charles bories a écrit :
Cher Bruno,
Pour info, à tout hasard, car je suppose que vous ne pouvez pas avoir l'oeil dans tous les azimuts ...
Merci, Charles, mais les réfutations proposées ne concernent que la thèse de la Substitution !
Il n'y a quasiment rien sur l'affaire des masques. Et la réfutation du colonel Mac Carthy date de 1971 ! Quant à la théorie de "la seule face authentique", du baron de Veauce, elle remonte à 1957...
Le paragraphe que consacre Jacques Macé à la question du masque est consternant:
"Le 6 mai, alors que le visage de Napoléon présentait encore l'aspect serein qu'il avait retrouvé après les souffrances de l'agonie, il ne fut pas possible de prendre un moulage, faute de plâtre. Le lendemain, le docteur Burton s'en procura – en se rendant sur un îlot où se trouvait un gisement, raconte-t-on – et procéda à un moulage, avec l'assistance d'Antommarchi. Mais, à ce moment, le visage avait déjà beaucoup changé. Le moulage était en trois parties et la comtesse Bertrand s'empara de la partie la plus importante – la face – qui séchait sur la cheminée, au grand dam de Burton qui, pendant des années, réclamera en vain son oeuvre. Avec cette face et l'aide d'un jeune artiste anglais de passage, nommé Rubidge, Antommarchi modela à Sainte-Hélène, une demi-douzaine de masques mortuaires dont deux exemplaires furent ramenés en Europe, l'un destiné au sculpteur Canova, l'autre à Madame Mère. Ils se trouvent aujourd'hui, semble-t-il, aux musées de l'Armée et de Malmaison. Les autres exemplaires revinrent plus tard en Europe, dont un ramené de Sainte-Hélène par Hudson Lowe en 1828. Ce modèle de masque – plus une oeuvre d'art retravaillée qu'une représentation exacte, d'autant qu'à chaque contre-moulage le plâtre subit une rétractation – fut reproduit en grand nombre et vendu par souscription en 1833, à l'initiative d'Antommarchi.
Mais il existe au moins deux autres masques.
L'un, en cire, déposé à Londres, n'a pas la noblesse de celui dit Antommarchi ; il présente un vieillard bouffi ressemblant quelque peu aux photographies de Jérôme Bonaparte ou de son fils Plon-Plon âgés. Certains ont crû y voir le véritable masque Burton, d'autres imaginent que ce masque a été pris par le docteur Arnott dans la nuit du 5 au 6 mai, après la toilette mortuaire. Cette hypothèse est gratuite puisque Arnott n'a jamais revendiqué un tel geste et que les compagnons n'auraient pas laissé un Anglais veiller seul le corps. On sait que l'abbé Vignali (c'est bien le moins) et le chef d'office Pierron ont également assuré la veille. On ne connaît donc pas la provenance de ce masque. Enfin, il existe à Lausanne un masque légèrement différent du masque Antommarchi, provenant de l'héritage du valet Noverraz. Réalisé en cire, il inclut des poils de barbe et de sourcils dont l'attribution à Napoléon est contestable (12). C'est à partir de cette pièce que l'imagination de Georges Rétif de la Bretonne se déchaîna. Alors que rien n'indique qu'un masque du maître d'hôtel Cipriani ait été pris lors de sa mort brutale en février 1818, alors qu'aucune relation particulière n'est signalée entre Noverraz et Cipriani, Georges Rétif raconte que Noverraz était en possession d'un masque de son ami Cipriani et que, le masque Burton étant trop laid pour être présenté à la famille, le masque de Cipriani avait servi à fabriquer le masque dit Antommarchi. D'où – les Anglais ayant pour leur part substitué le cadavre de Cipriani à celui de Napoléon – la stupeur des compagnons en découvrant en 1840 le visage ayant servi de support à leur propre supercherie, et leur précipitation à refermer les cercueils.
Voici ce que j'en disais, le 12 mai 2003:
"Les masques mortuaires : Le meilleur est pour la fin ; manifestement, Jacques Macé fait semblant de ne rien comprendre à cette question ! En attendant, il cumule erreurs et contre-vérités. Comme il a déjà été signalé, le véritable masque mortuaire de Napoléon n’a pas été fait en trois parties, mais en deux seulement :
-Ali : « Je ne sais pourquoi Antommarchi n’a pas publié la partie antérieure de la tête ; il en avait cependant tiré le moule. Ce que je sais, c’est que le docteur, après avoir tiré une épreuve du moule de la face, a détruit celui-ci pour qu’il ne fût plus possible d’en avoir d’autres épreuves. (…). Le moule de l’autre partie de la tête, il est présumable, a eu le même sort que celui dont nous déplorons la perte. »
Jacques Macé adhère toujours à la version classique de la présentation de cette question opérée par le baron de Veauce (et illustrée présentement par Fernand Beaucour, quoique avec des nuances…). Il admet –en dépit de tout bon sens- qu’Antommarchi modela à Sainte-Hélène- avec le concours du peintre Rubidge une demi-douzaine de masques mortuaires, dont deux seulement furent ramenés en Europe. Il reconnaît cependant qu’il s’agit plus d’une œuvre d’art retravaillée qu’une représentation exacte, en quoi il se trompe encore, car le masque Antommarchi reflète bien les traits de l’imposteur que l’on fait passer pour Napoléon pour les besoins de la cause. Rappelons que la finalité de cette supercherie est de nous amener à conclure que Napoléon était dolichocéphale, alors que –manifestement- il était bel et bien brachycéphale !
Toutefois, ce n’est qu’un début, car notre contradicteur mélange ensuite fortuitement deux masques : celui dit « death mask » du Royal United Service Institute (Rusi, à Londres), qui est en fait le véritable masque mortuaire de l’Empereur, réalisé en plâtre et qui est une copie du masque Burton ; et le masque dit d’Arnott réalisé en cire. Cette confusion –qui n’est pas innocente- lui permet de jeter le discrédit sur la thèse de l’authenticité d’un masque mortuaire totalement différent de l’Antommarchi ! Toutefois, il est bien obligé de reconnaître que ce masque représente « un vieillard bouffi ressemblant quelque peu aux photos de Jérôme Bonaparte ou de son fils Plonplon âgés. » ! C’est un progrès par rapport à Mac Carthy qui ne voyait aucune similitude entre la physionomie de ces derniers et ledit masque…"
Voilà ce que M. Lentz ose appeler des réfutations "SCIENTIFIQUES" !
C'est à mourir de rire... 