L'Énigme des Invalides

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Voici le texte adressé à la presse spécialisée et qui a été refusé, notamment par Historia (où j'avais pourtant publié plusieurs articles par le passé).

A sa lecture, contrairement à ce que soutenait le colonel Mac Carthy, il apparaît qu'un des principaux quotidiens de l'époque (le célèbre Gaulois), avait révélé que le tombeau de Napoléon est vide.

En effet, le 25/9/1887, le Gaulois lançait une suite d'articles sur l'absence supposée des cendres de Napoléon aux invalides : Sous le titre "Les Restes de Napoléon Ier", il posait d'emblée la question :

"Profanation ou mystification ?[...] Le tombeau des Invalides serait vide. Les restes de l'empereur Napoléon Ier auraient été enlevés par des mains sacrilèges et jetés au vent."


Le journaliste Paul Roche évoquait alors un dossier de 300 pièces, signé par un architecte des bâtiments civils, concluant à la suppression des frais de garde désormais sans objet, le monument étant vide...

le 26/9, il persistait, remerciant les confrères qui avaient bien voulu relayer l'incroyable nouvelle de la disparition des restes de Napoléon Ier. Evoquant la rumeur, il précisait qu'elle circulait depuis quelque temps déjà au Ministère de l'instruction publique. Et mettait en cause un des responsables :

"Voici ce qui se dit dans les bureaux du Ministère en question :

M. Xavier Charmes, chef de la division de la comptabilité et du secrétariat, aurait réuni les pièces d'une enquête tendant à démontrer que les cendres de l'empereur Napoléon n'étaient plus dans le tombeau des Invalides."

Notons qu'il n'est plus question de l'architecte des bâtiments civils. Toutefois, le Gaulois évoquait la possibilité d'une guéguerre de services ayant trait à une tentative de suppression de l'hôtel des Invalides par mesure législative. Rattachant cela au bruit relatif à la non-présence des restes de l'Empereur dans son sarcophage : le tombeau étant vide, l'hôtel qui le contient aurait perdu son objet principal.

Les journalistes du Gaulois se rendirent d'abord chez M. Xavier Charmes, son nom étant mis en avant. Malheureusement, Il avait quitté Paris depuis le jeudi 22 septembre pour se rendre à Aurillac. Curieuse et providentielle absence.

De là, ils allèrent ensuite aux Invalides interroger le général Stumpt, gouverneur, qui répondit par une dénégation formelle. Mais celle-ci ne visait que la période postérieure au transfert des Cendres, c'est à dire après le 2 avril 1861.

"II est absolument impossible que le corps de l'Empereur ait été retiré du tombeau. Vous connaissez ce tombeau c'est un bloc de porphyre, un rocher, dont le couvercle pèse plusieurs milliers de kilogrammes. Pour le soulever, il faudrait des chèvres, des moufles, tout un attirail, toute une équipe d'ouvriers spéciaux, dont le simple énoncé écarte l'idée d'un enlèvement clandestin.

D'autre part, l'officier d'administration de l'hôtel, M. Antonini, est entré aux Invalides en 1869, et ne l'a pas quitté une minute pendant la Commune. II peut vous affirmer qu'aucun enlèvement n'a eu lieu pendant cette période. Pour moi, l'Empereur repose dans son tombeau, dont personne n'a jamais eu la pensée de troubler la paix. »

Bref rappel : les cercueils contenant les cendres de l'Empereur sont arrivés à Paris le 10 décembre 1840. Jusqu'en 1861, ils sont demeurés en chapelle ardente dans la chapelle Saint-Jérôme, dans l'enveloppe du cercueil (ou sarcophage) en ébène, préparé en 1840 par l'ébéniste Le Marchand.

Pendant cette période, on construisit le tombeau dont Pradier et Simart firent la décoration.

Interrogé sur le transfert des cendres du 2 avril 1861, M. Crépinet, architecte des Invalides, précisa:

"C'est moi qui ai achevé la construction du tombeau de l'Empereur et qui ai présidé à la translation de son cercueil ou plutôt de ses six ou huit cercueils. L'opération a eu lieu en 1861."

Le journaliste du Gaulois l'interrompt alors pour lui demander s'il se souvenait que l'on ait procédé, à ce moment-là, à l'ouverture des bières, et que l'on y ait constaté la présence du corps ?

"Je n'en ai pas souvenir. Ce que je me rappelle parfaitement, c'est qu'elles étaient d'un poids énorme. La présence d'un corps n'y aurait, pour ainsi dire, rienchangé au point de vue de la pesanteur. Il y avait là des cercueils en plomb, en acajou plein, en ébène, etc. A ce propos, je dois vous révéler une petite supercherie. C'étaient des cent-gardes qui devaient porter le corps; mais la bière était tellement lourde que nous dûmes la faire transporter par douze charpentiers habillés en cent-gardes. Ces hommes étaient plus habitués que les soldats à porter de lourds fardeaux.

Autre épisode. La bière reposait sur des bâtons qui se trouvèrent trop long pour passer de front par la porte située au fond de l'église. On fut donc obligés de les scier ce qui demanda un temps assez long pendant que l'empereur Napoléon III attendait, assez anxieux, croyant à un accident.

Le couvercle du cénotaphe ne fut posé et scellé que plusieurs jours après. L'opération fut laborieuse, il fallut des rouleaux, des plans inclinés, etc.

Quant à soulever ce couvercle, je considère cela comme impossible, à moins d'un travail d'une quinzaine de jours. Il est donc impossible qu'on l'ait fait et que personne n'en ait rien su."

A noter que les relations de ce transport des cercueils font état de 24 cent-gardes pour porter le lourd fardeau. Ils étaient 36 en 1840, de sorte que l'on peut légitimement s'interroger pour constater que le poids des cercueils devait être moins important en 1861.

Les journalistes ne considérèrent pas, bien entendu, leur enquête comme terminée.

Comme l'écrivit Jean d'Eslettes : "s'il s'agissait uniquement d'une mystification lugubre, comment s'expliquer la rumeur accréditée au Ministère de l'instruction publique ?"

Le Mardi 27/9, n°1855 (Entrefilet paru sous la rubrique Echos de Paris, en page 1 et 2): Le Gaulois, devant les 1ère réactions négatives de ces confrères précisait encore qu'il n'abandonnait point ses recherches relatives à la question qu'il soulevait trois jours plus tôt, d'après cette rumeur répandue au Ministère de l'instruction publique, sur les restes de Napoléon 1er. L'attention publique se portant sur un incident de frontières avec l'Allemagne en Lorraine, il n'en insistait pas moins et demandait donc au ministre compétent de répondre formellement à cette question :

"Y-a-t-il un rapport fait, au Ministère de l'instruction publique, sur la non-présence dans le tombeau des restes de Napoléon Ier ? Et y-a-t-il une enquête, comme, jusqu'à preuve du contraire, nous avons lieu de le penser ?"

Enfin, dans son article n°1856, du 28 septembre 1887, le Gaulois produisait sa pièce maîtresse

LE DOCUMENT
A PROPOS DES CENDRES DE NAPOLEON Ier
(voir ci-dessous)
Poursuivant leur enquête, les journalistes du Gaulois se rendaient le 29/9 au Ministère de l'instruction publique. Au siège de celui-ci, rue de Grenelle, ils étaient reçus par un sieur Leroy, secrétaire particulier du Ministre Spuller. Voici la relation de cet étonnant dialogue :

"Vous avez sans doute, lui avons-nous dit, lu dans le Gaulois les détails d'une précision singulière, qui ont été apportés au journal, sur le dossier relatif à l'absence du corps de l'empereur Napoléon Ier des Invalides. L'original de ce dossier, d'après la version dont le Gaulois s'est fait l'éditeur, sous réserves, était à la Chancellerie de la Légion d'honneur mais vous en posséderiez, dit-on, une copie au Ministère. Puis-je vous demander si vous avez l'intention de répondre à nos questions et de faire en sorte que la lumière se fasse sur une énigme historique dont l'intérêt est évident, à quelque point de vue qu'on se place ?

–J'ai lu l'article du Gaulois, a répondu M. Leroy, et il a même été l'objet
d'une assez longue conversation que j'ai eue avec le ministre; mais, si vous nous avez appris quelque chose, je ne puis pas vous rendre la monnaie de votre pièce : nous ne savons que ce que vous avez dit.

Ni le ministre ni moi, nous ne connaissons ce dossier. Il existe peut-être,
il n'existe peut-être pas; nous n'en savons rien. Cependant, comme nos archives n'ont pas été brûlées comme celles de la Chancellerie de la Légion d'honneur, nous pourrons arriver à éclaircir la chose.

Comme, d'après vous, le document serait dans un des bureaux qui sont sous la direction de M. Charmes, cette enquête ne peut se faire immédiatement. M. Charmes est en voyage et ne rentrera à son poste que dans huit ou dix jours. Aussitôt qu'il sera de retour, le ministre lui demandera s'il est au courant de cette affaire, et nul doute qu'à ce
moment on n'arrive à savoir la vérité sur cette très curieuse affaire."

Ainsi, au ministère de l'instruction publique, du moins dans le cabinet du ministre, il y a eu étonnement, presque effarement. On ne sait rien, on ne peut dire ni oui, ni non, et on attend le retour de M. Charmes pour savoir quelque chose. On se garde bien, comme l'a fait hier le Soir avec une assurance qui ne tient pas debout, de trancher la question pendante. On ne nie pas plus l'existence du dossier qu'on ne la reconnaît et, en attendant, on tombe d'accord avec nous de l'intérêt de la question soulevée."

Puisqu'il avait été question de la Chancellerie de la Légion d'honneur, les journalistes poussèrent jusqu'à cette vénérable institution. Comme au Ministère de l'instruction publique, ils firent face à une véritable stupeur.

"Ici, vous le savez, nos archives ont été brûlées. Je ne nie pas,(continue le fonctionnaire qui les reçut, en l'absence du général Rousseau, secrétaire général de la Chancellerie) que le dossier dont vous parlez n'ait existé mais, ce que je puis affirmer, c'est qu'il n'existe plus ici. Les archives de la Chancellerie de la Légion d'honneur ont été brûlées pendant la Commune, et la grande majorité des pièces ont été détruites. Celles qui ont échappé à l'incendie, et qui étaient en très petit nombre, n'avaient aucune importance. Vous pensez bien que, si le dossier en question s'était trouvé parmi ces épaves, on l'eût remarqué, et son existence n'aurait pu être tenue secrète."

Les journalistes insistèrent

"Et n'en ayez-vous jamais entendu parler, soit par des fonctionnaires, soit par des employés qui auraient été attachés à la Grande-Chancellerie avant la guerre ?"

-Jamais je n'en ai entendu un mot, et cependant je suis ici depuis plus de vingt ans (1866). Je ne puis donc vous fournir aucun renseignement. Encore une fois, je ne nie pas l'existence du dossier, et je trouve la révélation que vous avez faite très curieuse; mais, en raison de l'incendie dont je vous ai parlé, il n'y a pas, à ma connaissance et par la grande-chancellerie du moins, le moyen d'établir l'authenticité de ce que vous avez signalé à vos lecteurs."

Les journalistes du Gaulois annoncent alors qu'ils vont continuer à chercher la solution du problème; non point pour obéir au vain désir de trouver la confirmation du bruit dont il s'était fait l'éditeur, mais, au contraire, afin de parvenir à réduire à néant des doutes qui ne s'étaient pas encore produits avec cette précision, mais qui, quatre ans auparavant environ, auraient déjà circulé une première fois, sans être démentis.

Le lendemain, le rédacteur en chef Henri Pène, sans attendre le retour de Xavier Charmes et un quelconque démenti de ce dernier, mettait les pouces ! Cette ultime envolée mérite d'être reproduite in-extenso. On y sent la gêne d'être pressé de conclure et les pressions qui ont dû l'accompagner.


"LE TOMBEAU DE L'EMPEREUR

Les journaux conservateurs plus spécialement attachés aux souvenirs et à la cause des Napoléon, tels que le Pays, le Petit Caporal, la Souveraineté, ont compris à merveille le sentiment qui animait le Gaulois dans sa recherche de la vérité au sujet des cendres de Napoléon Ier. Nous sommes heureux de constater ici l'attitude de ce groupe de con-frères, dont l'un, M. Georges Maillard, dans la Souveraineté et dans le Pays, me met personnellement en cause de la façon la plus obligeante.

On n'a pas besoin d'être bonapartiste pour avoir le respect des grandeurs impériales; il suffit d'être Français. De même, qu'il renferme une poussière entre toutes illustre ou bien qu'il soit vide, le tombeau du premier des Napoléon ne cessera jamais d'être un but de pèlerinage et un rendez-vous d'admirations universelles. Ce n'est pas la présence de quelques ossements qui rend un tel sépulcre à jamais vénérable; c'est l'ineffaçable souvenir des victoires du capitaine, du lustre jeté par lui sur la patrie et le rayonnement de son œuvre civil et militaire.

Nous sommes, pour une fois, de l'avis du prince Napoléon quand il écrit, dans son livre récent « Défendre l'Empereur, c'est encore servir la France. » Le mot est beau et vrai. Cette gloire qu'aucun cercueil ne saurait contenir et qu'aucune attaque ne peut diminuer, n'est point le patrimoine d'un parti. Elle appartient à la nation tout entière. C'est ainsi qu'en jugeait le roi Louis-Philippe, lorsqu'il envoya un de ses fils chercher à Sainte-Hélène le cadavre sacré, sans, consentir même à se demander s'il pourrait être exploité contre son règne. Aujourd'hui, plus que jamais, il ne saurait y avoir ni royalistes ni bonapartistes devant le tombeau de l'empereur Napoléon.

Quelle que soit la réponse qui sera faite par le ministre de l'Instruction publique– au retour de M. Charmes, nous a-t-on dit, à la question soulevée par le Gaulois, il est bien évident, comme nos confrères bonapartistes l'ont compris, que la grandeur de Napoléon et le respect dû à sa tombe ne sauraient être effleurés, s'il venait à être établi que celle-ci ne renferme point sa dépouille.

Certes, nous souhaitons de tout cœur qu'un démenti sans réplique vienne à jamais mettre fin aux doutes exprimés à ce sujet, et c'est dans le but de le provoquer, dans l'espoir de l'obtenir, que le Gaulois s'est fait l'organe d'une rumeur qu'il n'a pas faite sienne pour cela. Mais quoi ? La colonne de la place Vendôme est vide et n'en dresse pas moins dans les airs son airain triomphal."


Derrière cette grandiloquence assez dans l'esprit du temps, Henri Pène mettait au défi les autorités de produire un démenti et en fixait même le terme : le retour du fameux Xavier Charmes, directeur du service de la comptabilité et du secrétariat, par ailleurs membre de l'Institut. Mais, malgré l'information erronée du Temps, aucun démenti ne fut jamais publié, ni par le directeur Charmes, ni par le ministre Spuller, ni par aucun gouvernement. Il fallût attendre 1969 et la publication de l'ouvrage de Georges Rétif de la Bretonne pour que Pierre Messmer démente l'absence des cendres de Napoléon 1er aux Invalides, face à l'émotion considérable qui s'exprimât alors.

Entre-temps, cependant, l'écrivain Charles Nauroy revint sur cette affaire dans les colonnes de l'Intermédiaire des Chercheurs et des Curieux. Il avait été conseiller du président Carnot, élu quelques semaines après que les articles du Gaulois eurent défrayés la chronique.

A ce sujet, il écrivait le 15/11/1899 : "j'ai répété [...] que les Cendres de Napoléon 1er n'étaient plus aux Invalides dans les dernières années du second empire; j'ai visé, comme l'auteur de la question, les documents du Gaulois, qui ne sont pas de "prétendus documents [...]".
L'année suivante, il ajoutait : "N'ayant pas posé la question, je m'étonne d'être pris à partie. Je n'ai pas à publier les documents du Gaulois. Ils existent, cela me suffit; cela suffisait aussi à Napoléon III qui les avait annotés."
Il résulte de tout ceci que Charles Nauroy avait eu sous les yeux les documents mentionnés par Le Gaulois et qu'il avait pu personnellement constater que Napoléon III les avait annotés de sa main. Et il n'avait pu en prendre connaissance qu'à l'Elysée du temps où il conseillait le président de la République Sadi Carnot.

Ce qui manquait aux journalistes du Gaulois comme à Nauroy, pour approfondir l'affaire, c'était la raison de cette disparition des Cendres de Napoléon 1er. Cette raison, nous pouvons mieux l'appréhender depuis l'ouvrage de Georges Rétif de la Bretonne et mes propres travaux : tout démontre que l'exhumé de Sainte-Hélène, le 15 octobre 1840, n'était pas Napoléon , et que son neveu, l'empereur Napoléon III, informé de ce fait, probablement par la relation de Saint-Denis et Marchand (dont on sait qu'il les a reçus en privé et sans témoins*), n'a pu se résoudre au sacrilège consistant à laisser le cadavre d'un autre à la place glorieuse du grand capitaine.

Ainsi, sommes-nous fondés à avancer que les cendres de Napoléon Ier ne sont pas aux Invalides et que le sarcophage présenté comme le tombeau de l'Empereur n'est en réalité qu'un cénotaphe : en tout cas, le faisceau des présomptions accumulées en ce sens, justifie désormais une enquête complète comme le préconise d'ailleurs le prince Charles Napoléon."


* à Sens, pour Saint-Denis, en 1851.


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Message Publié : 28 Sep 2010 13:29 
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Article du Gaulois n°1856, du 28 septembre 1887

LE DOCUMENT
A PROPOS DES CENDRES DE NAPOLEON Ier

Un personnage ayant joué un rôle considérable dans l'administration, que nous n'avons pas le droit de nommer ici, nous avait communiqué le document qu'on va lire et que nous n'avons pas voulu publier plus tôt, attendant un démenti qui ne s'est pas produit, a la suite de notre première divulgation de la rumeur venue du Ministère de l'instruction publique.

Nous devons à présent au public, à nos confrères, à nous-même, la justification de l'accueil que le Gaulois a fait sous toutes réserves malgré les garanties qui l'entouraient, à la stupéfiante révélation dont nous nous sommes fait l'écho.
Voici, scrupuleusement reproduit, le document qui nous avait été apporté

Dans l'un des quatre bureaux de la division du secrétariat, carton à liséré bleu, avec l'inscription Affaires classées, se trouve un dossier jaune, scellé de huit timbres Cire rouge et enfermé en une enveloppe portant, en son angle gauche supérieur, l'indication suivante:

MINISTERE
DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
DES BEAUX-ARTS et DES CULTES

plus : Direction des sciences et lettres (rayé à la plume) et le mot DUPLICATA en
travers de l'inscription ci-dessus Ministère, etc. Toujours sur l'enveloppe:

CENDRES DE L'EMPEREUR NAPOLEON 1er
DOSSIER DES PIÈCES REMISES EN SEPTEMBRE 1869 A LA GRANDE-CHANCELLERIE DE LA LÉGION D'HONNEUR, ET CONTENANT LA COPIE DES DOCUMENTS CONCERNANT LE DEPLACEMENT DES CENDRES DE L'EMPEREUR NAPOLÉON 1er EN 1861.

Deux cent dix-sept pièces en quatre dossiers

1° Pièces ayant rapport à la dépouille de Napoléon Ier, depuis le 28 avril 1821 jusqu'au 7 mai 1861(autopsie, translation à bord de la Belle-Poule, funérailles solennelles, dépôt provisoire dans la chapelle Saint-Jérôme, tumulte du 23 février 1848);
2° Déplacement des cendres le 7 mai 1861;
3° Travaux de la commission SECRÈTE chargée de l'enquête relative à l'ABSENCE des cendres de Napoléon I" au moment de l'ouverture des cercueils. Cette commission, nommée le 24 février 1861, se compose de :

Maréchal VAILLANT (Maison de l'Empereur), président.
Mgr MORLOT, grand-aumônier
Comte COLONNA WALEWSKI, ministre d'Etat
BAROCHE, président du conseil d'Etat
DELANGLE, garde des sceaux
Comte de PERSIGNY, ministre de l'Intérieur
TROPLONG, président du Sénat
Amiral HAMELIN, grand-chancelier de la Légion d'honneur;
Maréchal d'ORNANO, gouverneur des Invalides
Général RAGUET DE BRANCION, commandant de l'hôtel
Intendant BOCQUET, chargé de l'administration de l'hôtel, membres.
Colonel d'artillerie GIRARD, archiviste de l'hôtel, secrétaire-rapporteur de la commission SECRÈTE.

Qui ont prêté serment en présence de l'empereur Napoléon III, le 10 mars suivant…

4°Rapport présenté à S.M. l'empereur Napoléon III, le 27 avril 1861, par son Exc. le Maréchal Vaillant, Grand-Maréchal du Palais et ministre de la Maison de l’Empereur, concluant à l’absence des cendres de l’empereur Napoléon 1er au moment de l'ouverture du cercueil dans la chapelle Saint-Jérôme (137 pages).

Le tout enfermé en un portefeuille de maroquin rouge, portant pour seule indication un N surmonté de la couronne impériale et fermant au moyen d'une clef, appendue à une cordelette double.
Sur l'enveloppe est attachée, au moyen d'une épingle, une note ainsi conçue
LE DOSSIER ORIGINAL DE CETTE AFFAIRE CONFIDENTIELLE A ETE REMIS, LORS DE LA SUPPRESSION DU MINISTÈRE D'ETAT, ENTRE LES MAINS DE S. EXC. LE COMTE DE FLAHAUT, GRAND-CHANCHELIER DE LA LEGION D'HONNEUR.

LA PRÉSENTE COPIE A ÉTÉ DÉPOSÉE A LA DIRECTION DU PERSONNEL ET SECRÉTARIAT GÉNÉRAL APRÈS SUPPRESSION DU MINISTÈRE DES BEAUX-ARTS.

Nous avons scrupuleusement vérifié les noms, les dates contenus dans la pièce qu'on vient de lire. Aucune indication, aucune attribution de fonctions aux personnages nommés qui ne soit conforme à l'histoire. Nous ne pouvions pousser plus loin, on le comprend de reste, nos vérifications.

Mais, y a-t-il une enveloppe ? Y a-t-il un portefeuille ?
Malgré les apparences d'authenticité que présente le document dont il nous a été donné connaissance, nous ne saurions rien affirmer.

Le lecteur aura été frappé comme nous de l'existence de cette commission SECRÈTE nommée en 1861 et opérant sous la foi du serment.

Les conclusions de cette commission sont formelles, si l'on tient pour exacte l'existence du dossier dont l'analyse minutieuse nous est donnée, dont la physionomie est décrite dans ses moindres détails par la pièce qu'on vient de lire, et dont nous savons que plusieurs copies ont été livrées à la circulation.

Il y a donc un intérêt considérable, un intérêt national à ce que la vérité soit établie. C’est au gouvernement qu’il appartient de faire la lumière.

Nous la lui demandons avec un redoublement d'insistance, et nous serions satisfait dans notre patriotisme si la présence des reliques de Napoléon 1er dans son cercueil, objet des respects de tous ceux qui ont, comme nous, au cœur le culte de la grandeur française, pouvait être démontrée aux yeux de tous.


Note : cet article n’est pas signé, contrairement aux deux précédents (Paul Roche et Jean d'Elettes).

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... ois.langFR

Suite de l'enquête du Gaulois au numéro du 29 septembre 1887 qui met le ministère de l'Instruction Publique et la Grande Chancellerie de la Légion d'Honneur sous pression , et nous apprend qu'il a été destinataire d'une première rumeur quatre ans auparavant , soit en 1883

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... des.langFR

Tous les liens :

25/9/1887 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... .f1.langFR

26/9 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... ois.langFR

28/9 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... des.langFR

29/9 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... des.langFR

30/9 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... des.langFR

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Message Publié : 02 Mars 2011 13:04 
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S'agissant de l'éventuel démenti publié par le Temps, le 30 septembre 1887, rappelons ce que nous en avons déjà dit :

"Henri Pène mettait au défi les autorités de produire un démenti et en fixait même le terme : le retour du fameux Xavier Charmes, directeur du service de la comptabilité et du secrétariat, par ailleurs membre de l'Institut. Mais, malgré l'information erronée du Temps, aucun démenti ne fut jamais publié, ni par le directeur Charmes, ni par le ministre Spuller, ni par aucun gouvernement. Il fallût attendre 1969 et la publication de l'ouvrage de Georges Rétif de la Bretonne pour que Pierre Messmer démente l'absence des cendres de Napoléon 1er aux Invalides, face à l'émotion considérable qui s'exprimât alors."

En outre, concernant l'hypothétique démenti du ministère, il n'est ni daté, ni signé. Et surtout, il ne fait allusion qu'au document produit par le Gaulois et ne porte nullement sur le fait brut et primordial : le tombeau de Napoléon est vide !

"Informations prises au ministère, ce document, de mémoire d'employés ou d'archivistes, n'a jamais existé."

D'ailleurs, comme on peut le constater, il ne s'agit même pas d'un démenti formel, mais d'informations soi-disant prises au ministère, sans citer aucune source fiable...
Il n'en faut pas plus aux légalistes pour claironner péremptoirement que cette vieille affaire était clôse dès l'origine ! Chacun appréciera...

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Message Publié : 18 Sep 2015 17:36 
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Nous l'avions pressenti, mais les documents à disposition n'étaient pas clairs : 24 ou 12 porteurs en 1861 ? Par prudence, nous avions retenu le chiffre de 24, ce qui semblait trop peu pour porter un sarcophage en ébène massif, contenant un cercueil français en plomb, lui-même enserrant les trois cercueils de plomb, d'acajou et de fer-blanc anglais, soit environ 1 200 kg. Le nouveau document que nous avons découvert ne laisse plus aucun doute. Il n'y avait que douze porteurs en 1861 ! Dès-lors, il est démontré que ceux-ci n'ont pu transporter que le poids du sarcophage d'ébène, vidé au préalable de tous les autres cercueils, y compris le cercueil en plomb fabriqué en 1840 en France pour servir de contenant aux autres cercueils (100 kg par porteur en théorie, 50 dans les faits).

viewtopic.php?f=13&t=5250

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