France 2 nous livre une biographie de Toussaint. Mais le réalisateur nous prévient : c'est une fiction inspirée de l'histoire des Français à Saint-Domingue !
Heureusement que nous sommes prévenus. En effet, le personnage présenté comme "Pasquier" n'a jamais existé. En tout cas, le vrai Pasquier, futur préfet de police de l'Empereur, n'a jamais rencontré Toussaint. Mais l'auteur le reconnaît : "c'est un personnage fictif pour les besoins de l'émission"...
Autre liberté prise avec l'histoire, celle qui consiste à faire mourir le père de Toussaint sous les yeux du fils (enchaînés tous les deux, le vieillard est précipité dans les flots, sans que Toussaint -frêle enfant- ne puisse rien faire). Alors que le père de Toussaint est mort, en réalité, en 1804 ! De même, la famille de Toussaint n'a jamais été séparée au fort de Joux en plein hiver mais à Saint-Domingue. On aperçoit aussi un soldat au costume républicain en plein règne de Louis XVI... Ensuite, un autre anachronisme : le général Cafarelli s'adresse à Bonaparte en le saluant d'un "Monsieur le 1er Consul" ! Eh, non : jusqu'au 17 mai 1804, l'usage imposait l'appellation : "Citoyen 1er Consul" !
Tout cela, c'est beaucoup. Et c'est dommage, car la 1ère partie est assez bien conçue et éclaire le cours des évènements qui révolutionnèrent l'île de Saint-Domingue, de 1791 à 1802. On situe mieux des personnages historiques comme Sonthonax, les généraux Lavaux et Rigaud (mulâtre qui veut donner à ses semblables la suprématie sur les noirs et sur les blancs). On découvre le 1er chef, le sanguinaire Biassou, suivi de ses deux lieutenants qui feront parler d'eux : Christophe et Dessalines.
Mais dans quel but ? La seconde partie nous l'apprendra sans-doute bien vite...
A noter toutefois que l'épisode de Bois-Caïman qui fonde la révolte des noirs est présenté de manière lénifiante. Dans la nuit du 14 août 1791, au Bois-Caïman, lieu reculé de l'habitation Lenormand de Mézy, Dutty Boukmann organise une cérémonie vaudou pour un grand nombre d'esclaves. Un cochon noir est sacrifié et les assistants boivent son sang afin de devenir invulnérables. Boukman ordonne alors le soulèvement général.
Celui-ci a lieu la nuit du 22 août. Les esclaves de cinq habitations les brûlent et massacrent les blancs, y compris les femmes et les enfants. Pendant une dizaine de jours, la plaine du Nord est en flammes. On décompte près de 1000 blancs assassinés, 161 sucreries et 1200 caféières brûlées. Boukman s'avance à toucher le Cap-Français. Ce n'est qu'alors que les autorités ripostent. Boukman périt au combat, à la tête de ses hordes. Comme il passait pour invulnérable auprès des esclaves, on exposa sa tête au Cap. Mille Français massacrés, femmes et enfants compris, une bagatelle, en somme... Il est vrai qu'il s'agissait d'affreux esclavagistes. Il paraît donc tout à fait légitime qu'ils aient été occis sans autre forme de procès.
Personne ne trouve anormal que ce massacre soit désormais commémoré par l'UNESCO comme la journée mondiale contre l'esclavage !
_________________ "Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."
Napoléon.
|