Inscription : 13 Nov 2007 13:45 Message(s) : 1915
|
Y parler de cuisine ??  Ce serait un peu réducteur, chère Bastet ! Certes, cela ne serait pas interdit, mais il y aurait bien mieux à faire !.... Comme par exemple y convier notre ami Mahler,  mais se tenir bien lorsque paraîtrait notre "Grand Capitaine" !!... Après qu’on eut dévoilé les droits de l’homme en abrogeant la meurtrière loi des suspects, de très nombreux « salons » voient ou revoient le jour. Les principaux se tiennent chez Julie Talma, chez Sophie de Condorcet ou chez Laure Regnaud de Saint-Jean d’Angély, rue Charlot, où se pressent Mme de Chastenay et von Humboldt qui en parlent dans leurs écrits. Ces femmes cultivées ont, il est vrai, le don d’attirer chez elles les auteurs, les artistes et les comédiens de talent. Ces rassemblements sont les hauts lieux de l’intelligence et de la culture. Certains salons "muscadins" demeurent des heuts lieux de complot, ainsi chez Mme de Saint-Brice, dans le quartier du Sentier,où se réunissent les conjurés de thermidor an II - notamment Tallien -, ou celui de la comtesse d’Esparbès, ancienne maîtresse de Louis XV, chez qui viennent Richer-Sérizy et beaucoup de ceux qui seront poursuivis au lendemain du 18 fructidor an V. Un certain nombre de femmes, depuis la Révolution, font ce qu’on appelle les « honneurs » de salons qui sont les résidences d’hommes avec lesquels elles ne sont pas mariées. Ce sont souvent des lieux hautement politiques comme le "50" des arcades du Palais-Royal où le financier Aucane a établi une maison de jeu en même temps que salon tenu par Mme de Sainte-Amaranthe, le cercle de Mme de Linières derrière laquelle se profile François Chabot, ou encore les appartements de Paul de Barras que Catherine de Nyvenheim, duchesse de Brancas, son amie, métamorphose un temps en salon politique. Les salons où l’on joue de la musique, où l’on sert des repas raffinés, où l’on cause politique, théâtre et littérature sont extrêmement nombreux sous la Révolution, et, outre ceux cités plus haut, on citera encore ceux de la baronne de Burman, l’amie de Beaumarchais, de la marquise de Chambonnas où se réunissaient les collaborateurs de Actes des Apôtres, de Adélaîde Robineau de Beaunoir, fille naturelle du ministre Bertin et femme de lettres, qui créa rue Traversière un cercle de jeu faisant office de salon où venaient les conventionnels Merlin et Cambacérès, de Mmes de Beaufort et de Pompignan qui recevaient les députés en vue Delaunay d’Angers, Julien de Toulouse, Osselin et autres membres du premier comité de sûreté générale de 1793, rue Saint-Georges, ou enfin de la brillante Louise de Kéralio, Mme Robert qui afficha ostensiblement les couleurs républicaines.
Germaine de Staël, salonnière du début du XIXe siècle.À la fin du Directoire, Paris avait entièrement renoué avec les traditions de la conversation et de la causerie. L’un des plus célèbres des cercles littéraires et politiques fut celui de Germaine de Staël où, avec Benjamin Constant, vinrent fréquemment Lanjuinais, Boissy d’Anglas, Cabanis, Garat, Daunou, de Destutt de Tracy, Chénier. Il y avait aussi les cercles philosophiques et littéraires d’Amélie Suard, de Sophie d’Houdetot dans lesquels dominaient les gens de lettres et les philosophes, continuateurs directs du XVIIIe siècle. Il y eut également les salons du monde, comme ceux d’Adélaïde de la Briche, de la marquise de Pastoret, d’Anne de Vergennes, où se distinguait sa fille, Claire Élisabeth de Rémusat. Du point de vue littéraire, le salon le plus intéressant de cette époque fut celui que tint, rue Neuve-du-Luxembourg, Pauline de Beaumont, la fille du comte de Montmorin : « De ce côté, a dit un critique, se trouvaient alors la jeunesse, le sentiment nouveau et l’avenir. » Les habitués de ce salon où chacun avait, suivant la mode ancienne, son sobriquet, étaient Chateaubriand, Joubert, Fontanes, Molé, Pasquier, Charles-Julien Lioult de Chênedollé, Guénaud de Mussy, Madame de Vintimille ; beaucoup d’autres ne venaient qu’en passant, attirés par l’accueil empressé fait à la réputation et au talent. Ce salon qui, dans un autre temps, aurait pu avoir de l’influence, ne subsista que de 1800 à 1803. Les traditions en furent reprises un peu plus tard par Madame de Vintimille, qui reçut les mêmes personnes, et quelques autres partageant les opinions nouvelles.
Puis sous le Consulat, dès l’annonce du Consulat à vie, les clivages politiques réapparurent avec force : salons royalistes contre salons bonapartistes. Après la rupture de la paix d'Amiens, Bonaparte fit arrêter puis déporter Mmes de Damas et de Champcenetz et d’autres dames du faubourg saint-Germain dont les salons étaient des lieux d’activisme politique. Germaine de Staël et son amie Juliette Récamier eurent, elles aussi, à subir les conséquences de leur opposition frontale à « l’usurpateur ». Les épouses de ministre et d’autres dames dont les maris avaient solidarisé leurs intérêts avec le régime impérial, tendirent à renouer avec l’ancienne tradition, du moins jusqu’à 1814. 
|
|