Translation des cendres (sic) de l'Empereur Napoléon 1er de la Chapelle Saint-Jérôme dans son tombeau aux Invalides. (630 - 159 barré - f.45)
"Dans les derniers jours de mars 1862 (sic) (1) le bruit courut que la translation des cendres de l'Empereur Napoléon 1er allait avoir lieu et que sa dépouille mortelle allait être renfermée dans le magnifique mausolée élevé sous le Dôme de l'Eglise des Invalides au milieu de ceux qui furent ses compagnons d'armes, et sur les bords de la Seine, comme il en avait exprimé le désir dans son testament de Sainte-Hélène.
L'Empereur devant présider cette pieuse cérémonie et le petit nombre des invités dont on citait les noms ne permettait pas d'avoir la pensée d'être appelé à l'honneur d'y assister, la veille au soir seulement, je reçus de monsieur le duc de Bassano l'invitation de m'y rendre par ordre de l'Empereur. Je fus très sensible à ce souvenir de sa majesté que depuis nombre d'années je n'avais pas eu l'honneur d'approcher. Le 2 avril je me rendis par la cour Vauban comme il me l'était indiqué au dôme de l'Hôtel, quelques officiers de la maison d'honneur de l'Empereur faisaient accélérer les travaux, on mettait la dernière main à un plancher incliné qui permettait de conduire le cercueil de l'Empereur du pied de l'escalier de la crypte, au niveau du sarcophage de granite lieu de la sépulture. La crypte tendue de drap noir rehaussé des armes impériales brodé (?) d'or sur fond d'hermine était comme le dôme disposée pour cette cérémonie. à droite en entrent des sièges près de la crypte faisant face au monument de Turenne étaient disposés pour leurs majestés. Tous ces préparatifs terminés, les cent gardes qui devaient former la haye (sic) sur le terre-plein du dôme furent chargé (sic) de faire sortir toutes les personnes qui s'y trouvaient, n'étant point sous l'uniforme, j'étais comme les autres invité à sortir, si le grand ministre des cérémonies ne fut intervenu pour dire que j'étais invité.
(f-46) Bientôt, je me vis le seul excepté de l'ordre donné, et je restai avec quelques officiers de la maison de l'Empereur, attendant l'arrivée de leurs Majestés.
Monseigneur le Cardinal-archevêque de Paris suivis (sic) du clergé de l'hôtel arriva sous le dôme et fut s'installé (sic) à l'autel élevé pour cette solennité sous le monument de Vauban faisant face à l'emplacement où devait s'asseoir la Famille Impériale, arrivèrent ensuite les maréchaux Magnan, Randon et Vaillant, le grand chancelier de la Légion d'honneur le commandant en chef de la garde nationale (2) qui avec la maison de l'Empereur furent les seules personnes convoquées à cette cérémonie. Le gouverneur des Invalides suivit (sic) d'un nombreux état-major vint se placer sur le péron (sic) de l'escalier et tous attendirent l'arrivée de l'Empereur. Les invalides ayant pour armes une lance ornée d'un petit drapeau-----------------------------------formaient la haye (sic) de la porte d'entrée de la grande grille jusqu'à celle de l'église.
Leurs Majestés à leur arrivée furent reçus par le gouverneur à la première marche de l'escalier et par lui conduites aux places préparées pour elles, ayant entre-eux le Prince Impérial les princes Napoléon à droite et le Prince murat (sic) à gauche de l'Impératrice, les invités placés selon leurs rangs sur les côtés ou derrière. J'étais à quelques pas de ce groupe lorsque Monsieur le Duc de Cambacérès vint me dire de m'y joindre l'Empereur à sa place, la cérémonie religieuse commença, les petites Vespres des morts se dirent et après l'absoute et la bénédiction donnée, l'Empereur revint pour sortir par la porte Vauban et s'arrêta avant de la franchir. J'étais allé à cette pieuse solennité sans préoccupation personnelle. J'avais salué l'Empereur à son arrivée, je venais de le saluer à son départ et je ne me doutais pas le moins du monde que ce moment d'arrêt pouvait me concerner lorsque monsieur le comte
(632-161 barré-f.47) Waleski (sic) vint à moi et me dit : l'Empereur vous demande, je m'approchai aussitôt de sa majesté qui me donna la main affectueusement en me disant l'Impératrice désire, que vous lui soyez présenté. Je m'approchai de l'Impératrice qui était à quelques pas de de (sic) l'Empereur tenant son fils par la main. Je saluai profondément l'un et l'autre, elle me fit l'honneur de me dire, qu'elle connaissait mon dévouement à l'Empereur et combien mes soins avaient été appréciés de lui dans sa captivité (3). Je lui répondis que j'étais touché des paroles qu'elle voulait bien m'adresser, et non moins heureux qu'elle eut permis que je lui fusse présenté. Je me retirai en la saluant avec le même respect, monsieur le Comte Waleski (sic) s'approcha de moi et me dit : l'Empereur me charge de vous dire qu'il vous nomme officier de la légion d'honneur, allez le remercier. Je m'approchai de nouveau de l'Empereur en lui disant, Sire mon émotion dit tous mes remerciements à Votre Majesté ; il me tendit la main avec un sourire de bienveillance et quitta le dôme pour entrer dans la cour Vauban ou (sic) il décora quelques vieux militaires et quelques officiers de l'hôtel, débris de la Révolution et de l'Empire qui accompagnèrent son départ [sa bénédiction ?](4).
Cette petite scène qui un moment avait arrêté la sortie de l'Empereur avait été vue et entendue de toutes les personnes qui accompagnaient l'Empereur, et toutes vinrent me complimenter sur l'heureux à-propos de Sa Majesté de m'avoir nommé officier de la Légion d'honneur dans cette imposante solennité. (gratté) Le même jour le général d'Ornano gouverneur des Invalides était fait maréchal de France.
Le lendemain de cette journée le Prince Joachim vint chez moi, de la part de l'Impératrice pour me dire que dans l'avenir sa majesté m'invitait à ses petites soirées et de me rendre (f.48) à 9 heures à la première qui était à quelques jours de là. Le mardi suivant, je me présentais à 9 heures du soir chez leurs Majestés, arrivé dans le salon, je trouvai l'Empereur causant avec le Prince Napoléon, le service debout à distance, l'Impératrice dans un petit salon attenant s'entretenait avec la Princesse Mathilde." (note : s'ensuit la description des deux ou trois autres soirées chez Napoléon III et la présentation au petit Prince Impérial)."
1- Marchand commet une erreur incroyable en transcrivant "1862" pour 1861. Preuve que ces lignes furent traçées à un moment où ses facultés intellectuelles allaient en diminuant. 2- Le commandant de la garde nationale était malade (il est possible que son second l'ait représenté). 3- Ce passage est énigmatique : il doit s'appliquer à l'exil de Sainte-Hélène et à Napoléon 1er. Cependant, d'autres extraits pourraient laisser penser que Marchand aurait repris du service auprès de Louis-Napoléon Bonaparte durant sa captivité au fort de Ham. Stricto sensu, Napoléon n'était pas prisonnier à Sainte-Hélène, mais assigné à résidence dans cette lointaine colonie, en exil. Je n'ai pas eu le temps de vérifier cette possibilité... 4- Expression difficile à déchiffrer, qui arrive en bout de page, sans lien précis avec le reste de la phrase.
_________________ "Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."
Napoléon.
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