Bonjour,
Dieu que le sujet est vaste, ou plutôt ne cesse de s'alargie !
Il est vrai que si l'on s'attache à parler de Napoléon, une seule de nos vies n'y suffira pas ....
Pour l'argumentation d'Imberator, j'ai quelques remarques à apporter, ce soir certainement, quand le calme sera revenu après une journée toujours tumultueuse.
Ce midi, je voudrais juste revenir sur le fait que vous présentiez, cher Imberator, l'Empereur comme un guerrier avant tout, laissant à penser que dans les autres domaines, il n'excella pas autant ...
Or, pour moi, rien n'est plus inexact que de penser cela...
Les exemples abondent, mais je n'ai le temps de n'en citer qu'un seul.
Bourrienne avait déjà remarqué et signalé que la passion du Chef de l'Etat pour l'architecture était presque l'égal de sa passion pour la guerre.
Et il est vrai de dire que les deux étaient liées puisque pour l'Empereur, une bataille victorieuse n'était complète que si une statue ou une toile ne l'immortalisait pas pour la postérité, ou pour apprendre aux contemporains ce qu'elle signifiait.
Ainsi, Napoléon se lançait à l'assaut du royaume de la culture comme il le fit, face aux troupes ennemies ; l'Empire, en effet, courtisait les plus grands artistes de l'époque, qu'ils soient peintres, sculpteurs ou architectes, l'époque de Premier Empire fut bien plus riche en tous ces artistes que les siècles précédents...
En cela, Napoléon jouait admirablement le rôle de "protecteur des Arts", et pour Lui, l'Art se devait d'édifier, de régénérer, et de représenter quelque chose d'éloquent au public comme au privé.
N'oublions jamais que l'Empereur, en tant qu'urbaniste, fut responsable des marchés et des cimetières de Paris, des abattoirs, des réverbères, des numéros de rues, des trottoirs, des canaux et des quais de la Seine, du réseau de distribution de l'eau et des égouts, du service des poimpiers, (et pas des moindres !), de la tradition parisienne d'exposer les toutes dernières inventions industrielles et technologiques ...
En résumé, il faudrait être malhonnête pour ne pas en conclure que tout ceci représenta une réussite unique, pour seulement 14 ans de pouvoir, même si une bonne partie est aujourd'hui invisible, ou victime de l'érosion du temps ...
Pour terminer sur cette parenthèse, je dirai qu'à la différence des Bourbons, le désir de Napoléon de construire et d'agrandir était sans cesse subordonné à l'intention, ô combien honorable, de fournir du travail aux métiers du luxe et de la construction, tout en gardant malgré tout un oeil vigilant sur le budget de l'Etat ...
L'Empereur ne savait que trop de quelle façon le roi Louis XIV avait ruiné la France avec son palais extravagant, perdant de ce fait une bonne partie de sa réputation.
En somme, Napoléon le bâtisseur, Napoléon le collectionneur d'oeuvres d'art, le créateur de Musées et l'urbaniste n'était pas le Napoélon militaire, bien que dans tous les domaines pré-cités, le but était de remporter autant d'autres batailles d'Austerlitz !
Mais pour Napoléon, il n'était pas seulement question de "manipuler" l'opinion publique, car pour Lui, il fallait constamment agir pour "éblouir" la France, entendant par là qu'Il se devait également de la servir et de la régénérer ; et si certains ont tendance à penser qu'Il ne pouvait négliger d'oublier sa propre renommée et de se légitimiser, il faut bien reconnaître qu'il ne pouvait pas plus se séparer de son désir de faire de bonnes oeuvres (n'en déplaise à certains !

).
Pour terminer avec une comparaison éloquente, j'avancerai qu' Auguste César présentait bien quelques troublantes similitudes avec notre Empereur "préféré" (

), sauf que le premier eût tout de même le loisir de bâtir son époque en un peu plus de quatre décennies, alors que le Second ne disposa que de quatorze ans pour accomplir son oeuvre ...
Ce ne serait pas la définition du génie par hasard ?
Bon après-midi à vous deux.
