Duncan Darroch avait écrit:
On his left were a star and two Orders of the kind.
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Une étoile et deux décorations du même genre, ce qui fait trois médailles suspendues par leur ruban. C'est l'opinion d'un professeur agrégé d'Anglais. C'est la traduction donnée par Joseph de Mougins-Roquefort !
La traduction littérale peut laisser à chacun les interprétations qu'il veut y voir. Cependant, si Darroch donne le détail des décorations (2+1=3, selon vous) pourquoi n'a t-il pas indiqué la grosse plaque de la LH? Elle pouvait à peine passer inaperçue celle-là ! Donc pour ma part, et partant du fait que la plaque LH était bien exposée sur la poitrine de Napoléon, je me range du fait que le jeune Darroch n'était ni connaisseur des décorations impériales, ni écrivain, ni même agrégé d'anglais lui-même, et nous a décrit ce qu'il avait vu, cad une plaque et deux décorations du même type. Le fait aussi qu'il les distingue dans sa description (cad au lieu d'écrire qu'il y avait 3 décorations) me conforte dans cette opinion. Mais, bien entendu, à chacun de lire ce qu'il veut. C'est de l'interprétation à ce stade, et non pas un cours de langue anglaise.
Enfin, sur le principe, il faut décider si on doit prendre en compte le témoignage de Darroch, ou le considérer douteux et l'écarter pour de bon. Pour ma part, je crois le témoignage authentique car il est bien en phase, sur de très nombreux détails, avec le reste.
J'ai toujours écrit que je le considérais comme DOUTEUX. Comme tout ce qui vient des Anglais, passés maîtres dans l'art de la désinformation et l'escamotage d'archives...
C'était d'ailleurs l'opinion de Jean Tulard.
Pour autant, je ne m'interdis pas d'en discuter. Mon hypothèse, c'est que Darroch a vu le corps par sa droite, et la 1ère chose qui l'a frappée, c'est la croix de la Légion d'Honneur en forme d'étoile. Mais pas la plaque, qu'il ne pouvait apercevoir.
Cette discussion prouve d'ailleurs une chose, c'est que le français est infiniment plus précis que l'anglais pour ce genre de détails...
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Et ceci devrait-être rapproché des dires de Millington: and on his left breast…was a gold star and cross and several other medals…
Sur ce témoignage (où là encore il faut décider si on le considère authentique ou non), il faut citer l'ensemble de la phrase, et non un simple extrait.
Même observation que Darroch au départ. Mais, puisque l'on a mis la main sur le manuscrit de 1837 et que -grâce à vous- on a eu confirmation de son authenticité par les journaux américains, il y a lieu de le considérer comme authentique.
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Le récit de 1838, et sa ponctuation, donne:
... and on the left breast of his coat, was a gold star and cross, and several other medals of the same metal, several pieces of coin of various sizes and different value were also put inside the coffin.
Et donc, cela veut dire: sur le côté gauche de son manteau, il y avait une étoile et croix en or, et plusieurs autres médailles du même métal, plusieurs pièces de monnaie de tailles et de valeur diverses avaient aussi été déposées à l'intérieur du cercueil.
Là encore, inutile d'aller chercher un agrégé d'anglais. Le sieur Millington a fait de son mieux pour narrer ce qu'il avait vu. D'autant qu'il nous parle de manteau alors qu'il s'agissait du gilet de l'uniforme, a priori. Mais il ne décrit qu'une seule étoile et croix sur le gilet (sans doute la plaque de LH), et non 2 ou 3 ou un nombre quelconque, mais le mot and peut aussi bien s'appliquer au reste de la phrase, coupant pour ainsi dire celle-ci en deux, cad d'un côté il décrit cette décoration remarquée sur le gilet, et d'un autre il nous parle de tout ce qu'on mit dans le cercueil. Donc là encore on peut y lire comme on le veut. Ou aussi rejeter ce témoignage en bloc.
Bon, mais il a dit "several medals of the same metal". Et medal est le terme usuel en anglais pour désigner de simples décorations. Il eût mieux valu qu'il écrive "were" plutôt que "was"... Mais à s'en tenir à votre explication idiomatique, il n'y aurait qu'une seule décoration sur le "manteau" de Napoléon... Millington ne se souviendrait donc d'aucunes décorations pendantes par leur ruban.
Pour ma part, je rejette cette interprétation.
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Une étoile en or (plaque de Grand-Officier), et une Croix (tiens, tiens) et plusieurs autres médailles (ce qui veut dire au moins TROIS autres médailles).
Millington ne parle pas de deux objets différents, ie étoile ET croix. Il parle d'une décoration sur le gilet qui lui rappelait la forme d'étoile et de croix. Il ne s'agit que d'une seule car il écrit
was a gold star and cross et non
were a gold star and a crossStar est plutôt employé pour les plaques, en effet. Cross pour les décorations plus simples. Peut-être faudra-t-il demander l'arbitrage du hérault d'armes de la reine ?
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On se rapproche du témoignage de Bertrand: "cordons, plaques, croix, chapeau..."
Ce témoignage est imprécis, plus énumératif que numératif. Par exemple, il n'y avait pas deux plaques, ni deux cordons. Ou alors Marchand, qui lui est plus précis, se trompa. Bref, les seuls témoignages français de 1821 ne sont pas tout à fait en phase. Et les seuls témoignages anglais de 1821 (ie Darroch et Millington) sont eux 'suspects'. Dès lors comment conclure à quoi que ce soit de solide, concernant les décorations, pour réfuter les témoignages de 1840 sur la base de telles incertitudes?
Seul Darroch demeure suspect, à mon sens (n'oublions pas l'affaire des cercueils et sa nuance par rapport à Darling).
Mais je rejette également votre suspicion à l'égard de Bertrand, considéré par toute la critique historique, comme l'un des témoins les plus fiables et les plus précis. Alors, il faudrait savoir ? Il est précis, sauf quand il parle des décorations ?
Il a écrit "cordons, plaques". Il y a donc eu -à un instant donné- deux cordons et deux plaques, au minimum. Le français ne souffre pas des mêmes approximations que l'anglais...
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Qu'il y a-t-il d'imprécis à écrire "cordons, plaques, croix" en 1821 ? Il y a au moins deux cordons, deux plaques et deux croix. Cette rédaction n'est pas plus imprécise que celle de Duncan Darroch... Au contraire !
Imprécision sur le nombre de ces objets. Car y-a t-il eu au moins 2 cordons, et au moins 2 plaques? Moi je lis le récit de Bertrand comme celui de quelqu'un qui ne soucia guère de donner le menu détail du nombre et de la qualité exacte des décorations. Bertrand a plutôt fait dans la simplicité ici, et donc son témoignage est imprécis sur ce point. Ceci est en phase avec les autres témoins français, hormis Marchand, qui ne soucièrent guère de nous énumérer les décorations de Napoléon (cf Ali, Montholon)
Curieuse analyse à propos d'un texte jugé imprécis, alors que le Grand-Maréchal note ce qu'il a vu. A moins de considérer que c'est par pure étourderie qu'il a mis tout cela au pluriel. Il ne faut pas discréditer un témoignage parce qu'il est considéré comme gênant.
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Ne tombons pas dans une anglomanie de pacotille...
Ne tombez donc pas dans la dérision de tout contradicteur

ce ne serait plus un débat mais une bataille de tartes à la crème.
Oui, da... C'était une remarque générale. L'air du temps n'y fera rien, je résisterai toujours dans mon petit village ! (humor). Il est d'ailleurs tout à fait regrettable que les jeunes lords et ladies aient abandonné l'usage du français qui distinguaient si délicieusement leurs aînés...
Mais la mode en reviendra peut-être.
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Le témoignage de Marchand, bien que publié après 1840, a dû être écrit sur la base de notes prises des années auparavant. Car Montholon, pour ses mémoires, avaient requis l'aide de Marchand pour comparer notes et lettres... donc Marchand avait bien dû tenir un mémoire de la captivité, tout comme pas mal d'autres témoins bien entendu. La question est de savoir s'il modifia ses notes, ou quelles parties de celles-ci, avant leur publication? Certains détails ont dû lui échapper, je pense, après tant d'années écoulées. Mon opinion sur la question de ce témoignage Marchand pour 1821 est que le fidèle serviteur avait rédigé sa note tel qu'il pensait que Napoléon allait être mis au cercueil, i.e. avec telle décoration et de telle façon. Mais les choses furent différentes. Puis, après 1840, ce détail put être laissé tel quel sur la seule foi de ce que Marchand nota en 1821. Citer :
C'est une interprétation qui repose sur plusieurs suppositions. Comme telle, elle est donc sans valeur !
Merci. Je dois donc supposer que tous les arguments ici même n'utilisent jamais aucune supposition

Si il y avait certitude absolue, où serait le débat? et pourquoi un forum pour en 'discuter'?
Mais le fait reste qu'il y a contradiction entre les témoignages de Marchand et de Bertrand sur ce point. A chacun de trouver des suppositions à ce jeu des 7 erreurs.
Bien sûr. Chacun donne son avis. Votre opinion me paraît mal fondée, voilà tout. D'ailleurs, Joker à ce sujet donne une explication valable:
Pourquoi serait-ce une supposition de prétendre que l'on a ajouté des décorations après l'habillage ? C'est ce qui ressort des témoignages de Marchand et de Bertrand.
Marchand ne parle que des trois petites croix (LH, CF et Réunion) et du Grand-Cordon de la Légion d'Honneur. Mais c'est pour l'habillage.
Ensuite, Bertrand parle des cordons. Pour harmoniser les deux témoignages, il suffit d'ajouter un cordon par-dessus l'habit. Et il est vraisemblable que le Grand-Cordon de la Légion d'Honneur est lui aussi par-dessus l'habit.
Bertrand ne s'en pas occupé lui-même, mais il a donné des ordres. Il a écrit cordons et plaques au pluriel. Manifestement, ça vous ennuie, mais c'est ainsi...
Et on ne s'est pas enquiquiné à les passer sous l'habit ces fameux cordons. En grande tenue, l'Empereur les portait toujours par-dessus l'habit. Que ce soit avec l'habit bleu des grenadiers de la Garde ou de l'habit vert des chasseurs à cheval de la Garde. Citer :
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Le fait incontestable, c'est celui-ci. En 1842, Marchand a validé ce qu'il a écrit à un moment X: croix de la Réunion ! Il l'a fait en connaissance de cause, car il savait très bien que tous les autres témoins n'avaient pas mentionné cet ordre.
Je dois alors vous citer: "C'est une interprétation qui repose sur plusieurs suppositions. Comme telle, elle est donc sans valeur !"
Hé, hé... Ce qui est incontestable, c'est qu'il date son manuscrit de 1842. Et ce qui l'est encore moins, c'est qu'il a dû se relire et peser ses expressions...
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Autre hypothèse: Marchand écrit sa note en date du 6 mai, après l'autopsie.
...décoré des ordres de la Légion d'honneur, de la Couronne de fer, de la Réunion, de la Plaque et du Cordon de la Légion d'honneur,... Citer :
Ce n'est pas une hypothèse, cher Albert ! C'est une certitude !!! Napoléon n'a été revêtu de sa grande tenue que dans l'après-midi du 6 mai, après l'autopsie !
Alors Marchand aurait donc rédigé cette note sur les décorations à cette date du 6 mai? Et non après l'exhumation de 1840? Je pensais que votre
moment X faisait référence à une date postérieure à 1840. A voir.
ça devient en effet un véritable écheveau à démêler...
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Encore une supposition. Elle vient s'ajouter à toutes les autres déjà fort nombreuses pour réduire ce détail à néant. Mais pour quelle raison tant d'énergie dépensée à nier la réalité ?
Pour ma part, je ne nie rien du tout ni ne crois rien du tout comme une certitude ultime sur les points où nous disposons d'une jungle de témoignages contradictoires. La réalité n'est pas encore d'une limpidité absolue.
Sur ce point, nous nous rejoignons, à mon avis. Mais j'ai quand même quelques certitudes. N'oubliez pas le tableau de Mauzaisse où ce dernier a représenté Marchand et a tenu compte de ses avis pour sa composition...
Grand-Cordon passé SUR l'habit et croix de la Réunion.
