L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 02 Mai 2008 10:39 
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Docteur en Histoire
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Inscription : 13 Nov 2007 13:45
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Montenotte, Millésimo, Mondovi, Lodi, Saint Jeab-d'Acre, Ulm, Vienne, Fontainebleau ...

La liste n'est évidemment pas exhaustive, de ces rendez-vous entre le Grand Homme et ses "Braves", rendez-vous qui constituaient un magnifique et permanent dialogue entre Lui et ses Soldats !

A chaque fois, ils leur rappellaient à quel point Napoléon était le Guide incomparable et sûr, sachant préparer et fortifier avec un art inégalé, le moral, l'esprit et le coeur des troupes avant les combats.

C'était bien là les moyens les plus sûrs pour affermir l'endurance en temps de Campagne, en empêchant la panique de s'emparer des Soldats, assurant par là-même une victoire plus sereine...

Napoléon, dans ce domaine, comme dans tant d'autres, n'avait point de maître, même dans l'Antiquité.
On a souvent entendu parler, à propos des Commentaires de César , qu'ils constituaient le manuel de l'homme de guerre ...

Personnellement, cela me semble plus vrai des Proclamations de Napoléon.

Non seulement l'Empereur s'est servi de la parole pour communiquer à la Grande Armée, ses pensées, ses craintes et ses espérances, mais il a su en user également, pour la gronder, lui faire honte parfois même, afin de mieux l'exalter ...

A ce propos, dans un vieux petit livre, ressorti de derrière les fagots :4: , j'avais lu qu'un certain Capitaine Janot, grand-père de l'auteur, ayant fait toutes les Campagnes du Directoire, du Consulat et de l'Empire,débutant comme simple troupier en 1796, en Italie, racontait ce qui suit, dans le cadre de la troisième Campagne d'Autriche :


-"Nous étions excédés de fatigue, travaillé par les fièvres, obligés de nous tenir divisés pour protéger le pays avec un effectif de 36.000 hommes à peine contre une armée de plus de 60.000 hommes de troupes fraîches et compactes.

Il y eût des accidents imprévus, du découragement, de fausses alertes ...

Un Corps sur lequel on comptait le plus, pour retenir une partie de l'ennemi dans le Tyrol, céda et le laissa partir !...

Aussitôt, Bonaparte nous rallia, nous dit son mécontentement, et menaça de nous renvoyer ou de nous mettre sur les derrières.

Nous pleurâmes tous de rage, et nous demandâmes l'avant-garde pour y mourir !...

Bonaparte nous confia alors les plateaux de Corona et de Rivoli, bien certain que notre état d'âme était monté à la hauteur du sien, et que nous ferions des barrières inexpugnables de ces points confiés à notre désespoir.

Il ne se trompait pas, et, le 14 Janvier 1797, la victoire de Rivoli le confirma dans la profonde perception de la psychologie qu'Il avait du Soldat français !


Voilà certainement ce que c'est qu'un "Grand Homme" ! :2:

Pour conclure ce sujet que l'on aimerait développer toujours plus, tant il y aurait encore à dire, et pour illustrer l'incontestable évidence qui tend à rendre, sans discussion aucune, ce légitime hommage à Napoléon sur l'élégance et l'efficacité de son éloquence, voyons comment ses contemporains, eux aussi, avaient spontanément abondé dans ce sens, lui acordant en premier les honneurs de cette reconnaissance ...

Lorsqu'Il se trouvait au Conseil, l'Empereur avait pour habitude de recevoir, au cours des suspensions de séance, des Commissions académiques ou politiques.

Ce samedi 27 Février 1808, à deux heures, dans l'après-midi, s'annonça une députation de la classe de littérature et belles- lettres de l'Institut, dont le Président se trouvait être Joseph Chénier, accompagné de Volney, Suard, Boufflers, Bernardin de Saint-Pierre, Domergue et bien d'autres encore ...

Présentée par le Ministre de l'Intérieur Chaptal, notre députation fut admise à la barre du Conseil ...

C'était Chénier qui se trouvait chargé de lire une analyse de son "Tableau historique de l'état et des progrès de la littérature française depuis 1789"

Tout le monde écoutait religieusement, et l'Empereur était encore plus attentif ...

Arrivé au passage qui va suivre, la voix de Chénier s'éleva insensiblement, comme pour mieux mettre en exergue ce qui allait être énoncé :


"-Dans les camps où, loin des calamités de l'intérieur, la gloire nationale se conservait inaltérable, naquit une autre éloquence, inconnue jusqu'alors aux peuples modernes. Il faut même en convenir, quand nous lisons, dans les écrivains de l'Antiquité, les harangues des plus renommés Capitaines, nous sommes tentés souvent de n'y admirer que le génie des Historiens.
Ici, le doute est impossible ; les monuments existent, l'Histoire n'a plus qu'à les rassembler.

Elles partirent de l'Armée d'Italie les belles proclamations, où le vainqueur de Lodi et d'Arcole, en même temps qu'Il créait un nouvel art de la Guerre, créa l'éloquence militaire dont Il restera le modèle.

Suivant ses pas comme la fortune, cette éloquence a retenti dans la Cité d'Alexandre le Grand, dans l'Egypte, où périt Pompée, dans la Syrie qui reçut les derniers soupirs de Germanicus.

Depuis, en Allemagne, en Pologne, au milieu des capitales étonnées, à Vienne, à Berlin, à Varsovie, elle était fidèle au Héros d'Austerlitz, d'Iéna, de Friedland, lorsqu'en cette langue de l'Honneur, si bien entendue des Armées Françaises, du sein de la victoire même, Il ordonnait encore la victoire et communiquait l'héroïsme" .


A ces mots, l'Empereur qui, peu à peu, s'était dressé, se leva tout-à-fait et brusquement, posa la amin sur le coeur, et le corps penché, la voix altérée par une émotion visible, s'écria :

"-C'est trop, c'est trop, Messieurs ! Vous me comblez, et les termes me manquent pour vous témoigner ma reconnaissance."

En vérité, ce n'était pas trop, ce n'était que juste.
L'éloquence militaire venait bien d'être créée par Napoléon, et l'on peut dire que, suivant la prédiction de Chénier, Il en est resté le fondateur et le modèle ...

Arago qui avait assisté à cette mémorable séance, avait écrit sur le côté grandiose du spectacle, quand le Maître du monde avait tout naturellement cédé à son émotion intime devant le titre littéraire que venait de lui décerner une Académie !

Ce qui prouve, une fois de plus, que Napoléon, tant en littérature, qu'en politique et en art militaire, reste et restera un incontestable et remarquable Chef d'école, ce qui rejoint le mot de Bruno, à propos du côté Administrateur avisé, qu'Il sut tout aussi bien gérer ...

Avec toutes mes excuses pour cette intervention un peu longue, mais le coeur y était. :2: :4:



:VE2: :AI: :VE2:



:salut:


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Message Publié : 02 Mai 2008 11:12 
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Inscription : 30 Avr 2008 17:36
Message(s) : 1
Je dirais un mot : "magnifique", merci ROSE.

GV


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