L'Énigme des Invalides

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 Sujet du message : La bataille de Gross-Beeren
Message Publié : 24 Juin 2013 15:35 
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Le 23 août 1813 – La bataille de Gross-Beeren

D’après « Histoire des armées françaises de terre et de mer » – Abel Hugo

Résumé.


Le duc de Reggio n’avait pas pu se porter sur Berlin aussi promptement que l’Empereur l’avait calculé. Trois jours lui avaient été nécessaires pour opérer son premier mouvement de Dahme sur Baruth. Après avoir manœuvré d’abord par la route de Torgau, il avait cru devoir changer de direction, et, se portant à gauche, du côté de Trebbin, avait paru vouloir arriver par la route de Wittenberg.

Ce fut le 21 seulement qu’il déboucha dans la plaine de Trebbin.

Pendant ces premières manœuvres, Bernadotte avait été averti de l’approche des Français. Quittant aussitôt Charlottembourg, il porta son quartier général à Potsdam, et concentra son armée dans la plaine de Berlin, entre les deux routes menacées.

Le 22, le duc de Reggio, débouchant de Trebbin, trouva développée devant lui une ligne ennemie de plus de 100000 hommes. Une bataille était devenue inévitable s’il continuait à avancer : peut-être était-ce là le cas de manœuvrer de manière à ne rien compromettre, et de s’arrêter.

Mais, dit un contemporain, l’habitude d’aller en avant, la vue des clochers de Berlin, en cas de succès, une victoire dont le prix était immense, en cas de revers, une retraite qui ne pouvait avoir rien de bien grave ; enfin, le désir de plaire à l’Empereur par un brillant début, désir plus grand que la crainte de contrarier ses plans par un échec, tout concourut pour entraîner l’événement, et la bataille fut livrée le 23 août.

Le 4e corps commandé par le général Bertrand, resta aus prises toute la journée, sur la droite, avec l’armée prussienne du général Tauenzien, mais sans avantage marquant de part ni d’autre. Ce fut au centre, dans les villages de Beeren, que se portèrent les coups décisifs. Le 7e corps, commandé par le général Reynier, y combattait contre l’armée prussienne de Bulow. Le général Reynier réussit, dans la matinée, à faire plier ses adversaires, et leur enleva le village de Gross-Beeren.

Mais, dans l’après-midi, Bulow revint à la charge. Son attaque, combinée avec le mouvement d’un corps suédois, avait été précédée par de vigoureuses décharges d’artillerie. Les divisions franco-saxonnes, déjà ébranlées par la canonnade, se voyant prises entre deux feux, et bientôt assaillies de tous côtés par les baïonnettes russes et suédoises, ne purent soutenir le choc. Cependant, ce succès de Bulow n’avait pas terminé la journée.

Le général Guilleminot, qui était sur la gauche, du côté de Gutlergotz, en observation devant les Russes de Wintzingerode et de Woronzof, avait donné toute son attention à la canonnade qui écrasait le centre de l’armée française. A ce bruit, il n’avait pas hésité. Laissant là les Russes qui ne bougeaient pas, et mettant en pratique la maxime des tacticiens qui sont braves avant tout, à défaut d’ordres, il s’était dirigé sur le feu. Cependant il n’avait pu arriver sur le champ de bataille que le soir. Bulow était déjà maître de Gross-Beeren, et le centre, aux ordres de Reynier, se trouvait en pleine retraite sur Gottow.

Le mouvement du général Guilleminot réussit d’abord à arrêter l’élan des Prussiens. Un nouveau combat s’engagea, et Bulow fut, à son tour, forcé de se retirer, en laissant au 12e corps le village de Gross-Beeren et le champ de bataille.

Trois actions principales avaient ainsi eu lieu successivement à Gros-Beeren. Dans la première, le général Reynier avait été vainqueur de Bulow. Dans la seconde, Bulow, revenu sur ses pas, avait été vainqueur de Reynier, ou plutôt des Saxons, et dans la troisième, Guilleminot, accourant avec une partie du 12e corps, avait fini par rester maître du village.

Toutefois le 7e corps avait fait des pertes tellement graves (Le 7e corps eut 8000 hommes tués ou blessés et perdit treize pieces de canon. Il laissa en outre 1500 Saxons prisonniers, qui, le lendemain même, s’enrôlèrent au service de la Prusse), que le duc de Reggio se décida à une retraite générale.

Il l’effectua par la route de Wittenberg, disputant le terrain pied à pied. Le 28, après cinq jours de retraite, son arrière-garde n’était encore qu’à dix lieues du champ de bataille ; elle occupait Juterbogk.

Dans le temps où se livrait le combat de Gross-Beeren, une division était sortie de Magdebourg, sous les ordres du général Girard, afin de tâcher de rejoindre le maréchal Oudinot.

Le 27, cette colonne tomba au milieu de l’avant-garde russe à Belzig. L’infanterie française eut d’abord l’avantage ; mais, tandis qu’elle était aux prises avec les troupes du général Hirchheld, qui lui cédait le terrain, elle fut tournée et enveloppée par les Cosaques de Czernichef. Un grand désordre s’ensuivit. Le général Girard fut blessé, et sa colonne ne put rentrer à Magdebourg qu’en laissant 800 prisonniers et six canons au pouvoir de l’ennemi.

La bataille de Gross-Beeren eut encore un autre fâcheux résultat. Un corps français, aux ordres du prince d’Eckmülh, qui était chargé de la défense d’Hambourg et de l’Elbe inférieur, était arrivé, le 23, à Schwerin, poussant devant lui le général Valmoden, et avait détaché la division Loison sur Wismar et Rostock. Mais, à la nouvelle de l’affaire de Gross-Beeren, ce corps suspendit son mouvement.

Détails et discussion : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k503848q/f6.image

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 Sujet du message : Re: La bataille de Gross-Beeren
Message Publié : 25 Juin 2013 15:02 
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Selon le commandant Fabry, La division Fournier qui opérait sous Guilleminot, n'a pas repris Gross-Beeren, mais a suspendu tout mouvement offensif contre Reynier, en ayant dépassé ce village par la gauche (ouest). Oudinot n'avait d'inquiétude que pour sa gauche et ne se souciait pas de sa droite, laissant Reynier réduit à ses propres forces. Quant à Bertrand, le combat de Blankenfelde ne fut qu'une escarmouche et il perdit une belle occasion d'enfoncer l'aile gauche de l'ennemi, ce qui aurait permis de se rétablir au centre. Pour Fabry, les pertes de Reynier ne dépassèrent pas 6500 hommes, dont moitié de prisonniers saxons et 13 pièces ; les coalisés avouant une perte de 1 000 hommes environ.

Il ressort de tout ceci que l'on ne comprend pas que l'Empereur ait confié une telle mission à Oudinot, peu propre à commander en chef. Il était tout indiqué de laisser Oudinot à son corps, sous le commandement de Davout, rappelé pour la circonstance. Au contraire, il le laissa à Hambourg, lui promettant de lui donner le commandement, une fois Berlin conquise, pour la suite des opérations vers l'Oder. Certes, le prestige de Davout semblait nécessaire pour en imposer aux Danois. Mais il fallait donner toutes les chances de succès à la manoeuvre sur Berlin, un échec ne pouvant conduire qu'à des conséquences fâcheuses. Dans cette délicate opération, au coeur des manoeuvres compliquées en Saxe, se priver de Davout était une faute que l'on ne peut attribuer qu'au refroidissement des relations entre celui-ci et Napoléon...

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 Sujet du message : Re: La bataille de Gross-Beeren
Message Publié : 08 Sep 2013 9:45 
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Davout ne prit guère d'initiatives dans le courant de septembre 1813. Un résumé de son attitude après l'expectative de Schwerin :

"Commence alors une drôle de guerre qui durera trois mois. Si partout ailleurs en Allemagne la tactique des Alliés est d’attaquer là où Napoléon n’est pas, ils se gardent bien de se mesurer à Davout, ne commettant pas l’erreur de le confondre avec un Macdonald ou un Ney. Bernadotte, qui commande en face de lui, sait que de toute façon la décision se fera ailleurs et que déjà elle tourne à leur avantage. A l’abri de l’Elbe, l’ennemi personnel de Davout, emmenant dans ses bagages le baron Stein, l’ennemi personnel de Napoléon, fait tâche d’huile dans le Nord de l’Allemagne. Précédé de ses hourras de cosaques, il s’enfonce dans la Westphalie accueillante, menace dès les premiers jours de septembre la communication avec Magdebourg, l’interrompt à la fin du mois, menace et interrompt celle de Brême dans le mois d’octobre. Lunebourg est occupée le 17 septembre, Cassel le 1er octobre, perdue puis reprise le 26, Minden le 29. Peu à peu, à distance respectueuse, la nasse se referme sur le 13e corps, fixé, aveuglé et stérilisé. Que fait Davout ? Que pourrait-il faire ? De Ratzebourg où il a fixé son quartier général il continue de diriger sa guerre d’avant-postes sans jamais réussir à accrocher l’ennemi. Celui-ci est pourtant à portée de vue des guetteurs installés dans les clochers, mais ne se laisse pas approcher à portée de feu. Que Davout manœuvre avec un bataillon ou une division, toujours celui-ci se dérobe après quelques tiraillements. Mais lorsqu’il lui arrive de prendre l’initiative, c’est à coups mesurés et sûrs, appliquant la même tactique que contre Napoléon : attaquer là où Davout n’est pas.

A partir du 7 septembre, plusieurs informations s’accordent pour apprendre au maréchal la construction d’un pont de bateaux en amont de Lauenbourg, à Domitz. C’est le moment où un convoi de poudre partant de Minden fait route vers Magdebourg. Pour détourner de lui la menace d’un raid allié, il fait porter Pécheux à la tête de cinq bataillons sur la rive gauche de l’Elbe avec instruction de manœuvrer autour de Lauenbourg en veillant à ne pas se laisser entraîner dans une affaire où l’ennemi se montrerait avec des forces supérieures aux siennes. En guise de préparation psychologique, bien dans sa manière, il fait précéder son lieutenant du bruit que c’est une division entière que s’apprête à franchir l’Elbe. Pécheux n’était pas à la hauteur d’une opération aussi délicate. Par la capture d’un officier d'ordonnance près de Möllen le 12, Walmoden eut vent de la combinaison. Il passa l’Elbe à Hitzacker avec 15000 hommes et, masquant son approche par la forêt de Göhrde, le surprit dans la journée du 16 près du hameau de Pomoysel. Tandis que les troupes de Walmoden étaient guidées à travers l’épaisse forêt de chênes et de sapins par les forestiers locaux, les français étaient au contraire délibérément induits en erreur par les habitants exaspérés contre l’occupant. Assaillis par des forces plusieurs fois supérieures, impressionnés par l’apparition d’une arme nouvelle pour beaucoup d’entre eux - les fusées à la Congrève -, les conscrits se battirent bravement jusqu’à la nuit. Ayant perdu en tués, blessés et prisonniers la valeur de deux bataillons sur cinq, Pécheux réussit pourtant à faire dans l’obscurité sa trouée de direction de Lunebourg et rejoignit le camp de Haarbourg. Cet échec mettait la rive gauche de l’Elbe à la disposition de l’ennemi…"

Extrait de "le maréchal Davout" de Pierre Charrier, Nouveau Monde Editions 2005.

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 Sujet du message : Re: La bataille de Gross-Beeren
Message Publié : 25 Sep 2013 15:23 
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Conséquence ultime : du côté de l'armée du Nord, Bernadotte avait détaché Czernychev avec 3000 chevaux vers Cassel. Dans cette ville se trouvait le général Allix avec deux bataillons.
Czernychev traversa l'Elbe à Acken le 22 septembre ; le 28 il arrivait à Cassel et attaquait la ville. Ayant appris la fuite du roi Jérôme, il lançait après lui Benkendorf avec un escadron.
Après quelques coups de canon (4 pièces) contre Cassel, les habitants ouvrirent l'une des portes de la ville aux partisans, et le général Allix se rendit, le 29 septembre, après une certaine résistance. Le même jour, un petit détachement, conduit par le général westphalien Sandt au secours de la ville, ayant appris la fuite du roi, s'arrêta et une partie passa du côté de Czernychev.
Celui-ci, après avoir détruit le matériel, s'esquiva rapidement derrière l'Elbe.

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 Sujet du message : Re: La bataille de Gross-Beeren
Message Publié : 24 Juil 2022 22:54 
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Le point de vue du capitaine G. FABRY:

Le 19 août, le maréchal Oudinot se mettait en mouvement contre Berlin avec environ 70.000 hommes. Le 23 au soir, à la suite de l'échec de Gross-Beeren, il renonçait à continuer son offensive. Or les pertes subies par les deux divisions saxonnes, les seules réellement engagées, s'élevaient à 83 tués et 26o blessés. La division Durutte aurait laissé 374 hommes sur le champ de bataille; les Saxons avaient 1.755 prisonniers, Durutte 600. En outre, on avait abandonné i3 pièces sur le champ de bataille. Ce nombre élevé des
prisonniers, en comparaison des hommes mis hors de combat fournit un sûr moyen d'apprécier la valeur morale des troupes.


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