Bonsoir Cher Duc,
Je m'adresse à vous sur ce post évidemment ouvert à tous, mais c'est vous qui l'aviez conçu.
Il me plait d'y revenir un instant ce soir, car en vous relisant, je note le mot "disproportion" ayant conduit très certainement l'Empereur à sa chute ...
Vers lka fin de sa vie, le Grand hHomme disait :
"- L'Europe ne formera bientôt plus que deux partis ennemis : on ne s'y divisera plus par peuples et par territoires, mais par couleur et par opinion. Et qui peut dire les crises, la durée, les détails de tant d'orages ? Car l'issue ne saurait être douteuse, les lumières et le siècle ne rétrograderont pas." ...
Voilà le philosophe qui s'exprime ...
Maudire la Révolution est chose facile, mais la supprimer l'est beaucoup moins. C'est un fait historique dont les conséquences ont contu=inué à se développer, que celles-ci soient bienfaisantes ou malfaisantes, réconfortantes ou alarmantes.
Et la grandeur de Napoléon à ce moment, c'est bien d'avoir compris qu'il ne pouvait rien faire d'autre que de l'utiliser, de l'ordonner et de la diriger soius peine d'être lui-même vaincu ...
Et lorsqu'en 1815 les monarques et les diplomates rassemblés à Vienne apprirent que le grand Homme foulait à nouveau le sol de la France, ils s'agitèrent avec véhémence, telle une ménagerie à l'approche de son dompteur !
Pourtant, Il était seul, ou presque, face à une Europe encore toute entière sous les armes ...
Cette marque constante de la "nécessité historique" voulu par Napoléon dans chacune de ses actions, explique les fautes qu'il a pu commettre parfois, et surtout, elle les excuse.
Car en effet, il n'eût tenu qu'à Lui, s'Il n'avait pas été Lui

, de garder ses deux trônes et de mourir aux Tuileries dans un fracas d'apothéose
Il disait encore qu'Il était seul responsable de sa chute, car Il avait voulu trop "embrasser" ...
Et la disproportion évoquée plus haut se décline à cet instant où la nouvelle France, celle-là même qu'Il avait voulu si grande et si puissante, était devenue à la fin trop vaste, désorbitée par la réunion des Pays-Bas et des villes hanséatiques ...
La Russie était trop éloignée ...
L'Espagne était trop "dure" ... Et tout cela en même temps !
Les moyens dont Il disposait ne lui permettait peut-être pas un tel développement de sa politique, car l'échiquier géant qu'Il avait eu le génie de réaliser le desservait en même temps, l'empêchant d'avoir sur lui une vue d'ensemble.
Et tout ceci, l'Empereur le sent bien, il sait que sa destinée le déborde ; ainsi marchant sur Vienne, il ne lâche pas l'Espagne, pas plus que lorsqu'Il se dirige sur Moscou ...
C'était une course folle, effrénée, infernale, dans le tourbillon de laquelle il s' est trouvé happé, dans ses guerres incessantes et impitoyables où l'ennemi l'entraînait sans cesse !
Mais en y réfléchissant bien, eût-il pu attendre son heure, procéder par ordre, comme par exemple en terminer avec l'Espagne en y portant tout son génie, puis s'occuper de l'Autriche, souffler un peu pour réunir ses forces, organisant prudemment ses communications et ses étapes au lieu d'entrer dans le mystère russe avec, dans le dos, l'Espagne, la Prusse, l'Autriche et l'Angleterre ?
Personnellement, je ne le pense pas.
Pris dans cet engrenage guerrier, Il ne pouvait qu'avancer, et avancer le plus rapidement possible ...
Tout l'entraînait comme un rocher sur une pente qui voit son élan prodigieux arrêté en bas de la pente ...
Etendant de jour en jour le cercle de sa force, Il finit par en devenir le prisonnier, tout en se voyant condamné à continuer d'agir jusqu'à l'épuisement !
Ainsi, l'immense combat de sa vie s'élargissait sans cesse et sans aucune mesure, car Il était le combat même.
Faut-il pour autant regretter ce prodigieux élan ?
Il embrassait trop disait-il ... Certes, peut-être qu'en lâchant l'Espagne, il eût pu saisir la Russie, ou en lachant Moscou saisir l'Espagne, ou encore en abandonnant ces deux derniers, eût-il pu s'emparer de l'Angleterre ?
Et après ?
L'Epopée fascinante qu'Il tissait eût certainement été moins complète ...
Car ses facultés ô combien admirables , s'alimentaient de ses excès , elles lui permettaient de les commettre et d'en mourir en se grandissant à chaque étape, comme dans cette éblouissante Campagne de France où en seulement deux mois, s'érigea le plus beau monument d'énergie, de caractère, de décision, d'imagination créatrice, de courage moral et d'orgueil positif qui soit jamais sorti d'un coeur et d'une tête d'homme !
