Napoléon est-il aux Invalides ?
Au 4ème étage d'un immeuble ancien du XVème arrondissement dans le quartier de la Convention, une antichambre meublée d'un petit bar moderne ; sous un tableau représentant la mort de Napoléon, les hôtes de cet appartement étrange sablent le champagne à la mémoire de l'Empereur avant de pénétrer dans le sanctuaire : le bureau du maître de céans.
Un univers napoléonien est reconstitué avec la vérité que donnent les objets de l'époque. Le lit de fer dans lequel mourut l'Empereur, le 5 mai 1821, à Sainte-Hélène, l'épée, celle d'Austerlitz, est là, simple et nue, sur un coussin, au milieu du lit. Le chapeau qu'il laissa à Fontainebleau, le sabre qu'il brandit au pied des pyramides, sa tabatière, le dernier livre qu'il lut, son couteau...
Un cadavre trop long
Par un curieux phénomène de mimétisme, les deux hommes, le père et le fils, qui hantent ce cadre mystérieux, bourré de reliques, ressemblent à leur idole. Le père, un sexagénaire solide et cordial, évoque Napoléon dans la force de l'âge, celui des Cent-jours. Quant à son fils Georges, âgé de 39 ans, c'est le portrait frappant du Bonaparte d'Arcole et de Marengo. Cheveux noirs, mèche plaquée sur un front élevé, encadrent un visage mince et énergique. En outre, ils descendent en droite ligne de Nicolas Edmé Restif de la Bretonne, le célèbre écrivain, contemporain de Napoléon, auteur de 284 volumes renfermant de précieux documents sur l'histoire sociale de son époque. Eux, les Restif d'aujourd'hui, lancent une "bombe historique". Georges contemple un plâtre du buste de Napoléon, par Houdon, qui règne sur la bibliothèque et s'écrie :
"Non, ce n'est pas le corps de Napoléon qui repose aux Invalides. L'imposant tombeau de porphyre devant lequel tant de millions de visiteurs se sont inclinés avec respect n'abrite que la dépouille d'un simple maître d'hôtel de l'Empereur... Quant aux restes de Napoléon, ils sont enfouis sous une dalle anonyme dans la crypte de l'abbaye de Westminster. Les preuves abondent. Il suffit de confronter les rapports établis lors de l'enterrement et ceux faits pour l'exhumation, le 15 octobre 1840, 19 ans après."
Marchand, premier valet de chambre de l'Empereur, fit lui-même le procès-verbal d'habillement du cadavre : "Napoléon fut revêtu d'une chemise, d'un caleçon, de son gilet de flanelle. On lui mit des bas de soie.... Il fut botté, décoré de la Légion d'Honneur, de la couronne de fer autrichienne (sic), de l'Ordre hollandais de la Réunion (?) et mis dans un triple cercueil de fer, plomb et acajou".
Georges Rétif de la Bretonne continue son enquête policière : "cette description ne concorde pas avec les dessins pris à Sainte-Hélène, ni avec le rapport d'exhumation, dressé par le comte de Rohan-Chabot. Lorsqu'on ouvrit le cercueil (quadruple cette fois !) le Grand ordre de la Réunion avait disparu, le chapeau n'avait plus de cocarde, on voyait les pieds nus dépourvues de bottes. De plus le corps était trop grand pour le cercueil. Les jambes avaient été pliées pour le faire entrer.
Pour moi, cela ne fait aucun doute. C'est le corps de Francesci Cipriani, maître d'hôtel de l'Empereur, enterré au même endroit, qui a été substitué à celui de Napoléon en 1828."
LA PLUS GRANDE SUPERCHERIE DE L'HISTOIRE
Ce Francesci Cipriani, Corse d'Ajaccio est un camarade d'enfance de Napoléon. S'il a demandé à le rejoindre à Sainte-Hélène, c'était moins pour le servir que pour devenir agent de renseignement des Anglais. Quand il est découvert par les fidèles de l"'Empereur, il se suicide.
Les Anglais, aux dires de Restif, en profitent pour faire une farce gigantesque aux Français. Non contents d'échanger les corps, c'est sur le visage de Cipriani qu'est prise l'empreinte qui demeurera celle du masque mortuaire de Napoléon. Mais le livre qu'ont écrit les deux Restifs, "Anglais, rendez-nous Napoléon" n'a convaincu ni André Castelot, ni Alain Decaux, spécialistes en énigmes napoléoniennes et autres.
Ps : A noter que Georges Rétif a écrit à la rédaction de Paris-Match pour obtenir un correctif concernant la description du cadavre de Napoléon en 1821 et de celui de l'exhumé en 1840. Ce qui ne lui fut jamais accordé, bien entendu...
_________________ "Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."
Napoléon.
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