléon dont la présence à Sainte-Hélène l'avait peut-être décidé à suspendre son voyage vers l'Afrique du Sud.
Vraiment ? Renoncer à suivre son frère, en Afrique du Sud, pour prendre un sketch de Napoléon sur son lit de mort (et on se demande comment Rubidge pouvait être sûr d'accéder au gisant impérial) et se dépêcher ensuite de retourner en Angleterre, certainement pour se faire pardonner du gros George, de l'avoir quitté si précipitamment... Il est vrai que Rubidge s'était lié d'amitié avec Antomarchi, nous dit-on ! C'est une fable pour les enfants.
Citer :
BRH a écrit:
le Camel fut bord à bord avec le yacht royal qui croisait dans les parages par un pur hasard
La mention "par un pur hasard" n'est, comme les adverbes "opportunément", pas vraiment à sa place dans une phrase qui serait "attestée sur le plan historique".
De cet événement, peut-être historiquement attesté, BRH veut déduire que l'on aurait transbordé les cercueils contenant le corps de Napoléon rapportés secrètement dans les tréfonds du Camel. Cette hypothèse relève cependant du mauvais roman. En effet, ramener en Angleterre le corps de Napoléon dans le même bateau que ses compagnons d'exil aurait été l'idée la plus stupide qu'auraient pu avoir des comploteurs qui auraient voulu ravir le corps de l'empereur des Français à l'insu de tout le monde. Le risque qu'un des passagers découvre la présence des cercueils sur le navire pendant un voyage de plusieurs semaines et surtout l'impossibilité de transborder discrètement en pleine mer d'un navire à l'autre ces cercueils qui pèsent plusieurs centaines de kilos auraient amené toute personne ayant un minimum de bon sens à choisir de ramener ces cercueils sur un autre navire. Mais apparemment BRH est tout à fait incapable de se mettre dans la tête des Anglais pour lesquels il n'a que haine et mépris.
Pur hasard, c'est ce qu'écrivent les historiens officiels et quelques légalistes. Mais, en effet, ce pur hasard n'est pas vraiment attesté sur le plan historique, même si certains ne veulent y voir qu'une pure coïncidence. Mais Antomarchi relate que le Camel fut accueilli par une véritable parade navale et que le yacht du roi défila avec toute une flottille à sa suite, devant le Camel, comme pour lui rendre les honneurs. Antomarchi fut certainement enchanté qu'on lui accorde une telle importance ! A moins que ce ne fut pour Madame Bertrand, dont les aides de camp du roi vinrent prendre des nouvelles, tout en saluant les exilés et en prenant les informations les plus précises sur les circonstances du décès de l'Empereur. Et comme personne n'en a rien dit, il est probable qu'ils ne songèrent même pas à questionner le jeune Rubidge (qui n'était là que par hasard, si l'on suit les raisonnements spécieux de l'universitaire belge). Quant à savoir si vraiment il eut été plus rationnel de disposer le cercueil secret sur un autre navire, il n'aurait pu être que l'un des bâtiments de la Royal Navy. Rappelons simplement que notre hypothèse est basée sur l'ignorance des ministres anglais du bon plaisir de leur roi... Et l'on n'embarquait certainement pas n'importe quoi sur un navire de Sa Gracieuse Majesté, sans un sévère contrôle. Quoi de mieux pour brouiller les pistes que d'embarquer le cercueil avec les Français ? Antomarchi conte comment le capitaine était pressé de lever l'ancre et surtout d'arriver... Enfin, nous ne voyons pas comment nier la présence de George IV, relatée par Antomarchi, Marchand et Saint-Denis.
Pour la haine et le mépris envers les Anglais, cela dépend : pour ceux du passé et notamment de l'oligarchie qui tenait l'Angleterre, je confirme : cela ne fait aucun doute !
Citer :
BRH a écrit:
Royal Lodge, en cours d'aménagement
En fait, il y a eu des travaux au Royal Lodge en 1792, 1812, 1825 et après 1830. Pas d'indications en revanche pour 1821 ou 1822
.
S'il y a eu des travaux en 1812, puis en 1825, c'est bien que le réaménagement n'était pas terminé... Pour les détails, il faudra demander à François...
Citer :
BRH a écrit:
à savoir les principaux dandys de Londres, dont le fameux Brummell
Voici ce qu'on peut lire sur Wikipédia :
Citation:
Le 16 mai 1816, criblé de dettes, il quitte Londres pour rejoindre Douvres d'où il prend un bateau pour Calais, afin d’échapper à la prison pour dettes à la suite de la demande de paiement intégral des milliers de livres qu’il devait à ses créanciers qui le harcelaient.
A l'hiver 1822, Brummell avait donc déjà dû s'exiler en France. Il est donc "attesté sur le plan historique" que le fait que Brummell aurait été convié à venir jouir du spectacle de Napoléon empaillé sous un globe en verre au Royal Lodge en 1822 est faux.
Il n'est pas attesté que Brummell ne soit jamais revenu en Angleterre, de 1816 à 1822. Le bras de mer entre Calais et Douvres n'est pas si large.
Citer :
BRH a écrit:
Le secrétaire privé du roi, le colonel MacMahon, fit les frais de cet agrément : son poste fut supprimé !
Non attesté historiquement également que le secrétaire privé du roi aurait fait les frais d'un agrément puisque cet agrément n'est pas attesté sur le plan historique.
Ce qui est attesté, c'est que ce poste fut supprimé (après des négociations difficiles avec George IV).
Citer :
BRH a écrit:
Ce gêneur disparût en août 1822
Castlereagh se suicide effectivement en août 1822 en se tranchant la gorge avec un coupe-papier, mais rien ne permet de conclure qu'on l'aurait poussé au suicide parce qu'il aurait gêné le gouvernement.
Suicide qui ne laisse pas d'être curieux. Il fut avancé qu'il avait un dérangement au cerveau. Mais rien de probant. Alors, des craintes de poursuites pour homosexualité, motif très recevable aujourd'hui. Etait-ce des relations "coupables" avec le jeune Rubidge ? Bref, le nom des amants du Lord ne sont pas vraiment attestés. Et si tous les lords avaient dû se suicider pour homosexualité, la chambre d'iceux aurait été fort dépeuplé. Comme cela paraît un peu léger, son impopularité fut mise en avant, comme si le ministre chargé des relations étrangères pouvait être le plus impopulaire du cabinet. Le fait est qu'on l'a retrouvé la gorge tranchée avec un coupe-papier dans la main, mais sans lettre pour expliquer son geste fatal... Ce qui laissa son entourage dans l'incompréhension.
Citer :
BRH a écrit:
O'Meara avait bien fait savoir que les Français comptaient faire d'un masque mortuaire de Cipriani le masque officiel de Napoléon.
"Attesté sur le plan historique" par le récit imaginaire de Rétif.
Récit, oui ; "imaginaire", c'est ce que Pierre Bar s'ingénie à proclamer et à démontrer (avec plus de succès pour la 1ère démarche que la seconde).
Citer :
BRH a écrit:
Ce dernier consentit à lui présenter le masque destiné à illustrer les traits du Grand Homme. Un journal belge publia même la nouvelle.
Un "journal belge" en 1825 ? C'est quoi ça ? Un anachronisme ! C'est en 1830 que la Belgique devient indépendante. Il n'existe donc pas de "journaux belges" avant cette date.
C'est vite dit, à moins d'interdire d'écrire "un journal de Belgique" ? La Belgique, bien que rattachée au royaume des Pays-Bas, bénéficiait cependant d'une appellation géographique reconnue... Donc, l'aphorisme fait un peu mesquin !
Citer :
BRH a écrit:
O'Meara s'embarqua officiellement pour gagner Calcutta, où il devait visiter un membre de sa famille installé en Inde
L'escale à Sainte-Hélène était-elle obligatoire pour tous les navires anglais en partance pour l'Inde ?
Oui, c'était obligatoire pour faire de l'eau. Mais la question ne se pose pas, puisque O'Meara amènera à Calcutta des boutures de plantes de Sainte-Hélène...
Citer :
BRH a écrit:
les éléments de l'uniforme de Napoléon dont les Prussiens s'étaient emparés à Waterloo
"Dont les Prussiens s'étaient emparés", pas les Anglais
Notre historien du we a oublié que les Prussiens en firent don à George IV !
Citer :
BRH a écrit:
Lui aussi disparût opportunément
George Canning remplaça Lord Liverpool comme premier ministre le 10 avril 1827 et mourut le 8 août de la même année d'une pneumonie (une intervention "opportune" de la Providence en faveur des auteurs de la substitution ?). Son successeur est Frederick John Robinson qui resta premier ministre jusqu'au 21 janvier 1828, date à laquelle Wellington lui succéda comme premier ministre. Il faut donc une bonne dose d'imagination pour voir quelque chose d'opportun dans ces successions et pour y voir la main de Lord Liverpool, décédé lui-même le 4 décembre 1828 (opportunément ?).
pneumonie ou botulisme ? Les causes de la mort ne paraissent pas vraiment tranchées. En tout cas, elles furent discutés ; tout comme le bon vouloir de Liverpool. Etait-ce seulement une rivalité personnelle ? Ce qui est certain, c'est que les ordres durent être donnés avant l'éviction de Liverpool. En tout cas, O'Meara s'embarqua avant le 10 avril 1827.
Citer :
BRH a écrit:
Plus tard, Rubidge et Brummell payèrent de leur vie leur propension à trop bavarder, ainsi que d'autres serviteurs de George IV
Suite à la remarque que j'avais faite sur l'étrange délai écoulé entre les soi-disant bavardages de Brummell et sa mort qui aurait été le prix à payer pour sa "propension à trop bavarder", BRH a complété son texte par la parenthèse suivante plus proche de la réalité historique :
Citation:
En fait, Brummell fut contraint de quitter l'Angleterre, puis fut appointé par Guillaume IV comme consul à Caen, où il finit misérablement sa vie en 1840.
Non, ce n'est pas exact. Cet ajout est antérieur. Ce qui ne le fut pas, c'est la transcription encore plus succincte en anglais...
Citer :
Pour son malheur, il n'a pas vérifié en même temps la date à laquelle Brummell avait été contrainte de quitter l'Angleterre : 1816, comme indiqué précédemment. Date qui invalide sa théorie d'un exil contraint par le fait d'avoir trop parlé. On ne peut en effet être contraint à l'exil en 1816 pour avoir trop parlé en 1822.
Déjà répondu sur la période 1816/1822. Brummell aurait bien pu revenir de temps à autre en Angleterre, incognito. Jusque-là nous n'en avons pas trouvé trace, mais ce n'était pas une raison suffisante pour différer la publication du texte.
Citer :
BRH a écrit:
Le sergent John Young, du régiment de Sainte-Hélène montait la garde auprès de la "tombe de Bonaparte", de 1821 à 1840. Il transmit à l'un de ses fils le récit des exhumations suspectes et plus tard son arrière petit-fils, le réalisateur Terence Young raconta que sa grand-mère, dans les années 1920, l'avait emmené à Westminster, dans un coin reculé, en lui indiquant que sous leurs pieds, reposait la grand Napoléon. Il crût qu'elle était folle, jusqu'à sa rencontre avec Georges Rétif de la Bretonne.
Cette anecdote "attestée sur le plan historique" s'est étrangement enrichie au fil des années. Lors de son passage à la télévision pour la présentation du film "Monsieur N.", BRH se contentait de raconter que la grand-mère de Terence Young lui avait montré la tombe de Napoléon à Westminster et il était resté sans voix quand Jean Tulard lui avait répondu qu'elle était gâteuse. Ce n'est semble-t-il que par la suite qu'un lien a été établi avec un sergent Young qui aurait monté la garde auprès de la tombe de Napoléon, mais sans vraiment réfléchir au fait que la grand-mère de Terence Young ne pouvait pas avoir de lien de parenté direct avec un sergent Young, n'étant pas elle-même une Young par son ascendance mais uniquement par alliance (ce qui n'est d'ailleurs même pas certain car il n'a jamais été précisé s'il s'agissait de la grand-mère paternelle ou de la grand-mère maternelle de Terence Young).
La précision selon laquelle le sergent Young aurait transmis à l'un de ses fils le récit des "exhumations suspectes" est également un ajout postérieur qui ne correspond pas à ce que Terence Young avait pu dire à Rétif.
Il n'était pas non plus question à l'origine que le jeune Terence Young avait conclu que sa grand-mère était folle, mais peut-être du fond de sa tombe avait-il commencé à douter après avoir entendu la réponse de Jean Tulard.
Là, on a du mal à suivre... L'interprétation de l'émission sur la Cinq avec Guillaume Durand, par Pierre Bar, a toujours été pernicieuse. il m'avait félicité à l'époque pour mon rôle de faire-valoir, s'esclaffant que j'avais été la dupe de Tulard... Mais il omettait de signaler que M. Durand n'avait cessé de me couper la parole et d'orienter les débats dans un sens défavorable à ma thèse. Il est vrai que M. Bar a une grande pratique des émissions télévisées, surtout en Belgique : ce doit être une vedette là-bas...
Pour le reste, une recherche rapide dans ce forum devrait lui démontrer l'inanité de ses assertions. Tous les renseignements sur John et Terence Young proviennent du journal de Rétif. Je n'ai fait que les vérifier à mesure. Il est vrai qu'il en a douté fort longtemps, jusqu'à la publication d'une dédicace de Rétif à Terence Young. Viendrait-il aujourd'hui prétendre que Luc Meaux en a menti ? Dans ce cas, il lui faudra aussi accuser sa comparse, Mlle CC...
Cette partie sera évidemment la plus développée. L'autre ne devant pas faire discussion, puisqu'il s'agit d'une suite de déductions (ou d'inductions). Mais elle pourrait être intéressante si M. Bar nous déniche une impossibilité absolue pour notre hypothèse...